[2019 dans le rétro] Des minorités moins visibles mais toujours très rentables

Posté par wyzman, le 4 janvier 2020

Année après année, le constat semble sans appel : inclure des personnages joués par des acteurs de couleur permet d’attirer plus de monde en salle ou du moins de diversifier le public. Cette année, malgré l’absence d’énormes blockbusters faussement destinés à des communautés précises comme Black Panther ou Crazy Rich Asians, la diversité à néanmoins payé.

L’Amérique de Disney frappe fort

Si l’on se penche sur le box-office américain, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Produire des films représentatifs, c’est-à-dire respectueux de la diversité de couleurs qui composent les Etats-Unis est porteur. Et ce n’est certainement pas Disney qui dira le contraire. Véritable carton, Avengers : Endgame et son casting multiculturel ont rapporté plus de 858 millions de dollars sur le seul sol nord-américain. Grâce aux acteurs de Black Panther — oui, encore — (Chadwick Boseman, Danai Gurira, Angela Bassett, Letitia Wright, Winston Duke) et aux "cautions diversité" des autres franchises Marvel (Don Cheadle, Zoe Saldana, Anthony Mackie et Tessa Thompson pour ne citer qu’eux), le mega-crossover des frères Russo a atteint son objectif : être le film le plus commenté de l’année.

A mieux y regarder, tous les films Marvel proposent désormais un rôle important à un personnage joué par un acteur de couleur (noir le plus souvent). Dans Captain Marvel sorti quelques semaines avant Avengers : Endgame, c’est Lashana Lynch qui captivait le public. A ses côtés, Samuel L. Jackson continuait d’oeuvrer bien plus sobrement que dans Spider-Man : Far From Home (sorti cet été) où son Nick Fury semblait prendre beaucoup (trop) de place. D’ailleurs, pour continuer à parler de Samuel L. Jackson, c’est bien évidemment son rôle dans Glass de M. Night Shyamalan qui demeurera le moment fort de son année ciné !

Toujours du côté de Disney, impossible de ne pas parler du Roi Lion de John Favreau. En plus d’effets spéciaux ultra-réalistes, le film disposait d’un casting de rêve bien qu'invisible une fois dans la salle : Donald Glover, Beyoncé, James Earl Jones, Chiwetel Ejiofor, Alfre Woodard et Keegan-Michael Key. Autant d’acteurs qui sont devenus un véritable atout marketing, bien au-delà de l’envie de voir la version live de ce film d’animation culte. En parallèle, pour surfer sur la vague africanisante qui a soudainement frappé la pop culture à la fin de cette décennie, la production a eu la bonne idée de laisser à Beyoncé le soin de produire toute une bande originale qui fait la part belle au continent africain. Encore et toujours du marketing de génie !

Mais Le Roi Lion n’est pas le seul remake en live-action à avoir fait du bruit en 2019. Malgré des critiques loin d’être élogieuses, l’Aladdin de Guy Ritchie a su tirer son épingle du jeu, amassant plus d’un milliard de dollars à travers le monde. Comme quoi, le mélange d’inspirations arabes, persanes et indiennes continue d’être porteur. Et ce mois-ci, Disney espérait compter sur Star Wars, épisode IX : L’Ascension de Skywalker pour continuer à prétendre être une multinationale inclusive. Mais le peu de temps à l’écran accordé à l'actrice Kelly Marie Tran n’a pas échappé à la toile !

Dans le reste du box-office américain, on note bien évidemment les très bons scores de Fast and Furious : Hobbs and Shaw (173 millions de dollars de recettes) et Jumanji : Next Level (151 millions). Tous deux portés par Dwayne Johnson, le premier joue à fond la carte des racines polynésiennes de l’acteur tandis que le second était une nouvelle excuse pour mettre ses muscles (saillants) à rude épreuve.

Des films indépendants branchés stars

Mais pour comprendre tout l’intérêt d’une meilleure représentativité dans l’espace cinématographique américain, c’est sans surprise du côté du cinéma indépendant qu’il convient de se tourner. En effet, l’adaptation US d’Intouchables (The Upside) a créé la surprise outre-Atlantique grâce au duo formé par Bryan Cranston et Kevin Hart. The Last Black Man in San Francisco de Joe Talbot et qui raconte l’histoire d’un homme qui veut à tout prix récupérer la maison construite par son grand-père a fait pleurer dans les chaumières tandis qu’Eddie Murphy est réussi à revenir sur le devant de la scène avec le film distribué par Netflix Dolemite is My Name.

Les deux événements « diversité » de cette année s’appelaient sans l’ombre d’un doute Us et Hustlers (Queens en VF). Après Get Out, Jordan Peele a décidé de mettre en scène les traumas d’une famille Noire-américaine avec Lupita Nyong’o et Winston Duke (encore lui !) dans les rôles des parents. La performance de l’actrice l'a rapidement placée sur la it-list des prochaines nominations aux Oscars. Un peu comme Jennifer Lopez, fausse révélation de l’année. La chanteuse d’origine portoricaine en a ébloui plus d'un(e) dans ce film de braqueuses extrêmement sexy. Grâce aux participations de Constance Wu, Keke Palmer, Cardi B et Lizzo, le film est rapidement devenu un must-see pour la génération E!

Le cinéma français peut remercier Cannes

Dans l’Hexagone, le constat est sensiblement différent. Hormis les films déjà mentionnés plus haut, on ne peut qu’être attristé par le faible (et mauvaise) représentation de la diversité dans nos productions "locales". Alors que Green Book de Peter Farrelly et Creed 2 de Steven Caple Jr. ont tous deux passé la barre symbolique du million d’entrées, il faut chercher un moment avant de trouver un film français qui ait réussi cet exploit.

Par chance, l’édition 2019 du Festival de Cannes a relevé la barre. Présidé par  le réalisateur mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu, ce nouveau cru a été l’occasion de voir de belles surprises. Bien évidemment, la Palme d’or revenue au sud-coréen Parasite était une évidence. Et l’on ne peut que féliciter le 1,6 million de Français qui a laissé sa chance à cette oeuvre complexe et unique en son genre. A côté, le grand prix Atlantique de Mati Diop a permis de faire évoluer les consciences sur les immigrés venus du Sénégal. A l’heure où les extrêmes se font de plus en plus incontournables, une telle oeuvre méritait reconnaissance et visibilité.

A l’instar des Misérables de Lady Ly et Bacurau de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles, Prix du jury ex-aequo cette année. Centré sur l’impact que peuvent avoir les violences policières, le premier est rapidement devenu un sujet de conversation incontournable dans « les banlieues » mais pas que tandis que le second a brillé par son casting arc-en-ciel, véritable révélateur d’une société brésilienne plus hétérogène qu’on ne le pense. Enfin, notons le Prix SACD de la Quinzaine des Réalisateurs remis à Une Fille facile de Rebecca Zlotowski. Porté un duo improbable d’actrices d’origine maghrébine (Mina Farid et Zahia Dehar), cette comédie dramatique était immanquable à la fin de l’été !

5 chansons d’Elton John au cinéma

Posté par kristofy, le 29 mai 2019

Après sa grande première durant le Festival de Cannes voici dans les salles Rocketman, à la fois biopic et comédie musicale qui raconte l'enfance et les seventies de Elton John, avec sa gloire grandissante mais aussi ses déboires. Certaines de ses chansons les plus connues comme "Crocodile Rock", "Goodbye Yellow Brick Road", "Don’t let me the Sun go Down on Me", "Rocket Man", "I’m Still Standing" y sont utilisées autant comme fil narratif de son histoire que comme des parenthèses musicales qui donnent envie de chanter et de danser.

Elton John représente plus de 300 millions de disques vendus en 50 ans de carrière: certaines de ses chansons avaient déjà été utilisées dans plusieurs films et séries. De Alice n'est plus ici de Martin Scorsese en 1974 (Daniel) à Jours de Tonnerre de Tony Scott en 1990 (You Gotta love someone) en passant par My Own Private Idaho de Gus van Sant (Blue Eyes) ou Peter's Friends de Kenneth Barnagh (I Guess That's Why They Call It The Blues) tous deux en 1992, sans oublier Sorry to be the hardest word dans Bridget Jones : l'âge de raison de Beeban Kidron (2004).

Retour sur 5 moments de cinéma où ses compositions ont une importance particulière dans le film.

- Le roi Lion, animation de Roger Allers et Rob Minkoff en 1994 :
L'un des films d'animation de Disney les plus populaires (derrière Blanche-Neige et les 101 Dalmatiens) doit beaucoup à deux tubes d'Elton John. Tout le monde connaît la mélodie de l'hymne du roi Lion, Circle of Life, tout comme Hakuna Matata est devenue culte et la chanson Can You Feel the Love Tonight qui clôture le film. A noter que les trois ont été nommées à l'Oscar de la meilleure chanson, mais c'est la dernière qui a récolté l'Oscar. Record de ventes pour une BOF d'un film d'animation, l'album s'est vendu à plus de 10 millions d'exemplaires en 1994/1995 aux USA (et 1,3 million d'exemplaires en France). Le succès a été prolongé avec l'énorme carton du spectacle musical (8,5 milliards de dollars de recettes) qui reprend les partitions d'Elton John. On les retrouvera dans la version en prises de vues réelles du film, qui sort en juillet.

Presque célèbre, de Cameron Crowe en 2000 :
Cameron Crowe est un amoureux de musique (ex journaliste musical), il en met partout dans ses films comme le romantique Rencontres à Elizabethtown (avec la chanson My father's gun de Elton john), mais surtout il a réalisé des films sur des musiciens et leurs entourage comme Singles et le nostalgique Presque célèbre qui lui valu un Oscar de meilleur scénario. Au moment d'un retour en bus, c'est donc le Tiny Dancer de Elton John qui est chanté en choeur par Kate Hudson est les autres :

- 27 Robes, de Anne Fletcher en 2008 :
Katherine Heigl a été 27 fois demoiselles d'honneur à des mariages, mais elle n'a pas encore rencontré un homme avec qui se marier. Elle est un peu amoureuse de son boss Edward Burns alors que le journaliste James Marsden va tomber amoureux d'elle. C'est souvent un peu comme ça les comédies romantiques. Quand dans un bar passe la chanson Bennie and the jets, on a forcément envie de monter chanter et danser sur le comptoir. Elton John ça donne aussi envie de s'embrasser...

- Battle of the Sexes, de Jonathan Dayton et Valerie Faris en 2017 :
Le champion de tennis macho Bobby Riggs (Steve Carell) est défié par la féministe Billie Jean King (Emma Stone) pour s'affronter face à face lors d'un match... Ce combat historique pour que les joueuses de tennis soient mieux considérées sur le circuit sportif est en partie lié au résultat de ce match. Une émancipation féminine au début des années 1970 est alors accompagné de la mélodie de Rocket Man, sortie en 1972.

- Moulin Rouge, de Baz Luhrmann en 2001 :
Ouverture du festival de Cannes, le drame musical australien a remixé ou "médleyisé" nombre de tubes populaires, dont le célèbre Your Song d'Elton John, interprété par Ewan McGregor, croisé avec One Day I'll Fly Away, chanté par Nicole Kidman. Sans aucun doute le plus beau moment romantique du film. Par ailleurs, Your Song a aussi été utilisé par Ken Loach dans Carla's Song.

Nos films les plus attendus en 2019 (1/3)

Posté par redaction, le 3 janvier 2019

Première partie
Troisième partie

Le 30 janvier, Si Beale Street pouvait parler, va être l'un de nos films les plus attendus de l'année. Deux ans après l'Oscar du meilleur film pour Moonlight, il s'agit du grand retour de Barry Jenkins, d'après le roman de James Baldwin.

Une semaine avant, ce sera aussi le retour de l'acteur révélé par Moonlight, Mahershala Ali, aux côtés de Viggo Mortensen, avec Green Book, premier film solo et mélo (et chouchou à Toronto) de Peter Farrelly. Dans les deux cas, ces films tenteront s'être oscarisables et oscarisés.

Mais le premier gros coup de semonce hollywoodien sera malgré tout donné par Disney/Universal avec Glass le 16 janvier. M. Night Shyamalan fait un crossover de deux de ses plus gros hits. Box office assuré? Disney comptera aussi dans les premiers mois de l'année sur Dumbo, version non animée de Tim Burton (27 mars) et deux autres adaptations "live action": Aladdin le 22 mai et Le Roi Lion le 17 juillet.

Avec Marvel, il faudra aussi compter sur Captain Marvel, avec l'oscarisée Brie Larson, qui va enfin débarquer sur les écrans le 6 mars, en vue de sauver les Avengers dans Endgame, leur final, le 24 avril. La question est de savoir comment vont revenir à la vie les superhéros, dont Spider-man, dont le prochain opus, Far From Home, est prévu chez Sony le 3 juillet. Et on sait déjà que Chris 'Captain America' Evans tirera sa révérence.

Face à l'Empire, les autres studios contre-attaqueront notamment avec Shazam! en provenance de DC Comics le 3 avril et Alita: Battle Angel, le 13 février, adaptation du manga Gunnm co-scénarisée par James Cameron.

Mais,  pour la SF, c'est peut-être et sans doute Ad Astra de James Gray (22 mai), avec Brad Pitt dans une quête spatiale inattendue, qui nous excite le plus. On le voit mal éviter l'orbite de la Croisette. Parasite signe à la fois le grand retour et le retour aux sources de Bong Joon-ho. On le voit mal échapper à un grand festival.

Car, il y aura aussi tous les films pressentis pour Cannes ou sélectionnés à Berlin d'ailleurs. Le plus emblématique est sans aucun doute Douleur et gloire, le nouvel Almodovar, en salles en Espagne début mars, film quasi autobiographique en lisant le pitch avec Antonio Banderas et Asier Etxeandia. Ou le film de François Ozon, Grâce à Dieu, en compétition à la Berlinale, au cinéma le 20 février, avec un sujet à buzz et trois acteurs "hype" : Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud.

Pas mal de films vus à Cannes, Venise, Toronto l'an dernier ne vont sortir qu'en 2019. A commencer par Un grand voyage vers la nuit, en salles le 30 janvier, film chinois de Bi Gang sélectionné à Un certain regard en mai dernier. Il a récolté 38M$ pour ses premiers jours d'exploitation en Chine. Un exploit pour un film d'auteur.

Sunset, en compétition à Venise: le nouveau film de Laszlo Nemes se déroule dans l'empire austro-hongrois avant la Première guerre mondiale. Sortie le 20 mars. Ou Funan, le film d'animation de Denis Do, prévu le 13 mars, qui a reçu le Grand prix à Annecy. Ou encore C'est ça l'amour, primé à Venise, triomphateur aux Arcs: le film de Claire Burger (Caméra d'or avec Party Girl) est attendu le 27 mars. Et enfin, Les oiseaux de passage, de Ciro Guerra et Maria Camila Arias, qui ont longtemps retardé leur arrivée en provenance de la Quinzaine des réalisateurs, et qui seront en salles le 19 avril.

Ciro Guerra sera peut être doublement dans l'actualité avec son autre film, actuellement en production, Waiting for Barbarians, d'après un roman de J.M. Coetzee et avec Johnny Depp. Autre cinéaste qui passe aux Etats-Unis: le flamand Felix Van Groeningen, avec My beautiful boy, qui réunit Steve Carell et Timothée Chalamet (le 6 février).

Chalamet sera aussi dans le buzz cannois avec l'historique et shakespearien The King, de David Michôd, diffusion Netflix. Netflix mise aussi très gros sur le coûteux The Irishman, de Martin Scorsese avec Joe Pesci, Robert De Niro et Al Pacino. Outre le duo Pacino/De Niro, retrouvez le trio des Affranchis et de Casino est "cinéphiliquement" palpitant.

Des stars, il y en aura beaucoup cette année à l'affiche. Et notamment pas mal d'acteurs et d'actrices qui vont incarner des personnalités existantes ou ayant existé. Kristen Stewart sera Jean Seberg dans All Against Enemies, Christian Bale sera méconnaissable en Dick Cheney dans Vice (13 février), Renee Zellweger sera Judy Garland dans Judy, Jesse Eisenberg sera Marcel "le mime" Marceau dans Resistance, Christian Bale (again) et Matt Damon seront respectivement Ken Miles et Carroll Shelby dans Ford v Ferrari (de James Mangold). La variété débutera dès le 16 janvier avec Keira Knigthley en écrivaine bisexuelle Colette (puis, plus tard dans le calendrier, en lanceuse d'alerte dans Official Secrets). On dansera le rock avec un crocodile de la pop, aka Elton John dans Rocketman, incarné par Taron Egerton (29 mai).

Toujours côté LGBT, on priera pour que le film de Paul Verhoeven, Benedetta, soit le récit d'une nonne sulfureuse italienne d'un autre siècle (Virginie Efira) soit à Cannes. Toujours dans des costumes d'époque, Marie Stuart, Reine d'Écosse (27 février), avec l'affrontement entre Saoirse Ronan et Margot Robbie, promet son lot de "bitcheries. mais sans doute pas autant que dans La favorite, nouvel opus de Yorgos Lanthimos (6 février), avec Olivia Colman, favorite pour un Oscar, Emma Stone et Rachel Weisz. Là encore une histoire de queen, cinq fois nommée aux Golden Globes après un Grand prix et une Coupe Volpi à Venise en septembre.

Première partie
Troisième partie

Jean Piat (1924-2018), une immense carrière à l’écart du cinéma

Posté par vincy, le 19 septembre 2018

Jean Piat, monstre sacré du théâtre français, est mort le 18 septembre 2018 à l'âge de 93 ans. Malgré son immense carrière, débutée en 1947, il est resté à l'écart du 7e art, ou presque.

Né le 23 septembre 1924; il commence en pratiquant le football tout en suivant une éducation catholique - qui le marquera toute sa vie. Il entre à la Comédie-Française il y a 71 ans, et y restera 25 ans. Là-bas, le Sociétaire jouera Victor Hugo, Marivaux, Molière, Beaumarchais, Labiche, Claudel, Feydeau, Giraudoux, Shakespeare, Druon, de Musset, Cocteau et surtout Rostand. Cyrano fut sa pièce emblématique, jouant d'abord un garde, puis Bellerose, un deuxième cadet, Brissaille, un quatrième cadet, Jodelet, et enfin Cyrano de Bergerac en 1964 (au total près de 400 fois). A partir des années 1970, il devient une star du théâtre privé, avec des pièces plus modernes, dont celle de sa seconde épouse, Françoise Dorin, mais aussi de son maître Sacha Guitry, de Neil Simon ou Barillet et Grédy. Plus récemment, il est sur les planches avec des transpositions de films populaires sur scène comme Amadeus, avec Lorant Deutsch et La maison du Lac, avec Maria Pacôme. Sa dernière prestation fut Love Letters, l'an dernier, avec Mylène Demongeot.

Jean Piat a aussi mis en scène une vingtaine de pièces et écrit une quinzaine de livres, principalement sur le spectacle et la langue française (dont Je vous aime bien, Monsieur Guitry).

Pour le grand public, c'est le petit écran qui en fit une vedette, avec Les Rois maudits (de Claude Barma), série légendaire des années 1970 où il incarna Robert d'Artois. Le cinéma, en revanche, ne l'intéressa pas, et vice-versa. Il fut Rouletabille en 1947 et 1948, dans deux films de Christian Chamborant, Lagardère en 1968 et 1968 dans deux films de Jean-Pierre Decourt. Sacha Guitry lui offre des rôles dans Le diable boiteux et Napoléon et Serge Cobbi l'engagea deux fois (La rivale, Ciao les mecs). Jean Piat a tourné avec des cinéastes renommés tels Henri Decoin (Clara de Montargis), Jean Girault (Les moutons de Panurge), Luis Bunuel (La voie lactée) ou René Clément (Le passager de la pluie), passant à côté de la Nouvelle Vague ou des cinéastes contemporains pourtant adeptes de vétérans du métier.

Ignoré des prix et des palmarès (sauf, étrangement, en littérature, et un Molière de l'adaptateur!), Jean Piat avait un jeu classique, basé sur la voix davantage que sur la métamorphose, avec un charisme humble plutôt qu'une présence excessive. Peut-être n'était)-l pas si à l'aise devant une caméra, malgré son esprit et son amour des mots. C'est d'ailleurs en tant que doubleur qu'il a excellé dans le cinéma: la voix de Peter O'Toole en vf dans Lawrence d'Arabie, Lors Jim et La nuit des généraux, celle de Michael Gambon dans Gosford Park, de Claude Frollo dans le film animé Le bossu de Notre-Dame. Mais on retiendra surtout la voix du méchant Scar dans Le Roi Lion, version animation, et celle de Gandalf (aka Ian McKellen) dans les deux trilogies de Peter Jackson adaptées de Tolkien, Le Seigneur des anneaux et Le Hobbit.

6 événements de la rentrée à ne pas rater: In the Mood of Lumière

Posté par vincy, le 17 août 2017

Festival Lumière 2017.
14-22 octobre 2017.
Institut Lumière et Grand Lyon.

C'est désormais un incontournable. A la mi-octobre, on s'enthousiasme pour des vieux films et des maîtres du cinéma d'auteur. Grâce à Bertrand Tavernier et Thierry Frémaux, Lumière a pris ses marques. Cette année, le festival assumera ses lunettes noires et ses nuits blanches. Kar-wai, Godard, Melville...

Wong Kar-wai, justement, est le Prix Lumière. Le cinéaste hong-kongais, dont le style et l'esthétisme ont imprimé le 7e art comme peu de filmographies en sont capables, sera la star de cette édition.

Mais il y aura aussi d'autres stars: Tilda Swinton, icône, Guillermo del Toro, culte, Diane Kurys... Il y a également des rétrospectives. Tout Godard, première partie, les Westerns, et surtout le mystère Clouzot. On découvrira huit épisodes inédits du Voyage à travers le cinéma français de Bertrand Tavernier et on célèbrera le centenaire de Jean-Pierre Melville. En musique, ce sont les sons électroniques et discos de Giorgio Moroder qui rythmeront l'événement. Et comme chaque année, le cinéma muet reprendra vie avec Harold Lloyd et Buster Keaton. The Kid Brother, avec Harold Lloyd, sera un des ciné-concerts le mercredi 18 octobre, accompagné par l’Orchestre national de Lyon dirigé par Carl Davis.

Et puisque nous sommes à Lyon, le Roi Lion s'offrira aussi une séance spéciale pour les enfants à la Halle Tony Garnier. A cela s'ajoutent la CinéBrocante et le Marché international du film classique. Hormis Cannes, il n'y a aucun autre Festival qui offre un tel tapis rouge et une telle diversité en France.

Disney lance les versions en prises de vues réelles de trois classiques animés

Posté par vincy, le 14 octobre 2016

Les 101 Dalmatiens, Alice au pays des merveilles, Maléfique, Cendrillon, Le Livre de la jungle, et bientôt La Belle et la Bête, Dumbo, Pinocchio et Winnie l'Ourson: Disney continue d'adapter ses classiques animés en films avec prises de vues réelles.

En moins de deux semaines, ce sont trois projets qui ont été confirmés.

Mulan tout d'abord. Le casting d'une actrice chinoise est en cours. Le film sortira le 2 novembre 2018, vingt ans après le dessin animé. Avec Mulan, Disney compte faire de grosses recettes en Chine, nouvel eldorado du box office. Le scénario sera écrit par Rick Jaffa et Amanda Silver, les auteurs de Jurassic World. Reste à engager un réalisateur. Mulan, version animée, avait récolté plus de 300 millions de $ dans le monde.

Le Roi Lion ensuite. Le 3e plus gros succès de l'histoire du studio et la comédie musicale la plus vue dans le monde va donc connaître une nouvelle vie avec une version que Disney promet très réaliste grâce aux images de synthèse (oxymore?). Jon Favreau (Le Livre de la jungle) réalisera ce film qui n'a pas encore de date de sortie. Le scénariste Jeff Nathanson (Catch me if you Can et le prochain Pirates des Caraïbes) vient d'être engagé. Une chose est sûre, Disney promet que les versions d'Elton John et Tim Rice seront intégrées au scénario. La BOF du film animé avait récolté deux Oscars, deux Grammy et reste la plus vendue dans le monde (15 millions d'exemplaires) parmi les musiques de films animés.

Enfin la version "live-action" d'Aladdin a désormais son réalisateur. Guy Ritchie (Sherlock Holmes) a été enrôlé cette semaine. Le scénario sera écrit par John August (Big Fish). Avec 500M$ de recettes dans le monde, le film animé de 1992 avait été le champion du box office cette année-là et avait gagné deux Oscars l'année suivante. Pas encore de date de sortie pour ce projet.

Edito: les liaisons de plus en plus amoureuses

Posté par redaction, le 8 septembre 2016

Les rentrées s'entrechoquent: littéraire, musicale, scénique, cinématographique, médiatique et politique. On savait déjà que les livres étaient toujours un matériau riche pour le cinéma (au minimum deux adaptations par semaine). Il est intéressant de constater que le cinéma se décline lui aussi de plus en plus sur la scène. Finalement tout se mélange. Le Fantôme de l'Opéra (à Paris dès le 13 octobre, après trente ans de succès à Londres et New York) est un livre français, un film américain et c'est le spectacle britannique qui est devenu la référence. Réparer les vivants fut un livre qui s'est très bien vendu, avant de devenir un seul-en-scène (actuellement au Théâtre du Rond-Point) et connaît une nouvelle vie au cinéma (le film est sélectionné à Venise). Et que dire de la franchise Harry Potter, devenue "l'univers magique de J.K. Rowling", qui se décline cette année au théâtre (à Londres), en livres (trois nouvelles numériques, la pièce publiée) et en film (premier épisode de la trilogie des Animaux fantastiques).
On s'y perdrait presque.
Le phénomène n'est pas si neuf. Après tout Le Roi Lion a d'abord été un carton au cinéma avant de devenir un phénomène musical. Idem pour Sister Act, Hairspray, Shrek, Mary Poppins, La belle et la bête (qui va être rebooté en "live-action")...
Mais le phénomène s'accentue. Actuellement, Avatar a été transformé par Le Cirque du Soleil : Toruk promet un spectacle dans l'univers de Pandora. On nous annonce Moulin Rouge! sur les planches d'ici deux ans (avec l'accord de Baz Luhrmann). Mais surtout Amélie, d'après Le Fabuleux destin d'Amélie Poulin, en comédie musicale là aussi, pour le printemps 2017. Pour la saison 2017/2018, pas moins de douze films ou livres déjà adaptés pour le cinéma seront transposés en pièces de théâtre ou comédies musicales à Broadway. La plus attendue sera évidement La Reine des neiges.

En France, on avait déjà eu le droit à Kirikou, Sur la route de Madison, La maman et la putain, Un singe en hiver, Le bal des vampires (par Polanski himself), etc... Désormais ce sont Les Choristes, la hit de Christophe Barratier, qui va être transposé en spectacle musical, mis en scène par le réalisateur lui-même. Lever de rideau le 23 février 2017. Et à la Comédie-Française, après son triomphe à Avignon, c'est l'adaptation du film de Visconti, Les Damnés qui fait l'événement de cette rentrée.

Trouple entre littérature, cinéma et théâtre

On voit bien que cinéma et théâtre entretiennent de plus en plus leur flamme amoureuse. On pourrait aussi se désoler de constater un manque d'originalité ou d'inspiration à vouloir chercher la recette qui peut fonctionner. Autant le cinéma a sa réputation de vampire, suçant livres, théâtre et histoires vraies. Autant le théâtre ne nous avait pas habitué jusque là à ce genre d'usages. Pourtant, regardons bien les affiches: Le rouge et le noir, Le fantôme de l'opéra, Oliver Twist, Notre-Dame de Paris. Tous ces spectacles musicaux de la rentrée sont issus de bouquins populaires et étudiés à l'école. Tous ont aussi été déclinés au cinéma. Alors pourquoi ne pas pousser la chansonnette sur une histoire que tout le monde connaît? Il y a une part d'inceste artistique, certainement. Une ambition amoindrie pour limiter les risques, assurément.

Cependant, si on est assez objectif, qui peut dire lequel Roi Lion est le meilleur, le Disney ou le Broadway? Comment avez-vous découvert Les Misérables entre le pavé d'Hugo, le mastodonte musical milliardaire et les différentes adaptations audiovisuelles? Cela prouve surtout que les bonnes histoires ne meurent jamais.

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Les chefs d’oeuvre de Disney convertis en 3D

Posté par vincy, le 5 octobre 2011

Avec  80 millions de $ en trois semaines au box office américain (voir aussi actualité du 28 septembre 2011), Le Roi Lion version 3D a donné des idées au studio. Hier, Walt Disney Pictures a annoncé qu'il ressortirait quelques uns de ses classiques en salles, convertis en 3D. En Amérique du nord, La Belle et la bête sortira le 13 janvier 2012, Le monde de Nemo le 14 septembre 2012. En 2013, Monsters Inc est prévu, juste avant la sortie du prequel, Monsters University prévu (en 3D) le 21 juin 2013. La Petite sirène suivra la même année.

Une conversion en 3D peut se faire en 5-8 mois. La Belle et la bête 3D est déjà prêt puisque le chantier avait démarré avant même celui du Roi Lion.

L'opération peut s'avérer profitable : cela dynamise les ventes de DVD/Blu-Ray et les revenus issus des produits dérivés, les coûts de transformation en 3D sont moindres pour les films d'animation, et facilement compensés par le surcoût du ticket de cinéma.

Le Roi Lion rugira bien en 3D dans les salles françaises

Posté par vincy, le 28 septembre 2011

Disney n'en espérait pas tant. Pour preuve, le studio avait misé sur deux semaines d'exploitation et un box office de 20 millions de $. L'objectif était surtout de lancer la version blu-ray du dessin animé mythique.

Or, la ressortie du Roi Lion en version 3D a déjà rapporté 63 millions de $ au box office nord-américain en 15 jours. Cela fait deux semaines qu'il est le film le plus vu aux USA, et c'est du jamais vue depuis la réédition de Star Wars en 1997. Résultat, Le Roi Lion est le 33e succès de l'année. Depuis sa sortie en 1994 et sa ressortie en 2002, le film a cumulé 393 millions de $ au box office, ce qui en fait la 12e plus grosse recette enregistrée. Le Roi Lion devrait même entrer dans le Top 10 en battant Transformers 2 et Spider-Man, à une encablure de Toy Story 3. Si l'on ajuste le prix du billet avec le taux d'inflation annuel, le dessin animé a rapporté au total 679 millions de $, soit le 20e film le plus vu, et le 3ème dessin animé (Blanche Neige et les 101 dalmatiens étant loin devant). Grâce à cette nouvelle exploitation, il fait mieux que Fantasia, et devrait croquer Jurassic Park après avoir surclassé Le lauréat.

Toute cette avalanche de chiffres et de records ont poussé Disney a ressortir le film dans les cinémas français. Selon Ecran Total, le studio a changé d'avis. Le Blu-ray est déjà sorti fin août : peu importe, Disney prévoit de lancer le film en 3D en février 2012.

Le Roi Lion avait attiré 10 millions de spectateurs, soit le 26e film le plus vu depuis 1945 en France. En DVD et Blu-Ray (un tiers des ventes environ), il s'est déjà vendu à plus de 130 000 exemplaires. Il est actuellement 2e des meilleures ventes, derrière Rio.

Shrek, le musical arrive à Paris en 2012

Posté par vincy, le 4 août 2011

Shrek, le musical débarque à Paris le 8 février 2012. La comédie musicale sera francisée. Le Casino de Paris a déjà mis en vente les billets (à partir de 35€).

Shrek, le musical, créé à Broadway en 2008, fait actuellement sa deuxième tournée aux USA (au moins jusqu'en avril 2012) et en résidence, dans une version corrigée, à Londres depuis mai. Outre Paris, Shrek va aussi tourner en Espagne en septembre 2011 et en Australie en 2012. Il a déjà été joué en Israël en 2010.

Le spectacle, coproduit par DreamWorks Theatricals, a été joué à New York de novembre 2008 à janvier 2010, soit 478 représentations, un honnête succès. Il avait reçu 8 nominations aux Tony Awards, et avait gagné le prix des meilleurs costumes. Le disque avait été nommé aux Grammy Awards.

La comédie musicale a cependant déçu les attentes de DreamWorks avec un box office de 37,7 millions de $ à Broadway, soit un taux de remplissage moyen aux alentours de 60%. Le budget de la production est estimé à 24 millions de $. Les marchés internationaux étaient donc indispensables pour améliorer la rentabilité de ce show. A titre de comparaison, Le Roi Lion, joué depuis 5677 fois sur Broadway est en passe de devenir la plus grosse recette historique avec près de 730 millions de $ cumulés.

D'ici là, les amateurs pourront revoir l'inusable et culte Cabaret (Marigny), revivre les soirées de mariage avec Mamma Mia (Mogador), ou se laisser tenter par Dracula (Palais des Sports).