Ultime soupir qui ne fait pas rire: Pierre Etaix est mort (1928-2016)

Posté par vincy, le 14 octobre 2016

Pierre Etaix est mort, a annoncé sa famille ce vendredi 14 octobre. Acteur, clown, cinéaste, affichiste, dramaturge et dessinateur, il avait 87 ans. Adorateur de Georges Méliès, ami de Jacques Tati, ex-époux d'Annie Fratellini, il était un héritier des Buster Keaton, Harold Lloyd et Charlie Chaplin.

Il avait commencé sa carrière en jouant les comiques dans les cabarets et les music-halls. En 1954, il rencontre Jacques Tati, avec qui il collabore en tant qu'assistant réalisateur sur le tournage de Mon Oncle, en plus de dessiner l'affiche. Logiquement, il passe derrière la caméra, avec Rupture, coréalisé avec Jean-Claude Carrière. Leur deuxième court, Heureux anniversaire, obtient l'Oscar du meilleur court métrage en 1963. Cette année là, il signe son premier long, Le soupirant, Prix Louis-Delluc.

La critique et la cinéphilie l'auront longtemps abandonné sans doute, soyons indulgents, par malentendu. Lors de sa grande traversée du désert, suite à l'échec de Pays de cocagne en 1969, il fonde, en 1973, l'Ecole nationale du cirque. Inventeur perpétuel, il se frottera au théâtre, aux images de synthèse, au feuilleton télévision et même au format Omnimax pour la Géode.

Son génie est davantage apprécié de l'autre côté de l'Atlantique. Son sens du comique, sa maîtrise du gag. Il y a 7 ans, grâce au festival Lumière, les Français redécouvre son immense talent avec la restauration de son œuvre. Longtemp impossible ce travail de restauration n'a pu être fait qu'après la décision d'un tribunal lui rendant les droits de ses films, détenus frauduleusement par Gavroche productions (lire notre actualité du 30 juin 2009).

Côté cinéma, il n'a réalisé que six films (dont le dernier en 1989, J'écris dans l'Espace. Sa carrière a été plus fournie en tant que comédien. On l'a notamment vu récemment dans les films d'Otar Iosseliani (Chantrapas), chez Jean-Pierre Jeunet en inventeur d''histoires drôles (Micmacs à tire-larigot), chez Philippe Kaufman (Henry et June) et enfin en docteur dans Le Havre d'Aki Kaurismäki.

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Disney lance les versions en prises de vues réelles de trois classiques animés

Posté par vincy, le 14 octobre 2016

Les 101 Dalmatiens, Alice au pays des merveilles, Maléfique, Cendrillon, Le Livre de la jungle, et bientôt La Belle et la Bête, Dumbo, Pinocchio et Winnie l'Ourson: Disney continue d'adapter ses classiques animés en films avec prises de vues réelles.

En moins de deux semaines, ce sont trois projets qui ont été confirmés.

Mulan tout d'abord. Le casting d'une actrice chinoise est en cours. Le film sortira le 2 novembre 2018, vingt ans après le dessin animé. Avec Mulan, Disney compte faire de grosses recettes en Chine, nouvel eldorado du box office. Le scénario sera écrit par Rick Jaffa et Amanda Silver, les auteurs de Jurassic World. Reste à engager un réalisateur. Mulan, version animée, avait récolté plus de 300 millions de $ dans le monde.

Le Roi Lion ensuite. Le 3e plus gros succès de l'histoire du studio et la comédie musicale la plus vue dans le monde va donc connaître une nouvelle vie avec une version que Disney promet très réaliste grâce aux images de synthèse (oxymore?). Jon Favreau (Le Livre de la jungle) réalisera ce film qui n'a pas encore de date de sortie. Le scénariste Jeff Nathanson (Catch me if you Can et le prochain Pirates des Caraïbes) vient d'être engagé. Une chose est sûre, Disney promet que les versions d'Elton John et Tim Rice seront intégrées au scénario. La BOF du film animé avait récolté deux Oscars, deux Grammy et reste la plus vendue dans le monde (15 millions d'exemplaires) parmi les musiques de films animés.

Enfin la version "live-action" d'Aladdin a désormais son réalisateur. Guy Ritchie (Sherlock Holmes) a été enrôlé cette semaine. Le scénario sera écrit par John August (Big Fish). Avec 500M$ de recettes dans le monde, le film animé de 1992 avait été le champion du box office cette année-là et avait gagné deux Oscars l'année suivante. Pas encore de date de sortie pour ce projet.

Festival Lumière : Les grandes projections, chefs d’œuvre en série

Posté par Morgane, le 14 octobre 2016

Comme chaque année le Festival Lumière propose un cycle appelé grandes projections, défini comme "Le rendez-vous traditionnel des amateurs de grands films sur grand écran". Pour cette 8e édition étaient donc projetés Full Metal Jacket de Stanley Kubrick, Nous nous sommes tant aimés d'Ettore Scola, Le Parrain de Francis Ford Coppola, Lawrence d'Arabie de David Lean, La Mélodie du Bonheur de Robert Wise, Manhattan de Woody Allen, La Porte du Paradis du récemment disparu Michael Cimino et Légendes d'automne d'Edward Zwick.

Un vrai bonheur de voir ou revoir ces films sur grand écran et dans de telles conditions! Coup de projecteur sur deux chefs d'œuvre qui évoquent la désillusion et le désenchantement, la perte d'idéal.

La grande fresque d'Ettore Scola

Eric Lartigau (réalisateur entre autres de La Famille Bélier) est ambassadeur de Lumière 2016 et nous présente Nous nous sommes tant aimé d'Ettore Scola, réalisateur qu'il qualifie de "grand amoureux des êtres".
Fresque italienne qui nous fait voyager dans le temps (durant presque 30 ans) aux côtés de trois amis, Antonio (le superbe Nino Manfredi), Gianni (le très émouvant Vittorio Gassman) et Nicola (Stefano Satta Flores), et de leur grand amour Luciana Zanon (Stefania Sandrelli). On suit alors le quotidien de ces trois hommes dont l'amitié remonte à la seconde guerre mondiale et à leur résistance face au nazisme. Tous trois sont de fervents défenseurs d'une société de gauche et ont un grand dégout pour la bourgeoisie, source de tous les problèmes du prolétariat. Ettore Scola se penche alors sur l'évolution de ces trois hommes si semblables au début dont les chemins divergent au fil de la vie. Constat amer d'une société qui s'est trouvé embourbée dans un après-guerre où la social-démocratie chrétienne a finalement pris les rênes. Teinté de mélancolie le film d'Ettore Scola met en avant ce temps qui passe, les illusions perdues, les grands idéaux qui s'effilochent et une amitié qui, malgré (ou à cause de) l'amour et l'engagement, ne trouve pas forcément la force de perdurer dans le temps... Comme le dit le personnage de Nicola à la fin du film, "on voulait changer la société mais c'est la société qui nous a changé".

Le réquisitoire contre la guerre de Stanley Kubrick

Autre style mais toujours présenté par Eric Lartigau, Full Metal Jacket (1987) de Stanley Kubrick.
Eric Lartigau dit de Stanley Kubrick "c'était un véritable perfectionniste. Il s'occupait de tout lors de ses premiers films (scenario, lumière, cadrage etc.) et au fur et à mesure, il devient encore plus perfectionniste. Du coup il met parfois jusqu'à 8 ans avant de présenter son film."
Plusieurs films sur la guerre du Vietnam sont déjà sortis, Apocalypse Now de Coppola (1979), Voyage au bout de l'enfer de Cimino (également 1979) et Platoon d'Oliver Stone sort quelques semaines avant Full Metal Jacket. "Mais ici Kubrick prend le contre-pied des films de guerre. Ils ne s'intéresse pas au grandiose de la guerre mais à l'humain. Le décor est alors presque secondaire."
Le film se découpe en deux parties, la première sur le sol américain avec l'entraînement des futures recrues des Marines et la seconde sur le terrain. Et en effet on voit dès la première partie que l'humain est le centre d'intérêt de ce film et non la guerre, les avancées de chaque camp, les victoires et les défaites. Par le biais d'une patrouille de jeunes recrues entraînée par le sergent Hartman (l'incroyable Lee Ermey), Stanley Kubrick s'attache à montrer l'impact d'une telle folie. Les vies brisées, les hommes transformés en véritables machines de guerre, machines à tuer. La déshumanisation à son paroxysme. L'effet est flagrant sur tous les membres de la patrouille même si il ne se manifeste pas de la même manière... Puis, le réalisateur nous transporte sur le terrain de la guerre bien réelle, cette guerre où les balles sont vraies, où la mort n'est pas un jeu et où chaque soldat est là pour tuer. Mais pour défendre quoi? Aucun ne semble réellement bien le savoir mais qu'importe, ils ont été formés pour...

Nul doute que ce film a fait grand bruit et a été très rapidement taxé d'anti-américanisme. On y voit la désinformation en marche, cette brutalité bestiale (la scène du soldat dans l'hélicoptère comptant le nombre de "Viets" qu'il a tués en est un exemple flagrant) qui enlève toute humanité. Mais chez Kubrick, les personnages sont toujours ambivalents, jamais tout blanc ou tout noir, et il en fait la preuve ici une fois encore, idée illustrée notamment par son personnage Joker qui a inscrit sur son casque "Born to kill" et porte sur la poitrine un badge peace and love.