Une leçon pas comme les autres

Posté par Morgane, le 4 juillet 2008, dans Evénements, Festivals, Personnalités, célébrités, stars.

pariscinema_carriere.jpgHier, Paris Cinéma s’est offert rien moins que Jean-Claude Carrière dans le rôle du professeur. Face à Michel Ciment (critique de cinéma et directeur de la publication de la revue Positif), le débat fut fort intéressant et très riche en anecdotes.

La discussion débute de manière très détendue sur les différences entre l’adaptation d’un roman ou d’une pièce de théâtre au cinéma. Pour Jean-Claude Carrière, la différence majeure réside dans le fait que « le dialogue d’un roman est fait pour être lu alors que le dialogue de théâtre est fait pour être entendu » comme le disait si bien Mankiewicz. Dans le cadre de l’adaptation d’une pièce de théâtre, contrairement à un roman, un travail de dramaturgie a déjà été fait. De plus, la lecture en est bien distincte. « Lorsqu’on lit un roman pour en faire un film, on cherche le film en transparence ».

Michel Ciment a, par la suite, dirigé la conversation vers le métier de scénariste et les différents types de scénaristes. Il y en aurait donc trois : celui qui envoie un scénario à un studio, celui qui reçoit une commande de scénario de la part d’un producteur et celui qui travaille main dans la main avec le metteur en scène. Vous l’aurez deviné, Jean-Claude Carrière appartient à cette dernière catégorie. Selon lui, « un scénariste doit être un cinéaste [car le scénario] n’est pas la dernière étape d’un travail littéraire mais la première étape d’un travail cinématographique ».

L'écriture comme seul métier

Puis, Michel Ciment évoque le choix de Jean-Claude Carrière d’être resté scénariste sans jamais passer derrière la caméra, en tant que réalisateur (à part pour son court métrage La pince à ongles qu’il a réalisé en 1969). Pour lui qui se considère « plus dispersé que concentré », il voulait avant tout rester écrivain, écrire des scénarios tout en continuant à écrire des livres et faire du théâtre.

Michel Ciment revient sur la carrière de monsieur Carrière. Celui-ci a travaillé avec les plus grands, avec de nombreux réalisateurs français (Louis Malle, Pierre Etaix, Jean-Paul Rappeneau…) ainsi qu’étranger (Nagisa Oshima, Peter Brook, Luis Buñuel, Jean-Luc Godard, Philip Kaufman, Milos Forman…).D’où lui vient donc ce côté très cosmopolite ? D’après ses dires, cet aspect cosmopolite lui vient de son admiration pour tous ces réalisateurs mais il est également « très intéressé par le regard de l’autre », son regard sur une autre culture mais également le regard de l’autre sur sa propre culture.

La discussion se tourne vers le rapprochement entre le burlesque et le surréalisme. Ses deux premiers grands maîtres n’étaient autres qu’Etaix et Tati. Il a ensuite beaucoup travaillé aux côtés de Buñuel, personnage incarnant ce rapprochement entre le burlesque et le surréalisme. Cette phrase del señor Buñuel en est un parfait exemple : « je suis athée, grâce à Dieu ».

Personnages et actions

La discussion se tourne enfin sur le travail de Jean-Claude Carrière avec divers metteurs en scène. Ce dernier raconte. Avec Buñuel, ils travaillaient tous les deux, « sans femmes ni amis » pendant parfois plus de deux mois dans un couvent en Espagne ou un hôtel perdu du Mexique (il avoue avoir partagé en tête à tête plus de 2000 repas avec le grand Buñuel). Très souvent, ils inventaient même un couple de français moyens, Henri et Georgette, qu’ils se devaient de faire rester jusqu’à la fin du film. Avec Milos Forman, le travail se faisait toujours chez lui, à son rythme (pas de déjeuner le midi). Avec Oshima, en revanche, le travail ne se faisait jamais chez lui, toujours à l’hôtel. Parfois, Jean-Claude Carrière travaille même tout seul comme ce fut le cas pour le film La controverse de Valladolid.

Afin conclure cette leçon pas comme les autres, Jean-Claude Carrière cite Tchekhov à l’attention des jeunes scénaristes : « Ce ne sont pas les personnages qui décident de l’action mais l’action qui décident des personnages ». Je vous laisse méditer sur le sujet…

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commentaires2 commentaires
  1. Posté par Bernard Stmoloff, le 7 novembre 2011 à 14:07

    Enfin quelqu’un pour qui « Maddadayo »est également un chef d’œuvre!!!!

  2. Posté par Bernard Stmoloff, le 7 novembre 2011 à 14:09

    Avez vous vu  » le dernier voyage de juge Feng » Cela mérite une petite chronique!…

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