Cannes 2015 : retrouvailles avec Sharunas Bartas

Posté par MpM, le 20 mai 2015, dans Cannes, Festivals, Personnalités, célébrités, stars.

Sharunas Bartas

Cinq ans. Cinq longues années qu’on n’avait plus vraiment de nouvelles de Sharunas Bartas. Bien sûr, on l’a vu à l’affiche du singulier Vanishing Waves de sa compatriote Kristina Buozyte, ou encore des Salauds de Claire Denis (2013). Mais de son cinéma sensoriel, mutique et profondément humain, pas une image ne nous était parvenue depuis Indigène d'Eurasie sélectionné à Berlin en 2010. Il nous manquait. Le voilà de retour, par la grande porte, avec un film au titre évocateur et déjà envoûtant : Peace to us in our dreams.

Pour beaucoup, ce sera un film parmi d’autres, et comment leur en vouloir ? Cannes est une longue succession de films à peine savourés, déjà remplacés. Les stars se succèdent, et ne savent plus comment occuper le terrain pour exister plus des quelques minutes qu’il faut pour monter les marches rouges. Alors un film lituanien potentiellement abscons et sans égérie L’Oréal en tête d’affiche… Mais qu’importe. Pour certains, la projection de Peace to us in our dreams sera le véritable événement de ce 68e Festival de Cannes. Un moment hors du temps, suspendu, qui marquera les retrouvailles avec un cinéaste qui, film après film, creuse son sillon singulier.

Des récits arides et contemplatifs

Qu’il rompe définitivement avec le cinéma dépouillé, contemplatif et vertigineux de ses débuts (Corridor, Few of us, The house…) ou qu’au contraire, il repousse les frontières de l’expérimentation formelle, nous espérons être surpris, chamboulé, électrisé, tétanisé, et même peut-être foudroyé, voire anéanti. Renouer en tout cas avec les émotions fortes et irrésistibles qui nous avaient saisis devant les visages, les regards, les silences des personnages de Sharunas Bartas. Des sensations rarement éprouvées au cinéma, mêlant fraternité hébétée et compassion absolue, désarroi et vacuité, mais aussi une distance et un hermétisme qui rehaussent la puissance indomptable de ces récits arides et contemplatifs.

Devant un film du cinéaste lituanien, le cinéma, à nouveau, trouve toute sa mesure, et redevient cet art audiovisuel qui fait appel à tous les sens par la simple magie de l’image, de la mise en scène, du son et du montage. Dans nos rêves de cinéphiles, peut-être ne sommes-nous pas en paix, mais à coup sûr, il y a un Sharunas Bartas qui tourne des films inlassablement.

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