Harold Ramis (1944-2014) va chasser les fantômes

Posté par vincy, le 24 février 2014

harold ramisRéalisateur et scénariste de comédies à succès bien écrites (Un jour sans fin, forcément culte, Mafia Blues), auteur également du phénoménal S.O.S Fantômes (où il jouait aussi les chasseurs de fantômes), Harold Ramis est mort à l'âge de 69 ans. Il se battait depuis 4 ans contre une vascularite inflammatoire auto-immune.

Le scénario d'Un jour sans fin avait remporté un BAFTA du meilleur scénario en 1994. Il aimait mélanger les aspects les plus fantastiques avec les gags les plus burlesques. Ramis a signé quelques uns des plus gros succès hollywoodiens entre 1980 et 2000 comme ceux cités avant mais aussi National Lampoon's Vacation (Bonjour les vacances), avec Chevy Chase. Mais il est aussi à l'origine de films moins convaincants tels Multiplicity (Mes doubles, ma femme et moi) ou Bedazzled (Endiablé).

Si Bill Murray et Robert De Niro lui doivent l'un de leurs personnages de comédie les plus drôles, l'un en présentateur blasé qui revit le même jour quotidiennement, l'autre en mafieux qui se fait psychanalyser, il a aussi tenté des incursions "comiques" dans le film noir (The Ice Harvest), l'aventure (Year One, L'an 1 des débuts difficiles) et la télévision (il a réalisé quatre épisodes de The Office).

Né et mort à Chicago, cet auteur professionnel de gags des films (comme Le golf en folie ou American College) qui ont laissé leur empreinte dans la comédie américaine des années 70 et 80, et influencé John Hugues, Ivan Reitman ou encore John Landis.

L’opération 4€ pour les moins de 14 ans démarre bien

Posté par vincy, le 24 février 2014

janvier 2014 : part de marché des 3-14 ans au cinéma

La mise en place de l'opération 4€ pour les spectateurs de moins de 14 ans semble porter ses fruits, au moins en termes de fréquentation. 21,6% des spectateurs en janvier 2014 étaient issus de la catégorie d'âge 3-14 ans selon PubliXiné - Harris Interactive. C'est la plus forte proportion depuis janvier 2005, battant le record de janvier 2010 (21%).

L'offre à destination des jeunes n'y est pas étrangère : La reine des neiges, Le vent se lève, Minuscule, Belle et Sébastien ou encore Le manoir magique. Il y avait de quoi combler un public familial.

La réduction de tarifs a sans aucun doute eu un effet dynamique sur les entrées. La fréquentation globale en janvier est en hausse de 22,8% par rapport à janvier 2013, selon les chiffres communiqués par le CNC.

Reste à modérer cet excellent chiffre : d'une part, il s'agit d'une étude basée sur une enquête et non sur des statistiques de sorties de caisse. D'autre part, si les entrées sont en hausse et contribue au boom de fréquentation du début de l'année, les recettes ne vont pas connaître la même hausse puisque le prix moyen du ticket diminue.

Si l'indicateur est positif, il faudra attendre quelques mois avant de faire un bilan réel de cette opération, et notamment ses répercutions financières chez les distributeurs.

Trop de films français ? Le point de vue de 5 personnalités

Posté par kristofy, le 24 février 2014

cesarIl y a déjà eu plusieurs polémiques, comme celle du cachet trop élevés de certains acteurs, à retrouver par exemple ici.

A quelques jours de l'auto-célébration des César, la question qui se pose depuis quelques mois concerne surtout le volume de films produits en France et par ricochets, le nombre trop élevé de films médiocres. 209 films ont été produits en 2013 (dont 154 entièrement français). A peine un quart sera rentabilisé au bout de la chaîne (et seulement une vingtaine aura recouvré son budget lors de son exploitation en salles).

Voici synthétisé ici le point de vue de 5 personnalités d’horizons divers et représentatives d’une certaine diversité qui ont évoqué le problème récemment :
- Catherine Deneuve – actrice, dans près de 120 films (European Film Award honorifique en 2013, Palme d'honneur du festival de Cannes en 2005, Ours d'Or pour l'ensemble de sa carrière et Lion d'argent en 1998, deux César)
- Abdel Raouf Dafri – scénariste, co-scénariste de Le Prophète, Mesrine, Gibraltar, mais aussi de la série Braquo/saison 2
- Xavier Gens – réalisateur de ‘films de genre’ comme Frontière(s) qui a eu une sortie réduite en salles en étant interdit aux moins de 16 ans alors qu'il a été un succès très rentable aux Etats-Unis ou Divide produit aux Etats-Unis et qui n’est jamais sorti en salles en France (mais uniquement en vidéo)
- Amel Lacombe – distributrice, présidente de la société de distribution Eurozoom qui a sorti en France récemment des films qui visent les jeunes adultes (Struck, Imogene, The Spectacular Now) et qui a évoqué le comportement du public français par rapport à ces productions.
- Bruno Dumont – réalisateur de ‘films d’auteur’ : L’Humanité et Flandres (récompensés à Cannes par le Grand prix du jury, un doublé rare), Camille Claudel 1915 (en compétition au festival de Berlin en 2013)

Ils abordent certains aspects de la question, en particulier celui de la qualité des films mais aussi la difficulté d’attirer assez de spectateurs dans les salles.

- Catherine Deneuve :
« Quand je lis un scénario, j’espère qu’il est bon, et que ça ferait un bon sujet pour un film. Je n’ai pas d’autre idée en tête lorsque je lis un scénario. Mais c’est très difficile d’avoir un très bon scénario entre les mains. C’est très rare. Maintenant, il y a plus de films qu’avant. Il est clair qu’en France, nous faisons trop de films. Très souvent, je pense que les scénarios ne sont pas assez travaillés. Il y a trop de films qui, peut-être, devraient être réécrits et attendre un peu plus avant de se tourner. Mais notre politique dans le cinéma français pour les scénaristes est compliquée. On ne peut pas se permettre de travailler pendant un an sans rien toucher. C’est un sujet compliqué. »

- Abdel Raouf Dafri:
« Aux Etats-Unis, le scénario c'est ce qu'il y a de plus sacré. Qu’est ce que c’est que raconter une histoire ? En France on a perdu ça, on ne valorise pas l'écrit, nous ne valorisons pas le matériau scénario. Quand vous regardez Le loup de Wall Street vous avez un acteur, une star internationale, comme Leonardo di Caprio qui se fait mettre une bougie dans le cul, qui se drogue à la coke, qui fait un numéro outrancier au possible, et ça passe. A 71 ans Martin Scorsese envoie le bois. En France c’est très policé, on ne peut pas dire ça ni ça…, et pourquoi on ne peut pas le dire ? Le scénario on le rabote. Quand vous regardez le cinéma français vous pleurez. On fait de l’aseptisé, les gens n’y vont plus. »

- Xavier Gens :
« Le problème du cinéma français c’est qu’on considère la mise en scène dans l’espace, et pas le travail de mise en scène au niveau de l’image. En France on filme un long-métrage comme on filmerait une série télé, 90% des films sont fait comme de la captation de pièce de théâtre. C’est vraiment dommage. Pour moi c’est primordial de raconter quelque chose avec sa caméra, le moindre plan a une signification. Il faut qu’on se serve de cet outil comme un peintre se sert de ses pinceaux pour appliquer des couleurs, la caméra doit servir d’outil pour raconter. »

- Amel Lacombe :
« J'en viens à me dire que plus on fait de pub et de buzz, plus on sert les téléchargements illégaux. Le réflexe, c'est : "je vois de la pub pour le film dans le métro, la presse en dit du bien, hop je le télécharge". Heureusement, tout le monde ne télécharge pas, mais pour les jeunes adultes de la génération smartphone, c'est une autre histoire. Télécharger illégalement un blockbuster qui sort sur 800 copies, c'est moralement et légalement répréhensible. Mais quand on fait la même chose avec un film indépendant qui sort sur moins de 50 copies, les effets sont dévastateurs sur les entrées du film. Sa survie en salles et celle de son distributeur sont alors mises en péril. A côté de ça, on vend de moins en moins en DVD et de moins en moins aux télévisions. Tout ça ne sent pas bon. »

- Bruno Dumont :
« Le cinéma est un art avant un divertissement. Ce qui est grave c’est d’estimer un film en fonction de son nombre d’entrée. Beaucoup de films sont des projets industriels plus que de la culture… Le public n’a pas l’habitude de voir des films d’auteur. Ce sont les médias qui choisissent de ne pas cultiver et d’abrutir le public. Il faut diffuser plus de cinéma, il faut éduquer les masses. »

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Source des extraits de citations : Catherine Deneuve en décembre 2013 à Berlin (pour son European Film Award), Abdel Raouf Dafri en janvier 2014 (via AlloCiné), Xavier Gens en décembre 2013 (via ScreenMania), Amel Lacombe en janvier 2014 (via MetroNews), Bruno Dumont en février 2013 à Berlin (via EcranNoir)