Né le 26 novembre 1926, le documentariste Albert Maysles s'est éteint le 5 mars à l'âge de 88 ans. Psychologue de formation et de métier, il est l'auteur d'une trentaine de documentaires et à l'origine d'un style, le "cinéma direct". A 29 ans, il s'en va en vacances en Union soviétique, en pleine Guerre froide, et filme les hôpitaux psychiatriques du pays grâce à une caméra de la chaîne CBS. Ce sera son premier film, Psychiatrie en Russie (Psychiatry in Russia). Deux ans plus tard, c'est la jeunesse polonaise qui l'intéressera.
Avec Richard Leacock et D.A. Pennbaker, ils réalisent Primary en 1960, considéré comme le premier film de cinéma direct: ils sont munis de caméras mobiles et filment le débat entre deux candidats démocrates lors des primaires de leur parti, dont le futur vainqueur de l'élection présidentielle, John F. Kennedy. Pas de point de vue, pas de commentaires, pas de préjugés, pas même un angle éditorial ou une interview. La prise de "vie" directe.
Suivent d'autres films, des courts métrages documentaires (sur Marlon Brando, Orson Welles, Truman Capote) ou des docus pour la télévision. Entre ces nombreuses réalisations, avec son frère, on remarque quelques longs métrages comme Showman (avec Sophia Loren) en 1963, Salesman en 1968, sur des vendeurs de bibles dans une Amérique pauvre et à l'écart de l'American Dream, et Gimme Shelter en 1970, où il suit les Rolling Stones en tournée (il avait filmé Les Beatles pour la TV six ans plus tôt), révélant un groupe qui ne comprend pas sa notoriété et qui va devoir affronter la mort de spectateurs lors du concert au Festival d'Altamont. Sa caméra était toujours flottante, curieuse.
Grey Gardens en 1975 (sur deux cousines excentriques et vivant recluses de Jacqueline Kennedy Onassis), Running Fence en 1977 (sur une installation de Christo et Jeanne-Claude) puis des films sur Vladimir Horowitz, Jessie Norman, Christo, suivront. Outre la musique et l'art contemporain (Jeff Koons ou la décoratrice Iris Apfel), la boxe le passionne. Il fut le chef op du documentaire When We Were Kings, oscarisé en 1997.
Il fut nominé aux Oscars (Christo's Valley Curtain en 1974), aux Directors Guild of American Awards (Soldiers of Music en 1991), aux Independent Spirit Awards (LaLee's Kin: The Legacy of Cotton en 2001), et surtout à Sundance où il remporta même quelques prix: la meilleure image dans la catégorie documentaire pour Christo in Paris (1990) et LaLee's Kin: The Legacy of Cotton (2001).
Un film d'horreur assez captivant au petit dèj', un amour homosexuel qui gène outre-atlantique, une danse aux côtés de Mick Jagger, la huitième journée du festival de Deauville a été rock 'n' roll.
On débute la journée avec le It Follows du charmant et tout sucre tout miel David Robert Mitchell. En le voyant on se demande même comment il a pu faire des films d'horreur, tant il a l'air doux et gentil. Mais vous savez ce que l'on dit... méfiez-vous de l'eau qui dort! Et c'est ce qu'aurait dû faire son personnage principal, Jay, avant de s'envoyer en l'air avec le beau et étrange Hugh. Après un acte sexuel dans une voiture, la voilà suivis par d'étranges personnes qu'elle seule peut voir. Son échappatoire à la malédiction: refaire l'amour avec quelqu'un. Interprétez cela comme vous le souhaitez mais nous on a pas pu ignorer la métaphore du sida et de la maladie qui avance lentement vers vous (ce que font les personnes dans ses visions) après un acte non protégé. «Il n'y a pas de morale dans ce film, chacun peut faire son interprétation» nous confie David Robert Mitchell en conférence de presse. Pourtant les images sont bien là pour nous faire un peu douter. «C'est un long cauchemar en fait. D'ailleurs ça me rappelle celui que je faisais quand j'étais gamin. Des gens normaux que j'étais seul à voir me suivait. Je ne savais pas pourquoi mais j'avais peur» ajoute-t-il à la conférence. Si ça peut le rassurer nous aussi on a peur après le film et on réfléchira à deux fois avant de fricoter avec un beau gosse.
C'est donc peu tranquille que l'on s'en va aux côtés de John Lithgow et Alfred Molina pour Love is strange d'Ira Sachs. Les aléas de la vie (financier, éloignement, licenciement) menace les jeunes mariés George et Ben qui vont devoir compter sur leurs proches pour s'en sortir. Pourquoi a-t-il été mal vu outre atlantique? Attendez. Il n'y a pas de scène de viol, pas de meurtre, pas de scène de torture... quoi... non... ça ne peut. On n'en est plus là?! Ça ne peut pas être le fait qu'il s'agisse d'un couple homosexuel marié? Certaines personnes refusent de voir ce petit bijou cinématographique sous ce prétexte? C'est une blague... Fuck la censure et allez voir ce film dès sa sortie (le 12 novembre). Il s'agit d'un joyau en or massif où on en sort de là tout ému et émoustillé! Cela nous d'ailleurs bien préparé pour la suite de la journée...
Une vague de messieurs en costard, bodybuildés, à envahit le tapis rouge. «Votre badge!!!!» «Avancez plus vite que ça!!!!» Mais bonté divine qu'est-ce qui se passe à Deauville? Manuel Valls arrive au festival? Non c'est trop de dispositif pour le Premier ministre. Mais alors c'est qui????
Whaou c'est Mick Jagger venu présenté sa production cinématographique qui n'est autre que Get on up de Tate Taylor, le biopic de James Brown (lire notre reportage). Après un hommage au grand producteur Brian Grazer, le leader des Rolling Stones est monté sur la scène du CID et a parlé un peu français avant de se barrer faire la fête à la Villa Cartier. Et on y était! Donc oui, on a eu quelques pas de danse à côtés de Mick qui, lui, était en extase sur la mannequin et actrice Olga Kurylenko (on le comprend elle est magnifique). On aussi aperçu Patrick Poivre D'Arvor non loin des petits fours, Astrid-Bergès Frisbey un verre à la main se baladant parmi les danseurs, Clémence Poésy resplendissante dans une robe à dentelle, Miles Teller dansant avec sa girlfriend (désolée les filles mais vous le savez bien, les beaux mecs c'est comme les WC au McDo c'est toujours pris) ou encore le héros de Get on up Chadwick Boseman brûler le dancefloor à la manière de James Brown (deux mois d'entraînement, ça aide). Tout ceci sent la détente, la fin du festival, demain ce sera le dernier jour et on quittera le soleil et le strass.
C'est avec les larmes aux yeux que l'on attend le neuvième jour!
Les papys du rock continuent de rouler leur bosse avec une moyenne d’âge qui approche les 70 ans : les Rolling Stones sont toujours là et le font savoir. Ils vont célébrer 50 ans de carrière avec une poignée de concerts à Londres (25 et 29 novembre) et à New-York (8, 13 et 15 décembre). Pour l’occasion (et les fêtes de Noël) une nouvelle compilation "Grrr !" est sortie en forme de best-of avec 50 chansons (dont deux nouvelles). Pour se préparer à ces festivités, les Rolling Stones ont passé plusieurs semaines à Paris à faire des répétitions et aussi pour y tourner leur nouveau clip.
Pour mettre en image leur nouveau tube "Doom And Gloom" les Rolling Stones ont pris place sur un plateau flambant neuf de La Cité du Cinéma, le studio de tournage de Luc Besson qui a été inauguré en septembre. Ce clip est signé du réalisateur suédois Jonas Akerlund (qui avait déjà fait celui de leur chanson "Rain Fall Down") qui en a profité pour filmer sa compatriote Noomi Rapace. Celle qui a été adoptée par Hollywood (Prometheus de Ridley Scott, Sherlock Holmes-Jeu d'ombres de Guy Ritchie, Passion de Brian de Palma) renoue ici avec son allure punk de la trilogie Millenium. Jonas Akerlund surfe sur l’actualité de crise, tendance fin du monde : la guerre, se retrouver à la rue, la bourse et l’inflation, la malbouffe, et même des morts-vivants !
Voici donc le clip "Doom And Gloom" réalisé par Jonas Akerlund pour les Rolling Stones, avec Noomi Rapace. On la voit hôtesse de l’air et aussi pilote d’avion, exploser des zombies et aussi sa télévision, sur le bord de la route clocharde ou prostituée, sur des billets de banque ou derrière les barreaux d’une prison, et même si elle est à moitié nue on ne voit que ses beaux yeux. En 4 minutes d’images, Noomi Rapace prend l’apparence d’une quinzaine de personnages différents. Une performance dont l’inspiration vient peut-être de Holy Motors de Léos Carax…
Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Doom And Gloom.
Le documentaire Stones in exile accompagne en fait la réédition du disque Exile On Main Street qui est aujourd’hui agrémentés d’une dizaine nouveaux titres en plus. Le film commence avec Mick Jagger et Charlie Wattsqui reviennent dans cette fameuse maison pour se souvenir de cette époque, puis le réalisateur Stephen Kijack nous montre un montage d’images d’archives (dont des photographies de Dominique Tarlé) qui nous raconte cette aventure.
La projection en avant-première à Cannes en compagnie de Mick Jagger était un évènement. Chose surprenante, l'album Exile On Main Street est revenu dans les meilleures ventes au Royaume Uni. 1er du classement le 24 mai, il est actuellement 14e. Aux Etats Unis, il est revenuen 2e place la semaine dernière, avant de s'accrocher au Top 10 en étant 7e. En Allemagne, il est 3e. E, France, il est nulle part. L'album était la semaine dernière la meilleure vente dans le monde.
Exile On Main Street est-il vraiment le meilleur disque des Rolling Stones ? Ce n’est pas l’unanimité parmi les fans des célèbres pierres qui roulent mais il est vrai qu’au fil du temps cet album (le 10e du groupe) paru en 1972 est devenu un classique dans leur carrière discographique jalonnée de hits imparables et de chansons plus oubliables.
Le disque commence à tourner avec peut-être les meilleurs titres de l’album ‘Rocks off’ puis ‘Rip this joint’, mais c’est plutôt ‘Tumbling Dice’ qui tournera en radio avant de devenir un futur standard stonien. C’est sur ce disque aussi que figure la chanson ‘Shine a light’ qui est devenu récemment le titre du film-concert réalisé par leur grand fan Martin Scorsese, et la chanson ‘Let it loose’ qui figure dans la bande originale de son film Les Infiltrés.
Si musicalementExile On Main Streetn’est peut-être pas un chef d’œuvre ce n’en est pas moins un album culte, un paradoxe qui trouve d’ailleurs son éclairage justement dans ce documentaire de Stephen Kijack. On y découvre le contexte de son enregistrement : des sessions d’écriture et d’enregistrement improvisées un peu n’importe comment avec quelque fois des gens de passage. Les Rolling Stones malgré leur succès et leur popularité ne peuvent faire face à l’importance des impôts qu’on leur réclame en Angleterre, ils s’exilent alors sur la côte d’azur à Villefranche-sur-mer. La villa de Keith Richard devient leur studio d’enregistrement mais peu à peu cela devient un lieu de transit pour les amis des amis qui viennent avec un instrument, un appareil photo ou surtout diverses drogues : à un moment les Stones se rendent même compte qu’on leur a volé des guitares sans que personne n’ai rien vu ! Ils partiront finir leur disque aux Etats-Unis avec quantités de chansons enregistrées dont plusieurs étaient restées inédites…
Comme annoncé le 3 juin, Stones in exile est sera diffusé ce jeudi 10 juin sur France 5 à 20h35; mais surtout ne manquez pas la sortie en dvd, déjà prévue pour le 16 juin.
Après le joli coup médiatique réalisé par la Quinzaine des Réalisateurs en sélectionnant le documentaire Stones in exile (ce qui leur a valu la visite de Mick Jagger), c'est au tour de la chaîne de télévision France 5 de faire l'événement avec la diffusion exclusive du film le 10 juin prochain.
Ce moyen-métrage signé Stephen Kijak revient sur la genèse de l'album "Exile on Main Street " sorti en 1972 et partiellement enregistré en France. A l'époque, les Rolling Stones étaient venus s'installer sur la Côté d'azur dans le but d'échapper au fisc et à la presse britanniques. Retranchés dans la villa Nellcote à Villefranche-sur-Mer, Mick, Keith et les autres ont vécu plusieurs mois d'un régime particulièrement rock'n roll : fêtes continuelles, drogues et enregistrements à toute heure du jour et de la nuit.
A partir d'images d'archives et en s'appuyant sur des témoignages plus récents, Stephen Kijak porte un regard complice et amusé sur cette époque mouvementée où, comme l'a souligné Mick Jagger lui-même lors de la présentation du film à Cannes, les membres de l'un des plus grands groupes de rock du monde étaient "beaux, jeunes et stupides".