Berlin-Cannes-Venise : les trois étapes du festivalier

Posté par MpM, le 11 septembre 2008, dans Berlin, Business, Cannes, Festivals, Films, Venise.

Mostra de VeniseBerlin, Cannes et Venise sont généralement considérés comme les grands festivals de cinéma dans le monde, ceux qui permettent tout au long d’une année de prendre le pouls de la cinématographie internationale. Pour la première fois en 2008, Ecran Noir a réalisé le "Grand Chelem", et est ainsi en mesure de faire un comparatif (forcément un peu subjectif) de ce triumvirat des grandes fêtes du cinéma.

Ambiance : Indéniablement, Cannes reste la référence absolue, car nulle part ailleurs on n’a tant l’impression d’un gigantesque cirque dont il faut faire partie à tout prix. C’est aussi le seul festival que l’on connaisse où l’on ne s’arrête jamais, où un confrère pressé n’hésite pas à vous bousculer (voire vous insulter) si vous êtes un peu long à ranger vos affaires en salle de presse… A Berlin, seules les grandes stars hollywoodiennes déchaînent quelques passions (on en a eu l’exemple avec Scarlett Johannson et Natalie Portman ou encore Madonna), le reste du temps tout le monde reste très policé et tranquille. A Venise, on a même franchement l’impression que les festivaliers sont trop occupés à profiter de la ville et de la plage toute proche pour être obsédés par les films ou les célébrités…

Organisation : Berlin et Venise ont en commun d’être très ouverts au public, qui a même ses propres séances réservées. Le jeu des multiples diffusions de films empêche que cela soit un handicap pour quiconque et rares sont les journalistes à rester sur le carreau lors des projections… sans pour autant qu’il soit nécessaire de subir de longues files d’attente. A Cannes, c’est tout le contraire. Malgré une hiérarchie quasi militaire (une douzaine de niveaux d’accréditation différents), il est parfois difficile d’avoir accès aux films de la compétition. Le 4e volet d’Indiana Jones a déclenché une telle hystérie que deux heures avant la séance, certains membres de la presse attendaient déjà devant la salle, en plein cagnard. A noter qu’à Venise, il y a tout de même trois sortes d’accréditation presse, et qu’il est quasi impossible pour les deux niveaux inférieurs de voir certains films de la sélection avant les conférences de presse.

Qualité cinématographique : Les trois festivals bâtissent sensiblement leurs sélections sur les mêmes ingrédients : réalisateurs connus, découvertes innovantes, stars et Berlinale de Berlinpaillettes. Mais là encore, Cannes se distingue, car cette année, il s'agit de la seule manifestation dont la sélection ait vraiment convaincu : équilibrée et riche en surprises (Sorrentino, Cantet), en retrouvailles avec de grands auteurs (Soderbergh, Eastwood, Salles), en découvertes (Trapero, Folman). La seule qui ait donné du cinéma actuel une vision excitante et variée.

A Berlin, c’est vrai, on a également découvert quelques-unes des pépites 2008 (Be Happy, Be Kind Rewind, Sparrow) ainsi que plusieurs films très populaires comme There will be blood nommé aux Oscars. Mais la ligne systématiquement engagée (politiquement ou socialement) du Festival le conduit parfois à privilégier des thématiques lourdes au détriment de la subtilité cinématographique. Ainsi Feuerherz sur les enfants soldats, Caos Calmo sur le deuil, Il y a longtemps que je t’aime sur la culpabilité, etc. On flirte davantage avec le sentimentalisme.

A Venise, c’est pire. La compétition était cette année si inégale que le Lion d’or est allé presque automatiquement au seul film (The wrestler) qui soit à la fois bien joué, bien mis en scène et bien écrit… en termes d’ambition, on a vu mieux ! Mais que faire quand certaines œuvres en compétition donnent l’impression d’être là par erreur ? Cette 65e Mostra a surtout démontré les limites du cinéma d’auteur à tout prix : les "grands noms", c’est bien, mais encore faut-il qu’ils aient quelque chose à dire, et pas seulement un vague thème sur lequel digresser… Toutefois, la manifestation vénitienne étant la première à subir les conséquences de la grève des scénaristes américains, peut-être ne faut-il y voir qu’une mauvaise année passagère ou, si l’on est plus pessimiste, le début d’une période en demi-teinte.

Croisette à CannesAlors, l’incontournable ? : Professionnellement comme affectivement, cela reste Cannes. On a beau y être soumis à une pression plus grande qu’ailleurs, et avoir parfois l’impression qu’il faut se battre pour y voir le moindre film, c’est là que l’année cinématographique se joue et qu’il faut être. D’ailleurs, on y retrouve les mêmes têtes d’une année sur l’autre, renforçant cette impression de "bulle" dans laquelle on s’immerge dix jours par pour ne se consacrer qu’au cinéma…

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