Cannes 2019: Alain Delon recevra une Palme d’or d’honneur

Posté par vincy, le 17 avril 2019

Le Festival de Cannes a décidé de décerner une Palme d’or d’Honneur à Alain Delon, "afin d’honorer sa magnifique présence dans l’histoire du septième art."

L'acteur, réalisateur et producteur français succède ainsi à Jeanne Moreau, Woody Allen, Bernardo Bertolucci, Jane Fonda, Clint Eastwood, Jean-Paul Belmondo, Manoel de Oliveira, Agnès Varda et Jean-Pierre Léaud.

Le comédien du Guépard de Luchino Visconti (Palme d’or 1963) est considéré comme l'un des monstres sacrés du 7e art. Il est né au cinéma en 1960 avec Plein Soleil de René Clément.

"Avec Pierre Lescure, nous sommes heureux qu’Alain Delon ait accepté d’être honoré par le Festival, déclare Thierry Frémaux, Délégué général. Il a pourtant longuement hésité, lui qui nous a longtemps refusé cette Palme d’or car il estimait ne devoir venir à Cannes que pour célébrer les metteurs en scène avec lesquels il a travaillé."

Une belle histoire

Antonioni, Cavalier, Verneuil, Visconti, Melville, Losey, Godard, Deray, Duvivier, Schlöndorff, Leconte, Blier, Enrico sont autant de grands noms qui émaillent dans sa filmographie.

"Magnétique chez Visconti, mystérieux dans les polars de Melville et Verneuil, Alain Delon a toujours fait des choix forts : en abandonnant rapidement le costume du jeune premier, il se consacre à des personnages complexes, ambivalents et tragiques, fragiles et rugueux, et façonne le rôle de policier taiseux ou d’animal à sang froid. Grande source d’inspiration pour John Woo ou Quentin Tarantino, Le Samouraï, où il est le film, fait de son jeu un « genre » : charisme, regard, tension…" rappelle le communiqué.

"Son histoire avec le Festival de Cannes a débuté en même temps que sa carrière. Le 13 mai 1961, sa première montée des Marches pour Quelle joie de vivre, présenté en Sélection officielle, est marquée par une grande ferveur où se mêlent photographes, journalistes et des centaines d’admirateurs. 30 ans plus tard : même enthousiasme lors de son arrivée spectaculaire en hélicoptère puis en bateau pour présenter Nouvelle Vague" précise le Festival. Delon c'est le mot STAR accroché à son veston ou des passages pour remettre une Palme ou accompagner un vieux film restauré.

S'il a abandonné le cinéma, il fait de temps en temps du théâtre et on murmure qu'il reviendrait à la chanson.

3 raisons d’aller voir Alpha the right to kill

Posté par kristofy, le 17 avril 2019

Le pitch : Dans les quartiers pauvres de Manille, la lutte antidrogue fait rage. Un officier de police et un petit dealer devenu indic tentent coûte que coûte de faire tomber l’un des plus gros trafiquants de la ville, mettant en jeu leur réputation, la sécurité de leur famille… et leur vie.

Le retour de Brillante Mendoza
La plupart des films de Brillante Mendoza ont été sélectionnés dans différents festivals comme Cannes (prix de la mise en scène en 2009 pour Kinatay), Venise, Berlin ; ce qui a encouragé ensuite leur sortie en salles en France comme par exemple Serbis, Lola, Captive… Cependant, certains de ses films n’ont pas été distribués chez nous. Ce fut le cas de Thy Womb (pourtant à Venise, et très bon) et comme de Sapi (une incursion ratée dans le surnaturel). Son dernier film Ma' Rosa (prix d'interprétation féminine à Cannes) faisait le portrait d’une mère de famille qui devait trouver de l’argent pour sortir sa famille de garde-à-vue chez les flics pour une histoire de petit deal de drogue… Le drogue et les diverses ramifications de ses trafics sont cette fois au centre de ce nouveau film Alpha the right to kill : pistage d’un gros trafiquant, intervention armée des policiers, une partie de la drogue disparue, les curieuses relations entre un flic et son indic… Les amateurs de polars seront ravis.

Le style immersif de Brillante Mendoza
Cette impression de captation du réel ou de cinéma-vérité qui forment le style de Mendoza est ici encore à l’œuvre durant tout le film (sauf certains moments de l’assaut, au début, qui empruntent aux codes du polar/thriller classique). Nous assistons presque en temps réel à ce qui se passe. Au Festival de Vesoul, il nous avait expliqué sa façon de travailler si particulière (sur presque chaque film) : « Sur grand écran, tout semble être exactement comme on le voit dans la réalité. Mais pour obtenir ce résultat, et le rendre réaliste, comme un documentaire, cela demande beaucoup de travail et de patience. Il faut s’appuyer sur différents éléments de réalisation, comme le son, la direction artistique, la mise en scène, le montage, et même la musique. Même si on tourne en temps réel, il faut d’une certaine manière tout recréer lorsque l’on réunit tous les éléments. Comment procède-t-on concrètement ? Dès le casting : on mélange des acteurs professionnels avec des amateurs. Je les laisse improviser beaucoup. Je ne leur dis pas où sera placée la caméra pour ne pas les bloquer. Et pour ce qui est de la musique : je n’en utilise pas beaucoup. Si le film se suffit à lui-même, il n’y a pas besoin de musique. Mais j’utilise la musique comme un son naturel de l’environnement. Même chose avec la direction artistique : je veux que tout semble le plus vrai possible. Je n’aime pas que les acteurs portent des vêtements qui ne sont pas habituellement portés par les gens ordinaires. Parce que la plupart de mes personnages sont des gens ordinaires. »

La lutte (im)possible contre le trafic de drogue…
Alpha the right to kill montre presque chaque rouage du trafic de drogue : le gros bonnet, les petits vendeurs, les passeurs, les guetteurs, les indics, les policiers, les médias… Ce n’est pas seulement un bon sujet de film d’action mais aussi un sujet politique, aux Philippines la ‘guerre contre la drogue’ était une thématique forte pour son élection en 2016 du président Rodrigo Dutertre. Ainsi, lors d’une importante intervention, il y a dans le film-  comme dans le réel - certains policiers qui peuvent tirer et tuer des criminels ou des simples suspects… Après une première partie musclée typique d’un film d’action, Alpha the right to kill se recentre sur deux personnages en particulier : un policier respecté pour son efficacité et son rôle de bon père et mari ; et un petit dealer habile qui doit trouver de l’argent pour les besoins du bébé.

Mais on remarque surtout que les quantités de drogues saisies par les autorités ont beau être importantes, il y en aura toujours en circulation. Ce trafic profite à tellement de gens qu'on ne voit pas comment il peut prendre fin.

BIFFF 2019 : Avec The Beach Bum, ça plane pour Harmony Korine

Posté par kristofy, le 17 avril 2019

Le BIFFF met en avant les films fantastiques de tout genre; fantasy, thriller, science-fiction, qu'ils soient drôles ou/et sanglants. A cet éclectisme, s'ajoutent certaines surprises. Cette année Bruxelles a fait découvrir en avant-première, avant sa sortie française le 31 juillet, le fameux (fumeux ?) The Beach Bum avec la promesse d’un Matthew McConaughey sous substance de paradis artificiel.

Pour la première fois de sa carrière, sans doute, le cinéaste Harmony Korine livre ici un film qui en fait ne sera pas sujet à aucune controverse. On ne lui reprochera même pas de faire la promotion de l’usage de drogue, même si c’est un élément important de l’histoire.  The Beach Bum est d’ailleurs le récit le plus simple de sa filmographie : un homme très hédoniste vit chaque jour pour son propre plaisir, quoiqu’il arrive. The Beach Bum est une illustration du ‘carpe-diem’ idéal mélangé à un ‘sea sex and sun’ très "feel-good". Bref, ça plane pour le personnage.

Harmony Korine est connu pour avoir toujours écrit à propos de la perte d’innocence: celle d’une jeunesse en quête de repères avec les scénarios de Kids et Ken Park (réalisés par Larry Clark), celle des adolescents en perte de repères avec ses films Gummo et Julien Donkey-Boy, avec des adultes étant absents ou dysfonctionnels. C’est en délaissant son univers white-trash pour un film un peu sexy et très flashy qu’il gagne son plus gros succès mondial avec Spring Breakers. A la fin on y entendait d’ailleurs comme un mantra en répétition ‘Spring break forever, Spring break forever, Spring break forever…’, cette recherche du plaisir qui ne devrait pas s’arrêter et trouve son aboutissement ici, à travers The Beach Bum.

Matthew McConaughey est un poète qui se la coule douce, avec, en permanence, une bière ou un joint à la bouche, et sous la main une nouvelle courbe féminine. Il peut ne rien faire sauf boire-fumer-baiser. Il jouit d’une petite notoriété pour avoir publié il y a x temps un livre de poèmes et profite de la fortune de sa femme officielle (Isla Fisher) qu’il vient retrouver de temps en temps. Pendant les absences de son mari, elle s'amuse dans les bras de l’ami Snoop Dogg. Tout va bien ainsi jusqu’au jour où il faut tous se réunir pour le mariage de leur fille : c’est une très belle fête qui s'achève par un drame. Matthew McConaughey doit alors rendre à son agent Jonah Hill un nouveau livre à publier, faute de fric. Qu’importe les contrariétés de la vie, notre héros continuera à s’enivrer de plaisirs au jour le jour au fil de diverses péripéties avec Zach Efron ou Martin Lawrence

Dans ce The Beach Bum, pour la première fois chez Korine, la jeunesse est absente. C’est surtout un portrait linéaire d’aventures en aventures d’un homme, qui d’ailleurs pourrait bien être l’idéal du réalisateur. Un idéal de vie libre et libertin.

Le film est réalisé comme Spring Breakers, avec l’appui du directeur de la photographie Benoit Debie dont on reconnaît en fait la patte graphique faite de contrastes et de néons, ce qui donne au film une certaine élégance. Encore une fois certaines scènes se superposent mais ici, heureusement, il n’y a plus une voix-off comme béquille (un point faible de Spring Breakers). Le cinéaste a préféré insérer plusieurs séquences musicales façon clip sans dialogue. L’humour est aussi présent avec des scènes où un comportement qui est à priori réprouvé est intérieurement envié. Le plus fascinant est bien l’incarnation idéale de type par Matthew McConaughey qui joue à fond son personnage, même les fesses à l'air.

Pourtant, The Beach Bum est, malgré les apparences, le film de Harmony Korine le plus sage.