Annecy 2017 : La passion Van Gogh enchante le festival

Posté par MpM, le 14 juin 2017

Donner vie à la peinture de Van Gogh, telle est l’ambition affichée par Dorota Kobiela et Hugh Welchman, les réalisateurs du long métrage Loving Vincent (La passion Van Gogh) présenté en première mondiale lors de cette 41e édition du festival d’Annecy. Réalisé entièrement en peinture à l’huile, combinée à un procédé de rotoscopie, ce projet un peu fou a nécessité 115 peintres qui ont travaillé à la fabrication des 65 000 images du film.

Le résultat est une splendeur visuelle dans laquelle s’animent des tableaux parmi les plus célèbres au monde, de la Nuit étoilée au portrait du docteur Gachet en passant par les meules de foin ou l’autoportrait aux tons bleus. Les personnages prennent vie, les couleurs explosent, et les coups de pinceau parachèvent l’impression d’être face aux oeuvres originales.

La réussite formelle est ainsi indéniable, et même assez époustouflante, tant on retrouve le travail singulier du peintre dans la composition et la tonalité chromatique des plans. Cela crée bien sûr un jeu de connivence avec le spectateur, qui s’amuse à reconnaître les tableaux dans les scènes animées, et les portraits originaux dans les protagonistes.

On peut toutefois déplorer que le duo de réalisateurs n’ait pas eu entièrement confiance dans son sujet, et se soit cru obligé d’accompagner cette évocation brillante d’une intrigue assez artificielle. La quête du personnage principal, Armand Roulin, sert donc de prétexte à ramener le film sur le terrain plus confortable du biopic traditionnel, avec souvenirs de jeunesse et moments clefs de son existence. Réalisés en noir et blanc, ces flashbacks se distinguent un peu maladroitement du reste du film. Ils ont une fonction purement « éducative », pour ne pas dire didactique, et laissent de ce fait peu d’espace au spectateur.

Même chose avec l’enquête presque policière qui amène le personnage principal à s’interroger sur les conditions de la mort de Van Gogh. Meurtre ou suicide ? Là encore, la question sert de prétexte à une interminable succession de rencontres et de témoignages qui finissent un peu par se répéter. Certes, si l’on n’est pas familier de la vie de Van Gogh, on apprend plein de choses sur le peintre, mais ce côté ultra-pédagogique renvoie le film à une forme plus classique de biographie forcément édifiante pour celui qui la regarde. Sans doute aurait-on aimé que le film ménage plus de respirations, plus de creux à remplir à sa guise par le spectateur, au lieu de ce chemin ultra balisé qui ne cadre pas tout à fait avec l’idée que l’on se fait de la passion.

Edito: A la recherche du romantisme perdu

Posté par redaction, le 14 juin 2017

Etre romantique aujourd'hui, c'est presque honteux. Reconnaissons qu'un dîner aux chandelles ou un bouquet de fleur livré par coursier, ça renvoie une image un peu cliché, kitsch, cul-cul. A tort. Mais on voit mal où se trouve le romantisme aujourd'hui quand on peut se choisir un plan cul avec son smartphone (il y en a pour chaque fantasme) ou des vacances festives au soleil entre célibataires chauds comme un cul exposé sur la plage. Inconsciemment, nombreux sont ceux qui rêvent du grand amour, du beau mariage, etc. Chacun a son image en tête: la déclaration sur le pas de la porte dans Love Actually, le baiser fougueux sous la pluie dans 4 mariages et un enterrement, le restaurant vide où l'on danse comme dans Dirty Dancing, le "prince charmant" qui surmonte son vertige pour aller vous embrasser sur votre balcon, etc...

Le romantisme, grâce au cinéma, est un dopant qui envahit nos rêves. Une sorte de pilule chimique qui influe sur nos hormones. A cause du cinéma, il a été réduit à des scènes (parfois cultes) où le monde ressemblerait à un conte de Disney. Soyons triviaux: à quelques rares exceptions, on ne "baise" pas sauvagement quand on est romantique mais on va mystérieusement à la salle de bain avant de coucher, on ne pète pas au lit et l'haleine est toujours fraîche, on ne tombe jamais sur un micro-pénis et le partenaire est toujours au top de sa forme, on ne se trouve jamais dans un studio de 16 m2 et en plus tout est souvent très bien rangé et nettoyé. On remercie du coup Bridget Jones pour avoir décomplexé les femmes côté lingerie. On salue aussi Joseph Gordon-Levitt d'avoir prouver que l'abstinence n'était pas saine. On félicite toutes ces actrices qui ont su imposer un amant plus jeune qu'elle. On congratule les acteurs hétéros d'avoir accepter de jouer les amoureux homos.

Mais une chose est certaine: le romantisme semble perdu, dissout dans les pixels et les puces électroniques, mixé par les images stéréotypées du 7e art, galvaudée par une forme de sirop trop sucré qui anesthésie la définition même du terme.

Car il y a différentes formes de romantisme. Au cinéma, cela peut aller du drame amoureux à la tragédie sacrificielle. En littérature il prend sa racine dans le romanesque et l'imaginaire. C'était une forme de rébellion contre le classicisme et la pensée dominante. Il s'agissait de vouer un culte au sentiment, de le mêler aux mythes de la nature, de se laisser porter par l'irrationnel, la création, l'intuition, et de briser ainsi les conventions. C'est la passion qui prend le pas sur la raison. Qu'il soit allemand, italien, anglais ou français, le romantisme est un art du mouvement. Il se veut lyrique, fou, libre. Il conduit plus souvent à la mort qu'au bonheur. Il peut-être fantastique ou poétique. L'affectif, la démesure des émotions, la symbiose avec la nature, l'attirance de l'exotisme font le reste.

En ces temps où l'on cherche son équilibre dans des chemins très balisés, il faudrait peut-être retrouver ce romantisme pour nous bousculer. Plutôt que de vivre par procuration à travers des images, plutôt que d'aimer des "people", ces demi-Dieux mortels, plutôt que de s'évader dans des histoires inventées, même si tout cela permet de ne pas déprimer face aux réalités, peut-être faut-il mieux s'élancer dans sa propre quête romantique. Cela nécessite de l'audace et de l'imagination, cela signifie surmonter ses peurs et accepter les échecs. Tout n'est pas perdu. Il suffit de retrouver l'âme romantique.

En attendant, alors que le Festival du film romantique de Cabourg présente ce week-end des films romantiques, drames ou comédies, vous pouvez aussi revoir de grands films du genre pour vous inspirer, de Casablanca à Elle & Lui, de Clair de Lune à Nos plus belles années, de Harold et Maude à Raisons et sentiments. Pas la peine d'envoyer une photo un peu coquine à votre crush par snap. Un sms en vers fera largement l'affaire. Assumez d'être un peu cul-cul, kitsch, fleur bleue, de préférer une promenade avec son/sa chéri/e, d'être Lady Chatterley faisant l'amour en forêt, d'écrire des jolies phrases sur messenger, ou de pleurer à deux en regardant Sur la route de Madison.

Dans Love Story, on entendait cette phrase: "être amoureux signifie de ne jamais être forcé de s'excuser". En effet, il ne faut pas avoir honte d'être romantique, comme on ne doit pas se cacher d'être amoureux. Au moins, le cinéma nous le rappelle régulièrement: il n'y a pas plus beau sentiment que l'amour.

Ce qu’il faut savoir sur le 31e Festival du film de Cabourg

Posté par vincy, le 14 juin 2017

Le 31e Festival du film de Cabourg, dédié au cinéma romantique, s'ouvre ce mercredi 14 juin et se clôturera le dimanche 18 juin. Qui succédera à Diamond Island (Grand prix du jury l'an dernier) et Mr. Ove (Prix du public)?

Un jury très étoilé: Marion Cotillard (Swann d'or de la meilleure actrice en 2007) préside le Grand jury qui décernera le Grand prix du jury samedi 17 juin. Elle sera entourée d'Aure Atika, Camille Cottin, Anne Dorval, Hugo gélin, Nathanël Karmitz, Camille Laurens, Ibrahim Maalouf et Manu Payet (Swann d'or du meilleur acteur en 2016). Le jury jeunesse, composé de 6 collégiens et lycéens, sera parrainé par Nora Arzeneder et Stéphane de Freitas. Pour les courts-métrages, le jury est présidé par Gabriel Le Bomin, avec à ses côtés Swann Arlaud, Olivier Chantreau, Elodie Frégé,Yaniss Lespert, Salomé Richard et Solène Rigot.

Une compétition éclectique: Ava de Léa Mysius, prix SACD à la dernière Semaine de la Critique, Cuori Puri de Roberto De Paolis, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, Eté 93, prix du meilleur premier film à Berlin, Heartstone de Gudmundur Arnar Gudmundsson, Grand prix du jury et prix du public à Angers, Queer Lion à Venise, Mobile Homes de Vladimir de Fontenay, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, Une femme fantastique de Sébastian Lelio, Ours d'argent du meilleur scénario et Teddy Award à Berlin, et Walk With Me de Lisa Ohlin.

Un panorama "romantique" pour le public: le prix du Public sera choisi parmi les 12 films suivants.

120 battements par minute, Grand prix du jury à Cannes
L'âme du tigre
Cherchez la femme
Le chemin
Le ciel étoilé au-dessus de ma tête
Les Ex
Jeune femme, Caméra d'or à Cannes
Loue-moi!
Lumières d'été
The Bloom of Yesterday
Their Finest
Une vie violente

Premiers Rendez-vous: pour ce prix qui récompense la première apparition d'un(e) comédien(ne), sont en lice Jamais Contente d'Emile Deleuze avec Lena Magnien et Patients de Grands Corps Malade et Mehdi Idir, avec Pablo Pauly. La cérémonie a lieu vendrredi 16 juin.

Dans les salles, sur la plage, pour la musique, pour la passion: Cabourg proposera aussi de revoir ou de découvrir des films "romantiques" de l'année écoulée tels Django, Monsieur & Madame Adelman, Nocturama, Sage femme, Mountain Cry, La tortue rouge, Mademoiselle, Passade ou encore Even Lovers get the blues...

Une histoire de plumes: signatures, lectures, conférences, Cabourg propose aussi des rencontres hors-cinéma. Christine Citti lira ainsi le scénario de Caroline Vignal, Cévennes, Aure Atika et Camille Laurens ont été invité à dédicacer leurs livres (Christine Citti lira également des extraits de leurs romans), et Gonzague Saint-Bris animera une conférence où se mêleront sexe et pouvoir. Chaud!