Grande prêtresse de la « romcom », Nora Ephron (1941-2012) raccroche…

Posté par vincy, le 27 juin 2012

Nora Ephron, ancienne journaliste avant d'être l'une des reines de la comédie romantique à Hollywood, est décédée d'une pneumonie consécutive à une leucémie, hier à New York à l'âge de 71 ans. Elle était mariée à Nicholas Pileggi, auteur des livres et scénariste des films Les affranchis et Casino de Martin Scorsese.

Journaliste, essayiste, écrivain, scénariste, productrice et réalisatrice, Nora Ephron, femme de tête, avait écrit et réalisé en 2009 son dernier film, Julie et Julia, avec Meryl Streep, qui réunissait tout ce qu'aimait cette femme au large sourire et au grand sens de l'humour: le cinéma, l'écriture et la bonne chère. Ce sera son requiem, un joli testament qui aura été un beau succès public.

On l'ignore mais Streep était l'une de ses muses. En 1983, Nora Ephron avait proposé à Mike Nichols son premier scénario, Le mystère Silkwood (le film vaudra à la scénariste sa première nomination à l'Oscar). Le trio Ephron-Streep-Nichols se reformait deux ans plus tard pour La brûlure, adaptation pour le cinéma du livre écrit par Nora Ephron elle-même. Le livre racontait le mariage tumultueux d'Ephron avec son deuxième époux, Carl Bernstein, l'un des deux journalistes qui révélèrent le scandale du Watergate.

Elle a travaillé au New York Post, New York Magazine, Esquire, New York Times Magazine, doté d'une des plumes humoristiques les plus en vogue des années 60 et 70. Elle collaborait régulièrement, récemment, au Huffington Post.

C'est en 1989 qu'elle devient l'une des championnes du box office grâce aux comédies romantiques. Quand Harry rencontre Sally, réalisé par Rob Reiner, est sans aucun doute son meilleur scénario (le plus singulier et le plus original). Il rapporte à Nora Ephron sa deuxième nomination à l'Oscar. Meg Ryan passe en catégorie A des stars à Hollywood. Les deux femmes se retrouvent quatre ans plus tard pour Nuits blanches à Seattle, inspiré par Elle et Lui, que Nora Ephron écrit et réalise. Gros succès international, il sacralise le couple Meg Ryan-Tom Hanks sur grand écran et vaut à son auteur sa troisième nomination à l'Oscar. Les deux comédiens et la réalisatrice-scénariste se réunissent de nouveau en 1998 avec Vous avez un message, remake d'une comédie de Lubitsch (The Shop around the Corner).

Elle a aussi la main moins heureuse avec le remake du Père Noël est une ordure (Joyeux Noël), des films avec John Travolta (Michael, Le bon numéro) et l'adaptation de Ma sorcière bien-aimée. Elle touche même le fond avec le scénario de Raccroche!, qu'elle écrit avec sa soeur Delia Ephron pour Diane Keaton, réalisatrice et actrice du film. Ephron était irrégulière ces dernières années et ses films n'ont jamais dépassé le stade du bon scénario, hormis le film de Reiner, de loin le meilleur de toute sa filmographie.

A un journaliste du journal en ligne Salon, qui lui demandait à cette occasion si elle avait un regret dans la vie, Nora Ephron avait répondu: "Je pense juste que j'aurais pu être plus gentille". Avant de relativiser, avec une pirouette: "La belle affaire !"

Spécialiste des névroses féminines et combattante insatiable de la misogynie, Ephron n'était pas fasciné par la beauté ou la normalité. "Les gens dérangés sont toujours persuadés qu'ils vont bien. Si seulement les gens sains pouvaient admettre qu'ils sont fous" disait-elle. On comprend mieux comment elle peut écrire une scène d'orgasme simulé dans un restaurant, désormais anthologique dans l'histoire du 7e art.

AFI (9). La comédie romantique : une affaire de couples

Posté par vincy, le 4 juillet 2008

citylights.jpgIl n’y a pas d’hommes sans la femme. Les duos font la force de ce genre. Et aucun ne revient deux fois. On croise ainsi Katharine Hepburn aux côtés de Spencer Tracy (Madame porte la culotte, 7e) ou de Cary Grant (Indiscrétions, 5e), Meg Ryan avec Billy Crystal (Quand Harry rencontre Sally, 6e) et Tom Hanks (Nuits blanches à Seattle, 10e). Deux princesses de la comédies romantiques qui ne nous dupent pas : aucune Julia Roberts, même pas une Marilyn Monroe. Ne pas insérer dans la liste Certains l’aiment chaud, et tout le classement est discrédité. Nuits blanches à Seattle ? Harold et Maude ? Films d’une époque, ils ont mal vieillis et n’ont pas leur place comparés à un Billy Wilder. Heureusement, pour calmer notre colère, il y a Woody Allen et Diane Keaton (Annie Hall, 2e), Clark Gable et Claudette Colbert (New York-Miami, 3e) , Audrey Hepburn et Gregory Peck (Vacances romaines, 4e) et même Cher et Nicolas Cage (Moonstruck, 8e). Au dessus de tous ces films, trône Charlie Chaplin et ses Lumières de la ville. Mais là encore, point de Buster Keaton ni de Stanley Donen, autres anges facétieux qui savaient faire succomber les cœurs.

Notre avis : Chaplin en héros de la comédie romantique, davantage que Capra ou Hawks, cela laisse dubitatif malgré des grands films et à cause d’autres surévalués.

Prochain épisode : les drames judiciaires s’offrent les quatre fantastiques