Oscars 2018: La forme de l’eau rafle l’Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur

Posté par vincy, le 5 mars 2018

Jimmy Kimmel a présenté la 90e cérémonie des Oscars. Une soirée qu'il a amorcé avec un prologue très sérieux, rappelant les mouvements activistes récents qui ont ébranlé Hollywood: la montée en puissance des afro-américains, #MeToo, Time'sUp et donc évidemment Harvey Weinstein. C'est donc les Oscars du changement qui ont été célébrés ce soir.  "A tous les rêveurs nous sommes avec vous" disaient Lupita Nyong'o et Kumail Nanjiani Enfin pas tout à fait. Parce que le meilleur gag était évidemment celui qui faisait écho au problème d'enveloppe l'an dernier: par courtoisie, les Oscars ont demandé à Faye Dunaway et Warren Beatty de présenter de nouveau l'Oscar du meilleur film.

Mais malgré toutes ces bonnes intentions, et en l'absence de suspens dans 90% des catégories, ce fut sans aucun doute l'une des soirées les plus ennuyeuses des Oscars en 90 ans! Sans doute à cause de la trop belle qualité des nommés, la concurrence était si rude que les votants ont préféré éparpiller les prix sans distinguer de véritable vainqueur. Une année où trop de bons films ont tué toute idée de razzia. Un peu comme toute la saison des prix qui n'a connu aucun consensus entre les guildes professionnelles, les critiques et le public.

On notera que Frances McDormand entre dans le club très fermé des acteurs/actrices deux fois primés, que Roger A. Deakins a attendu 14 nominations pour être récompensé, que James Ivory a du patienter jusqu'à l'âge de 89 ans pour être le plus vieil oscarisé de l'histoire, que Netflix a reçu son premier Oscar (en documentaire), tout comme le Chili (avec le film en langue étrangère), qu'Alexandre Desplat est le seul français oscarisé dans un palmarès très latino-américain, que les minorités et les femmes n'ont pas été oubliés.

Avec 4 Oscars, soit un peu plus que les autres, La Forme de l'eau repart comme le vrai triomphateur de cette course aux Oscars. C'est aussi le triomphe d'un cinéma fantastique, de genre, et d'un cinéma mexicain, décidément dans son âge d'or.

Governors Awards: Charles Burnett, Owen Roizman, Donald Sutherland et Agnès Varda ; prix spécial pour Carne y Arena (Virtually Present, Physically Invisible), le film en réalité virtuelle de Alejandro G. Inarritu.
MEILLEUR FILM: LA FORME DE L'EAU
Meilleur réalisateur: Guillermo del Toro pour La forme de l'eau
Meilleure actrice: Frances McDormand pour 3 Billboards, les panneaux de la vengeance
Meilleur acteur: Gary Oldman pour Les heures sombres
Meilleur second-rôle féminin: Allison Janney pour Moi, Tonya
Meilleur second-rôle masculin: Sam Rockwell pour 3 Billboards, les panneaux de la vengeance
Meilleur scénario: Jordan Peele pour Get Out
Meilleur scénario (adaptation): James Ivory pour Call Me By Your Name d'après le roman d'André Aciman
Meilleur film en langue étrangère: Une femme fantastique de Sebastian Lelio (Chili)
Meilleur court métrage: The Silent Child de Chris Overton et Rachel Shenton
Meilleur documentaire: Icarus de Bryan Fogel et Dan Cogan
Meilleur court métrage documentaire: Heaven is a Traffic Jam on the 405 de Frank Stiefel
Meilleur film d'animation: Coco de Lee Unkrich et Adrian Molina
Meilleur court métrage d'animation: Dear Basketball de Kobe Bryant et Glen Keane
Meilleure musique: Alexandre Desplat pour La forme de l'eau
Meilleure chanson originale: Remember Me dans Coco
Meilleure photo: Roger A. Deakins (enfin) pour Blade Runner 2049
Meilleur montage: Lee Smith pour Dunkerque
Meilleurs décors: Paul D. Austerberry, Shane Vieau et Jeffrey A. Melvin pour La forme de l'eau
Meilleurs costumes: Mark Bridges pour Phantom Thread
Meilleurs maquillages & coiffures: Kazuhiro Tsuji, David Malinowski et Lucy Sibbick pour Les heures sombres
Meilleurs effets visuels: John Nelson, Gerd Nefzer, Paul Lambert et Richard R. Hoover pour Blade Runner 2049
Meilleur montage son: Alex Gibson et Richard King pour Dunkerque
Meilleur mixage son: Gregg Landaker, Gary A. Rizzo et Mark Weingarten pour Dunkerque

Des femmes fantastiques sacrées par les Teddy Awards

Posté par vincy, le 18 février 2017

Le vendredi c'est Teddy à la Berlinale. Le Festival de Berlin est un senior plus ou moins vaillant de 67 ans. Un bon retraité allemand, daddy sur les bords. Les Teddy sont insolents de jeunesse du haut de leurs 31 ans d'existence, prêts à faire la fête toute la nuit sur des musiques tendances, ou s'amuser sur un France Gall des sixties, ou attendre Conchita sur scène. Au milieu d'élus politiques et de cinéastes et comédiens des différentes sélections, des "créatures" sublimes égayent la foule avec leurs perruques démesurées, leurs robes de princesse ou leurs tenues d'Halloween. Tout est normal. L'esprit de Cabaret sera le fil conducteur de cette cérémonie, qui n'est pas une remise de prix comme les autres.

Après tout on n'y remet que six prix en deux heures (très "timées"), si on compte le Teddy d'honneur pour la cinéaste Monika Treut, ouvertement féministe, lesbienne et femme cinéaste. Le show est aussi important. Tout, ou presque, en anglais. Mais attention, les prix LGBT n'ont rien d'un palmarès underground dépravé. "No sex tonight" (ou alors après la soirée dansante, dans les bars et boîtes de Berlin). "C'est presque tendance d'être homosexuel à Berlin" clame le Maître de Cérémonie. On veut bien le croire tant le nombre d'hétérosexuels dans la grande salles de la Haus der Berliner Festpiele, au cœur de Berlin Ouest, est faible. Les compteurs des applications de rencontre ont du exploser en géocalisant des centaines de LGBT à moins de 20 mètres. Mais ici, on n'a pas l'oeil rivé sur son téléphone. Habillés pour l'occasion ou casual, les invités sont de nature bienveillante, se mélangeant sans préjugés.

"Il y a plus d'énergie à vouloir nous rendre inégaux qu'à chercher à nous rendre égaux" - Wieland Speck, directeur de la section Panorama de la Berlinale

Ainsi, on passe de Zazie de Paris à un acrobate aux allures de jeune prince (torse nu), du ministre de la justice de Berlin interrogé par un présentateur télévisé qui aurait pu être dans une vidéo Bel-Ami à deux membres du jury, l'un originaire du Pakistan, l'autre de Turquie, rappelant les difficiles conditions de création, de liberté dans leurs pays (avec, notamment, un appel vibrant de tous les cinéastes turcs sélectionnés à Berlin pour que le Président Erdogan cesse sa politique liberticide). C'est ça les Teddy: un moment d'expression libre où on chante une ode à Marlène Dietrich, disparue il y a 25 ans, et on se prend un très beau discours d'une grande figure politique nationale qui égraine 24 crimes homophobes (comme 24 images par seconde) sur la planète l'an dernier. Un mix entre des fantasques frasques artistiques et des revendications sur le mariage pour tous (l'Allemagne est le dernier grand pays européen qui maintient les gays et lesbiennes dans l'inégalité des droits) et la reconnaissance et réhabilitation des victimes du Paragraphe 175, qui criminalisait l'homosexualité masculine, de 1871 à 1994 (quand même) et a permis aux Nazis de déporter 50 000 personnes.

Bon, évidemment, entre l'apéro avant, les cocktails après, entre une séance de maquillage by L'Oréal Paris (et une Tour Eiffel dorée en porte-clés comme cadeau) et l'organisation précise et parfaite, les Teddy sont avant tout l'occasion de décerner des récompenses. 6 prix ont ponctué la soirée.

Un palmarès où la transsexualité est reine

Le prix du public, appelé Harvey en hommage à Harvey Milk, a distingué le film britannique de Francis Lee, God's Own Country, qui dépeint une relation père-fils dans un milieu rural. Le fils endure sa routine et ne parvient à s'échapper d'elle que par des relations d'un soir avec des hommes et l'alcool qu'il boit au pub du coin. Le film a été présenté à Sundance le mois dernier.

Le Teddy du meilleur court-métrage est revenu à Min homosister (My Gay Sister) de la suédoise Lia Hietala, qui raconte l'histoire d'un jeune couple de lesbiennes à travers les yeux de la petite sœur de l'une d'entre elles.

Le Teddy du meilleur documentaire a été remis à Hui-chen Huang pour son film Ri Chang Dui Ha (Small Talk), portrait de Anu, garçon manqué depuis toujours, épouse et mère de deux enfants avant de tout plaquer et de se mettre en couple avec des femmes. C'est l'histoire vraie de la mère de la réalisatrice, qui a rappelé avec fierté, que Taïwan était depuis l'an dernier le premier pays asiatique à reconnaître l'union entre deux personnes de même sexe.

L'identité sexuelle a d'ailleurs fait l'unanimité dans ce palmarès. On devrait même parler de changement de sexe. Le jury, composé de directeurs de festivals internationaux qui font vivre les films LGBT de l'Ouganda au Japon en passant par la Turquie et la Macédoine, a récompensé deux films dont les héroïnes sont des transsexuels.

Ainsi le Prix spécial du jury a honoré le film de la japonaise Naoko Ogigami, Karera Ga Honki De Amu Toki Wa (Close-Knit), superbe mélo magnifiquement écrit, sensible et subtil, où une gamine abandonnée par sa mère incapable de gérer sa vie de femme et son rôle maternel, se réfugie chez son jeune oncle, qui vit avec un homme en phase de changement de sexe. Dans un Japon très conservateur, des mots mêmes de la cinéaste, le film apparaît comme un hymne à la tolérance et montre qu'une bonne mère est avant tout une personne responsable et affectueuse, même si celle-ci a un pénis sous la culotte et de sacrés bonnets pour maintenir des nouveaux seins.

Le Teddy Award a sacré le film en compétition de Sebastian Lelio, Una mujer fantastica. L'actrice Daniela Vega est venue elle-même chercher le petit ours (costaud). Elle incarne Marina, une jeune chanteuse transsexuelle, qui vient de perdre son compagnon. La famille de celui-ci entend la tenir à distance des funérailles et supprimer au plus vite tout ce qui avait pu les relier. Mais elle se bat pour obtenir son droit le plus élémentaire: dire adieu au défunt et pouvoir faire son travail de deuil. "La transphobie est ici terriblement palpable et banale, d'une facilité déconcertante, puisqu'elle s'adresse à un individu considéré comme fantomatique et sans consistance, puisque sans étiquette" écrivions-nous en début de festival. "Un film indispensable qui fait acte de pédagogie tout en racontant l'histoire éminemment universelle d'un combat pour le droit à l'égalité."

Ces deux prix montrent que le combat n'est pas terminé. Que les droits acquis ne sont pas garantis. Il y a encore des luttes à mener. La cérémonie des Teddy se termine alors avec le "Freedom" du récemment disparu George Michael. Liberté, c'est bien le maître mot de cette soirée.

Cannes 2016: les prétendants américains

Posté par vincy, le 4 mars 2016

michael fassbender alicia vikander

Première liste des prétendants pour le Festival de Cannes 2016. A moins de deux mois du Festival, faisons un point sur les films qui pourraient être sur la Croisette. Certains ne sont pas prêts (Snowden et Silence notamment ; quant à Reygadas ce sera pour 2017), d'autres vont hésiter entre un positionnement cannois et un lancement pré-Oscar à Telluride ou Toronto (Sully par exemple). Le contingent nord et sud américain reste impressionnant malgré tout. Entre la sélection officielle (Compétition, Hors compétition, où il y a un sérieux embouteillage, et Un certain regard) et les sections parallèles (Quinzaine des réalisateurs, Semaine de la critique), il y a de la place pour se partager grandes signatures et talents émergents. Et puis il en manque forcément dans les radars: des films qu'on ne croit pas prêts ou des surprises surgies de nulle part, comme chaque année.

- Madly, de Gael García Bernal et Anurag Kashyap, avec Radhika Apte et Kathryn Beck (présenté à Tribeca)
- El Rey del Once, de Daniel Burman, avec Dan Breitman, Elisa Carricajo et Elvira Onetto
- Christine, d'Antonio Campos, avec David Alexander et Bernie Ask
- Las tinieblas (Darkness) de Daniel Castro Zimbron, avec Brontis Jodorowsky
- La La Land, de Damien Chazelle avec Emma Stone et Ryan Gosling
- Une vie entre deux océans (The Light Between Oceans), de Derek Cianfrance, avec Alicia Vikander, Michael Fassbender et Rachel Weisz
- O Grande Circo Místico, de Carlos Diegues, avec Vincent Cassel, Jesuíta Barbosa et Albano Jerónimo
- Juste la fin du monde, de Xavier Dolan, avec Léa Seydoux, Marion Cotillard, Vincent Cassel, Gaspard Ulliel et Nathalie Baye
- Sully, de Clint Eastwood, avec Tom Hanks, Aaron Eckhart, Anna Gunn et Laura Linney
- La región salvaje (Untamed), d'Amat Escalante
- Nocturnal Animals, de Tom Ford, avec Jake Gyllenhaal, Amy Adams, Isla Fisher, Aaron Taylor-Johnson et Armie Hammer
- Money Monster, de Jodie Foster, avec George Clooney, Julia Roberts et Jack O'Connell
- In Dubious Battle, de James Franco, avec Vincent D'Onofrio, Selena Gomez, Robert Duvall, Josh Hutcherson et Ed Harris
- The Lost City of Z, de James Gray, avec Charlie Hunnam, Tom Holland et Sienna Miller
- Paterson, de Jim Jarmusch, avec Adam Driver et Golshifteh Farahani
- Vida de Familia, de Cristián Jiménez et Alicia Scherson, avec Jorge Becker, Gabriela Arancibia
- Poesia Sin Fin, d'Alejandro Jodorowsky, avec Brontis Jodorowsky et Pamela Flores
- Neruda, de Pablo Larrain, avec Gael Garcia Bernal et Luis Gnecco
- Billy Lynn's Long Halftime, d'Ang Lee avec Kristen Stewart, Garrett Hedlund et Vin Diesel
- Weightless, de Terrence Malick, avec Ryan Gosling, Rooney Mara, Cate Blanchett, Christian Bale et Natalie Portman
- Zama, de Lucrecia Martel, avec Lola Dueñas et Daniel Giménez Cacho
- Aquarius, de Kleber Mendonça Filho, avec Sonia Braga et Jeff Rosick
- The 86, de Javier Mujica, avec Ernesto Ceballos et Erick Ronsó
- Two Lovers and a Bear, de Kim Nguyen, avec Tatiana Maslany, Dane DeHaan et John Ralston
- Loving, de Jeff Nichols, avec Joel Edgerton, Michael Shannon et Marton Csokas
- The Fixer, de Ian Ods, avec James Franco et Melissa Leo
- The Birth of a Nation, de Nate Parker, avec Armie Hammer, Jackie Earle Haley et Aja Naomi King (Grand prix à Sundance)
- The Last Face, de Sean Penn, avec Charlize Theron, Javier Bardem et Adèle Exarchopoulos
- Pays, de Chloé Robichaud, avec Nathalie Doumar, Macha Grenon et Emily VanCamp
- Free State of Jones, de Gary Ross, avec Matthew McConaughey, Keri Russell et Gugu Mbatha-Raw
- Silence, de Martin Scorsese, avec Adam Driver, Liam Neeson, Andrew Garfield et Ciaran Hinds
- X-Men: Apocalypse, de Bryan Singer, avec Michael Fassbender, Nicholas Hoult, Oscar Isaac, Jennifer Lawrence et James McAvoy
- Le bon gros géant (The BFG), de Steven Spielberg, avec Mark Rylance et Rebecca Hall
- Le monde de Dory, de Andrew Stanton et Angus MacLane (animation)
- Snowden, d'Oliver Stone, avec Joseph Gordon-Levitt, Shailene Woodley et Zacharie Quinto
- Vazante, de Daniela Thomas, avec Adriano Carvalho et Luana Tito Nastas
- Ice Age: Collision Course, de Mike Thurmeier (animation)
- Story of Your Life, de Denis Villeneuve, avec Amy Adams, Jeremy Renner, Michael Stuhlbarg et Forrest Whitaker
- Un caballo llamado Elefante, d'Andrés Waissbluth, avec Tomas Arriagada, Salvatore Basile et Ana Sofía Durand

Oscars 2016: Spotlight, DiCaprio et Mad Max sacrés par Hollywood

Posté par vincy, le 29 février 2016

Toutes les nominations et le live en direct sur notre compte twitter.

Palmarès très équilibré cette année aux Oscars, avec trois gagnants très différents. Spotlight a remporté le titre de meilleur film, amplement mérité, dans une course très ouverte. Avec deux Oscars, le film a su déjouer les pronostics et démontre une fois de plus qu'on peut faire un cinéma populaire et intelligent, même si le box office n'est pas phénoménal.  Et finalement quoi de mieux pour cette 88e cérémonie très très engagée politiquement, et menée brillament par Chris Rock que de couronner un film lui-même très politique?!

Mad Max Fury Road a triomphé par le nombre et fait une importante razzia dans les catégories techniques avec six Oscars. Le festival de Cannes, qui l'avait présenté en avant-première mondiale, a aussi pu compter sur trois autres prix prestigieux: Le fils de Saul (film en langue étrangère), Vice-Versa (animation) qui fait gagner un 8e Oscar à Pixar et un 10e au groupe Disney dans cette catégorie et Amy comme meilleur documentaire. Pour Le Fils de Saul, c'était la 9e fois que la Hongrie était nommée dans cette catégorie. Le cinéma hongrois n'avait remporté l'Oscar qu'une seule fois, en 1981, avec Mephisto de István Szabó.

Les Oscars ont pour l'instant récompensé de nombreux professionnels non américains, de la danoise Alicia Vikander aux britannique Mark Rylance et Sam Smith (qui fait une fois de plus gagner l'Oscar de la meilleure chanson à James Bond). Sans oublier la pakistanaise Sharmeen Obaid-Chinoy, le chilien Gabriel Osorio Vargas (c'est seulement le 2e Oscar pour ce pays) et bien sur le mexicain Emmanuel Lubezki qui rentre dans l'histoire avec un troisième Oscar consécutif dans sa catégorie (directeur de la photographie) après ceux de Gravity et Birdman. Pour l'italien et la légende de la musique de film Ennio Morricone, la sixième nomination aura été la bonne (même s'il avait déjà reçu un Oscar d'honneur en 2007).

Evidemment on retient surtout le deuxième Oscar consécutif du réalisateur mexicain Alejandro G. Innaritu, un an après Birdman. C'est le troisième cinéaste à réussir cet exploit après Joseph L. Mankiewicz (1948-1949) et John Ford (1940-1941). Il offre surtout l'Oscar tant attendu pour l'un des plus acteurs de ces 20 dernières années: Leonardo DiCaprio. Il l'a enfin eu. C'était le couronnement attendu autant pour la cérémonie que pour la star. Avec trois Oscars "historiques", The Revenant n'aura pas tout perdu.

Film: Spotlight de Tom McCarthy
Réalisateur: Alejandro G. Inarritu (The Revenant)
Acteur: Leonardo DiCaprio ( The Revenant)
Actrice: Brie Larson (Room)
Second-rôle masculin: Mark Rylance (Le Pont des Espions)
Second-rôle féminin: Alicia Vikander (The Danish Girl)
Film d'animation (long métrage): Vice-Versa (Inside Out)
Film documentaire (long métrage): Amy d'Asif Kapadia & James Gay-Rees
Film en langue étrangère: Le fils de Saul de Laszlo Nemes
Court métrage: Stutterer de Benjamin Cleary
Film d'animation (court): Bear Story de Gabriel Osorio Vargas (Chili)
Film documentaire (court): A Girl in the River: The Price of Forgiveness de Sharmeen Obaid-Chinoy
Scénario original: Tom McCarthy & Josh Singer (Spotlight)
Scénario (adaptation): Adam McKay & Charles Randolph, d'après sur le livre The Big Short: Inside the Doomsday Machine de Michael Lewis (The Big Short)
Musique: Ennio Morricone (Les 8 Salopards)
Chanson: Writing's On The Wall (007 Spectre) de Sam Smith et James Napier
Image: Emmanuel Lubezki (The Revenant)
Montage: Margaret Sixel (Mad Max: Fury Road)
Décors: Colin Gibson & Lisa Thompson (Mad Max: Fury Road)
Costumes: Jenny Beavan (Mad Max: Fury Road)
Maquillages et coiffures: Lesley Vanderwalt, Elka Wardega & Damian Martin (Mad Max: Fury Road)
Montage son: Mark Mangini & David White (Mad Max: Fury Road)
Mixage son: Chris Jenkins, Gregg Rudloff & Ben Osmo (Mad Max: Fury Road)
Effets visuels: Andrew Whitehurst, Paul Norris, Mark Ardington & Sara Bennett (Ex Machina)

Berlin 2015: Ours d’or pour Jafar Panahi et une grande année pour le cinéma chilien

Posté par vincy, le 14 février 2015

taxi

En remportant l'Ours d'or avec son dernier film, Taxi, le cinéaste iranien Jafar Panahi, filmant clandestinement depuis que la justice iranienne lui a interdit de filmer et de sortir du pays en 2010, démontre que la liberté d'expression est une fois de plus sans frontières. Le jury de Darren Aronofsky provoque ainsi les pays où les cinémas sont censurés, et ce, de la plus belle des manières. Panahi et Berlin c'est une grande histoire. Invité d'honneur en 2010, il n'a pas pu s'y rendre. Membre du jury à titre honorifique en 2011, il est toujours bloqué à Téhéran.

Il y a aussi reçu deux Ours d'argent pour Hors-jeu en 2006 et Pardé en 2013. Avec son Lion d'or à Venise en 2000 pour le Cercle, cet Ours d'or est son plus grand prix international.

Trois autres faits marquants sont à noter dans ce palmarès qui, en récompensant par deux fois deux ex-aequo, montre que le jury a trouvé la compétition exceptionnelle.

Le cinéma chilien, déjà bien récompensé depuis hier (Teddy Award pour Sebastian Silva, deux prix pour Patricio Guzman) a fait une belle razzia ce soir au Berlinale Palast. Un Grand prix du jury pour Pablo Larrain (No) avec son nouveau film El club et un prix du scénario pour le documentariste Patrico Guzman avec Le bouton de nacre (lire aussi nos critiques des deux films chiliens). Si l'on ajoute le prix Alfred Bauer pour Ixcanul de Jayro Bustamante qui nous vient du Guatemala, et les deux prix récoltés par la brésilienne Anna Muylaert dans la section Panorama hier, l'Amérique latine a trusté une grande partie des récompenses berlinois.

Deuxième point, l'Ours d'argent pour le meilleur réalisateur partagé entre la polonaise Malgorzata Szumowska (déjà très remarqué pour Elles et Aime et fais ce que tu veux) et le romain Radu Jude (Papa vient dimanche), en plus des deux prix pour la contribution artistique pour un danois (Sturla Brandth Grøvlen), un russe et un ukrainien travaillant tous deux main dans la main (Evgeniy Privin et Sergey Mikhalchuk), l'esthétique qui a séduit le jury venait d'Europe du nord et de l'Est, loin des images de Terrence Malick, Peter Greenaway ou Benoît Jacquot.

Enfin, saluons le double prix d'interprétation de Charlotte Rampling et Tom Courtenay pour leur incarnation d'un couple dans 45 Years d'Andrew Haigh (déjà remarqué avec Week-end). C'est difficile à croire mais c'est la première fois que Rampling remporte un prix d'interprétation dans un des grands festivals internationaux. Courtenay (deux fois nommé aux Oscars) avait déjà reçu une Coupe Volpi à la Mostra de Venise en 1964 (Pour l'exemple, de Joseph Losey).

Le palmarès intégral

Ours d'or: TAXI de Jafar Panahi
Ours d'argent Grand prix du jury: EL CLUB de Pablo Larrain.
Prix Alfred Bauer: IXCANUL de Jayro Bustamante
Ours d'argent du meilleur réalisateur ex-aequo: Malgorzata Szumowska (BODY) et Radu Jude (AFERIM!)
Ours d'argent de la meilleure actrice: Charlotte Rampling (45 YEARS d'Andrew Haigh)
Ours d'argent du meilleur acteur: Tom Courtenay (45 YEARS d'Andrew Haigh)
Ours d'argent du meilleur scénario: Patricio Guzman (LE BOUTON DE NACRE - documentaire)
Ours d'argent pour la meilleure contribution artistique (photographie) ex-aequo : Evgeniy Privin & Sergey Mikhalchuk (UNDER ELECTRIC CLOUDS) et Sturla Brandth Grøvlen (VICTORIA)

Meilleur premier film (toutes sélections confondues): 600 MILLAS (600 Miles) de Gabriel Ripstein (section Panorama)

Ours d'or du meilleur court-métrage: HOSANNA de Na Young-kil
Ours d'argent du meilleur court-métrage: BAD AT DANCING de Joanna Arnow
Prix du jury - Meilleur court-métrage: PLANET ? de Momoko Seto

Berlin 2015: des Teddy Awards très latino-américains

Posté par vincy, le 14 février 2015

nasty baby

Après un film brésilien l'an dernier, les historiques Teddy Awards ont récompensé un cinéaste chilien habitué des festivals. Sebastian Silva revient de la Berlinale avec le plus convoité des prix cinématographique labellisé LGBT. Nasty Baby, qui réunit la vedette américaine Kristen Wiig (Mes meilleures amies, La vie rêvée de Walter Mitty), le réalisateur lui-même et Tunde Adebimpe, est l'histoire d'un artiste homosexuel qui désire obsessionnellement un bébé. Avec son partenaire, il parviennent à convaincre leur meilleure amie d'être la mère porteuse. Mais c'est, évidemment, plus compliqué que ça en a l'air. Le film, présenté dans la sélection Panorama, avait fait son avant-première mondiale à Sundance il y a trois semaines.

Dans la catégorie documentaire, c'est l'uruguayen Aldo Garay qui repart avec le trophée pour son film El Hombre Nuevo (Le nouvel homme). Le film est centré sur Stephania, transsexuelle, né "garçon" au Niracagua, adopté en Uruguay où elle est devenue une femme.

Le Teddy du court-métrage a été décerné à San Cristobal du chilien Omar Zúñiga Hidalgo.

Hormis ces trois Teddy tous latino-américains, le jury a distingué d'un prix spécial Stories of our Lives du kenyan Jim Chuchu, qui a aussi reçu la 2e place du jury Panorama parmi les innombrables prix de la Berlinale.

udo kierEnfin, un Teddy Award d'honneur a été remis à Udo Kier, acteur légendaire du cinéma allemand (et réalisateur d'un seul film). A 70 ans, le comédien  ouvertement homosexuel et aimant se travestir, s'est fait connaître très tôt en mannequin. Proche de Jean Marais (on les a d'ailleurs vus ensemble dans la série Joseph Balsamo), protégé de Rainer Werner Fassbinder, ami fidèle de Lars von Trier, acteur culte de Gus Van Sant, il a cinquante ans de carrière à son actif et une quantité infinie de navets aux titres risibles. Mais on l'a surtout remarqué dans Andy Warhol's Frankenstein (de Paul Morrissey, produit par Vittorio de Sica et Roman Polanski), Histoire d'O, La femme du chef de gare, La troisième génération, Lili Marleen, Lola, Europa, My Own Private Idaho, Ace Ventura, détective pour chiens et chats, Blade, Johnny Mnemonic, Breaking the Waves, The End of Violence (de Wim Wenders), Dancer in the Dark, End of Days (avec Schwarzzy), Dogville, Grindhouse, Soul Kitchen (de Fatih Akin), Melancholia, Nymphomaniac... Enfin, Madonna l'a aussi fait travaillé dans ses clips sulfureux Erotica et Deeper and Deeper en 1992.

Berlin 2015 : Guzman et Larrain montrent les non-dits de la société chilienne

Posté par MpM, le 10 février 2015

le club de pablo larrain

Le hasard de la programmation favorise parfois l'émergence de thématiques, ou au moins de rapprochements et de communauté d'esprit entre les films présentés. Ainsi, après avoir vu coup sur coup deux films chiliens en compétition pour l'Ours d'or, le festivalier berlinois ne peut s'empêcher d'y chercher des similitudes et des échos.

Le bouton de nacre de Patricio Guzman et Le club de Pablo Larrain n'ont a priori en commun que l'origine de leur réalisateur, et témoignent pourtant d'un même désir d'interroger, encore et toujours, l'histoire et les non-dits de leur pays, chacun dans la droite ligne de ses films précédents (le documentaire élégant pour l'un, la fiction minimaliste pour l'autre).

Dans Le bouton de nacre, tout part d'une goutte d'eau emprisonnée dans un bloc de quartz depuis 3000 ans que le réalisateur parvient à rattacher (parfois un peu acrobatiquement) à deux grandes tragédies chiliennes : l'extermination des populations autochtones de Patagonie (le "peuple de l'eau") et l'assassinat de plus 1000 opposants jetés à la mer sans autre forme de procès pendant la dictature. Mêlant images d'archives, témoignages d'Indiens Kawersquar, reconstitution du "largage" des opposants et même superbes images de l'espace, Patricio Guzman (Le cas Pinochetchoisit une voie singulière, presque intime, pour retracer deux des grandes tragédies du Chili.

Avec Le club, Pablo Larrain (No) s'intéresse lui à une petite communauté religieuse retirée à La Boca, petite bourgade de bord de mer, dont la principale occupation semble être d'entraîner un lévrier pour les courses dominicales. Après une séquence d'exposition plutôt enjouée, l'arrivée d'un nouveau membre met au jour le secret de ces hommes d'Eglise qui ont tous un passé criminel à se reprocher.  Avec la complicité de l'Eglise elle-même, soucieuse d'éviter tout mauvaise publicité, ce club très fermé d'anciens pédophiles ou autres complices de la dictature est prêt à toutes les extrémités pour sauvegarder son existence. Et Dieu dans tout ça ? Le cinéaste montre avec lucidité (et une pointe de cynisme) qu'il n'a guère sa place dans une organisation qui couvre les pires exactions de ses membres.

Comme s'ils avaient envie d'appuyer là où ça fait mal, les deux cinéastes livrent un témoignage fort sur la société chilienne et, au-delà, sur les plus gros travers de l'Humanité. C'est non seulement réussi d'un point de vue cinématographique, mais aussi parfaitement adapté aux goûts d'un Festival qui aime à récompenser des œuvres éminemment ancrées dans la réalité. On peut donc tabler sur un ou deux ours venant couronner ce cinéma chilien militant, courageux et brillant.

Cannes 2014 – les prétendants : d’Australie au Chili en passant par l’Afrique

Posté par vincy, le 31 mars 2014

mr kaplan d'alvaro brechner

Thierry Frémaux prépare sa sélection officielle du 67e Festival de Cannes. Il ne s'agit pas de faire des pronostics - vains - mais plutôt de repérer les films potentiels. Certains seront en compétition, d'autres recalés, d'autres encore à Un certain regard, et parfois dans les sélections parallèles. Passage en revue. D'Afrique, d'Amérique du sud ou d'Océanie : ce sont les régions souvent les moins représentées sur la Croisette et celles dont on ignore souvent l'avancée des films. On peut se douter que le cinéma brésilien ne sera pas oublié cette année. D'autant que les grands cinéastes argentins sont toujours en tournage.

- Lisandro Alonso, Film sans titre. Avec Viggo Mortensen, Ghita Nørby. Jamais sélectionné dans un des trois grands festivals européens, Alonso pourrait séduire les sélectionneurs avec cette histoire d'un père et d'une fille qui les mène du Danemark aux fins fonds de la civilisation.

- Vicente Amorim, Guillermo Arriaga, Stephan Elliott, Sang-soo Im, Nadine Labaki, Fernando Meirelles, José Padilha, Carlos Saldanha, Paolo Sorrentino, John Turturro, Andrucha Waddington, Rio je t'aime. Sur le modèle de Paris je t'aime, présenté à Cannes, cette déclaration d'amour à la future ville olympique, réalisée par de nombreux fidèles de Cannes, pourrait faire son avant-première mondiale sur la Croisette.

- Álvaro Brechner, Mr Kaplan (photo). Avec Héctor Noguera, Néstor Guzzini, Rolf Becker. Caméra d'or en 2009 avec Sale temps pour les pêcheurs, le cinéaste uruguayen s'est intéressé à la communauté juive qui réside en Amérique du sud. L'histoire de la vie d'un vieil homme un peu ronchon et lassé par la vie qui va suspecter un vieil allemand d'être un ancien nazi en fuite.

- Niki Caro, McFarland. Avec Kevin Costner, Maria Bello, Morgan Saylor. Jane Campion au jury, pourquoi pas une de ses consoeurs sur la Croisette? Mais cette histoire sportive de la réalisatrice de Paï semble très éloignée des sujets habituellement choisis par les sélectionneurs.

- Russell Crowe, The Water Diviner. Avec aussi Jai Courtney, Olga Kurylenko Premier film de la star, il s'agit du récit d'un homme qui part en Turquie retrouver ses trois fils disparus après la bataille de Gallipoli.

- David Michod, The Rover. Avec Guy Pearce, Robert Pattinson. Après Animal Kingdom, difficile de croire que Michod ratera les marches avec ce drame psychologique qui se déroule dans l'outback australien.

- Lyès Salem, L'Oranais. Son film Mascarades avait été nommé aux Césars. Un film algérien qui raconte les premières années euphoriques après l'indépendance du pays : deux amis, Djaffar et Hamid, sont promis à un bel avenir dans cette Algérie libre jusqu'au jour où la trahison les sépare.

- Sebastian Silva, Nasty Baby. Avec Kristen Wiig, Alia Shawkat, Mark Margolis. Un an après la sélection à la Quinzaine des réalisateurs de Magic Magic, Silva sera-t-il promu avec cette histoire new yorkaise autour d'un couple gay qui a un bébé?

- Abderrahmane Sissako, Le chagrin des oiseaux. Avec Hichem Yacoubi, Abel Jafri, Kettly Noël. Tourné cet automne, le film produit par Sylvie Pialat pourrait permettre à Sissako de revenir à Cannes, 8 ans après Bamako.

Cinélatino 2014: un palmarès très brésilien

Posté par Morgane, le 30 mars 2014

o homem das multidoes cinélatinoAprès 10 jours, le festival Cinélatino touche à sa fin. C’est donc le temps des palmarès! Et cette année, le cinéma venu du Brésil a eut le vent en poupe en recevant 4 des 7 prix avec 3 films différents.

Compétition long-métrage:

*Le Grand Prix Coup de Coeur - O Homem Das Multidoes de Marcelo Gomes et Cao Guimaraes (Brésil, 2013).

Le film suit deux personnages : Juvenal, conducteur de métro, et Margo, qui contrôle le flux des trains. Chacun vit, à sa manière, un état de profonde solitude au sein d’une ville densément peuplée. Peu à peu, cependant, leurs routes vont se croiser. Librement inspiré d’une nouvelle éponyme d’Edgar Allan Poe, ce film fait appel à toute une série de situations inédites, à la frontière du réel. Le film avait déjà récolté le prix de la mise en scène au festival de Rio de Janeiro.

Mention spéciale attribuée à Atlantida de Ines Maria Barrionuevo (Argentine-France, 2014). Ce film était en sélection au Festival de Berlin 2014.

*Le Prix du Public La Dépêche du Midi - Casa Grande de Fellipe Barbosa (Brésil, 2014). Ce film était en sélection au Festival de Rotterdam 2014.

*Le Prix CCAS, prix des électriciens gaziers - Somos Mari Pepa de Samuel Kishi Leopo (Mexique, 2013). Ce film était en sélection au Festival de Berlin 2014.

*Le Prix Fipresci, prix de la fédération internationale de la presse cinématographique - Casa grande de Fellipe Barbosa (Brésil, 2014)

*Le Prix découverte de la critique française - Casa grande de Fellipe Barbosa (Brésil, 2014)

*Le Rail d’or, prix des cheminots - La ninas Quispe (Les soeurs Quispe) de Sebastian Sepulveda (Chili, France, Argentine, 2013). Ce film sort le 4 juin en France. Il a reçu le prix de la meilleure image à la Semaine de la Critique à Venise en 2013.

Compétition court-métrage:

*Le Prix « courtoujours » - El rama de Mena Duarte (Argentine, 2013)

*Le Prix Signis du court-métrage - O Caminho de Meu Pai de Mauricio Osaki (Brésil, Vietnam, 2013)

Ont aussi été remis les Prix pour la compétition Documentaire ainsi que le Prix Cinéma en Construction.

Palmarès Documentaire:

Pour le Prix documentaire rencontres de Toulouse sous l'égide des médiathèques de Midi-Pyrénées, sont ex-aequo, Le grill de César de Darío Aguirre et La muerte de Jaime Roldos de Lisandra I. Rivera et Manolo Sarmiento.
Le prix a été décerné par un jury de médiathécaires de Midi-Pyrénées et de professionnels du cinéma européen et latino-américain.

Le grill de César de Dario Aguirre a également remporté le Prix SIGNIS (créé en 2003, il est remis par SIGNIS, Association Catholique Mondiale pour la Communication) ainsi que le Prix lycéen (prix remis par une classe du lycée agricole Beaulieu-Lavacant d'Auch, suite à la résidence de la documentariste María-Isabel Ospina.

Prix Cinéma en Construction:

Le Prix Cinéma en Construction (organisé conjointement entre les festivals de Toulouse et de San Sabastian) a pour objectif d'aider à la finalisation, la distribution et/ou la promotion de films latino-américains qui rencontrent des difficultés lors de la phase de postproduction. Six films en cours de finalisation ont donc été montrés à un public de professionnels exclusivement susceptibles d'apporter leur contribution pour que ces oeuvres puissent arriver jusqu'à leur public.

Cette année il a été attribué à Aurora de Rodrigo Sepulveda (Chili).

Cinélatino 2014: Fin de journée avec les nerfs à vif

Posté par Morgane, le 29 mars 2014

affiche de cinélatino 2014En cette fin de journée toulousaine au Festival Cinélatino, les nerfs sont mis à rude épreuve avec les projections de Matar a un hombre d’Alejandro Fernandez Almendras (chilien) et Historia del miedo de Benjamin Naishtat (argentin), deux films de la compétition.

Basé sur des faits réels, et récemment couronné par le Grand prix du jury au Festival de Sundance, Matar a un hombre (To Kill a Man) débute par l’agression d’un homme et l’engrenage qui s’en suit. Le réalisateur filme tout en retenue une famille modeste harcelée par un voyou et sa bande de leur quartier. On suit le cheminement et l’évolution pas à pas de cette violence vers une issue qui apparait comme inévitable.
La tension est digne d’un thriller mais le film n’en est pas un. Proche du fait divers, il respire la cruauté et transpire la peur qui peut malheureusement, comme c’est le cas ici, faire partie du quotidien.
Le réalisateur dépeint le portrait d’un homme lambda qui finalement ne voit (et n’a pas semble-t-il) d’autre moyen pour s’en sortir que d’avoir recours à une violence extrême.
Le film est dur, le film est noir, mais en même temps il sonne juste. La colère, la tristesse, le désemparement puis la résolution d’un homme à faire le nécessaire sans pour autant pouvoir vivre avec…

Matar a un hombre et Historia del miedo se rejoignent dans une certaine mesure. Tous deux évoluent dans un univers oppressant et angoissant. Mais là où dans Matar a un hombre cette violence a un visage bien réel, dans Historia del miedo, elle est certes quotidienne aussi, mais elle également latente. Jamais on n'en voit le véritable visage.

En compétition au dernier Festival de Berlin, Historia del miedo est un film beaucoup moins classique de par sa forme et sa narration. Il n’y a ni « début » ni « fin » mais plutôt des situations, un contexte, un climat de peur, quasi de terreur, que le réalisateur met en lumière à travers plusieurs scènes, parfois très métaphoriques. Les personnages très éparpillés semble-t-il au départ finissent tous par se croiser mais les liens restent parfois flous. Le seul point commun qu’ils ont tous est cette Peur.

Le contexte du film lui est bien réel. Il se déroule dans un quartier sécurisé dans la banlieue de Buenos Aires où vivent des gens très aisés ou de milieux plus modestes « protégés » par une sorte de milice privée. Ces familles qui ont peur de la ville se sont barricadées dans des sortes de ghettos qui se trouvent souvent à côté de bidonvilles. Ici la peur est donc une peur sociale. Le contexte est ici latino-américain mais pour le réalisateur cette peur sociale s’éprouve à l’échelle mondiale.

Film ancré dans une certaine réalité il n’en parait pas moins parfois irréel dans sa forme et donne fortement à réfléchir. Mais film politique, film engagé? Pour Benjamin Naishtat, non. Il dit d’ailleurs: « je ne crois plus au cinéma engagé mais je crois aux gens qui s’engagent ». En attendant, son film sème de nombreuses pistes de réflexion sur lesquelles il faut laisser passer quelque temps avant de les voir se dessiner réellement. Un film intrigant qui ne laisse certainement pas indifférent!