Parité, égalité, diversité : le cinéma s’engage derrière le collectif 5050

Posté par redaction, le 18 novembre 2019

En pleine affaires Haenel et Polanski, les Assises sur la parité, l'égalité et la diversité dans le cinéma et l'audiovisuel, organisées par le Collectif 50/50 en partenariat avec le CNC tombaient à pic jeudi dernier. Le ministre de la Culture, Franck Riester, a d'ailleurs fait le déplacement, tant le sujet est désormais au cœur du secteur. Rappelant qu'il serait toujours du côté des créateurs pour leur liberté de créer, le ministre a concédé qu'il fallait redistribuer les pouvoirs et renforcer les moyens. Mais surtout il a annoncé le conditionnement du versement de "toutes les aides du CNC" au "respect d’obligations précises en matière de prévention et de détection du harcèlement sexuel". De plus il a assuré la mise en place d’une cellule d’alerte à destination des victimes de violences sexuelles dans le secteur du spectacle vivant, de l’audiovisuel et du cinéma dès le 1er janvier 2020.

Car pour le ministre, toutes les affaires qui secouent actuellement le cinéma français sont avant tout les symptômes de la faillite d'un système. Deux ans après #MeToo, la société française semble enfin prendre la mesure des dérives de sa culture patriarcale. Certains se désoleront de cette moralisation voire du puritanisme ambiant, de cette américanisation des mœurs. Mais la France est encore loin des Etats-Unis concernant son rapport au sexe. On ne boycotte pas Gauguin. J'accuse de Roman Polanski a attiré 500000 spectateurs lors de sa première semaine. On peut encore montrer des fesses, un pénis ou des seins sans être interdits aux moins de 16 ans. Les rares appels au boycott sont suivis de peu d'effets, même si quelques ligues religieuses font modifier le classement des films où la sexualité est explicite.

Il était en revanche nécessaire et urgent que la profession se dote de règles et protège ceux et celles victimes de harcèlement ou de violences. Que le créateur soit libre, c'est ce qu'on peut espérer. Que le prédateur qui est potentiellement en lui, puisse agir en toute impunité, on peut légitimement ne pas l'excuser. Dominique Boutonnat, Président du CNC, soutient ainsi la création de sessions spécifiques de formation pour accompagner les professionnels afin de prévenir et agir face à des comportements inappropriés, sur les tournages comme lors de la promotion d'un film.

Lors de ces Assises, deux annonces ont été faites. Tout d'abord, la mise en place d'une Charte pour l'inclusion dans le Cinéma et l'audiovisuel pour adapter la loi française à l "inclusion rider" américain et l'appliquer dans les contrats français. Cette charte a été signée par neuf syndicats (producteurs, agents, cinéastes, scénaristes...). Cette charte est accompagnée d'une base de données de professionnels issus des minorités, la Bible 5050.

Ensuite, la mise en place d'une autre Charte pour la parité et la diversité dans les sociétés des distribution, d'édition et d'exploitation cinématographique. "La diversité c'est un constat, l'inclusion c'est un acte" a rappelé la réalisatrice Rebecca Zlotowski. Cette charte a été signée par 40 sociétés de distribution, d'exploitants et d'édition. La circuit CGR a signé la charte lors des Assises.

Le collectif 5050 propose par ailleurs la nomination systématique d'un référent sur les plateaux de tournages, l'inscription d'un rappel à la loi sur le harcèlement dans les contrats, l'implication des assureurs du secteur pour prendre en charge le dommage économique lié à un arrêt de tournage à cause d'un cas de harcèlement, l'inscription de la hotline 3939 "Violences Femmes Info" sur les feuilles de route par les sociétés de production.

Cela ne résoudra pas tous les problèmes (homophobie et racisme sont un peu mis à l'écart), mais en intégrant le concept de discrimination positive et en prenant acte des violences faites aux femmes, il semblerait que le cinéma français se réforme et assimile enfin l'émancipation des femmes.

Cannes 2018 : Le Festival s’engage pour la parité femmes-hommes

Posté par wyzman, le 14 mai 2018

Les amoureux du Festival de Cannes le savent, 82 femmes ont monté les marches samedi soir pour dénoncer les inégalités salariales dans une industrie qui ne seraient rien sans elles. Parmi celles-ci, on pouvait facilement reconnaître Cate Blanchett, Kristen Stewart, Agnès Varda, Jane Fonda, Marion Cotillard, Salma Hayek, Sofia Boutella ou encore Leïla Bekhti. Qu'elles soient actrices, réalisatrices ou encore scénaristes, leur présence sur les marches ce samedi 12 mai relève d'un acte historique.

En parallèle de cette manifestation, le CNC tenait aujourd'hui une table ronde intitulée "5050 pour l'égalité femmes-hommes". Le but de cette table ronde, à l'instar de la montée des marches du week-end dernier, était de sensibiliser médias et public sur les problèmes de parité inhérents à l'industrie cinématographique mais également au Festival de Cannes. Autour e cette table, se trouvaient des représentantes de Time's Up US, Time's Up UK, Dissenso Commune (Italie), CIMA (Espagne) et Greek Women's wave (Grèce). Le débat était animé par Céline Sciamma et Rebecca Zlotowski qui ont fièrement introduit la Ministre de la Culture, Françoise Nyssen.

Cette dernière, venue tout droit de la maternité où sa 13e petite-fille venait de naître, a tenu à remettre les pendules à l'heure, apportant de nouveau son soutien aux créatrices des mouvements #MeToo, #TimesUp mais également #5050x2020 (prononcez "50-50 by 2020" soit "50-50 d'ici 2020"). Ce collectif créé et constitué par des personnalités telles que Rebecca Zlotowski, Justine Triet, Bertrand Bonello, Toni Marshall, Marie-Ange Luciani, Caroline Benjo, Adèle Haenel, Léa Seydoux, Pierre Deladomchamps a pour ambition de facilité l'égalité femmes-hommes dans le milieu du cinéma.

Le clou de cette table ronde étant bien évidemment la signature d'une charte par le Festival de Cannes ainsi que ses sections parallèles (Quinzaine des réalisateurs et Semaine de la critique). Cette charte vise à accélérer le processus de parité dans les festivals de cinéma, de la programmation à la sélection en passant par les jurys (sans pour autant avoir recours à de la discrimination positive). Thierry Frémaux, vivement critiqué pendant le débat, a annoncé que l'initiative allait être proposée à tous les festivals de cinéma internationaux. En outre, cette charte a pour but de "rendre transparente la liste des membres des comités de sélection et programmateurs" afin d'"écarter toute suspicion de manque de diversité et de parité".

Pour découvrir l'intégralité de cette table ronde, rendez-vous ici.