Rutger Hauer est mort (1944-2019)

Posté par vincy, le 24 juillet 2019

L'acteur néerlandais Rutger Hauer est mort à l'âge de 75 ans. Né le 23 janvier 1943, il était devenu une star internationale en 1982 grâce à Blade Runner de Ridley Scott.

Beau et charismatique, cet esprit rebelle doit sa carrière à Paul Verhoeven qui lui offre un rôle dans une série télévisée populaire en 1969. Le cinéaste l'enrôle ensuite pour plusieurs films, Turkish Délices (1973), Keetje Tippel, Le choix du destin, Spetters et La chair et le sang en 1985.

Il collabore aussi avec le cinéaste belge André Delvaux (Femme entre chien et loup, 1979) et fait ses premiers pas américains face à Sylvester Stallone dans Les faucons de la nuit de Bruce Malmuth (1981). Grand (1m87), baraqué, avec une tête de viking, surnommé le Paul Newmon néerlandais (avec une voix de baryton), Hollywood est séduit par cet homme qui peut incarner un esprit libre ou autoritaire (alors qu'il déteste l'autorité), comme un grand méchant.

En 1982, son personnage de réplicant hyper-évolué dans Blade Runner le rend immédiatement culte. Sa carrière est lancée: il enchaîne un Sam Peckinpah (Osterman week-end), un Richard Donner (Ladyhawke, en héros alors qu'on lui proposait le personnage du méchant), et surtout un thriller de Robert Harmon, Hitcher en 1986, où il incarne un tueur psychopathe dans un road-movie assez jouissif. Le thriller aux frontières de la SF ou de l'horreur semble être son créneau, comme Vengeance aveugle de Philip Noyce.

Sentant qu'il s'éloigne des rôles qu'il affectionne, il change de registre avec La légende du saint-buveur, réalisé par l'italien Ermanno Olmi. Il démontre toute sa palette de jeu. Le film obtient un Lion d'or à Venise, quatre prix David di Donatello et l'acteur reçoit un prix d'interprétation à Seattle. Il reçoit en 1988 un autre prix prestigieux, Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle dans une série, une minisérie ou un téléfilm pour Les Rescapés de Sobibor.

Pourtant sa carrière se délite, entre mauvais films, séries B, séries diverses, biopics sans inspiration, et projets improbables, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe. Il faut attendre 2002 pour que, vieillissant et profitant de son nom, il retrouve des films intéressants comme Confessions d'un homme dangereux de George Clooney, Sin City de Frank Miller et Robert Rodriguez, Batman Begins de Christopher Nolan. Certes sa filmographie est impressionnante mais que retenir sur la fin quand cohabitent Le Village de carton de Ermanno Olmi, Dracula 3D de Dario Argento, Emperor de Lee Tamahori, Gangsterdam de Romain Lévy, Valérian et la Cité des mille planètes de Luc Besson ...?

Au moins il part avec honneur en ayant incarné le commodore dans Les Frères Sisters de Jacques Audiard.

Il aimait dessiner des véhicules, piloter des motos, défendre sa cause, la lutte contre le Sida, s'occuper du festival de cinéma qu'il a fondé, jouer les porte-paroles pour Greenpeace.

l a refusé beaucoup de rôles par mauvais choix et a parfois été à deux doigts d'en avoir d'autres, de Black Book à Robocop en passant par L'arme fatale. Rutger Hauer était très loin de l'image que renvoyait ses personnages. D'ailleurs ses films préféraient étaient signés Alain Resnais, Francis Ford Coppola ou Wim Wenders. Pour lui les étiquettes ne valaient rien: ""Bon gars" ou "méchant", héros ou anti-héros; Peu importe pour moi quel rôle je joue, seul le personnage a quelque chose de magique."

César 2019: « Jusqu’à la garde » triomphe

Posté par redaction, le 22 février 2019

23 Césars. 118 nominations. La 44e nuit des César, sur fond de Brexit (entre l'introduction sur des chansons de Queen et discours de Kristin Scott Thomas) a distingué un cinéma français éclectique et renouvelé, malgré de grosses absences dans les nominations.

La cérémonie a été laborieuse, à quelques exceptions près. Beaucoup d'inside jokes et de gags "entre soi" de la "grande famille du cinéma français" ont mis les téléspectateurs à distance. Sans compter le rythme très lent. On remercie Elie Seimoun d'avoir été un mannequin normal du Slip Français et Jérôme Commandeur qui a été de loin le plus drôle. Il y aussi de beaux moments musicaux - Eddy de Pretto interprétant Charles Aznavour, Cécile Cassel et Stéfi Celma pour Michel Legrand. (hélas même pas nommé) Mais tout , sinon, tombait souvent à plat. Ou frôlait la faute de goût (un grand hommage à Karl Lagerfeld hors-sujet, la vanne courte mais gênante de Guillaume Gallienne "mâle hétéro" sur-césarisé).

Le César d'honneur a conduit à Robert Redford à raconter ses souvenirs de jeunesse en France, après un montage exécrable rendant peu honneur à son talent.

Comme l'a si bien dit Philippe Katerine, "C'est n'importe quoi!". Enfin au moins certains prix étaient amplement mérités (Alex Lutz, Une affaire de famille, Vilaine fille...) et notamment le triomphe de Jusqu' la garde, de loin le film français le plus accompli de l'année. Les Frères Sisters (4 récompenses) et Shéhérazade (3 trophées) suivent sur le podium. Les films sélectionnés à Venise et à Cannes (particulièrement à la Semaine de la critique) ont été plébiscités.
La famille (mais pas sous son meilleur aspect) reste le fil conducteur de tous les films primés, même si les violences conjugales et les abus sexuels ont davantage marqué les discours.

Cette soirée de plus de trois heures était interminable, et, malgré le suspens promis, on a lutté contre l'idée d'aller voir ailleurs. Ou de revoir certains films récompensés.

Jusqu'à la garde: Meilleur film, Meilleure actrice (Léa Drucker), Meilleur scénario (Xavier Legrand), Meilleur montage (Yorgos Lamprinos)

Les frères Sisters: Meilleure réalisation (Jacques Audiard), Meilleure photo (Benoît Debie), Meilleur son (Brigitte Taillandier, Valérie de Loof, Cyril Holtz), Meilleurs décors (Michel Barthélémy)

Shéhérazade: Meilleur premier film, Meilleur espoir féminin (Kenza Fortas), Meilleur espoir masculin (Dylan Robert)

Guy: Meilleur acteur (Alex Lutz), Meilleure musique (Vincent Blanchard, Roman Greffe)

Les Chatouilles: Meilleure actrice dans un second-rôle (Karin Viard), Meilleure adaptation (Andréa Bescond, Eric Métayer)

Le grand bain: Meilleur acteur dans un second-rôle (Philippe Katerine)

Mademoiselle de Joncquières: Meilleurs costumes (Pierre-Jeann Larroque)

Une affaire de famille: Meilleur film étranger

Ni juge, ni soumise: Meilleur documentaire

Dilili à Paris: Meilleur film d'animation

Vilaine fille: Meilleur court métrage - animation

Les petites mains: Meilleur court métrage

Les Tuche 3: César du public

Les Frères Sisters grand vainqueur des Prix Lumières 2019

Posté par vincy, le 5 février 2019

Les Frères Sisters de Jacques Audiard a remporté trois prix  lors de la 24e cérémonie des Lumières de la presse internationale, qui s’est déroulée lundi soir, 4 février 2019, à l’Institut du monde arabe à Paris. Le premier film en anglais du cinéaste, prix de la mise en scène à Venise et parmi les favoris aux César, est reparti avec les trophées du meilleur film, de la meilleure mise en scène, pour Jacques Audiard, et de la meilleure image, pour Benoît Debie.

Guy écrit, réalisé et interprété par Alex Lutz a été distingué par deux prix: meilleur acteur et meilleure musique pour Vincent Blanchard et Romain Greffe.

72 correspondants de la presse internationale ont aussi distingué Élodie Bouchez comme actrice pour Pupille, Ophélie Bau, comme révélation féminine dans Mektoub My Love, Félix Maritaud, comme révélation masculine pour Sauvage, et Pierre Salvadori, Benoît Graffin et Benjamin Charbit pour le scénario de En liberté !.

Les prix Lumières ont par ailleurs récompensé Samouni Road, de Stefano Savona (documentaire), Dilili à Paris de Michel Ocelot (animation), Jusqu’à la garde, de Xavier Legrand (premier long métrage), et Girl, de Lukas Dhont (film des pays francophones).

Enfin, l’Académie des Lumières, a rendu hommage à l’actrice Jane Birkin et au film Un homme et une femme, en présence de Anouk Aimée et Claude Lelouch, pour leur contribution au rayonnement mondial du cinéma français.

César 2019: Le grand bain et Jusqu’à la garde en tête des nominations

Posté par vincy, le 23 janvier 2019

cesar

Les César ont révélé leurs nominations. Et il y a plusieurs grosses surprises: l'absence des films cannois de la compétition parmi les meilleurs films, à commencer par le lauréat du prix Louis-Delluc, Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré, et celle de Mektoub, my love d'Abdellatif Kechiche. A l'inverse plusieurs films des autres sélections cannoises et plusieurs premiers films ont été remarqués par la profession. Au final cette liste des César embrasse tous les genres, de la comédie au drame en passant par le western. On regrettera toujours que des films plus audacieux, comme Les garçons sauvages, ne trouvent pas leur place.

On note que cette 44e cérémonie sera colorée par des sujets de société (violence conjugale, déclin masculin, adoption, abus sexuel). Le grand bain de Gilles Lellouche et Jusqu’à à la garde de Xavier Legrand dominent avec 10 nominations devant En liberté ! et Les frères Sisters (9), La douleur (8), Pupille (7), Guy et Mademoiselle de Joncquières (6). Autrement dit, il n'y a pas de grand favori dans une année qui s'avère très ouverte entre de bons films, mais aucun grand chef d'œuvre.

Les lauréats seront révélés le 22 février.

Meilleur film
La douleur
En liberté
Les frères Sisters
Le grand bain
Guy
Jusqu'à la garde
Pupille

Meilleur réalisateur
Emmanuel Finkiel, La douleur
Pierre Salvadori, En liberté
Jacques Audiard, Les frères Sisters
Gilles Lellouche, Le grand bain
Alex Lutz, Guy
Xavier Legrand, Jusqu'à la garde
Jeanne Herry, Pupille

Meilleur acteur
Edouard Baer (Mademoiselle de Joncquières)
Romain Duris (Nos batailles)
Vincent Lacoste (Amanda)
Gilles Lellouche (Pupille)
Alex Lutz (Guy)
Pio Marmaï (En liberté)
Denis Ménochet (Jusqu'à la garde)

Meilleure actrice
Elodie Bouchez (Pupille)
Cécile de France (Mademoiselle de Joncquières)
Léa Drucker (Jusqu'à la garde)
Virginie Efira (Un amour impossible)
Adèle Haenel (En liberté)
Sandrine Kiberlain (Pupille)
Mélanie Thierry (La douleur)

Meilleur acteur dans un second rôle
Jean-Hugues Anglade (Le grand bain)
Damien Bonnard (En liberté)
Clovis Cornillac (Les chatouilles)
Philippe Katerine (Le grand bain)
Denis Podalydès (Plaire, aimer et courir vite)

Meilleure actrice dans un second rôle
Isabelle Adjani (Le monde est à toi)
Leila Bekhti (Le grand bain)
Virginie Efira (Le grand bain)
Audrey Tautou (En liberté)
Karine Viard (Les chatouilles)

Meilleur espoir masculin
Anthony Bajon (La prière)
Thomas Giora (Jusqu'à la garde)
William Lebghil (Première année)
Karim Leklou (Le monde est à toi)
Dylan Robrt (Shéhérazade)

Meilleur espoir féminin
Ophélie Bau (Mektoub, my love : Canto Uno)
Galatéa Bellugi (L'apparition)
Jehnny Beth (Un amour impossible)
Lily-Rose Depp (L'homme fidèle)
Kenza Fortas (Shéhérazade)

Meilleur scénario original
En liberté ; Le grand bain ; Guy ; Jusqu'à la garde ; Pupille

Meilleure adaptation
Les chatouilles ; La douleur ; Les frères Sisters ; Le grand bain ; Jusqu'à la garde

Meilleurs décors
La douleur ; L'empereur de Paris ; Les frères Sisters ; Mademoiselle de Joncquières ; Un peuple et son roi

Meilleurs costumes
La douleur ; L'empereur de Paris ; Les frères Sisters ; Mademoiselle de Joncquières ; Un peuple et son roi

Meilleure photographie
La douleur ; Les frères Sisters ; Mademoiselle de Joncquières ; Le grand bain ; Jusqu'à la garde

Meilleur montage
Les chatouilles ; En liberté ; Les frères Sisters ; Le grand bain ; Jusqu'à la garde

Meilleur son
La douleur ; Les frères Sisters ; Le grand bain ; Guy ; Jusqu'à la garde

Meilleure musique originale
Amanda ; En liberté ; Les frères Sisters ; Guy ; Pupille ; Un amour impossible

Meilleur premier film
L'amour flou
Les chatouilles
Jusqu'à la garde
Sauvage
Shéhérazade

Meilleur film d'animation
Astérix - Le secret de la potion magique
Dilili à Paris
Pachamama

Meilleur court métrage d'animation
Au coeur des ombres
La mort, père et fils
L'évasion verticale
Vilaine fille

Meilleur film documentaire
America de Claus Drexel
De chaque instant de Nicolas Philibert
Le grand bal de Laetitia Carton
Ni juge ni soumise de Jean Libon et Yves Hinan
Le procès contre Mandela et les autres de Nicolas Champeaux, Gilles Porte

Meilleur film étranger
3 billboards, les panneaux de la vengeance de Martin McDonagh
Capharnaum de Nadine Labaki
Cold war de Pawel Pawlikowski
Hannah de Andrea Pallaoro
Nos batailles de Guillaume Senez
Une affaire de famille de Hirokazu Kore-Eda

Meilleur court métrage
Braguino
Les âmes galantes
Kapitalistis
Laissez-moi danser
Les petites mains

Lumières 2019: Les Frères Sisters, Mademoiselle de Joncquières, Jusqu’à la garde et Pupille en tête des nominations

Posté par vincy, le 17 décembre 2018

Un total de 37 films, et pas vraiment de favoris, sont en course pour l'un des Prix lumières, dont la 24e cérémonie ura lieu le lundi 4 février 2019 à l’Institut du monde arabe. La presse internationale devra départager des films très différentes, certains primés dans des grands festivals, d'autres ayant connu un joli succès populaire. Là encore, on remarque la domination des sélections cannoises sur l'ensemble des nominations, même si pour la catégorie meilleur film, seul Guy est passé par la Croisette.

On notera surtout qu'aucun film hormis Pupille n'est présent dans les quatre catégories principales - film, réalisation, acteur ou/et actrice, scénario. Mais ce qui fait le plus plaisir sans doute c'est l'ouverture à des films audacieux comme Les garçons sauvages, Cassandro the Exotico, Chris the Swiss, Sauvage, tout comme on soulignera quelques grands manques (En liberté! en meilleur film, Mektoub my love une seule fois nommé...) et des sacrés absents comme Le grand bain et Plaire, aimer et courir vite, pourtant Prix Louis-Delluc.

Film
Amanda, de Mikhaël Hers
Les Frères Sisters, de Jacques Audiard
Guy, de Alex Lutz
Mademoiselle de Joncquières, de Emmanuel Mouret
Pupille, de Jeanne Herry

Réalisateur
Jacques Audiard - Les Frères Sisters
Jeanne Herry – Pupille
Xavier Legrand – Jusqu’à la garde
Gaspar Noé – Climax
Pierre Salvadori – En Liberté !

Actrice
Elodie Bouchez – Pupille
Cécile de France – Mademoiselle de Joncquières
Léa Drucker – Jusqu’à la garde
Virginie Efira – Un amour impossible
Mélanie Thierry – La Douleur

Acteur
Romain Duris – Nos batailles
Vincent Lacoste – Amanda
Vincent Lindon – En guerre
Alex Lutz – Guy
Denis Ménochet – Jusqu’à la garde

Scénario
Andréa Bescond et Eric Métayer – Les Chatouilles
Jeanne Herry – Pupille
Thomas Lilti – Première année
Emmanuel Mouret – Mademoiselle de Joncquières
Pierre Salvadori, Benoît Graffin et Benjamin Charbit – En liberté !

Image
Benoît Debie – Climax
Benoît Debie – Les Frères Sisters
Laurent Desmet – Mademoiselle de Joncquières
Julien Hirsch – Un peuple et son roi
David Ungaro – Les Confins du monde

Révélation masculine
Anthony Bajon – La Prière
William Lebghil – Première année
Andranic Manet – Mes provinciales
Félix Maritaud – Sauvage
Dylan Robert – Shéhérazade

Révélation féminine
Ophélie Bau – Mektoub My Love
Galatéa Bellugi – L’Apparition
Andréa Bescond – Les Chatouilles
Jeanne Cohendy – Marche ou crève
Kenza Fortas – Shéhérazade

Premier film
Les Chatouilles, de Andréa Bescond et Eric Métayer
Les Garçons sauvages, de Bertrand Mandico
Jusqu’à la garde, de Xavier Legrand
Sauvage, de Camille Vidal-Naquet
Shéhérazade, de Jean-Bernard Marlin

Pays francophones
Capharnaum, de Nadine Labaki
Chris the Swiss, de Anja Kofmel
Girl, de Lukas Dhont
L’Insulte, de Ziad Doueiri
Nos batailles, de Guillaume Senez

Film d'animation
Astérix - Le Secret de la potion magique, de Louis Clichy et Alexandre Astier
Dilili à Paris, de Michel Ocelot
Mutafukaz, de Shojiro Nishimi et Run
Pachamama, de Juan Antín

Documentaire
Cassandro, the Exotico !, de Marie Losier
De chaque instant, de Nicolas Philibert
Nul homme n’est une île, de Dominique Marchais
Premières solitudes, de Claire Simon
Samouni Road, de Stefano Savona

Musique
Camille Bazbaz – En liberté !
Vincent Blanchard et Romain Greffe – Guy
Alexandre Desplat – Les Frères Sisters
Pierre Desprats – Les Garçons sauvages
Grégoire Hetzel – Un amour impossible

Les deux sélections pour les Prix Louis-Delluc 2018

Posté par vincy, le 25 octobre 2018

9 films français, dont deux en langue anglaise, ont été sélectionné pour le prestigieux Prix Louis-Delluc, édition 2018. On notera un éclectisme certain dans les genres, du western à la science-fiction, de la comédie au film d'époque.

On soulignera aussi qu'un seul des films, High Life, est réalisé par une femme: Claire Denis avait déjà été sélectionnée en 1994 et en 2001. Cédric Kahn est aussi l'un des rares "habitués" de la liste, puisqu'il avait déjà reçu le Delluc en 1998 pour L'ennui. De nouveau sélectionné, Jacques Audiard a déjà obtenu le Delluc deux fois pour De battre mon cœur s'est arrêté et Un prophète.

On peut enfin remarquer qu'Emmanuel Finkiel, Prix Louis-Delluc du premier film en 1999, est retenu dans la liste cette année avec le candidat français aux Oscars, La douleur.

- La douleur, film français sélectionné pour les Oscars
- Les frères Sisters, Prix de la mise en scène à Venise
- Mademoiselle de Joncquières
- Le grand bain, hors-compétition à Cannes
- High Life
- En liberté, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs
- Plaire, aimer et courir vite, en compétition à Cannes
- La prière, prix d'interprétation masculine à Berlin
- Mes provinciales

Le Louis-Delluc du meilleur premier film devra, de son côté, choisir entre 5 films, là aussi très différents dans leur style et dans leur sujet:

- Jusqu'à la garde, plusieurs fois primé à Venise
- Les garçons sauvages, récompensé à Venise J
- Shéhérazade, primé à la Semaine de la Critique à Cannes
- Sauvage, primé à la Semaine de la Critique à Cannes
- Retour à Bollène

Les lauréats seront révélés le 12 décembre.


Venise 2018: des valeurs sûres au palmarès

Posté par vincy, le 8 septembre 2018

Netflix repart avec le Lion d'or, et le prix du scénario. le jury a fait fi des polémiques. Au passage, le cinéma mexicain s'offre un deuxième Lion d'or consécutif puisque Guillermo del Toro (et son jury) a récompensé son ami Alfonso Cuaron pour sa fresque Roma. Dans le reste du palmarès de la compétition, on note que ce sont des artistes affirmés qui ont presque tout raflé, souvent des cinéastes estampillés cannois: Audiard à la réalisation (seul prix majeur pour un film français), les Coen, Willem Dafoe et bien sûr Lanthimos, autre grand vainqueur avec le Grand prix du jury ET le prix d'interprétation féminine pour The Favourite. L'omniprésence d'un cinéma en langue anglaise peut aussi inquiéter : Venise se transforme de plus en plus en rampe vers les Oscars, plus qu'en zone de découverte.

Seules véritables surprises: l'absence de Capri-Revolution, qui a récolté plusieurs prix chez les jurys parallèles, et les deux prix mérités pour The Nightingale, seul film réalisé par une femme dans la compétition, et qui aurait sandoute mérité un peu mieux quand même.

Compétition
Lion d'or: Roma d'Alfonso Cuaron
Grand prix du jury:The Favourite de Yorgos Lanthimos
Meilleur réalisateur: Jacques Audiard pour The Sisters Brothers
Coupe Volpi de la meilleure actrice: Olivia Colman dans The Favourite de Yorgos Lanthimos
Coupe Volpi du meilleur acteur: Willem Dafoe dans At Eternity's Gate de Julian Schnabel
Meilleur scénario: The Ballad of Buster Scruggs de Joel & Ethan Coen
Prix spécial du jury: The Nightingale de Jennifer Kent

Prix Marcello Mastroianni pour un acteur émergent
Baykali Ganmbarr dans The Nightingale de Jennifer Kent (compétition)

Prix Luigi de Laurentiis
Meilleur premier film (toutes sélections confondues): Yom Adaatou Zouli (The Day I Lost My Shadow) de Soudade Kaadan (en sélection Orizzonti)

Lion d'or d'honneur: Vanessa Redgrave et David Cronenberg

Orizzonti
Meilleur film: Kraben Rahu de Phuttipohong Aroonpheng
Meilleur réalisatrice: Emir Baigazin pour Ozen
Prix spécial du jury: Anons de Mahmut Fazil Coskun
Meilleure actrice: Natalya Kudryashova dans The Man Who surprised Everyone de Natasha Merkulova et Aleksey Chupov
Meilleur acteur: Kais Nashif dans Tel Aviv on Fire de Sameh Zoabi
Meilleur scénario: Jinpa de Pema Tseden
Meilleur court métrage: Kado d'Aditya Ahmad

Venice Virtual Reality
Meilleur VR: Spheres d'Eliza McNitt
Meilleure expérience: Buddy VR de Chuck Chae
Meilleure histoire: L'île des morts de Benjamin Nuel

Venezia Classics
Meilleur film restauré: La notte du San Lorenzo de Paolo et Vittorio Taviani
Meilleur documentaire sur le cinéma: The Great Buster: a Celebration de Peter Bogdanovich

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Les palmarès de la Gironate degli autore et de la Semaine internationale de la Critique
Tous les autres prix décernés au Festival de Venise

Venise 2018 – Jacques Audiard: « The Sisters Brothers est moins un western qu’un conte »

Posté par kristofy, le 3 septembre 2018

jacques audiard venise 2018 © ecrannoir.frJacques Audiard, c'était jusqu'ici le cinéaste français le plus cannois dans son ADN: Grand prix du jury pour Un prophète, Palme d'or pour Dheepan. Mais pour des raisons de calendrier et de stratégie marketing (comprendre campagne pour les Oscars), son nouveau film The Sisters Brothers, est en compétition à Venise. Son cinéma prend un nouveau virage avec un western américain (bien que tourné en Europe), adapté d'un roman américain, avec un casting anglosaxon prestigieux : John C. Reilly, Joaquin Phoenix, Jake Gyllenhaal et Riz Ahmed.

Dans les années 1850, d'Oregon à la Californie, en pleine ruée vers l'or, des coups de feu éclatent et la grange brûle : c'est l'œuvre des deux frères Sisters. Leur mission est de trouver et de tuer un prospecteur d'or : ils ont plusieurs journées de cheval à faire et ils vont autant se parler que faire parler leurs armes... Car c'est un film bavard, psychologique, parfois ponctué d'action ou de séquences brutales (jusqu'à une amputation pas très agréable). Il y traine une mélancolie surprenante, avec quatre personnages, tous frustrés, qui glissent vers la désillusion et même le désenchantement au fur et à mesure que leur idéal s'éloigne. Le film sera en salles en France le 19 septembre, mais fera d'abord un passage à Deauville.

Venu à Venise, Audiard est accompagné de ses fidèles collaborateurs: Thomas Bidegain pour son scénario où violence et cupidité font mauvais ménage, Alexandre Desplat pour sa musique parfois free-jazz, et l'acteur (et producteur) John C. Reilly, l'aîné des frères Sisters, ont évoqué l'origine de ce film :

john c. reilly venise 2018 © ecrannoir.frJacques Audiard : J'ai été contacté au festival de Toronto par John C. Reilly et sa femme Alison Dickey qui voulaient me faire lire ce livre écrit par Patrick deWitt. Je l'ai lu et ça m'a beaucoup plu pour envisager d'en faire un film. Peut-être que si j'avais découvert cette histoire autrement je n'aurais pas eu ce déclic, mais la ça venait comme une recommandation d'un ami et je m'y suis particulièrement intéressé.

John C. Reilly : J'avais reçu en fait ce récit de The Sisters Brothers avant que le livre ne soit publié, pour une éventuelle production. J'ai pensé que si on en faisait un film, Jacques et son équipe serait le meilleur choix pour que ça devienne un bon film.

Jacques Audiard : J'aime certains films de western des années 70 ou contemporains que j'ai pu voir mais je ne sais pas si je suis un fan de western en tant que genre, pas vraiment. Le livre contenait beaucoup d'éléments irrésistibles qui pouvaient en faire un western original. Je n'avais pas spécialement de références de western pour ce tournage, et si référence il y a eu c'est peut-être plus La nuit du chasseur ou des films de Arthur Penn comme Missouri Breaks et Little big man. The Sisters brothers est moins un western qu'un conte en forme de western. Pour moi c'est un roman de formation, avec deux grands adultes qui sont encore un peu des enfants.

Alexandre Desplat : Il y avait aussi pour la musique cette difficulté de faire un genre de western sans en faire un western classique, car ça a déjà été fait. Comment trouver une voie différente c' était ça la difficulté. Penser clichés de musique de western avec violon et harmonica c'était un piège à éviter. Alors pour cette musique j'ai choisi de prendre une toute autre direction.

Thomas Bidegain : Entre ce film et mon film Les Cowboys, la seule chose chose vraiment commune est la présence de John C. Reilly à l'écran. Je suis plus un fan de western que Jacques. Ce qui est intéressant dans un western c' est de faire un état de la nation à un certain moment.

John C. Reilly : L' histoire des Etats-Unis s'est faite de brutalité et de génocide, on a tué les indiens et les buffles. Vers où on va après la violence ?

Venise 2018: Jacques Audiard plaide pour l’égalité des sexes

Posté par vincy, le 2 septembre 2018

Lors de sa conférence de presse pour Les Frères Sisters à Venise, le réalisateur Jacques Audiard a critiqué l’absence de femmes à la tête des festivals de cinéma. "Ne nous posons pas la question du sexe des films, posons-nous la question de savoir si les festivals ont un sexe, si les dirigeants des festivals ont un sexe. Ça, c’est une question simple et la réponse est oui. Je pense qu’il y a un problème là, et un autre problème, c’est que depuis vingt-cinq ans, j’ai souvent vu les mêmes têtes, les mêmes hommes à des postes différents, mais toujours là. " Par ailleurs, il a regretté sa solitude sur ce sujet: "J’ai envoyé des courriers à mes confrères de la sélection et j’ai senti qu’il n’y avait pas un écho formidable."

Pourquoi ce n'est plus tout à fait vrai? ça change déjà puisque Berlin, après 18 ans de règne de Dieter Kosslick, va être codirigé paritairement par Carlo Chatrian et Mariette Rissenbeek. Locarno sera dirigé par une femme, Lili Hinstin, pour remplacer Chatrian. A Toronto, après 23 ans à la tête du festival, Piers Handling va passer la main au plus jeune Cameron Bailey, d'origine barbadienne (Antilles britanniques).

Vieux débat, plutôt cannois jusqu'à présent, il a aussi noté la sous-représentation féminine en compétition (une réalisatrice, Jennifer Kent, pour vingt réalisateurs). Audiard s'est lancé dans un vif plaidoyer pour l'égalité. Jacques Audiard, qui est membre du mouvement féministe "50/50 pour 2020", en appelle donc à changer les choses en féminisant les comités de sélection et les sélectionneurs des festivals."L’égalité, ça se compte, la justice, ça s’applique, c’est très simple. Après on commencera à être un peu sérieux et on évitera ces aberrations comme ce vingt contre un." Il fait partie des signataires des appels à l'égalité des sexes, signés à Cannes, Locarno et Venise.

Pourquoi le problème est ailleurs? on ne le dira jamais assez, la faute n'est pas forcément celle des festivals. Rappelons qu'Alberto Barbera, le directeur artistique de la Mostra, avait déclaré en août qu’il préférerait "changer de métier plutôt que d’être obligé de sélectionner un film parce qu’il a été réalisé par une femme et non parce qu’il est réussi." La discrimination positive (hormis l'obligation de sélectionner des films nationaux, une sélection doit rester libre, comme une ligne éditoriale d'un journal) n'est pas applicable. Si on veut plus de femmes dans les sélections, il faut plus de femmes dans les écoles de cinéma et surtout que les producteurs/productrices fassent davantage confiance aux réalisatrices. C'est là un retard qui perdure dans le monde entier. Par ailleurs, il y a de nombreuses femmes dans les comités de sélection y compris dans ceux de Cannes, même si la proportion reste majoritairement masculine.

Longuement applaudi pour ce "manifeste", il a lancé à la presse: "Non, on applaudit pas. On agit".

Pourquoi Jacques Audiard n'est pas le mieux placé pour parler égalité? Regardons sa carrière. Réalisateur de vidéo-clips? Pas une seule chanteuse. Scénariste? Pour trois réalisatrices contre 11 réalisateurs. Producteur? Deux réalisateurs (dont Campillo pour 120 BPM). Ses co-scénaristes? Que des hommes depuis son premier film, et côté adaptations, que des romans écrits pas des mecs. Ses directeurs de la photographie? Sur ses 8 films, une seule fois, Audiard a engagé une directrice de la photo. Son compositeur de musique? Alexandre Desplat. Ses acteurs? Hormis Sur mes lèvres et De rouille et d'os, aucune femme dans un rôle principal. Dans Les Frères Sisters, tous les personnages sont masculins, hormis une chef de village (très masculine) et ses prostituées (petits rôles) et la mère (5 minutes à l'écran). Le générique compte neuf producteurs masculins pour trois productrices, et sinon une monteuse, trois femmes au casting, une décoratrice et une costumière. John C. Reilly, acteur et co-producteur du film, a beau se défendre en assurant que la moitié de l'équipe de Les Frères Sisters était féminine, ce n'était pas forcément aux postes les plus prestigieux d'un tournage. On remarque d'ailleurs sur cette photo de tournage, qu'il n'y a que quatre femmes sur le plateau, aux côtés de onze hommes. On agit?

Jacques Audiard emmène John C. Reilly dans un Western

Posté par vincy, le 26 août 2015

jacques audiard cannes 2009Dans un entretien au JDD dimanche dernier puis le lendemain sur RTL, Jacques Audiard, à l'occasion de la campagne promotionnelle de Dheepan, a annoncé que son prochain film serait une adaptation du roman de Patrick deWitt, Les Frères Sisters (The Sisters Brothers).

Son objectif est de "réaliser en Europe un Western à l'époque de la ruée vers l'or, avec de la violence et de la comédie". Le cinéaste explique que ce sera "l'histoire de deux frères et d'un parricide" qui est censée se dérouler entre l'Oregon et la Californie. Les Frères Sisters sera le premier film tourné en anglais pour le réalisateur. John C. Reilly tiendra l'un des rôles principaux.

Il convient là de faire un aparté. Car la présence de John C. Reilly, nommé à l'Oscar pour Chicago, n'est pas anodine. Reilly, 26 ans de carrière au compteur, a tourné avec De Palma, Allen, Francis Veber, Scott (Tony), Paul Thomas Anderson, Scorsese, Raimi, Daldry, Salles, Polanski ou encore Ramsey. Cette année, il était en vedette de trois films au Festival de Cannes: The Lobster, prix du jury, Tale of Tales et Les Cowboys, premier film de Thomas Bidegain, présenté à la Quinzaine.
C'est là que le point commun avec Audiard se place. Scénariste pour Lafosse (A perdre la raison), Bonello (Saint Laurent), Lartigau (La famille Bélier), Bidegain a été co-scénariste de ses films Un prophète (premier César), De rouille et d'os (deuxième César) et Dheepan.

Ce sera donc le troisième film de Reilly avec un réalisateur français. Les Frères Sisters est à l'origine un roman du jeune auteur canadien Patrick deWitt (paru en France il y a trois ans). Le récit se déroule principalement en Oregon, en 1851. Eli et Charlie Sisters, redoutable tandem de tueurs professionnels aux tempéraments radicalement opposés mais d’égale (et sinistre) réputation, chevauchent vers Sacramento, en Californie, dans le but de mettre fin, sur ordre du “Commodore”, leur employeur, aux jours d’un chercheur d’or du nom de Hermann Kermit Warm. Tandis que Charlie galope sans états d’âme – mais non sans eau-de-vie – vers le crime, Eli ne cesse de s’interroger sur les inconvénients de la fraternité et sur la pertinence de la funeste activité à laquelle lui et Charlie s’adonnent au fil de rencontres aussi insolites que belliqueuses avec toutes sortes d’individus patibulaires et de visionnaires qui hantent l’Amérique de la Ruée vers l’or. Deux frères moins liés par le sang et la violence que par l’indéfectible amour qu’en silence ils se portent.

Pour Jacques Audiard, comme il l'a confié à RTL, "on peut dire que la famille, ce n'est jamais gagné! Ça fait l'objet de réflexions, de combats, de compromis". Comme dans Dheepan, Palme d'or du dernier Festival de Cannes.