L'acteur néerlandais Rutger Hauer est mort à l'âge de 75 ans. Né le 23 janvier 1943, il était devenu une star internationale en 1982 grâce à Blade Runner de Ridley Scott.
Beau et charismatique, cet esprit rebelle doit sa carrière à Paul Verhoeven qui lui offre un rôle dans une série télévisée populaire en 1969. Le cinéaste l'enrôle ensuite pour plusieurs films, Turkish Délices (1973), Keetje Tippel, Le choix du destin, Spetters et La chair et le sang en 1985.
Il collabore aussi avec le cinéaste belge André Delvaux (Femme entre chien et loup, 1979) et fait ses premiers pas américains face à Sylvester Stallone dans Les faucons de la nuit de Bruce Malmuth (1981). Grand (1m87), baraqué, avec une tête de viking, surnommé le Paul Newmon néerlandais (avec une voix de baryton), Hollywood est séduit par cet homme qui peut incarner un esprit libre ou autoritaire (alors qu'il déteste l'autorité), comme un grand méchant.
En 1982, son personnage de réplicant hyper-évolué dans Blade Runner le rend immédiatement culte. Sa carrière est lancée: il enchaîne un Sam Peckinpah (Osterman week-end), un Richard Donner (Ladyhawke, en héros alors qu'on lui proposait le personnage du méchant), et surtout un thriller de Robert Harmon, Hitcher en 1986, où il incarne un tueur psychopathe dans un road-movie assez jouissif. Le thriller aux frontières de la SF ou de l'horreur semble être son créneau, comme Vengeance aveugle de Philip Noyce.
Sentant qu'il s'éloigne des rôles qu'il affectionne, il change de registre avec La légende du saint-buveur, réalisé par l'italien Ermanno Olmi. Il démontre toute sa palette de jeu. Le film obtient un Lion d'or à Venise, quatre prix David di Donatello et l'acteur reçoit un prix d'interprétation à Seattle. Il reçoit en 1988 un autre prix prestigieux, Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle dans une série, une minisérie ou un téléfilm pour Les Rescapés de Sobibor.
Pourtant sa carrière se délite, entre mauvais films, séries B, séries diverses, biopics sans inspiration, et projets improbables, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe. Il faut attendre 2002 pour que, vieillissant et profitant de son nom, il retrouve des films intéressants comme Confessions d'un homme dangereux de George Clooney, Sin City de Frank Miller et Robert Rodriguez, Batman Begins de Christopher Nolan. Certes sa filmographie est impressionnante mais que retenir sur la fin quand cohabitent Le Village de carton de Ermanno Olmi, Dracula 3D de Dario Argento, Emperor de Lee Tamahori, Gangsterdam de Romain Lévy, Valérian et la Cité des mille planètes de Luc Besson ...?
Au moins il part avec honneur en ayant incarné le commodore dans Les Frères Sisters de Jacques Audiard.
Il aimait dessiner des véhicules, piloter des motos, défendre sa cause, la lutte contre le Sida, s'occuper du festival de cinéma qu'il a fondé, jouer les porte-paroles pour Greenpeace.
l a refusé beaucoup de rôles par mauvais choix et a parfois été à deux doigts d'en avoir d'autres, de Black Book à Robocop en passant par L'arme fatale. Rutger Hauer était très loin de l'image que renvoyait ses personnages. D'ailleurs ses films préféraient étaient signés Alain Resnais, Francis Ford Coppola ou Wim Wenders. Pour lui les étiquettes ne valaient rien: ""Bon gars" ou "méchant", héros ou anti-héros; Peu importe pour moi quel rôle je joue, seul le personnage a quelque chose de magique."