Clap de fin pour Menahem Golan (1929-2014)

Posté par vincy, le 9 août 2014

menahem golan locarno 2010

Menahem Golan est mort le 8 août à Jaffa, près de Tel Aviv en Israël, à l'âge de 85 ans. Producteur légendaire, mais aussi réalisateur, scénariste et un peu acteur, il était l'un des derniers nababs d'Hollywood, caractère épouvantable inclus, avec sa société Cannon Films, même s'il avait quitté les Etats-Unis depuis des années pour revenir dans son pays de naissance.

Avec son cousin Yoram Globus, qui tenait les finances, il a été l'instigateur d'un certain cinéma de genre, avec des acteurs bodybuildés, des armes à foison et des réalisations approximatives mais efficaces. Un cinéma typique des années Reagan, où la puissance de l'Amérique était glorifiée à travers des stars comme Sylvester Stallone, Chuck Norris, Dolph Lundgren, Jean-Claude Van Damme, qu'il révèle, ou Charles Bronson. Mais pas seulement.

Cannon Films, créée en 1979, était une société à l'image de son fondateur : schizophrène. Au Festival de Cannes, les magazines professionnels étaient envahis de ses publicités pour des films d'auteur et des films d'action, promus au même niveau, de la même manière. Des films low-cost aux allures de blockbusters et des grands noms du cinéma qui trouvaient là du cash pour des films ambitieux.

Mais le modèle économique devenait fragile, à trop jouer la surenchère : en surpayant ses stars, en dépensant de l'argent pour insuffler davantage d'adrénaline à l'écran, les budgets explosaient, sans que la qualité ne suivent forcément. Cannon Films crashe logiquement à la fin des années 80 et conduira Golan, après deux autres grosses faillites, à retourner en Israël pour produire, entre autres, des comédies musicales et des films qu'il réalisait, dans l'indifférence critique et publique.

Roger Corman

C'est en Israël que tout avait aussi commencé pour lui avec sa première société, Noah Films. Il avait d'ailleurs produit Sallah Shabati, nominé aux Oscars et primé aux Golden Globes en 1964, et d'autres films qui ont connu des succès critique à l'étranger (notamment en 1976, Lemon Popsicle). En 1979, il produit et réalise son meilleur film, Opération Thunderbolt, qui retrace le raid des commandos de Tsahal sur l'aéroport ougandais où un commando palestinien retenait des civils en otage.

Quand Globus l'a rejoint, Golan a opéré un virage du film d'auteur vers le film de genre, tout en conservant parfois l'envie de produire des films d'art et d'essai.

En travaillant aux côtés de Roger Corman, à son arrivée aux Etats-Unis, il a adopté le mode de fonctionnement de son mentor : des films produits rapidement, avec des budgets faibles et des histoires simples. N'hésitant pas tout au long de sa carrière à faire des coups, pour opportunément gagner beaucoup d'argent. Il signait ainsi des contrats pharamineux et se retrouvait souvent dans des imbroglios judiciaires polémiques.

De Cassavetes à Godard, de Tobe Hooper à Meryl Streep

Cela ne l'empêche pas de produire de grands cinéastes : John Cassavetes en 1984 avec Love streams, alors que le réalisateur était snobé par Hollywood, Andreï Konchalovsky avec Maria's Lovers puis Runaway Train et Le Bayou, Robert Altman avec Fool For Love, Jean-Luc Godard et son King Lear, Franco Zeffirelli et son Othello, Barbet Schroeder avec Barfly... Mais à vouloir trop être présent sur les tournages et dans les salles de montage, Golan se fâche à chaque fois avec eux.

A son actif, on retiendra une version médiocre de L'Amant de lady Chatterley, des Ninjas, un Bolero très érotique, des tas de films de guerre (Portés disparus, The Delta Force, Cobra) et de flics (Le justicier de minuit, Un justicier dans la ville II, Le Justicier de New York), de l'aventure et de l'action de série B (Allan Quatermain et les Mines du roi Salomon, Over the Top), des Tobe Hooper (L'invasion vient de Mars, Massacre à la tronçonneuse 2) et un Romero (La nuit des morts vivants), un Ovni écolo-musical (Powaqqatsi), des adaptations (Captain America, Hansel et Gretel, Le fantôme de l'opéra), des films mythologiques (Hercule, Aladin, Sinbad) et même un film avec Meryl Streep (Un cri dans la nuit).

Le culte après la déchéance

Depuis Final Combat en 2003, dernier film exploité à l'étranger, il réalisait des films en Israël, à l'écart du monde. Hollywood l'avait oublié. On ne retenait souvent que les scandales financiers ou judiciaires qui avaient pollué sa carrière. En 2010, le Festival de Locarno lui décernait le Prix Raimondo Rezzonico, honorant un producteur et la prestigieuse Film Society of Lincoln Center lui rendait hommage à travers une rétrospective, “The Cannon Films Canon."

En mai dernier au Festival de Cannes, le documentaire The Go-Go Boy, retraçant la carrière de Golan et Globus était présenté hors-compétition, en présence du producteur, qui savourait son triomphe. Il était devenu culte. Un autre documentaire Electric Boogaloo : The Wild, Untold Story of Cannon Films sera à l'affiche du Festival de Toronto en septembre.

Festival Lumière 2011 : Lyon éclaire le patrimoine cinéphilique

Posté par Morgane, le 3 septembre 2011

Dans un mois s’ouvrira la troisième édition (du 3 au 9 octobre) du festival Lumière dans plus de 30 salles de Lyon et sa région. Nombreux invités, rétrospectives, exposition, ciné-concerts etc. Voici un petit aperçu de ce qui vous attend...

Le Festival Lumière est consacré à l’Histoire du Cinéma. Sont alors présentés de grands classiques mais également des films quelque peu méconnus. Pour les uns comme pour les autres, le festival met un point d’honneur à la restauration des oeuvres rendue possible par différentes boîtes de production.

Le Festival, c’est aussi l’occasion de rencontres et de Masterclass avec cette année un focus sur les nouvelles formes de cinéphilie, notamment par le biais d’internet. Le fondateur d’IMDB (groupe Amazon), Col Needham, sera d’ailleurs présent.

Le Festival Lumière, c’est également l’occasion de rencontrer nombreux cinéastes, acteurs, historiens du cinéma etc., venus présenter des films, les leurs parfois, mais surtout ceux des autres. Ils sont là pour partager avec les spectateurs leurs coups de coeur, leurs films qui ont changé leur vision du cinéma, les acteurs qu’ils admirent... Ce sera donc l’occasion d’entendre Jean Becker, Anouk Aimée, Micheline Presle, Stephen Frears, le "résident" habitué Bertrand Tavernier, Kevin Brownlow, Roger Corman, Benicio del Toro, Fatih Akin, Helmut Berger etc...

Gérard Depardieu succèdera à Clint Eastwood et Milos Forman comme invité d’honneur du festival : on lui remettra le Prix Lumière 2011 le samedi 8 octobre, cérémonie durant laquelle sera projeté La femme d’à côté de François Truffaut.

Différents cycles, rétrospectives, nuits seront donc à l’honneur de ce 3e opus?:

- Rétrospective Jacques Becker avec une restauration de ses films par Gaumont et Studio Canal.

- Rétrospective de William Wellman, cinéaste de l’âge d’or du cinéma hollywoodien qui a abordé aussi bien le western que la comédie, le film de gangster...

- Cycle de cinq films de Yakuzas.

- Focus sur Roger Corman, cinéaste et producteur américain et qui a lancé les carrières, notamment, de Jack Nicholson, Joe Dante, Francis Coppola, Martin Scorsese et Monte Hellman.

- Hommage à Kevin Brownlow, historien du cinéma muet qui présentera le ciné-concert des Quatre cavaliers de l’Apocalypse accompagné par l’Orchestre National de Lyon.

- La Cinémathèque à l’honneur cette année sera celle de Turin.

- Il y aura également une Nuit de la science-fiction (Le voyage dans la lune, Soleil vert, District 9, La machine à explorer le temps et 2001?: l’Odyssée de l’espace) et une mini-nuit de la bande-annonce (environ 3h).

- Le Temps Retrouvé est une sélection de copies restaurées ou neuves. Seront projetés cette année Les Enfants du Paradis, La machine à tuer les méchants, L’assassin, Frankenstein Junior, The Plague Dogs, Le quai des brumes...

- Dans la série Déjà Classiques?!, le festival rend hommage à des films français des années 70. Seront projetés, en présence des réalisateurs, La Fiancée du pirate de Nelly Kaplan (1969), Le Sauvage de Jean-Paul Rappeneau (1975), Le Sucre de Jacques Rouffio (1978), L’Important c’est d’aimer d’Andrzej Zulawski (1975).

Enfin, le festival ouvrira et fermera ses portes à la Halle Tony Garnier avec, le 3 octobre en avant-première, The Artist de Michel Hazanavicius (primé à Cannes) et le 9 octobre, Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau.

Rendez-vous dans un mois... Ecran Noir couvrira l'événement.

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site internet du festival

Cannes 2011 : Deneuve, De Niro, Belmondo, Corman, Kubrick et Méliès au menu de Cannes Classics

Posté par kristofy, le 27 avril 2011

La sélection Cannes Classics, créé en 2004, permet au Festival de Cannes de valoriser les films de répertoire retrouvés et des copies restaurées, ainsi que des ressorties en salles ou en DVD des grandes œuvres du passé. Par exemple le célèbre de Georges Méliès Le Voyage dans la lune sera à nouveau visible 109 ans après sa sortie dans une version couleur restaurée avec une bande-son originale du groupe AIR.

Cannes Classics 2011 présentera quatorze films et cinq documentaires, et quelques surprises. Le président du jury Robert De Niro accompagnera une séance de son film Il était une fois le Bronx; il y aura une leçon de cinéma par l'acteur Malcolm McDowell après la présentation du film Orange Mécanique de Stanley Kubrick (voir actualité du 21 mars); Bernardo Bertolucci, qui recevra une Palme d’Or d’honneur (voir actualité du 11 avril), viendra présenter Le Conformiste; Jerry Schatzberg présentera son premier film Portrait d’une enfant déchue avec son actrice Faye Dunaway, icône de l'affiche cannoise de cette édition (voir actualité du 4 avril; Jean-Paul Rappeneau et Catherine Deneuve seront là pour Le Sauvage, comédie adulée par Gilles Jacob; Charlotte Rampling est le sujet du documentaire The Look d’Angelica Maccarone; Roger Corman sera fêté pour Le Monde de Corman: Exploits d’un rebelle hollywoodien; Rue Case-Nègres sera projeté en compagnie de sa réalisatrice Euzhan Palcy à l'occasion de l'Année des Outre-Mer (voir actualité du 6 avril); enfin, Jean-Paul Belmondo recevra un hommage particulier avec la projection d'un documentaire sur l'ensemble de sa carrière (voir actualité du 30 mars).

Classiques à revoir ou raretés à découvrir, de 1902 à 1993, de la Turquie à l'Allemagne, voici la sélection Cannes Classics 2011 :

Films :

Le Voyage dans la lune de Georges Mélies (France, 1902, 16’)
Orange Mécanique de Stanley Kubrick (USA, 1971, 137’)
La Machine à tuer les méchants (La Macchina Ammazzacattivi) de Roberto Rossellini (Italie, 1952, 80’)
Il était une fois le Bronx (A Bronx Tale) de Robert De Niro (USA, 1993, 121’)
Le Conformiste (Il Conformista) de Bernardo Bertolucci (Italie, 1970, 118’)
Rue Cases-Nègres d’Euzhan Palcy (France, 1983, 106’)
Portrait d’une enfant déchue (Puzzle of a Donwfall Child) de Jerry Schatzberg (USA, 1970, 105’)
La Loi de la frontière (Hudutlarin Kanunu) de Lufti O. Akad (Turquie, 1966, 74’)
La Zone de la mort (Niemandsland) de Victor Trivas (Allemagne, 1931, 81’)
Les Enfants du paradis de Marcel Carné (France, 1945, 190’)
Despair de Rainer-Werner Fassbinder (Allemagne, 1978, 115’)
Le Sauvage de Jean-Paul Rappeneau (France, 1975, 106’)
Chronique d’un été de Jean Rouch et Edgar Morin (France, 1960, 91’)
L’Assassin (L’Assassino) d’Elio Petri (Italie, 1961, 100’)


Documentaires :

The Look d’Angelica Maccarone (Allemagne / France, 2011, 95’)
Le Monde de Corman: Exploits d’un rebelle hollywoodien (Corman’s World: Exploits of a Hollywood Rebel d’Alex Stapleton) (USA, 2011, 125’)
Belmondo... Itineraire de Vincent Perrot et Jeff Domenech (France, 2011, 86’)
Kurosawa, la Voie de Catherine Cadou (France, 2011, 52’)
Il était une fois… Orange Mécanique d’Antoine de Gaudemar et Michel Ciment (France, 2011, 52’)

Tous les chemins mènent à Monte Hellman, qui fait étape au Nouveau Latina

Posté par Claire Fayau, le 15 février 2011

À l’occasion de la sortie du premier livre d’entretien en français avec le cinéaste culte Monte Hellamn et de la sortie prochaine de son nouveau film Road to Nowhere (le 6 avril, l'histoire d'un réalisateur de films embarqué malgré lui dans une conspiration criminelle), Le Nouveau Latina et Capricci Films organisent ce mardi 15 février une soirée exceptionnelle autour du cinéaste et en sa présence.

Accro au bitume, fan de contre-culture américaine, désenchantés du flower power, si vous aimez les road movies, American Graffiti et Easy Rider (et si vous aimez Reservoir Dogs !), programmez votre GPS destination le Nouveau Latina :

- à partir de 19h : Signature de son livre "Sympathy for the Devil" au salon de thé du Nouveau Latina (1er étage)

- 20h : Macadam  à deux voies (sa réalisation la plus connue dont on fête les 40 ans) . Outre la présentation du film, une rencontre avec Monte Hellman est prévue, orchestrée par Emmanuel Burdeau.

- 22h10 : Reservoir Dogs, le film culte de Quentin Tarantino, produit par Monte Hellman.

Hellman a fait ses débuts sous la direction de Roger Corman, producteur de série B, qui a également fait débuter Scorsese et Coppola, en réalisant une parodie de film d'horreur, Beast from Haunted Cave, en 1959. Il deviendra aussi monteur sur des films de Peckinpah, Raffelson et Demme.

Après le pastiche de film d'horreur, Monte Hellman se lance dans des westerns nouveaux genres, avec Jack Nicholson pour deux d'entre eux.

Il enchaîne les flops, et autant de films devenus cultes ou de curiosités entre initiés. Road to Nowhere sera sa première réalisation en 21 ans. Il avait reçu un Lion spécial à Venise en septembre dernier, alors que Tarantino présidait le jury. Road to Nowhere y était présenté en compétition, où, à 76 ans, il faisait figure de vétéran. Il y évoquait la difficulté qu'il avait eu à développer ses projets, puisqu'aucun ne s'est concrétisé. Trente ans d'écritures stériles. "Je préfère un bon film hollywoodien à un film indépendant. Il y en a peut-être cinq par an, mais ils valent toujours la peine" expliquait-il. "Il fallait sortir de là, ne plus dépendre du bon vouloir d'autrui, en finir avec les compromissions. Ma fille a pris les choses en main et a réuni des investisseurs privés. Le film, avec tous les salaires en participation, s'est monté pour environ 5 millions de dollars."