BIFFF 2018 : Anna Mouglalis est « La femme la plus assassinée du monde »

Posté par kristofy, le 8 avril 2018

Paris en 1932, quelqu'un marche dans une rue sombre, un coup de couteau fait ressortir sa lame par la bouche. Un peu plus loin, il y a de l'agitation devant un théâtre de Grand Guignol, des gens y entrent pour assister à la représentation, sous les huées de manifestants soit-disant gardiens de la morale. Il y a des véritables tueurs dans Paris pendant que là on y joue des spectacles macabres... «Vous êtes ici pour la voir ? Paula Maxa, la femme qu'on assassine le plus au monde ?» Ce soir-là Paula Maxa joue une femme qui se retrouve dans un asile de fous, on lui arrache un oeil et le sang gicle puis elle sera guillotinée sur scène et sa tête décapitée montrée à tous... Paula Maxa commence à être assez célèbre pour remplir chaque soir ce théâtre : "flagellée, martyrisée, coupée en tranches, recollée à la vapeur, passée au laminoir, écrasée, ébouillantée, saignée, vitriolée, empalée, désossée, pendue, enterrée vivante, bouillie au pot-au-feu, éventrée, écartelée, fusillée, hachée, lapidée, déchiquetée, asphyxiée, empoisonnée, brûlée vive, dévorée par un lion, crucifiée, scalpée, étranglée, égorgée, noyée, pulvérisée, poignardée, revolvérisée et violée"... La performeuse qui, chaque soir, durant des milliers de soirs, semble mourir pour de vrai sur scène va vraiment risquer sa peau en coulisses: elle reçoit des lettres anonymes d'un mystérieux criminel...

Le tournage de La femme la plus assassinée du monde a eu lieu l'année dernière en avril en Belgique (et un peu à Paris), et un an après, le voici présenté au BIFFF. Le lieu idéal pour une première puisque Paula Maxa a vraiment existé : c'est l'une des premières comédiennes de fantastique et d'horreur. Pour l'incarner dans un film d'époque, les années 30, il fallait une actrice à la fois envoutante d'un simple regard et troublante dès qu'on écoute sa voix rocailleuse : Anna Mouglalis.

Dans le film il y a toute une galerie de personnages qui s'intéressent à elle pour différents motifs et possiblement une personne qui désire la tuer plus que les autres à cause d'un évènements dramatique de son passé : Niels Schneider, André Wilms, Jean-Michel Balthazar, Michel Fau, Constance Dollé (et Keren Ann pour la musique)... La femme la plus assassinée du monde est moins un biopic qu'un thriller sur fond de solide reconstitution historique. C'est le premier film - en tant que réalisateur - de Franck Ribière. Son expérience de producteur de films de genre comme ceux du duo Alexandre Bustillo & Julien Maury et surtout depuis plus d'une dizaine d'années des films de Alex de la Iglesia a sans aucun doute un lien avec le soin qu'il apporte à l'image et aux décors. Le film est très réussi visuellement mais aussi dans la narration maniant le suspens et un récit assez habile pour glisser quelques réflexions sur notre époque.

"Les gens veulent ressentir l'horreur en vrai" : ce qui faisait le succès des spectacles de Paula Maxa, mauvais-goût et sensationnalisme pour ses détracteurs et frissons à se faire peur et s'encanailler pour son public, serait toujours valable de nos jours. Le film dévoile la préparation des spectacles, pour mieux connaître l'héroïne et pour témoigner d'une certaine passion à représenter l'horreur (avec la fabrication de prothèses de faux-sang par exemple) car "faire peur au gens c'est aussi intéressant que de les faire rire ou pleurer". Ce qu'on pouvait voir sur scène en 1932 dans ce théâtre Grand-Guignol c'était en fait comme un film d'horreur mais sans écran 3D puisque selon la soirée le spectateur pouvait recevoir un peu de giclure de sang: "beaucoup pensent que les jours du théâtre sont comptés à cause du cinéma"...

Justement, quand sera-t-il possible de voir ce bon film sur un grand écran de cinéma tout comme au BIFFF ? Le film étant la première coproduction en Belgique financée par Netflix, il sera donc visible prochainement en streaming...

Le prochain film d’André Téchiné en septembre sur les écrans

Posté par vincy, le 16 janvier 2017

paul grappeAlors que son précédent film, Quand on a 17 ans, concoure pour les César, après avoir été sélectionné en compétition à la Berlinale en février dernier, André Téchiné a tourné à la fin de l'été son 22e long métrage, Nos années folles. ARP le sortira le 13 septembre 2017, ce qui lance une double hypothèse pour une avant-première soit à Cannes, soit à Venise.

André Téchiné s'est offert un casting inédit: Pierre Deladonchamps (L'inconnu du lac, Le fils de Jean), Céline Sallette (La French), Michel Fau (Marguerite), Claude Gensac récemment disparue et dont ce sera le dernier film à l'affiche, et Grégoire Leprince-Ringuet, que Téchiné avait révélé en 2003 avec Les Égarés.

Le scénario a été écrit par André Téchiné avec Cédric Anger, réalisateur de La prochaine fois je viserai le cœur et scénariste du Petit Lieutenant. Ils avaient déjà collaboré ensemble pour L'Homme qu'on aimait trop sorti en 2014.

Un fait divers qui inspira un roman et une BD

Nos Années Folles est tirée d’une histoire vraie sensationnelle qui remua la France après la Première Guerre mondiale. Il s'agit de l’histoire de Paul Grappe, un déserteur qui décide de se travestir en femme pour échapper aux champs de bataille, avec la complicité de son épouse, Louise. Il devient Suzanne Landgard. En 1925, l’amnistie touchant les déserteurs de 1914-1918, tout se complique quand sa femme lui demanda de remettre ses habits d'homme… Il sombre dans l'alcoolisme et la violence. Sa femme va alors commettre l'irréparable.

Cette histoire a été racontée deux fois: dans le roman La garçonne et l'assassin : histoire de Louise et de Paul, déserteur travesti, dans le Paris des Années folles, écrit par Fabrice Virgili et Danièle Voldman, sorti discrètement en 2011 ; et dans la bande dessinée, adaptée du roman, Mauvais genre, de Chloé Cruchaudet. La BD, gros succès de ventes (65000 exemplaires), a reçu le Prix Landerneau BD 2013, le prix Coup de coeur Quai des Bulles, le Grand prix de l'ACBD 2013 et le prix du public Cultura au Festival de la BD d'Angoulême 2014.