Le Festival de Cannes n'est pas pour tout de suite. Mais, avant les élections municipales, le marie David Lisnard, a confirmé un plan de transformation ambitieux pour la ville, y compris pour le palais des Festivals, surnommé le Bunker.
Pour 500M€, le projet "Cannes on Air" va améliorer de nombreux sites, dont 62M€ pour le Palais, qui disposera d'une nouvelle salle sur le toit (500 sièges) convertible en espace d'accueil, et rénovera le Salon des Ambassadeurs, un peu désuet, où se tiennent de nombreuses réceptions.
L'ambition du maire est d'attirer des sociétés de production et de post-production en adéquation l'éventuelle création d'un studio (sur une friche industrielle de près de 6 hectares), avec un pôle créatif des arts visuels et numériques, une université dédiée au cinéma, à la TV, aux jeux vidéos et à la création web (1200 étudiants dès 2020, 16 diplômes). Ce campus s'installera dans le parc technologique Bastide Rouge, situé à l'ouest de la ville, près de l'aéroport Mandelieu, dans le quartier de La Bocca. Bastide Rouge, qui coûtera au total 80M€, et comprendra également la cité des entreprises baptisée CréaCannes et un espace de coworking.
Cannes s'engage du coup à la construction d'une double voie protégée reliant La Bocca au palais des Festivals (5 kilomètres) avec un tram-bus et des pistes cyclables.
Enfin, un nouveau multiplexe va voir le jour. Cineum Cannes disposera de 12 écrans et de 2426 fauteuils. Il ouvrira en juin prochain au cœur de cette technopole. Le bâtiment a été conçu par l'architecte Rudy Ricciotti (MuCEM à Marseille) et l'exploitation a été confiée à deux locaux, Les Arcades et L’Olympia, réunis au sein de la Compagnie cinématographique de Cannes (CCC).
Enfin, le maire a confirmé la création d'un Musée - tant attendu (on en parle depuis 2006!) - autour de l'histoire du cinéma et du festival de Cannes est désormais au programme. L'ouverture est désormais prévu en 2025 et fera l'objet d'un appel aux plus grands architectes. Il devrait se situer près derrière le Suquet (Vieux Cannes), à proximité du Studio 13, à 20 minutes à pieds du Palais. Le coût est estimé à 200M€ et la fréquentation évaluée à 500000 visiteurs par an. Le musée sera dédié au patrimoine cinématographique, aux effets spéciaux et au futur du cinéma et au Festival de Cannes, avec un centre d'archives. Christine Aimé, ancienne responsable presse du festival, est sur le dossier, désormais responsable du service du patrimoine.
Autrement dit, Cannes veut devenir un pôle cinématographique comprenant toute la chaîne du cinéma: une "Silicon Valley de l’audiovisuel sur la Côte d’Azur avec Cannes pour épicentre" selon ses mots. Et tout le cinéma français semble derrière lui pour constituer cette filière économique et créative.
Enfin! Le conflit entre la mairie de Cannes et le Festival international du film de Cannes serait en passe d'être résolu. Le Palais des Festivals de Cannes devrait être agrandit. Aujourd'hui il souffre de son succès: pas assez de salles (8 au total), et la salle éphémère du Soixantième coûte cher entre son installation et son coût de gardiennage . A cela s'ajoute qu'il est souvent un dédale confus pour se retrouver entre les différents étages. Le Palais devenait de plus en plus inadapté pour assurer la croissance du Festival et satisfaire les attentes des organisateurs d'événements.
Le maire de Cannes, David Lisnard a officialisé le projet de refonte et d'extension du "Bunker", pour 27 millions d'euros. "Il faut continuer à faire évoluer le palais pour répondre aux attentes du Festival de Cannes et du Festival de la publicité", a déclaré le maire.
D'ici 2019, le Palais devrait donc s'agrandir de 1000 m2, avec une salle de projection de 500 places, une salle de gala et de concert pouvant contenir 1500 personnes (qui remplacerait la salle du Soixantième), et une salle d'exposition. Sont également envisagés: la rénovation du Salon des Ambassadeurs, qui accueille de nombreux événements institutionnels durant le Festival, et la Rue intérieure. Cette dernière, qui relie l'auditorium Louis Lumière, le Théâtre Claude Debussy, une des salles de presse et l'espace Nespresso (où l'on sert des cafés aux accrédités) est un lieu parfois impraticable qui peut rappeler un carrefour de Tokyo en heure de pointe.
Le Palais a déjà fait l'objet de liftings récents, achevés l'été dernier: nouveaux fauteuils dans Lumière, façadisme (le béton triste s'est paré de dallettes blanches), etc... L'architecte Jean-Michel Wilmotte a aussi rénové le parvis qui surplombe les marches, créé un nouvel étage côté parvis, avec une salle supplémentaire de 280 m² au 4e étage, remplacement tous les escalators et les escaliers intérieurs d’entrée et de sortie du Grand Auditorium et remplacé les portes d’entrée en haut des Marches.
L'opération est vitale alors que la concurrence des villes de congrès devient vive en Europe (Vienne, Barcelone...) et dans le monde. Deuxième destination française de salons professionnels d’affaires après Paris, Cannes reçoit plus de 800 millions d’euros d’impact économique total, avec 275 900 congressistes accrédités et 17 000 emplois généré. Rien que pour le Festival de Cannes, l’impact économique primaire généré sur le territoire de Cannes et des 31 communes alentours est estimé à 72 millions d’euros (2014).
On l'appelle le bunker. Il ne plaît pas. Il est moqué. Ce mastodonte de béton, entre la Croisette et le port de Cannes, n'a pas la grâce que l'on attend du temple où l'on projette la future Palme d'or. Seules les marches sont prises en photo...
Ce centre de congrès sans aucune ambition architecturale, plus massif que glamour, ne devait pourtant pas être aussi terne. L'architecte François Druet avait imaginé un palais de pierres blanches et de verrières, avec un chapeau en aluminium laqué.
Les contraintes ont eu raison du projet. Conçu en hâte, le chapeau devient toit plat, les pierres se muent en béton et les verrières se réduisent en taille. Un éléphant au lieu de la porcelaine.
Depuis son inauguration en 82, le Palais a (mal) vieilli. Les organisateurs du Festival de Cannes s'en sont souvent plaints, les festivaliers aussi. Finalement, conscients de l'importance en matière d'image du Festival, les pouvoirs publics (Ministère de la culture, ville de Cannes) ont décidé d'offrir un sérieux lifting au bunker en rappelant l'architecte pour qu'il opère une première mue. Le nouveau Palais va cacher son béton par des pans blancs (4 000 litres de peinture ont été nécessaires) et les verrières seront agrandies.
Les festivaliers vont aussi découvrir une nouvelle salle Debussy (la bleue, celle d'Un certain regard et des projections presse du soir). Le béton du foyer sera transformé par de grandes baies vitrées, tout en étant agrandit et, promet-on plus "design". Un escalier a été rajouté, l'accès au casino refait, l'aération a été mise aux normes...
À partir de juin 2012, et jusqu'en avril 2013 (les travaux sont programmés pour ne jamais déranger le Festival de cinéma (et tant pis pour le Midem et le Mipcom), un nouvel architecte prendra le relais : Jean-Michel Wilmotte. Il aura la charge de rénover le parvis, qui surplombe les marches, menant au Grand auditorium Lumière. Là encore le design, plus contemporain, se substituera au décor vieillot de vieux théâtre clinquant. Quant au Grand auditorium, il sera agrandi de 300 sièges (pour atteindre 2 500 places), son insonorisation sera modernisée et son cadre lifté. Les neuf autres salles de conférences auront aussi le droit à leur réfection.
La première phase qui vient de s'achever a coûté 8 millions d'euros de travaux. Au total, le "nouveau" Palais coûtera 57 millions d'euros. Un budget de gros film français...
Quatre ans de travaux. Mais aucune fermeture de prévu. Le Palais des festivals de Cannes dit s'agrandir, s'embellir, et gagner 300 fauteuils. Le chantier a attendu la fin du 62e Festival du film pour commencer.
Dans un premier temps, la rénovation du Palais va permettre de restructurer les façades et le parvis côté Croisette, mais surtout d'agrandir le théâtre Debussy. Cette salle réservée aux projections presse de la Compéttition et la sélection Un Certain Regard est aujourd'hui trop petite pour recevoir les journalistes comme les festivaliers. Cette première phase coûte 9,86 millions d’euros et se déroulera durant les étés 2009 et 2010 mais aussi durant le prochain hiver, entre chaque grande manifestation.
Mais le plus gros du travail sera la deuxième étape. D'une part celle-ci n'est toujours pas financée (49 millions d'euros tout de même) d'autre part il s'agit d'un chantier d'une toute autre ampleur. L'appel à architecture lancé en mars dernier par la Ville, propriétaire du bâtiment, demande à mettre en conformité et embellir le grand auditorium Lumière, mais aussi les petites salles. Le Grand auditorium qui est le lieu où tous les films en compétition et hors-compétition sont présentés officiellement doit gagner au minimum 300 places, principalement en orchestre. Il faut donc remodeler, agrandir, moderniser, améliorer l'acoustique. Le foyer, un peu désuet, doit aussi être repensé. Des écrans géants seront accrochés à l'extérieur du bâtiment. Les travaux sont idéalement prévus entre l'été 2011 et l'été 2012.
160 millions d'euros
Au total, le maire de Cannes estime que la restauration et l'extension du palais coûteront 160 millions d'euros et s'étaleront de 2009 à 2013. La façade sera modifiée, avec devant l'hôtel Majestic, une extension souterraine de 20 000 m2. Ce Palais doit rivaliser avec les nouveaux ensembles prévus à Toronto et Venise.
La mairie essaie aussi de convaincre la SNCF pour que la gare de Cannes, principal point d'arrivée des festivaliers, subisse un énorme lifting. Elle est en effet très laide (les rails sont situés sous une rocade routière et le bâtiment est sombre et poussiéreux) et sa rénovation est attendue depuis vingt ans. Pour cacher cette "horreur", la mairie de Cannes a financé en 2006, à ses frais, une fresque représentant Jean Gabin aux commandes de sa locomotive dans La Bête humaine, le film de Jean Renoir. "Pendant des mois, la SNCF dont l'autorisation était nécessaire, a refusé car une locomotive à vapeur n'était pas assez moderne à l'heure du TGV...", a confié le maire, M. Brochand.