Laura Wade (The Riot Club): « Pour cette élite, les femmes sont une autre espèce, qu’ils ne comprennent pas vraiment »

Posté par kristofy, le 30 décembre 2014, dans Dinard, Films, Personnalités, célébrités, stars.

laura wade Lone Scherfig

Ecran Noir a rencontré l'équipe de The Riot Club récemment à Paris. Un trio aux voix concordantes: la cinéaste Lone Scherfig et les deux jeunes acteurs principaux Sam Clafin (Hunger Games) et Max Irons (fils de Jeremy).
Il y a trois mois au Festival du cinéma britannique de Dinard, nous avions déjà pu nous entretenir avec l'auteure de la pièce Posh et scénariste de l'adaptation qui a donné The Riot Club.

EcranNoir : L’existence et les règles d’un club tel que The Riot Club sont plutôt secrètes, comment avez-vous connaissance de leur fonctionnement ?
Laura Wade :
C’est plutôt difficile, parce que les gens membres d’un tel club ne doivent pas en parler en effet où ne veulent pas en parler. Il faut rencontrer quelqu’un de proche, par exemple une fille dont le petit ami à l’université est dans un club et qu’elle parle des choses de son point de vue à elle, ou par exemple une personne qui a été invitée à faire partie d’un club mais qui a décliner l’invitation. En fait il y a plusieurs clubs différents et similaires en même temps. Pour moi il s’agissait surtout d’écrire à propos d’un club de fiction pour la pièce de théâtre et ensuite pour le film. Donc j’ai dû faire quelques recherches sur des vrais clubs et ensuite utiliser mon imagination pour en créer un nouveau.

EN : Entre votre pièce Posh et le scénario du film quels ont été les changements ?
Laura Wade :
La pièce se déroule principalement dans un seul lieu, là où se passe le dîner. Pour le film l’histoire devait respirer un peu plus et il fallait faire mieux connaissance avec les personnages. J’ai donc rajouté des séquences de rentrée universitaire où chacun se rencontre, et aussi d’autres choses à propos des conséquences du dîner par exemple au poste de police. C’est plutôt amusant de re-écrire mon texte en y ajoutant des choses auxquelles j’avais pu penser mais qui ne pouvaient alors pas figurer dans une pièce de théâtre, comme par exemple une séquence où ils font le tour de la ville la nuit en voiture.

EN : Comment les gens passés par l’université de Oxford ont pu réagir au film ?
Laura Wade :
Certains ont bien reconnus les personnages qui pouvaient ressembler à des élèves qu’ils ont côtoyés. D’autres déclarent qu’ils n’ont pas vécu ce genre d’expériences durant leurs années d’université à Oxford. Ma réponse est qu’il s’agit d’une histoire à propos de ce petit groupe d’étudiants à Oxford qui forment ce Club, ils se considèrent comme un top 10 de l’élite dans une communauté de plusieurs milliers d' étudiants. Le comportement des jeunes du film ne prétend pas représenter celui de ceux qui sont à Oxford. Le film montre un microcosme.

EN : Ce film The Riot Club a été écrit par une femme et réalisé par une femme alors qu’il s’agit d’un club réservé aux hommes, cela aurait été différent par un homme ?
Laura Wade :
En tant que femme je crois qu’on a peut-être un œil plus détaché sur ce sujet, on peut le regarder presque de manière anthropologique. Dans la longue scène de dîner des membres du Club les hommes veulent profiter des quelques femmes qui arrivent de plusieurs manières, il y a là un regard critique sur le genre masculin. En fait ce n’est pas tant un rapport homme/femme qu’un rapport de classe entre riche/pas riche.  Les membres du Club ont des expériences que l’on n’imagine pas comme derrière une porte secrète, raconter cette histoire c’est permettre aux spectateurs de découvrir ce qui se passe derrière cette porte. Avec l’écriture je veux explorer des domaines que je ne connais pas. Je n’aime pas faire des généralisations comme les hommes c’est comme ci et les femmes c’est comme ça, les choses sont plus complexes. Ceci dit les personnages masculins du film veulent dominer le monde, les autres, les femmes. En fait ils n’ont pas beaucoup d’expériences d’amitié ou d’amour avec des filles, et ces garçons se sentent plus dans une zone de confort entre eux. Ceux qui sortent de cette prestigieuse université peuvent se retrouver dans la banque ou dans la politique ou le droit, qui sont encore des univers dominés par les hommes. Pour eux les femmes sont une autre espèce, qu’ils ne comprennent pas vraiment…

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