Wolverine a peur de la grippe porcine

Posté par vincy, le 28 avril 2009

Trop fort, le porc. Cette bête a la grippe, menace la planète entière avec son virus et même le superhéros mutant, Wolverine, a préféré ne pas l'affronter... Si la pandémie est réellement dramatique, on reste toujours surpris de voir des nouvelles insolites se glisser entre les décès, les mesures et la panique entretenue par pur goût du sensationnalisme. La sortie de Wolverine au Mexique, là où la grippe a démarré et compte le plus grand nombre de victimes, a été retardée. Le film devait sortir jeudi et la Fox a préféré la décaler sans précision. Les cinémas de Mexico City étant fermés actuellement, il ne servait à rien de sortir le film dans le pays, sans le diffuser dans la capitale.

L'avant-première qui devait avoir lieu mercredi a aussi été annulée. Le communiqué de la Fox est un modèle de douceur pour un super-héros censé être assez sauvage : "Nous ne sommes pas seulement inquiets du bien-être de Hugh (Jackman), et nous n'enverrions jamais quelqu'un dans une zone de danger (...) cela n'avait pas de sens d'organiser (la première) dans ces conditions."

De quoi gâcher le début de la saison des blockbusters. Car rien ne dit que cette grippe ne touchera pas les états frontaliers du Mexique comme la Californie ou le Texas. Pour l'instant, les autres studios concernés n'ont rien annoncé concernant Star Trek (prévu le 8 mai) ou Anges & Démons (le 15 mai). Si la grippe se propage dans le pays, le Festival international de cinéma d'Acapulco (3-9 mai) pourrait aussi être menacé.

Pièces détachées : attachante chronique adolescente

Posté par MpM, le 15 novembre 2008

blog_piecesdetachees.jpg "Soit on se bouge, soit on part jamais."

L'histoire : Ivan a 14 ans. Lui et son oncle Jaime économisent pour immigrer clandestinement aux Etats-Unis. En plus de son boulot dans un garage, l’adolescent commet des larcins qui permettent d’augmenter leurs revenus. Mais le passeur augmente ses tarifs et presse Ivan et Jaime de réunir la somme au plus vite, sous peine de ne plus avoir de place dans le dernier convoi.

Ce qu'on en pense : Pour son premier film, Aarón Fernández (voir notre interview) a voulu aborder plusieurs thèmes essentiels dans la société mexicaine actuelle comme la paupérisation galopante, le mirage du rêve américain et les réseaux de trafic de pièces détachées automobiles. Mais pour éviter un récit lourd et indigeste, il a choisi d’évoquer ces questions dans une chronique adolescente où la réalité sociale servirait seulement de toile de fond. Au centre de l’intrigue, on a donc Ivan et son copain Efraín qui ont les préoccupations habituelles des jeunes de leur âge : manger des tacos, conduire une bécane voyante et draguer des filles peu farouches. Cela apporte au film une dimension humaine chaleureuse et légère dans laquelle pourtant, dès le départ, se trouve le germe de la tragédie. Car cette insouciance faconde est peu à peu asphyxiée par l’irrésistible enchaînement d’événements qui oblige Ivan à prendre de plus en plus de risques. Cette surenchère dans l’illégalité (il vole d’abord un portable, puis des jantes, puis carrément une voiture complète) est comme l’implacable mécanisme du destin des pièces antiques : une fois enclenchée, elle ne s’arrête plus, ou alors brutalement. Et le fait est qu’Ivan, grisé par ses premiers succès, se prend pour le nouveau Scarface et croit avoir le monde entre ses mains. Jusqu’à ce que l’ultime trahison annonce sa chute imminente.

Mais point de moralisme, ni d’ailleurs de pathos, dans ce film construit subtilement sur le principe d’une alternance de scènes fortes et de larges ellipses couvrant les moments les plus dramatiques. L’émotion et la tension naissent tour à tour de ces contrastes et de ces pointillés que le spectateur doit compléter lui-même, sans interférer avec le message essentiel du film. Celui-ci, à l’image de l’histoire elle-même, est en demi-teinte, à la fois pessimiste (plongée dans l’inconnu et extrême solitude) et teinté d’optimisme (promesse de changement et réalisation d’un rêve). Quoi qu’il en soit, au-delà des thématiques et des enjeux qu’il véhicule, le film nous touche par son extrême simplicité, sa pudeur, et, plus encore, son immense sincérité.

Mexicanische Mauer

Posté par vincy, le 11 février 2008

Le Che

A deux pas de Potsdamer Platz, la compagnie Wild Bunch a installé un préfabriqué aux couleurs cubaines, avec deux grosses "américaines"décapotables, et un immense portrait du Che. Un terrain vague entre les salles de la Berlinale et le QG du marché du film, à deux pas de l'ancien mur. Un concept artistico-marketing pour vendre Guerilla et The Argentine, le diptyque de Soderbergh sur Che Guevarra. Berlin foisonne toujours d'idées pour remplir ces zones inhabitées, ses trous entre deux batiments, ces anciens restes de guerre froide.

Wild Bunch

Dans Lake Tahoe, une jeune mère a nommé son fils Fidel, en hommage à Castro. La révolution cubaine reste un mythe. Pourtant, dans ce film mexicain coloré, se déroulant dans un Yucatan plus rural que touristique, le rêve n'existe pas. Tout juste fantasme-t-on sur Bruce Lee. Tout le monde s'ennuit et rêve d'un monde différent (meilleur, vraiment?), comme cefameux Lake Tahoe, touche d'émeraude entre le Nevada et la Californie. Le Mexique est écrasé de chaleur, d'ennui. Il faut que Juan ait un accident de voiture, une Nissan rouge écarlate dans un poteau télégraphique, pour que ce petit monde sorte de sa sieste. Entre les aboiements de chiens et les bruits de moteurs, la vie se la coule douce...

Rien à voir avec le Mexique de Zonca, celui de Julia. Tilda Swinton part favorite pour le prix d'interprétation féminine, avec un rôle très proche de ceux que Cassavetes donnait à Gena Rowlands. Gloria à Tilda. Fuite éperdue dans le désert de Californie. Zonca suit la vie pas rêvée d'un ange déchu. Femme affolée, piégée, elle se lance dans un mur, en pleine nuit, pour échapper à la police, à la prison. Elle perce le mur avec son capot de bagnole, sérieusement endommagé. A croire qu'il faut des pépins mécaniques pour ouvrir les yeux.

Pourtant ce mur est une prison en soi. L'Amérique qui s'enferme, pour se protéger des flux migratoires mexicains. Un simple trou, un passage facile. Ce n'est qu'un mur. Une honte sur laquelle il faut mieux ironiser. Mais à Berlin, un mur a valeur de symbole. S'il a quasiment disparu, on peut encore en deviner les séquelles et les stigmates. Le tracé en pavé ne suffit pas à cacher des terrains entiers et vides, où l'herbe folle pousse face à des cages à lapins.

Cocktails mexicains

Un mur entre deux pays c'est encore autre chose. Une illusion pour se protéger d'un quelconque danger. La marque de faiblesse des puissants. Alors on croit aux mythes. Au Guevarra en leur temps, aux Obama d'aujourd'hui. Pourtant, lorsqu'on se promène à Berlin, il ne reste qu'une architecture monumentale pour nous rappeler l'idéal communiste. Ce ne son que des chimères face aux dures réalités de la vie de Julia ou de Juan.