Rétrospective Sharunas Bartas aux cinémas du centre Pompidou

Posté par MpM, le 5 février 2016, dans Festivals, Films, Personnalités, célébrités, stars.

sharunas bartas

Décidément, la période est faste pour les amateurs (il faudrait dire : les inconditionnels) du cinéaste lituanien Sharunas Bartas. Après son grand retour au dernier festival de Cannes (voir notre chronique de l'époque), il illumine le mois de février avec un nouveau film en salles (Peace to us in our dreams, le nouveau volet envoûtant d'une oeuvre qui ne cesse de remettre l'humain au centre de son existence), une exposition (Few of them, à découvrir jusqu'au 27 février au passage de Retz, dans le 3e arrondissement de Paris), un ouvrage collectif (Sharunas Bartas ou les hautes solitudes, dirigé par Robert Bonamy) et une rétrospective de l'ensemble de son travail qui se tient aux cinémas du centre Pompidou jusqu'au 6 mars.

En plus de (re)découvrir les œuvres emblématiques du réalisateur (Trois jours, Corridor, Freedom...), il sera possible de voir ses courts métrages, certains des films produits par son studio Kinema (Earth of blind d'Audrius Stonys, Sharunas Bartas, An army of one de Guillaume Coudray) et même deux films dans lesquels Sharunas Bartas fait l'acteur pour d'autres cinéastes, Leos Carax (Pierre ou les ambiguïtés) et Claire Denis (Les salauds). Une rencontre aura également lieu avec le public le 13 février à 17h.Un moment rare et précieux à ne rater sous aucun prétexte, même s'il ne faut pas trop compter sur le cinéaste pour expliquer son oeuvre (il a horreur de ça) ou livrer beaucoup de lui-même (il préfère parler des autres).

C'est peut-être pour cela que le peu qu'il accepte de dire a autant de valeur, et de puissance d'évocation. La preuve par l'exemple avec cette conversation entrecoupée de silences que nous avons eue avec lui à l'occasion de cette rétrospective.

Ecran Noir : Le centre Pompidou consacre une rétrospective de l'ensemble de votre oeuvre. Est-ce un exercice que vous appréciez de vous retourner sur votre travail et plus généralement sur le passé ?

Sharunas Bartas : En fait, j'ai un sentiment un peu double. Me retourner sur mon passé, c'est quelque chose que je fais tous les jours : je réfléchis, j'analyse... Je pense à hier, à ce que j'ai fait, et c'est quelque chose qui est important pour moi. Mais par contre, pour les films, c'est l'inverse. Les films, je ne peux pas les changer. Ce n'est pas important pour moi de me repencher dessus. C'est même extrêmement rare que je regarde un film plusieurs fois. C'est plus par accident lorsque cela arrive. Je ne peux pas changer mes films, mais de toute façon je ne le veux pas. Pendant le tournage, pendant la production de chaque film, c'est le moment où j'ai donné tout ce que j'ai pu. C'était le moment où je devais donner ce que j'ai donné, et maintenant c'est terminé. Je ne vois pas de sens à regarder mes films et à revenir dessus. Mais concernant le rétrospective, bien sûr, c'est agréable que les gens voient ces films, qu'ils ne soient pas oubliés et qu'ils ne disparaissent pas.

EN : Que diriez-vous à un spectateur français qui n'a jamais vu aucun de vos films et qui s'apprête à aller à cette rétrospective ?

SB : De ne pas avoir d'idée toute faite et de juste regarder.

EN : Vous avez déclaré dans des interviews que de même qu'il n'y a rien à expliquer dans l'art, il n'y a rien à expliquer dans les films. Plutôt que de les comprendre, il faut d'abord les ressentir ?

SB : Je pense que cela va ensemble, le fait de comprendre et de ressentir. Si le spectateur ressent et vit ce qui est en train de se passer à l'écran, alors il le comprend aussi. Je ne pense pas qu'on puisse dire que les films sont au même niveau d'abstraction que la musique mais c'est pareil pour la musique, quelle qu'elle soit. Si on la ressent, on la comprend, d'une certaine manière. Si on parle de la création en général, le fait de créer, c'est aussi montrer un moment d'une vie, un moment de vie. On le montre de manière extérieure à soi mais en fait c'est aussi la possibilité de le vivre à l'intérieur. Ce moment de vie que l'on voit, on peut aussi le ressentir très fortement en nous. Et c'est peut-être aussi une manière d'échapper à la solitude et de se sentir moins seul.

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