BIFFF 2019 : Hellboy, le reboot raté de Neil Marshall

Posté par kristofy, le 15 avril 2019, dans Avant-premières, Business, Critiques, Festivals, Films.

Dans l’univers des super-héros (Superman, Batman, Wonder-woman…) et des héros moins super (Kick-ass, Deadpool, Shazam…) luttant pour le bien, il y en a un dont la naissance même vient du mal : Hellboy, le garçon de l’enfer. Son origine est connue et rappelée dans chaque histoire (qu’il s’agisse de la bande-dessinée ou d’une adaptation en film) : c’était un petit garçon mi-démon à l’apparence rouge d’un diable, issu d’une expérience ésotérique de nazis, qui, au lieu d’être tué, a été élevé par un homme travaillant dans le secret pour un Bureau Paranormal. Hellboy est maudit par la nature de son apparence mais doué d’une très grande force, et participe à diverses missions de lutte contre des créatures malfaisantes…

Hellboy, par Guillermo del Toro

Le mélange entre part d’humanité chez un monstre et part de monstruosité chez les humains, c’est tout l’univers de Guillermo del Toro. En toute logique, il a réalisé l’adaptation ciné Hellboy en 2004 suivi de Hellboy 2, les légions d'or maudites. Les deux films sont visuellement une belle réussite et les scénarios respectaient l’essence du personnage de la bande-dessinée : un diable au service des hommes mais condamné à une existence cachée des autres. Le point faible des films était en particulier les dialogues avec un humour adolescent et certaines situations du scénario où on était plutôt proche d’une ambiance Men in black : bref presque des contes grand-public. Réaliser un troisième épisode était difficile puisque le héros Hellboy et l’incendiaire Selma Blair allaient devenir parent et fonder une famille… Soit ce personnage n’apparaissait plus au cinéma, soit on en faisait un reboot en recommençant tout : nouvel acteur, nouveaux amis, nouvel univers avec une nouvelle équipe. Au revoir donc Guillermo del Toro et l’acteur Ron Perlman. En 2019 voici donc un nouveau Hellboy !

Le nouveau Hellboy, par Neil Marshall

Le Hellboy version Neil Marshall (qui sortira en France le 8 mai) est porté par l’acteur David Harbour (bien choisi, le shériff de la série Stranger Things). Ce nouveau film est basé sur diverses aventures de l’auteur Mike Mignola déjà dessinées (surtout The wild hunt et The stormand the fury). L’orientation principale est de dépasser justement le côté gentillet et amusant grand-public. Ce nouveau Hellboy n’est pas vraiment pour les enfants de moins de 16 ans : la principale différence est du côté des combats, plus nombreux, plus violents, avec cette fois du sang qui gicle. Neil Marshall connu pour avoir été très bon dans la peur en intérieur (Dog sodiers, The Descent) s’est depuis déchainé pour des grandes batailles épiques (Doomsday, Centurion, quelques épisodes de Game of Thrones), et c’est son expertise de grosse fantasy spectaculaire que l’on voit ici (sans aucune subtilité). Mais, comme on l'écrit dans notre critique, "Faire gicler du sang ici et là et offrir au spectateur un dilemme qui pourrait être résolu en moins d’une heure ne suffit pas".

On change de continent dans ce film puisque Hellboy est envoyé en mission en Angleterre. Une séquence d’introduction nous raconte même un lointain passé avec le roi Arthur, son épée Excalibur, Merlin qui avaient vaincu et découpé les membres de la maléfique Reine de sang Nimue. En fait, aidée de plusieurs géants, Nimue - Milla Jovovitch, toujours ensorceleuse, elle en fait parfois des caisses mais contre toute attente, cela fonctionne - revient à la vie en 2019 bien décidée à se venger en faisant surgir une horde de monstres pour détruire les humains… On nous racontait la même chose avec les pharaons dans les diverses Momies. Hellboy et ses nouveaux amis britanniques (forcément cosmopolites avec Sasha Lane et Daniel Dae Kim) auront fort à faire, ça va cogner et trancher sévère.

Un film bourrin qui fait flop

Durant les 121 minutes de films il y a tout de même quelques longueurs, des flashbacks malvenus et quelques séquences improbables (esprit mort qui sort d’une bouche de voyante, le personnage Baba Yaga) mais on en retient ses multiples combats. Ce nouveau film est particulièrement bruyant et tonitruant avec plusieurs séquences épiques (même la ville de Londres sera dévastée). Ce nouveau Hellboy est particulièrement bourrin, mais propose tout de même une part de légère nuance : « la réponse à une menace n’est pas forcément la destruction ».

Histoire sans intérêt, ratage complet, le film est devenu une catastrophe industrielle ce week-end aux Etats-Unis. Le budget de 50M$ sera difficilement amorti puisqu'en trois jours, le film, prévu pour prendre le leadership du box office, a finit 3e avec à peine 12M$ de recettes. Le premier avait rapporté 23M$ et sa suite 34M$. C'est dire l'échec.

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