Dernière journée de festival, dernières projections, derniers visionnages, derniers coups de coeur...
Après une matinée consacrée aux courts pour enfants, je me dirige de nouveau vers le Théâtre National de Bretagne et sa salle Louis Jouvet dans laquelle je vais passer le reste de la journée. Au programme, L’Oeuf (Yumurta) de Semih Kaplanoglu -2007-, Des temps et des vents de Reha Erdem -2007- et, pour clore la journée et le festival, l’avant-première de Soul Kitchen de Fatih Akin qui sera dans les salles le 17 mars 2010.
L’oeuf de Semih Kaplanoglu
Yusuf, parti vivre à Istanbul, retourne dans son village à la mort de sa mère. Il rencontre alors Ayla, la jeune fille qui s’occupait de sa mère mais qu’il ne connait pas. Le film est donc l’histoire de cette rencontre et repose entièrement sur cette dernière. Yusuf retourne à ses racines et reprend contact avec sa vie passée. Chronique rurale, le film est intéressant par la peinture qu’il en dresse, à la fois conte où la vie s’écoule lentement et portait d’un homme en mal de repères. Le film laisse tout de même transparaitre quelques faiblesses, notamment ses longueurs et lenteurs qui dote parfois le film d’une certaine lourdeur.
Des temps et des vents de Reha Erdem
Après My only sunshine -2008- vu hier, c’est le deuxième film que je découvre du réalisateur. Ici encore il se penche sur ce douloureux passage de l’enfance à l’adolescence et plusieurs ponts font la jonction entre ses deux films (l’homme qui tousse à l’ouverture des temps et des vents fait écho au grand-père malade de My only sunshine tout comme les deux figures des jeunes filles ont de nombreuses similitudes). Ici, on suit le parcours de trois jeunes adolescents (deux garçons et une fille) qui se retrouvent confrontés à l’autorité des adultes. Chacun réagit alors différemment à celle-ci et tente d’y survivre à sa manière. Colère, tristesse et rage s’entremêlent dans cette fable poétique où la nature tient une place prépondérante. Cette dernière est d’une beauté incroyable, magnifiquement filmée par Reha Erdem. Elle fait partie du quotidien des trois enfants qui l’ont apprivoisée, l’aiment et la chérissent (plusieurs plans magnifiques montrant tour à tour les enfants endormis au creux d’un élément naturel). Un film d’une grande beauté.
Soul kitchen de Fatih Akin, Prix spécial du Jury à la Mostra de Venise en 2009
On retrouve ici un tout autre genre de cinéma, beaucoup moins ancré dans la Turquie même et pour cause, Fatih Akin place son film à Hambourg. Zinos, patron du restaurant Soul Kitchen, essaie de garder la tête hors de l’eau. Le restaurant coule peu à peu, son amie est partie vivre à Shangaï et son frère, taulard en semi-liberté, lui demande de l’embaucher. Ce qui ressort du dernier film de Fatih Akin c’est principalement son extraordinaire bande-son (n’oublions pas que le réalisateur est également musicien) et son humour. Sur fond de musique électrique and soul et de péripéties faisant sombrer de plus en plus Zinos, Fatih Akin s’attache à l’humour et à la cocasserie des situations (la superbe scène de Zinos chez le chiropracteur en est une parmi tant d’autres). Mais derrière cet humour se cache tout de même une réalité assez sombre sur une situation économique et sociale parfois difficile et délicate. Vous pourrez retrouver notre critique du film sur le site Écran Noir lors de sa sortie en salles.