Ciao Virna Lisi (1936-2014)

Posté par vincy, le 18 décembre 2014

virna lisiL'une des légendes du cinéma italien, Virna Lisi, de son vrai nom Virna Piéralisi, est morte à l'âge de 78 ans. Prix d'interprétation à Cannes et meilleur second-rôle féminin pour sa formidable incarnation de Catherine de Médicis dans La Reine Margot de Patrice Chéreau, prix Donatello multiples (meilleure actrice dans La Cigale en 1980, meilleur second rôle féminin en 1983, deux prix honorifiques en 1996 et 2009), et primée à Venise pour l'ensemble de sa carrière en 2011, Virna Lisi a tourné durant 50 ans pour le cinéma dans près de 80 films. Elle restera pourtant assez longtemps dans l'ombre des grandes (Loren, Lollobrigida, Cardinale, Vitti, ...).

Née en 1936, la très belle blonde a fait ses débuts à l'âge de 17 ans. Elle a 16 ans quand le chanteur Giacomo Rondinella, ami de ses parents, les convainc de la laisser jouer à ses côtés dans une petite comédie musicale, E Napoli canta. Très vite, elle obtient déjà des rôles principaux dans des films de Giorgio Pastina, Girogio Walter Chili, Carlo Borghesio, Luigi Capuano. Ele enchaîne les tournages de films mineurs italiens. En 1955, on l'aperçoit dans une comédie française avec Bernard Blier, Bourvil et Louis de Funès, Les hussards. Deux ans plus tard, elle est Elizabeth bennett dans une version locale d'Orgueil et préjugés, feuilleton en cinq épisodes pour la télévision.Entre temps, elle monte sur les planches, grâce à Vittorio Gassman qui la présenter au directeur du Piccolo Teatro de Milan. Virna Lisi essaie de ne pas se cantonner à la comédie. Mais devant les faibles propositions, elle est contrainte de tourner aussi pour le petit écran ou dans des coproductions européennes.

D'Alain Delon à Frank Sinatra en passant par Bourvil et Jack Lemmon

Sa filmographie n'a rien de palpitant jusqu'en 1962. Elle tourne alors un film noir, Eva, de Joseph Losey, avec Jeanne Moreau. Doucement, sa carrière décolle hors d'Italie. En 1963, Christian-Jacque l'enrôle dans Les bonnes causes, avec Bourvil et Marina Vlady. Elle rejoint l'année suivante Alain Delon, alors en pleine ascension, dans La Tulipe noire, toujours de Christian-Jaque. Hollywood fait appel à elle l'année suivante pour être la partenaire de Jack Lemmon dans Comment tuer votre femme?. Mario Monicelli lui met Marcello Mastroianni dans son lit pour Casanova '70 (scénario nommé à l'Oscar).

Le visage magnifique de Virna Lisi et sa blondeur enchanteresse en font une femme fatale parfaite. On la voyait comme la nouvelle Marilyn à l'époque. Elle rejette pourtant cette étiquette et refuse ainsi le rôle principal de Barbarella. Après une décennie à jouer les filles et ingénues, la voici croqueuse d'homme ou séductrice. En 1966, elle est la vedette de Belles dames, vilains messieurs, nominé aux Golden Globes et primé à Cannes. En haut de l'affiche, elle a désormais les plus beaux acteurs comme partenaires: Vittorio Gassman, Frank Sinatra (Le hold-up du siècle), Tony Curtis, Anthony Quinn (La 25e heure d'Henri Verneuil, Le secret de Santa Vittoria, Golden globe du meilleur film/comédie), Rod Steiger, George Segal, William Holden, Robert Hossein, David Niven, Richard Burton... Mais les films ne sont pas mémorables. Virna Lisi est populaire mais aucun des grands noms du cinéma italien ne l'enrôle, hormis Mario Monicelli et Dino Risi.

Les années 70 confirme cette orientation dans sa carrière. Elle tourne encore pour Henri Verneuil, dans Le serpent (avec Yul Brynner, Henry Fonda et Dick Bogarde), mais elle tourne de moins en moins, avec même trois ans en retrait des plateaux.

A l'affiche, une dernière fois, l'an prochain

Moins présente dans les années 80, son talent s'affirme de plus en plus. Certes elle est passée à côté de l'âge d'or du cinéma de son pays. Dans La cigale, elle incarne une chanteuse autrefois célèbre de manière touchante. La télévision est devenu son principal employeur. Elle profite de son statut d'ancienne star. Et les rares fois où elle revient au cinéma, Virna Lisi glane ici et là quelques nominations reconnaissantes. En 1989, on la voit dans Joyeux noël, bonne année de Luigi Comencini. Et en 1993, elle tourne pour Chéreau. La consécration viendra de ce personnage infâme et cynique, filmé entre ombres et contre-jour. Sublime Lisi qui se révèle alors charismatique et impériale.

Ce sera son dernier grand rôle et l'un de ses derniers rôles au cinéma, préférant la TV (on la voit dans la série française Balzac, avec Depardieu, Moreau et Ardant) et le théâtre. Cristina Comencini parvient à la convaincre de revenir en 2002 dans son film Le plus beau jour de ma vie, Grand prix à Créteil et à Montréal. La cinéaste réussit même l'exploit de la faire revenir sur les plateaux avec son nouveau film, Latin Lover, qui sortira en mars en Italie où elle ôtoie Valeria Bruni Tedeschi, Lluis Homar et Marisa Paredes.

Virna Lisi n'avait épousé qu'un seul homme, Franco Pesci, décédé il y a un peu plus d'un an, 53 ans après leur mariage. Ils n'ont eu qu'un enfant, en 1962.

C’est la fin pour The Interview, déprogrammé des salles américaines

Posté par vincy, le 18 décembre 2014

Sony Pictures a décidé d'annuler la sortie de la comédie The Interview, réalisée par Evan Goldberg et Seth Rogen, et interprétée par Seth Rogen et James Franco (le duo de C'est la fin). Prévu pour les fêtes, et promis pour dépasser les 100M$ au box office, le film, qui suit la trace de deux agents de la CIA ayant pour mission d'assassiner le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, ne sera pas montré ni dans les cinémas ni en dvd ou vidéo à la demande.

Les Hackers qui ont piraté les serveurs de Sony en novembre ont donc gagné. Cet immense acte de piratage a révélé les cachets des artistes, les salaires des dirigeants, les courriers internes (dont certains très peu sympathiques pour des stars voire très politiquement incorrects), des pitchs de films à venir, des négociations sur les budgets de productions comme le prochain James Bond. mais c'est bien The Interview qui était visé.

Mardi dernier, les Hackers ont publié un message menaçant d'attaques terroristes les salles de cinéma qui diffuseraient le film. Très rapidement, les plus grosses chaînes ont annoncé qu'elles ne projetteraient pas le film. L'avant-première est annulée. Puis hier soir, Sony retire purement et simplement la comédie du calendrier des sorties.

Une première dans l'histoire d'Hollywood. Alors que le climat se réchauffe entre les Etats-Unis et Cuba, la tension monte d'un cran à Hollywood. Rapidement, les artistes tweetent et se désolent d'un tel précédent. Stephen King écrit de manière sarcastique : "La décision de Sony de déprogrammer The Interview est inquiétante de plusieurs manières. Heureusement qu'ils n'ont pas publié les Versets sataniques [le livre de Salamn Rushdie qui a valu à son auteur une fatwa, toujours en cours]". Pour Sony l'affaire est désastreuse: son lien de confiance avec les stars et les cinéastes est abimé.

La plupart reproche surtout une dangereuse atteinte à la liberté d'expression. Plier devant la Corée du nord n'est en effet pas le meilleur message médiatique. La Corée du nord et ses sempiternelles menaces effraie ainsi beaucoup plus qu'un pays de l'Union européenne avec ses lois fiscales. L'enquête sur l'origine du piratage est en cours et des membres de l'administration américaine ont confessé hier qu'ils étaient convaincus que le régime de Pyongyang - qui a officiellement démenti toute implications mais qui a tout aussi officiellement affirmé que ce film était une offense pour son dirigeant - était à l'origine de tout ce désastre.

Pour l'instant, The Interview est toujours prévu le 18 février 2015 dans les salles françaises. Mais ne soyons pas dupe: il y aura bien quelqu'un pour le mettre sur les réseaux et le propager de manière illégale, clandestinement, sous le manteau. La cyberattaque la plus importante subie par une multinationale va en tout cas donner des idées: cette capitulation, cette censure subie ouvre les vannes à un terrorisme nouveau, où la culture est prise en otage.