Rutger Hauer est mort (1944-2019)

Posté par vincy, le 24 juillet 2019

L'acteur néerlandais Rutger Hauer est mort à l'âge de 75 ans. Né le 23 janvier 1943, il était devenu une star internationale en 1982 grâce à Blade Runner de Ridley Scott.

Beau et charismatique, cet esprit rebelle doit sa carrière à Paul Verhoeven qui lui offre un rôle dans une série télévisée populaire en 1969. Le cinéaste l'enrôle ensuite pour plusieurs films, Turkish Délices (1973), Keetje Tippel, Le choix du destin, Spetters et La chair et le sang en 1985.

Il collabore aussi avec le cinéaste belge André Delvaux (Femme entre chien et loup, 1979) et fait ses premiers pas américains face à Sylvester Stallone dans Les faucons de la nuit de Bruce Malmuth (1981). Grand (1m87), baraqué, avec une tête de viking, surnommé le Paul Newmon néerlandais (avec une voix de baryton), Hollywood est séduit par cet homme qui peut incarner un esprit libre ou autoritaire (alors qu'il déteste l'autorité), comme un grand méchant.

En 1982, son personnage de réplicant hyper-évolué dans Blade Runner le rend immédiatement culte. Sa carrière est lancée: il enchaîne un Sam Peckinpah (Osterman week-end), un Richard Donner (Ladyhawke, en héros alors qu'on lui proposait le personnage du méchant), et surtout un thriller de Robert Harmon, Hitcher en 1986, où il incarne un tueur psychopathe dans un road-movie assez jouissif. Le thriller aux frontières de la SF ou de l'horreur semble être son créneau, comme Vengeance aveugle de Philip Noyce.

Sentant qu'il s'éloigne des rôles qu'il affectionne, il change de registre avec La légende du saint-buveur, réalisé par l'italien Ermanno Olmi. Il démontre toute sa palette de jeu. Le film obtient un Lion d'or à Venise, quatre prix David di Donatello et l'acteur reçoit un prix d'interprétation à Seattle. Il reçoit en 1988 un autre prix prestigieux, Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle dans une série, une minisérie ou un téléfilm pour Les Rescapés de Sobibor.

Pourtant sa carrière se délite, entre mauvais films, séries B, séries diverses, biopics sans inspiration, et projets improbables, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe. Il faut attendre 2002 pour que, vieillissant et profitant de son nom, il retrouve des films intéressants comme Confessions d'un homme dangereux de George Clooney, Sin City de Frank Miller et Robert Rodriguez, Batman Begins de Christopher Nolan. Certes sa filmographie est impressionnante mais que retenir sur la fin quand cohabitent Le Village de carton de Ermanno Olmi, Dracula 3D de Dario Argento, Emperor de Lee Tamahori, Gangsterdam de Romain Lévy, Valérian et la Cité des mille planètes de Luc Besson ...?

Au moins il part avec honneur en ayant incarné le commodore dans Les Frères Sisters de Jacques Audiard.

Il aimait dessiner des véhicules, piloter des motos, défendre sa cause, la lutte contre le Sida, s'occuper du festival de cinéma qu'il a fondé, jouer les porte-paroles pour Greenpeace.

l a refusé beaucoup de rôles par mauvais choix et a parfois été à deux doigts d'en avoir d'autres, de Black Book à Robocop en passant par L'arme fatale. Rutger Hauer était très loin de l'image que renvoyait ses personnages. D'ailleurs ses films préféraient étaient signés Alain Resnais, Francis Ford Coppola ou Wim Wenders. Pour lui les étiquettes ne valaient rien: ""Bon gars" ou "méchant", héros ou anti-héros; Peu importe pour moi quel rôle je joue, seul le personnage a quelque chose de magique."

The Dark Knight Rises répondra-t-il aux attentes ?

Posté par matthieu, le 8 juillet 2012

"Cela fait huit ans que Batman a disparu dans la nuit, passant, à cet instant précis, d'un héros à un fugitif. Assumant la responsabilité de la mort du procureur Harvey Dent, le Chevalier noir a tout sacrifié, car lui et le commissaire Gordon espéraient qu'ils le faisaient pour le bien de tous. Pendant un moment, le mensonge a fonctionné, et la criminalité à Gotham City a été écrasée par la loi Dent contre le crime organisé." Tel est le synopsis enfin révélé du film le plus attendu de l'été 2012, The Dark Knight Rises, aka Batman 3.

Après avoir dépassé le milliard de dollars de recettes il y a quatre ans avec le second volet de la trilogie de Batman réalisée par Christopher Nolan, puis d'avoir encore atteint 825 millions de $ de recettes avec Inception du même Nolan, Warner Bros s'avère bien décidée à ne pas lâcher le jeune prodige et de tirer un maximum de recettes de l'epic conclusion d'une saga ayant littéralement scotché critiques, cinéphiles, fans, comics et autres geeks.

La malédiction du troisième épisode

Attendu au tournant, la pression, augmente face à des enjeux qui ne sont pas que cinématographiques. D'autant qu'à Hollywood, il y a une sorte de malédiction sur les fins de trilogie (Spider-Man 3X-Men 3, Matrix Revolutions...). Même Nolan, adulé par les foules depuis The Dark Knight, culte depuis Memento, maniant une forme d'auteurisme avec des budgets extravagants (250 millions de dollars pour The Dark Knight Rises, hors coût marketing), joue gros. Hormis Peter Jackson et son diptyque de The Hobbit, toujours produit par la Warner, aucun cinéaste confirmé n'a un tel poids sur les épaules cette année. Les 165 minutes de The Dark Knight Rises vont devoir marquer le cinéma hollywoodien contemporain, comme l'a fait le précédent volet quatre années plus tôt. Alors qu'Hollywood limite de plus en plus les risques, ne s'aventurant plus dans des blockbusters originaux, oubliant de donner une profondeur à ses scénarios voire se contentant de produits sans personnalité, Nolan et Warner doivent montrer qu'une autre voie est possible.

Bien entendu, comme évoqué plus haut, le premier enjeu est d'être rentable. Avec 600 millions de $ au box office mondial, les actionnaires du studio seront rassurés mais cela ne suffira pas. Batman 3 doit atteindre le milliard de dollars. Autrement il apparaîtra comme un triomphe relatif. D'autant que le champion de l'année, The Avengers a dépassé Batman 2 tant aux USA qu'à l'international.

Objectif Avengers?

Outre un marketing viral qui a mis le paquet pour attirer les spectateurs, entre applications iOS, affiches, teasers, spot TV, teasers, trailers, jeux ludiques dans les villes pour découvrir des nouveautés, tout a été pensé pour faire parler d'un film qui joue sur plusieurs niveaux, essayant à la fois de viser le grand public mais aussi les cinéphiles plus exigeants et adeptes du pessimisme noir de la franchise. Le jeu vidéo, lui, ne sortira qu'à l'automne, pour les fêtes. Pour répondre à cet enjeu de taille pour la Warner et DC Comics, le film sera projeté sur près de 15 000 écrans dans le monde (soit 4 000 de plus que le précédent volet), espérant ainsi  enterrer The Avengers de Disney/Marvel : une fausse bataille puisque chacun des deux studios se sert de temps en temps de l'autre pour diffuser ses bandes annonces avant la projection d'un nouveau film de super-héros.

Si la Warner est confiante, elle se rappelle qu'elle revient de loin. Après les deux films de Tim Burton, la franchise s'est écroulée artistiquement, ne servant qu'à vendre des produits dérivés. Et le premier volet de Nolan, Batman Begins, n'a récolté que 205 millions de dollars en Amérique du nord et seulement 167 millions de $ dans le reste du monde. The Dark Knight fut une surprise pour le studio, aidé par une presse et des spectateurs unanimes et la mort d'Heath Ledger (alias le légendaire Joker) qui attira les caméras sur son (à peu près) dernier grand rôle. Rien ne laissait présager des scores qui allèrent jusqu'à tripler : En Allemagne, 6,9 ??millions de dollars sur le premier volet, 30,5 millions de dollars pour le second; +300% en Corée du Sud, passant de 6 à 25,4 millions de dollars; +265% en Australie, etc... Mais il faut faire mieux encore.

Un chevalier faible à l'international

Pour autant, le "reste du monde" est l'endroit où The Dark Knight a souffert d'une plus large disparité en terme de résultats économiques, contrairement à la trilogie Spider-Man de Raimi ou le récent Avengers. Là où aux États-Unis le film a côtoyé l'insubmersible Titanic, en France ce fut un "misérable" résultat de 3 millions d'entrées. La Warner a donc dû jouer sur d'autres niveaux, organisant des avant-premières événementielles dans les grandes villes du monde et mettre en avant le nom de Nolan , auteur respecté, mais surtout un casting composite avec des personnalités diverses : la populaire et sexy Anne Hathaway, l'oscarisée et européenne Marion Cotillard, les beaux gosses d'Inception Tom Hardy et Joseph Gordon-Levitt. Le marketing subtil de Warner montre essentiellement le match Christian Bale / Tom Hardy. Mais les autres têtes d'affiches vont vite faire leur apparition une fois le film sorti afin de séduire un public plus large (féminin notamment). La campagne marketing (les affiches sont sur les frontons des cinémas depuis le 26 juin en France) n'en finit plus de dévoiler de nouveaux posters et de distiller de nouvelles informations.

Difficile de ne pas évoquer ce fait, The Dark Knight Rises adopte un moyen de promotion quasiment inédit de nos jours : ne rien dévoiler d'un film et laisser une surprise absolue au spectateur. Le synopsis officiel lui-même n'a été dévoilé que dernièrement. Quant aux images des bandes annonces (à chaque nouveau trailer, de nouvelles images), il s'agit très certainement des images de la première moitié du film comme c'était le cas pour la promotion du précédent volet. Sans conteste, Christopher Nolan s'amuse à aiguiser le désir jusque dans la publicité construite pour attirer les spectateurs. Cela devrait fonctionner afin de satisfaire les fans qui découvriront  un grand final qu'on espère spectaculaire. Le bouche à oreille fera le reste.

Tweets dithyrambiques

Maintenant que la première projection presse mondiale est passée (vendredi 6 juillet), inutile de dire que la presse américaine (on relativise vu le niveau : un journaliste a twitté qu'il avait donné 7,5 à Amazing Spider-Man, 8 à Avengers et qu'il mettrait 9 à TDKR) s'est emballée une nouvelle fois et les réactions dithyrambiques ont envahit le fil de gazouillis : "parfaite conclusion d'une trilogie", "le meilleur film de la trilogie", ... Certains parlent déjà d'Oscars. On attendra de voir, vraisemblablement durant la semaine du 16 juillet.

Tout juste âgé de 41 ans,  Nolan, que Warner a décidé de ne plus lâcher, a encore beaucoup à offrir à ses spectateurs et aux studios bien décidés de ne pas perdre leur poule aux oeufs d'or, lui offrant volontiers toutes les libertés qu'il souhaite à chacun de ses nouveaux longs-métrages. Quant aux enjeux de The Dark Knight Rises, le plus important ne sera pas seulement l'accueil critique et public. Mais bien l'impact artistique : espérons en effet que les productions hollywoodiennes sauront prendre son exemple en proposant des oeuvres moins conformistes ou convenues et les inciter à tourner films plus audacieux, avec des prises de vues réelles et des scénarios réjouissants. Comme au bon vieux temps... Il est est étonnant de voir que les parcours de Nolan, Cameron, Lucas, Spielberg n'aient pas servi de leçons à des studios qui cherchent une recette pour leurs recettes alors que le public désire avant tout des émotions mémorables plutôt que de des sensations vite oubliées.

Warner fait un gros chèque à Nolan

Posté par vincy, le 12 février 2009

christopher nolanQue ne ferait-on pas pour garder un réalisateur qui rapporte gros? Même si le temps des artistes "détenus" par contrat par les studios est révolu, la Warner a toujours aimé investir dans des carrières, de Kubrick à Eastwood. Et si c'était au tour de Christopher Nolan. Après Insomnia et les deux Batman (Begins, The Dark Knight), le réalisateur vient de vendre le script de Inception, son prochain film. Un gros chèque à sept chiffres simplement pour le scénario. C'est assez logique puisque les deux Batman et Insomnia sont les trois plus gros hits du réalisateur sur le sol américain.

Pour la Warner, cela permet aussi d'avoir un blockbuster potentiel dans sa programmation estivale de 2010. Pour l'instant, le distributeur n'a qu'un dessin animé, Guardians of the Ga'Hoole 3D de confirmer quand Paramount aligne trois grosses sorties.

Inception serait un film de science-fiction et d'aventures se déroulant dans les méandres de l'esprit. Il le tournerait dès cette année. Ce qui reporterait tout éventuel Batman à 2011/2012. Car derrière ce chèque faramineux, la Warner espère que Nolan reprendra du service pour un troisième épisode avec le super-héros. Pour l'instant, il ne s'est toujours pas engagé sur un tel projet.

The Dark Night en pleine lumière

Posté par geoffroy, le 21 juillet 2008

batman2.jpgThe Dark Night (la suite de Batman Begins) de Christopher Nolan s'octroie le meilleur démarrage US (en dollars courants) de tous les temps, devant Spider-Man 3.

Après un premier jour exceptionnel à plus de 67 millions de dollars (record absolu pour un premier jour, loin devant les 59 millions de Spider-Man 3), le deuxième opus du super héros en noir culmine ce dimanche à 155,340 millions de dollars selon les dernières estimations. Soit un peu plus que notre ami l'araignée et ses 151,116 millions ramassés en 2007. Sorti sur 4 366 copies (record également), le film avec Christian Bale totalise une moyenne de 35 579 dollars par copie et devance encore une fois (mais d'un pouce seulement) les 35 540 du tisseur sortit sur 4 324 copies l'an dernier. Il a notamment été "boosté" par le remplissage des salles Imax (certaines diffusaient le film 72 heures "non-stop"). Le film est doté de six séquences filmées entièrement avec des caméras Imax.

Un chevalier en or
Score fabuleux pour un film qui l'est tout autant (Vincy et moi-même avons été soufflés par la puissance et la profondeur de cet opus), The Dark Night "atomise" tout simplement le démarrage de Batman Begins (48 millions sur trois jours). Plusieurs raisons peuvent expliquer un tel engouement. Tout d'abord, la mise en place d'une campagne marketing savamment orchestrée délivrant au compte-goutte les images du film, suscitant une attente des plus palpables par un site super bien foutu et des bandes annonces puissantes, mystérieuses et alléchantes. Ensuite, la disparition malheureuse de Heath Ledger dont la prestation en Joker était considérée bien avant la sortie du film comme prodigieuse. Si l'on rajoute à cela une concurrence des plus minces (Mamma Mia!, Les chimpanzés de l'espace), des critique dithyrambiques (comme la nôtre le sera), un succès important de Batman Begins au cinéma et en DVD relançant ainsi la franchise et la qualité intrinsèque du film (souvent signe d'un bon bouche à oreille), le succès rencontré ne pouvait lui échapper.

Dernière interrogation. Jusqu'où peut-il aller? Sachant que le film est sorti en juillet et qu'il suscite de très bonnes réactions, nous pouvons raisonnablement penser qu'il fera une carrière similaire à Pirates des Caraïbes 2 (premier week-end à 135,6 millions pour un final à 423 millions). Or, The Dark Night est plus sombre, plus dur et plus complexe que son homologue flibustier. Il est donc un peu moins familial, ce qui voudrait dire que ses réserves de spectateurs sont peut-être un peu plus faibles. Si les 300 millions de dollars semblent déjà acquis, les 400 millions restent à atteindre. Spider-Man avec ses 403 millions de dollars (478 si nous étions en 2008 en prenant en compte l'inflation) restera-t-il le film de super-héros le plus populaire de l'histoire?

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Chiffres des dix meilleurs démarrages US (week-end de trois jours) :

  1. The Dark Night : 155,3 (2008)
  2. Spider-Man 3 : 151,1 (2007)
  3. Pirates des Caraïbes 2 : 135,6 (2006)
  4. Shrek 3 : 121,6 (2007)
  5. Spider-Man : 114,8 (2002)
  6. Pirates des Caraïbes : 3 114 (2007)
  7. Star Wars : La revanches des Sith : 108,4 (2005)
  8. Shrek 2 : 108,0 (2004)
  9. X-Men 3 : 102,7 (2006)
  10. Harry Potter et la coupe de feu : 102,6 (2005)