Road to nowhere : le retour de Monte Hellman

Posté par MpM, le 13 avril 2011

Vingt ans que Monte Hellman n’avait plus réalisé de long métrage. Vingt longues années à essayer de monter des projets et à se consacrer à des courts métrages et à quelques apparitions dans les films des autres (I Love L.A. de  Mika Kaurismäki, There is no Direction de Sarah Bertrand…)  « J’ai travaillé pendant ces 20 ans même si rien n’a abouti », assure-t-il. On le croit, et on pense à Buffalo'66 qu’il aurait pu réaliser si les producteurs n’avaient pas été effrayés par sa réputation…

Car Monte Hellman n’a pas usurpé sa légende de « poète maudit » du cinéma. Depuis ses débuts en 1959 (Beast From Haunted Cave), le succès a rarement été au rendez-vous. Même ses œuvres les plus cultes (Macadam à deux voies, Cockfighter…) ne trouvèrent pas vraiment leur public. La critique, elle, fut souvent enthousiaste, saluant l’épure ou l’onirisme de ses longs métrages les plus emblématiques.

Son nouveau film, Road to nowhere, en salles à partir d’aujourd’hui, était donc forcément attendu au tournant. Un film noir et énigmatique se situant sur le tournage d’un cinéaste qui a failli s’appeler… Monte Hellman. De quoi ravir les fans, dont Quentin Tarantino, président de la Mostra de Venise où le film a été présenté, et qui lui décerna un Lion d’or spécial pour l’ensemble de son œuvre.

Le spectateur, lui, risque d’être une nouvelle fois déconcerté par ce puzzle existentiel où les pièces s’emboîtent sans forcément former de motif, et où tout reste toujours dans le non-dit. A chacun de décoder les symboles, de relever les coïncidences, de se laisser envoûter (ou non) par cette mise en abyme vertigineuse, dépassant largement le cadre du film dans le film.

Quoi qu’il en soit, quand un cinéaste se fait aussi rare que Monte Hellman, la moindre occasion de faire un petit bout de chemin avec lui est bonne à prendre, même si cela ne mène nulle part.

Tous les chemins mènent à Monte Hellman, qui fait étape au Nouveau Latina

Posté par Claire Fayau, le 15 février 2011

À l’occasion de la sortie du premier livre d’entretien en français avec le cinéaste culte Monte Hellamn et de la sortie prochaine de son nouveau film Road to Nowhere (le 6 avril, l'histoire d'un réalisateur de films embarqué malgré lui dans une conspiration criminelle), Le Nouveau Latina et Capricci Films organisent ce mardi 15 février une soirée exceptionnelle autour du cinéaste et en sa présence.

Accro au bitume, fan de contre-culture américaine, désenchantés du flower power, si vous aimez les road movies, American Graffiti et Easy Rider (et si vous aimez Reservoir Dogs !), programmez votre GPS destination le Nouveau Latina :

- à partir de 19h : Signature de son livre "Sympathy for the Devil" au salon de thé du Nouveau Latina (1er étage)

- 20h : Macadam  à deux voies (sa réalisation la plus connue dont on fête les 40 ans) . Outre la présentation du film, une rencontre avec Monte Hellman est prévue, orchestrée par Emmanuel Burdeau.

- 22h10 : Reservoir Dogs, le film culte de Quentin Tarantino, produit par Monte Hellman.

Hellman a fait ses débuts sous la direction de Roger Corman, producteur de série B, qui a également fait débuter Scorsese et Coppola, en réalisant une parodie de film d'horreur, Beast from Haunted Cave, en 1959. Il deviendra aussi monteur sur des films de Peckinpah, Raffelson et Demme.

Après le pastiche de film d'horreur, Monte Hellman se lance dans des westerns nouveaux genres, avec Jack Nicholson pour deux d'entre eux.

Il enchaîne les flops, et autant de films devenus cultes ou de curiosités entre initiés. Road to Nowhere sera sa première réalisation en 21 ans. Il avait reçu un Lion spécial à Venise en septembre dernier, alors que Tarantino présidait le jury. Road to Nowhere y était présenté en compétition, où, à 76 ans, il faisait figure de vétéran. Il y évoquait la difficulté qu'il avait eu à développer ses projets, puisqu'aucun ne s'est concrétisé. Trente ans d'écritures stériles. "Je préfère un bon film hollywoodien à un film indépendant. Il y en a peut-être cinq par an, mais ils valent toujours la peine" expliquait-il. "Il fallait sortir de là, ne plus dépendre du bon vouloir d'autrui, en finir avec les compromissions. Ma fille a pris les choses en main et a réuni des investisseurs privés. Le film, avec tous les salaires en participation, s'est monté pour environ 5 millions de dollars."