Cannes 2018 : Le palmarès des meilleures soirées

Posté par wyzman, le 23 mai 2018

Matthew OliverPeu de gens le savent mais lorsque l'équipe d'Ecran Noir n'enchaîne pas les projections au Festival de Cannes, elle adore flâner ici et là, dans quelques unes des soirées les plus tendances. Avec un simple badge ou un joli sourire, certaines fêtes sont d'ailleurs facilement accessibles. Pour rendre compte de la nuit cannoise en période de festival, nous vous proposons donc un petit retour sur sept soirées qu'il ne fallait pas manquer lors de l'édition qui vient de s'achever.

#7 La soirée de l'Institut français (résidence Widsor ADOSOM)

Cette année, l'Institut français n'a pas fait les choses à moitié. Devant cette résidence qui héberge l'Association pour l'administration des œuvres sociales d'outre-mer, nous avons pris beaucoup de plaisir. Alors oui, pour y parvenir, il était préférable d'être véhiculé (on pensera au Uber dès l'aller l'an prochain) mais le cadre en valait la peine tant le bâtiment Windsor est impressionnant. Une armada de barmans était là pour s'assurer que notre coupe de champagne soit toujours remplie et si vous aviez faim, petits fours et glaces étaient disponibles. (Non, la glace ça ne cale pas mais ça change quand même du champagne !)

#6 La soirée On n'est pas couchés (Villa Domergue)

Véritable coup d'envoi de notre festival de Cannes, cette première soirée était l'occasion de retrouver tout le gratin des communiquants et quelques journalistes branchés. On a adoré : le cadre (une villa avec vue imprenable sur Cannes), le service (des barmans aux petits soins), la nourriture (c'était petits fours pour tous) et la musique (Beyoncé, Michael Jackson, Martin Solveig). On a un peu moins aimé : le volume sonore qui nécessitait de tout répéter à ses interlocuteurs et le bar qui fermait à 2 heures du matin.

#5 La suite Sandra & Co

Installée au premier étage d'un immeuble avec vue sur la Croisette, cette suite était sans conteste le lieu privilégié de ceux qui voulaient rester discrets. Sponsorisé par une agence spécialisée en relations publiques, l'endroit semblait tout droit sorti d'un clip ou de l'esprit de Nicolas Winding Refn. Chaque pièce disposai ainsi d'un thème. Décorée grâce à d'excellents éléments de pop culture, la suite nous a presque fait perdre toute notion du temps entre deux gorgées de champagne. Le service était bon, les verres pleins et la musique peu forte. Bref, c'était l'endroit parfait pour se frotter à Maxime Dereymez ou signer un contrat de dernière minute tard le soir (ou très tôt le matin).

Matthew Oliver

#4 La plage Magnum

Nous avons découvert celle-ci de jour, lorsque la mannequin Bella Hadid et le styliste Alexander Wang donnaient une conférence de presse à l'occasion du lancement de leur nouvelle collection pour le glacier. La nuit, l'ambiance était radicalement différente. Les journalistes et cameramans avaient laissé place aux jet-setters, influenceurs et fils de venus partager un moment en compagnie de personnalités incontournables. Sur cette même plage, nous avons croisé des danseurs en strings, la Miss Univers Iris Mittenaere, le chanteur The Weeknd, la légende Naomi Campbell, la it girl Kendall Jenner ainsi que les équipes des films Climax, En liberté !, Joueurs et En guerre. L'endroit était d'ailleurs parfait pour admirer le feu d'artifice de Disney lancé après la projection de Solo : A Star Wars Story. Si vous souhaitiez voir du (beau) monde en dégustant d'excellents cocktails faits maison, il fallait passer aux soirées de la plage Magnum !

#3 Le bateau Arte (SensCritique & Konbini)

Une fois le festival de Cannes lancé, il fallait être fou pour refuser un invitation sur le bateau Arte. Personne n'a su nous dire s'il s'agissait d'un simple bateau ou d'un véritable yacht mais toujours est-il qu'il a parfaitement rempli sa fonction : nous faire rêver. De 22 heures à 2 heures du matin, nous pouvions nous rafraîchir tout en discutant cinéma avec d'autres connaisseurs. Pour accéder au bateau, il fallait bien évidemment être invité. Les refoulés criaient à l'injustice quand les admis savouraient leur petit bout de paradis, dans l'un des rares lieux loin d'être bondés la première semaine. Entre deux coupes de champagne ou deux remixes parfaitement pensés par le DJ, nous nous sommes même laissés tenter par les casques de réalité virtuelle mis à disposition. Bien évidemment, au-delà de six verres, cette activité était à éviter !

#2 La soirée des courts métrages (plage du Majestic)

On ne le dira jamais assez mais le Festival de Cannes sait organiser des soirées. Ici, et comme son nom l'indique, il était question de mettre le court-métrage à l'honneur. Arrivés en cours de soirée, nous ne sommes pas sûrs que cela fut le cas. Mais la piste de danse était pleine à craquer et les invités particulièrement souriants. Dernière soirée de notre aventure cannoise, cette fête fut l'occasion de croiser de nombreux distributeurs, programmateurs et producteurs sur le ponton, entre deux pronostics sur la future Palme d'or - qui n'est malheureusement pas allée à BlackKklansman. La musique était géniale et le champagne parfaitement assemblé. Néanmoins, les toilettes demeuraient l'endroit où tout se passait, où fluides corporels et substances illicites étaient échangés.

Matthew Oliver

#1 La soirée de clôture de la Semaine de la Critique (plage Nespresso)

Il suffisait d'être à cette soirée pour comprendre qu'elle mérite sa place de numéro un. Entre les burgers faits sur places, les innombrables petits fours et amuse-gueules et l'impressionnant stock de bouteilles, il y avait de quoi faire ce soir-là. Particulièrement ravi de croiser Zakaria Ben Ayed (Mon cher enfant) et Alex Lutz (Guy), nous avons failli passer à côté du set de Joachim Trier. Président du jury de la Semaine de la critique, il a démontré qu'il était le meilleur DJ de cette édition avant de se trémousser auprès des infatigables clubbeurs venus de la Capitale. De nombreux baisers et numéros de téléphone ont été échangés à cette soirée...

3 raisons d’aller voir « Manifesto » avec Cate Blanchett

Posté par vincy, le 23 mai 2018

Le concept: Manifesto rassemble aussi bien les manifestes futuriste, dadaïste et situationniste que les pensées d’artistes, d’architectes, de danseurs et de cinéastes tels que Sol LeWitt, Yvonne Rainer ou Jim Jarmusch. A travers 13 personnages dont une enseignante d’école primaire, une présentatrice de journal télévisé, une ouvrière, un clochard, une veuve, une chanteuse rock… Cate (Blanchett) scande ces manifestes composites pour mettre à l’épreuve le sens de ces textes historiques dans notre monde contemporain.

- Cate Blanchett formidable. Il y a peu de comédiennes capables d'incarner avec autant de conviction et de naturel treize personnages différents. Le maquillage, le costume, la coiffure aident avant tout à distinguer le milieu social de chacun. Mais le travail de l'actrice va bien au-delà: diction, accent, geste, ... Cate Blanchett peut tout jouer, du clochard errant dans une zone industrielle désaffectée, à la présentatrice télévisée rouquine et rigide, en passant par la mère de famille a priori conservatrice ou la prolo mangeant son sandwich en triant les déchets. La virtuosité de son jeu contribue énormément à la réussite du film, dont elle est l'unique fil conducteur. C'est aussi un plaisir de cinéphile de la voir se transformer ainsi. Hormis Kate Winslet, Nicole Kidman et Tilda Swinton, on voit mal quelle autre comédienne aurait pu endosser tant de personnages (et autant de textes complexes à clamer) avec tant d'aisance.

- Une mise en scène radicale. L'artiste et vidéaste Julian Rosefeldt réalise un premier film expérimental, sorte de "mash-up" de 53 manifestes artistiques. Sous la forme de courts-métrages érudits s'entrelaçant, la mise en scène met en exergue le texte à travers des séquences en apparence "banales" (une salle de trader, une répétition d'un ballet, un atelier de marionnettiste...). Cette "tranche de société", des bas fonds aux élites, use de codes cinématographiques rodés et familiers. Rosefeldt n'utilise que son actrice comme artifice et se concentre sur les textes dont les auteurs sont aussi variés que Guy Debord, Guillaume Appolinaire, André Breton, Louis Aragon, Paul Eluard, ... Un manifeste cinématographique parce qu'il n' a rien à dire, mais aussi parce que tout a été dit. Il suffit de le filmer à sa manière.

- Un manifeste brillant. La force de Manifesto est de nous plonger sous la forme de courts-métrages abordant le situationnisme, le futurisme, le surréalisme, l'architecture, le fluxus, le créationnisme, le minimalisme, ... Trois séquences retiennent particulièrement le dadaïsme, le pop art et le cinéma. Le Dadaïsme, discours d'une veuve très insolent est jouissif pour les oreilles et rappelle l'humour noir qui peut se dégager d'une critique absurde du monde (mais est-ce si absurde?). Le long monologue, très "Sarah Kane" dans son élan à bout de souffle, de Claes Oldenburg, "Je suis pour un art", autour d'un déjeuner familial, comme une prière avant le repas, passionne par sa franchise et son irrévérence. Enfin, le cinéma, enseigné à une classe d'enfants, est porté par un ludisme enjoué pour expliquer le dogme, Godard, Herzog, Jarmusch... La création n'a rien d'original, c'est la sincérité et l'authenticité de son auteur qui en fait une œuvre. Assurément, le regard singulier et l'appropriation par Rosefeldt et Blanchett de ces manifestes font de Manifesto un film "original", et pédagogique.