César 2020 : de Polanski à Sciamma

Posté par kristofy, le 28 février 2020

Pas de César d'honneur. Un réalisateur révolté contre un changement de règle (Philippe de Chauveron, qui concoure pour le César du public) et qui décide de boycotter la soirée. Des polémiques à foison du côté des révélations, des finances, des règlements. Une présidente intérimaire tout juste nommée. Une humoriste qui a de quoi ne pas se louper. Une présidente - Sandrine Kiberlain - piégée dans la pire année. Une diffusion en différé pour éviter les couacs en direct. Les César sont trainés dans la boue depuis deux mois. Année zéro ou année de transition: les révélations sur la cuisine des César ont fini par nous en désintéresser.

J'accuse absent de la salle Pleyel

Mais le ministre de la Culture, Franck Riester, a remis une pièce dans le juke-box hier. Un peu tard pour influencer les votes, autant dire inutile, il a déclaré qu'un César pour Roman Polanski serait un "symbole mauvais". Ispo Facto, Alan Goldman, producteur de J'accuse, de Roman Polanski, en tête avec 12 nominations, a déclaré cette après midi qu'aucun membre de l'équipe du film ne viendrait ce soir. Après tout, pourquoi aller à une soirée où on va se faire conspuer, même si les professionnels de la profession ont voté pour que J'accuse apparaisse dans 12 catégories...

Petit rappel. Voici la présentation de l'Académie des César : « La gloire vient à un film de cinéma de trois manières : par le plaisir du public (les entrées en salles, les achats vidéo, les audiences télévisées), par les faveurs de la critique (les médias et les festivals), et par la reconnaissance des professionnels de l’industrie cinématographique (les Académies nationales de cinéma). L’Académie des Arts et Techniques du Cinéma, usuellement appelée l’Académie des César, est l'institution qui, en France, organise cette troisième voie de distinction cinématographique, dédiée aux films et aux personnes qui les font. Elle est composée de plus de 4700 membres qui vont chaque année distinguer par leurs votes les artistes, les techniciens et les films qui leur ont paru les plus remarquables, en leur décernant un trophée appelé "César". »

Recevoir des nominations ou recevoir un César est bel est bien une récompense qui symbolise la reconnaissance des professionnels de l’industrie cinématographique pour une oeuvre ou l'un des membres qui y a participé.

C'est donc uniquement cette reconnaissance qui est mise en lumière ce soir, alors que les César sont trainés dans la boue depuis deux mois.

Nominations légitimes?

Les 12 nominations pour le film J'accuse de Roman Polanski ont pour seule valeur de saluer le travail artistique réalisé sur ce film, et ces nominations concernent la musique, les décors, les costumes, les acteurs... Ainsi il n'y a pas du tout 12 nominations pour Polanski. En fait, il y en a seulement 3 (meilleur réalisateur, meilleur adaptation pour le scénario partagée avec le romancier Robert Harris, et meilleur film partagée avec le producteur Alain Goldman). Il n'y a donc qu'une seule nomination qui concerne pleinement Roman Polanski, celle de meilleur réalisateur. Et vu le contexte, on parierait presque que le film reparte bredouille.

Et cette nomination n'est pas absurde. Son film J'accuse a déjà été récompensé deux fois : Un grand prix du jury au Festival de Venise, avec une présidente du jury féministe argentine, et un Prix Lumières décerné par la presse internationale dans la catégorie réalisateur. Ni tribunal, ni défenseur de l'ordre moral, les César n'ont pas vocation à envoyer un message particulier hormis saluer un talent artistique pour une œuvre spécifique.

L'avis d'Adèle

Les nominations aux César de J'accuse sont indépendantes du passé judiciaire de Roman Polanski, mais c'est pourtant la cause de la polémique actuelle. Les violences faites aux femmes en écho au mouvement #MeToo aux Etats-Unis se cristallisent en France, en particulier par les différentes prises de parole de l'actrice Adèle Haenel.

Elle s'est exprimée sur le sujet, sur son expérience personnelle (avec un autre réalisateur mis en cause) à trois moments.

Octobre 2019 : le film J'accuse de Roman Polanski est projeté au festival de La Roche-sur-Yon. Invitée à la manifestation, Adèle Haenel demande à y organiser un débat sur 'la culture du viol' et sur la notion de 'différence entre l'homme et l'artiste' pour accompagner la séance.

Novembre 2019 : Adèle Haenel livre un témoignage de son expérience (sur le site Mediapart) et provoque un débat national. « Les monstres ça n'existe pas. C'est notre société. C'est nous, nos amis, nos pères. Il faut regarder ça. On n'est pas là pour les éliminer, mais pour les faire changer » dit-elle à propos du viol.

Février 2020 : Adèle Haenel radicalise son propos dans une interview au New York Times avec cette sortie liée aux César « Distinguer Polanski, c’est cracher au visage de toutes les victimes. Ça veut dire, ‘ce n’est pas si grave de violer des femmes’ ».

Il y a certes plein de choses à revoir et cela est déjà en cours de réflexion avec une nouvelle direction et des nouveaux statuts pour l'Académie des César: les règles et accès aux nominations, les oublis incompréhensibles qu'il faut éviter, le manque de diversité, le choix du César d'honneur, des catégories à revoir (animation, film étranger), etc...

Mais cette année, soyons objectifs, il y a eu principalement quatre films français qui ont été reconnus pour leur impact en France et à l'international : Grâce à Dieu de François Ozon, Grand prix à Berlin; Portrait de la jeune fille en feu de Céline Siamma (avec donc Adèle Haenel), prix du scénario à Cannes; Les Misérables de Ladj Ly, prix du jury à Cannes; et J'accuse de Roman Polanski, Grand prix du jury à Venise.

Ethique variable

C'est logique que ces films aient autant de nominations (respectivement 8, 10, 11 et 12) dans la plupart des catégories artistiques. Le casier judiciaire de Roman Polanski et celui de Ladj Ly deviennent pour certains un motif de protestation contre ces nominations : une 'bonne moralité' devrait-elle être exigée avant une reconnaissance d'un travail artistique sur un film ? Si le critère du casier judiciaire est retenu, on pourrait alors en inventorier d'autres : domiciliation fiscale hors de France, consommation de drogue, opération de chirurgie esthétique, contrat publicitaire avec une marque de luxe qui pollue et exploite des enfants ailleurs dans le monde..., et il n'y aurait plus beaucoup d'actrices et d'acteurs qui pourraient alors recevoir une nomination !

Est-ce que l’avenir des César est d'exclure des gens (Polanski comme d’autres) sur des critères de moralité ? Le défi est bel et bien celui d'une meilleure inclusion et d'une meilleure représentativité des femmes et autres minorités (le racisme et l'homophobie sont aussi des sujets à évoquer) dans le cinéma français. Bref, les César gagneraient à rendre visible les invisibles. En cela, les tribunes, prises de paroles qui vont dans ce sens sont le bienvenues. Et les protestations qui auront lieu le 28 février en dehors et dans la salle Pleyel ne sont pas à moquer.

Mais on espère que ce qui rassemblera un jour ces familles du cinéma fracturées sera plus artistique que politique. Si les César déçoivent c'est avant tout pour le manque d'audace des votants à choisir des films moins formatés.

Portraits de la jeune fille en feu et de la jeune fille et la mort

Ainsi on imaginerait bien une rencontre autour du 7e art entre Céline Siamma et Roman Polanski. À travers des personnages féminins forts dans les films de Roman Polanski (Repulsion, Rosemary's baby, Tess, La jeune fille et la mort, qui d'ailleurs forment une condamnation de l'acte de viol et parlent de ce traumatisme), il y a une discussion à avoir sur la représentation de la femme à l'écran.

La dernière séquence de Portrait de la jeune fille en feu de Céline Siamma montre Noémie Merlant dans une salle de spectacle qui observe en hauteur Adèle Haenel qu'elle avait aimée, un regard lourd de sens puisque ici les convenances de la société patriarcale ont gagné contre elles (le féminisme a perdu, temporairement).

La dernière séquence qui termine La jeune fille et la mort de Roman Polanski est identique : Sigourney Weaver dans une salle spectacle observe en hauteur Ben Kingsley, qui avait reconnu l'avoir violée et torturée. Un regard lourd de sens puisque ici elle ne s’est pas vengée en tuant son bourreau ni en détruisant sa famille (#MeToo nait en fait dans ce film de Polanski).

Etonnant mais vrai, Céline Sciamma a donc mis en scène une fin de film de la même manière que Roman Polanski 20 ans avant elle : il y a déjà une amorce de dialogue de cinéma entre eux. Ce qui n'empêche pas d'avoir sa propre opinion sur le réalisateur. Le reste, et Adèle Haenel l'a très bien compris, est une affaire de justice. Quiconque est accusé doit être jugé et pouvoir se défendre. C'est un Etat de droit. Ce n'est pas l'Académie des César.

Harvey Weinstein condamné pour agression sexuelle et pour viol

Posté par vincy, le 24 février 2020

Lundi, en fin d'après midi, le producteur américain Harvey Weinstein a été reconnu coupable de l'agression sexuelle de l'ancienne assistante de production Mimi Haleyi en 2006, et le viol de l'aspirante actrice Jessica Mann en 2013. Un verdict qu'on attendait depuis la fin de semaine dernière avant que les jurés n'hésitent sur une des accusations.  Cependant, il a échappé à une condamnation pour les accusations les plus lourdes, notamment le viol aggravé (au premier degré) de Jessica Mann et la circonstance aggravante d'un comportement de "prédateur sexuel". Le jury a aussi déclaré Harvey Weinstein non coupable du viol de l'actrice Annabella Sciorra, en 1993.

L'actrice Ellen Barkin a rappelé: "0.7% des criminels sexuels sont condamnés. Weinstein a été condamné."

Car, c'est malgré tout une victoire pour les victimes de cet agresseur sexuel, dont les premières accusations d'actrices et de mannequins fin 2017, avaient lancé l'ère #MeToo. Le mouvement Time's Up, né de ce scandale, a d'ailleurs réagit en parlant d'une "nouvelle ère de justice" pour les victimes. Car pour la jurisprudence de ce genre d'affaires, jusque là, les condamnation étaient très rares. Ce qui change la donne.

Harvey Weistein est donc envoyé en prison, en attendant de connaître sa peine le 11 mars. La journaliste féministe Gretchen Carlson a tweeté: "J'espère que les menottes sont bien serrées".

Ses avocats ont déjà annoncé qu'ils feront appel. Il risque jusqu'à 29 ans de prison. Cependant, il a évité la prison à vie puisque les jurés n'ont retenu que deux des cinq accusations, et ne l'ont pas inculpé en tant que prédateur sexuel.

Ce qui fait dire à certains que le verdict est mitigé, empêchant à un camp ou un autre d'être totalement satisfait.

Lire aussi: Harvey Weinstein : anatomie d’une sale affaire

Mais pour Harvey Weinstein, c'est une défaite. Il a, durant tout le procès, malgré les détails des faits évoqués par trois de ses victimes, nié toute forme d'agressions sexuelles, clamant que les relations étaient consenties. Clairement, après cinq jours de délibération, le jury l'a unanimement reconnu coupable, même partiellement.

Avouons-le, ce procès était sordide. Les témoignages des femmes étaient poignants (certains détails sur l'anatomie et les pratiques sexuelles du producteur ne parvenaient pas à faire rire). La défense n'a pas arrêter de vouloir les discréditer, à plaider le consentement, jusqu'à les humilier. Faisant fi du trauma psychologique ou de l'emprise de leur client, ils les ont présentées comme des profiteuses, cherchant à tenir des dommages et intérêts et même un surplus de gloire.

L'accusation n'a pas flanché, rappelant la peur qu'il inspirait et le pouvoir qu'il détenait. L'actrice Ashley Judd, harcelée sexuellement par Weinstein en 1997, a tweeté: "Pour les femmes qui ont témoigné dans ce dossier et vécu un enfer traumatique, vous avez rendu un service public aux filles et femmes du monde entier."

Ce n'est pas terminé. L'ancien producteur doit affronter un autre procès, pour d'autres agressions sexuelles, à Los Angeles. Le scénariste et réalisateur Judd Apatow lançait de son côté sur Twitter: "Ce n'est que le début pour qu'il soit jugé responsable de ses actes"

#MeToo: Deux réalisateurs poursuivis par la justice

Posté par redaction, le 15 janvier 2020

Eric Bergeron, dit Bibo Bergeron, réalisateur du film d'animation Un monstre à Paris, a été mis en examen le 2 janvier. L'information a été révélée par 3dcf. Il est accusé d'un viol commis en 2007. la victime s'est suicidée en 2017 et travaillait dans son équipe de production. Placé sous contrôle judiciaire, il a été retiré de la réalisation du film Charlotte, d'après le roman graphique de Charlotte Salmon, Vie? ou théâtre?, actuellement en production au Canada. Il a été remplacé depuis octobre par Eric Warin (Ballerina) et Tahir Rana. Il avait décidé de quitter le projet pour "raisons personnelles" indique Le Film Français. Eric Bergeron, 54 ans, conteste tous les faits qu'on lui reproche et espère prouver son innocence lors du procès. L'enquête qui a déclenché la mise en examen d'Eric Bergeron a été menée après un signalement, en août 2017, de l'association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT). Le procureur indique qu'à ce stade aucune autre personne ne s'est manifestée en tant que victime.

Par ailleurs, Christophe Ruggia, 59 ans, mis en cause il y a deux mois par Adèle Haenel, a été placé en garde à vue hier. Elle a été prolongée après 24 heures. Le cinéaste a été interpellé par les enquêteurs de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) "dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte le 6 novembre 2019 des chefs d’agressions sexuelles sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité et harcèlement sexuel". Adèle Haenel a finalement porté plainte contre le réalisateur du premier film dans lequel elle a tourné, Les diables, après avoir révélé l'affaire. Après l'ouverture de l'enquête préliminaire de l'OCRVP, la comédienne a été entendue par l'office. le domicile du cinéaste a par ailleurs été perquisitionné. Ces révélations ont entraîné plusieurs réactions dans le milieu du cinéma, jusqu'ici un peu à l'écart du mouvement #MeToo, et tombait en plein débat sur les violences faites aux femmes. Ruggia avait nié toute agression envers l'actrice, tout en regrettant d'avoir jouer les pygmalions.

Parité, égalité, diversité : le cinéma s’engage derrière le collectif 5050

Posté par redaction, le 18 novembre 2019

En pleine affaires Haenel et Polanski, les Assises sur la parité, l'égalité et la diversité dans le cinéma et l'audiovisuel, organisées par le Collectif 50/50 en partenariat avec le CNC tombaient à pic jeudi dernier. Le ministre de la Culture, Franck Riester, a d'ailleurs fait le déplacement, tant le sujet est désormais au cœur du secteur. Rappelant qu'il serait toujours du côté des créateurs pour leur liberté de créer, le ministre a concédé qu'il fallait redistribuer les pouvoirs et renforcer les moyens. Mais surtout il a annoncé le conditionnement du versement de "toutes les aides du CNC" au "respect d’obligations précises en matière de prévention et de détection du harcèlement sexuel". De plus il a assuré la mise en place d’une cellule d’alerte à destination des victimes de violences sexuelles dans le secteur du spectacle vivant, de l’audiovisuel et du cinéma dès le 1er janvier 2020.

Car pour le ministre, toutes les affaires qui secouent actuellement le cinéma français sont avant tout les symptômes de la faillite d'un système. Deux ans après #MeToo, la société française semble enfin prendre la mesure des dérives de sa culture patriarcale. Certains se désoleront de cette moralisation voire du puritanisme ambiant, de cette américanisation des mœurs. Mais la France est encore loin des Etats-Unis concernant son rapport au sexe. On ne boycotte pas Gauguin. J'accuse de Roman Polanski a attiré 500000 spectateurs lors de sa première semaine. On peut encore montrer des fesses, un pénis ou des seins sans être interdits aux moins de 16 ans. Les rares appels au boycott sont suivis de peu d'effets, même si quelques ligues religieuses font modifier le classement des films où la sexualité est explicite.

Il était en revanche nécessaire et urgent que la profession se dote de règles et protège ceux et celles victimes de harcèlement ou de violences. Que le créateur soit libre, c'est ce qu'on peut espérer. Que le prédateur qui est potentiellement en lui, puisse agir en toute impunité, on peut légitimement ne pas l'excuser. Dominique Boutonnat, Président du CNC, soutient ainsi la création de sessions spécifiques de formation pour accompagner les professionnels afin de prévenir et agir face à des comportements inappropriés, sur les tournages comme lors de la promotion d'un film.

Lors de ces Assises, deux annonces ont été faites. Tout d'abord, la mise en place d'une Charte pour l'inclusion dans le Cinéma et l'audiovisuel pour adapter la loi française à l "inclusion rider" américain et l'appliquer dans les contrats français. Cette charte a été signée par neuf syndicats (producteurs, agents, cinéastes, scénaristes...). Cette charte est accompagnée d'une base de données de professionnels issus des minorités, la Bible 5050.

Ensuite, la mise en place d'une autre Charte pour la parité et la diversité dans les sociétés des distribution, d'édition et d'exploitation cinématographique. "La diversité c'est un constat, l'inclusion c'est un acte" a rappelé la réalisatrice Rebecca Zlotowski. Cette charte a été signée par 40 sociétés de distribution, d'exploitants et d'édition. La circuit CGR a signé la charte lors des Assises.

Le collectif 5050 propose par ailleurs la nomination systématique d'un référent sur les plateaux de tournages, l'inscription d'un rappel à la loi sur le harcèlement dans les contrats, l'implication des assureurs du secteur pour prendre en charge le dommage économique lié à un arrêt de tournage à cause d'un cas de harcèlement, l'inscription de la hotline 3939 "Violences Femmes Info" sur les feuilles de route par les sociétés de production.

Cela ne résoudra pas tous les problèmes (homophobie et racisme sont un peu mis à l'écart), mais en intégrant le concept de discrimination positive et en prenant acte des violences faites aux femmes, il semblerait que le cinéma français se réforme et assimile enfin l'émancipation des femmes.

[Adèle Haenel] Le cinéma apporte son soutien, le parquet réagit et l’accusé Christophe Ruggia nie

Posté par vincy, le 7 novembre 2019

adele haenel

Les révélations d'Adèle Haenel à propos du comportement du réalisateur Christophe Ruggia sur le tournage des Diables - emprise, attouchements et harcèlement sexuel. alors qu'elle était mineure - n'en finissent pas d'ébranler (enfin?) le monde du cinéma français. Deux ans après #MeToo, le courage de la comédienne a permis de remettre en pleine lumière la situation des femmes victimes d'abus psychologiques, tactiles ou sexuels.

Le Parquet de Paris s'est auto-saisi hier et a ouvert hier une enquête préliminaire pour "agressions sexuelles" sur mineure de moins de 15 ans "par personne ayant autorité" et "harcèlement sexuel". L'Office central de la répression de la violence faite aux personnes sera chargé de l'enquête.

Une victime sur dix porte plainte

Cette décision est intervenue quelques heures après la déclaration de la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, au micro de France Inter: "Je pense au contraire, surtout avec ce qu'elle a dit, qu'elle devrait saisir la justice, qui me semble être en capacité de prendre en compte ce type de situations". Or, justement, Adèle Haenel n'a pas porté plainte, expliquant à Mediapart que la justice condamne trop peu souvent ce genre d'affaire et reprochant "une violence systémique faite aux femmes dans le système judiciaire". "Je crois en la justice mais elle doit se remettre en question pour être représentative de la société" avait-elle ajouté.

Selon la lettre de l'Observatoire des violences faites aux femmes, 94000 femmes, majeures, ont déclaré avoir été victimes de viols et/ou de tentatives de viol sur l'année 2017. Seulement 18 % se sont rendues dans un commissariat et, parmi elles, 12 % ont décidé de porter plainte. Ce qui fait une victime sur dix.

Le bourreau se fait victime

Christophe Ruggia, l'accusé, a réagit lui aussi, et sans passer par ses avocats. Cramé à coup sûr, exclu de la SRF, il a reconnu l'erreur d'avoir joué avec elle "les pygmalions avec les malentendus et les entraves qu'une telle posture suscite". En gros d'avoir été trop présent. Il réfute toujours les violences qui lui sont imputées. "Je n'avais pas vu que mon adulation et les espoirs que je plaçais en elle avaient pu lui apparaître, compte tenu de son jeune âge, comme pénibles à certains moments. Si c'est le cas et si elle le peut, je lui demande de me pardonner", explique-t-il dans son droit de réponse.

Il nie mais il sait qu'il est déjà jugé. "Mon exclusion sociale est en cours et je ne peux rien faire pour y échapper, Le Moyen-Age avait inventé la peine du pilori mais c'était la sanction d'un coupable qui avait été condamné par la justice. Maintenant, on dresse, hors de tout procès, des piloris médiatiques tout autant crucifiants et douloureux" affirme-t-il. Cette réaction est aussi typique dans ce genre de cas: le bourreau se fait passer pour victime, et démonétisant ainsi la parole, forte et courageuse, de celle qui a parlé et qui a souffert.

Le milieu du cinéma en soutien

Du côté du cinéma, les diverses représentations ont décidé de réagir à leur tour. L'ARP (Auteurs, réalisateurs, producteurs) soutient ainsi "Adèle Haenel dans cette démarche courageuse". La CGT Spectacle affirme: "Il ne faut plus que le cinéma, l'audiovisuel, le spectacle soient des espaces tolérant +au nom de l'art+ la destruction des corps et des vies de celles et ceux qui les fabriquent". Unifrance a condamné "sans réserve tout fait de violence ou de comportement inapproprié" et indique "que l’association restera particulièrement vigilante sur ces points et annoncent l’élaboration prochaine d’une charte à l’attention des artistes et professionnels amenés à participer aux manifestions organisées ou initiées par" l'organisme.

Dans son "soutien sans faille à l'actrice", l'AFAA (Actrices Acteurs de France Associés) rappelle qu'une telle charte existe: "Nous disons aussi qu'il est urgent maintenant que nos partenaires, producteurs audiovisuels et du spectacle vivant, directeurs de théâtre, réalisateurs, scénaristes, musiciens, techniciens, bref toutes les organisations représentatives de nos métiers,se saisissent également du moment."

Suite aux révélations d’Adèle Haenel, la SRF exclut Christophe Ruggia

Posté par vincy, le 4 novembre 2019

C'est une première. La Société des réalisateurs de films a décidé de lancer aujourd'hui la procédure de radiation de l'un de ses membres, Christophe Ruggia. Suite à l’enquête parue dans Médiapart, la SRF a exprimé "son soutien total, son admiration et sa reconnaissance à la comédienne Adèle Haenel, qui a eu le courage de s’exprimer après tant d’années de silence. Nous tenons à lui dire que nous la croyons et que nous en prenons acte immédiatement, sans nous dérober à notre propre responsabilité et sans faire l’économie de notre remise en question collective." Christophe Ruggia pourra s'expliquer ou contester son exclusion face au conseil d’administration.

Dans cette enquête de plusieurs mois, réalisée et publiée par Mediapart, l'actrice doublement césarisée et d'autres témoins ont confié les agissements du réalisateur lors du tournage et de la promotion de son film Les Diables. Christophe Ruggia réfute les accusations, et a fait savoir, par ses avocats n'avoir "exercé un harcèlement quelconque ou toute espèce d’attouchement sur cette jeune fille alors mineure". Adèle Haenel, qui avait alors entre 12 et 15 ans (Christophe Ruggia avait entre 36 et 39 ans) a expliqué que le cinéaste avait exercé son emprise sur elle, des attouchements et du harcèlement sexuel.

"Je veux dénoncer le système de silence et de complicité qui, derrière, rend cela possible"

La SRF explique qu'elle a été "est un des lieux qui a fait exister Christophe Ruggia fortement depuis 2003". Celui-ci en a été le co-président en en 2006, 2001, 2013, 2014 et 2018. "La grande majorité des membres du Conseil d’Administration ignorait tout de cette histoire, certain.e.s connaissaient la dynamique d’emprise révolue, tous ignoraient la dimension sexuelle de cette affaire" précise l'organisation.

"D’abord, il y a eu la « honte », profonde, tenace, indélébile. Puis la « colère », froide, qui ne l’a pas quittée pendant des années. Et enfin l’apaisement, « petit à petit », parce qu’il a bien fallu « traverser tout cela ». En mars 2019, la colère s’est ravivée, « de manière plus construite », à l’occasion du documentaire de la chaîne HBO sur Michael Jackson, qui révèle des témoignages accablants accusant le chanteur de pédocriminalité, et met à jour une mécanique d’emprise" raconte Médiapart. "La honte isole. La prise de parole nous met en commun, ça fait de nous un peuple. C'est important de constituer ce peuple militant, actif qui contribue à la société" explique l'actrice dans son interview vidéo sur Médiapart.

Adèle Haenel a finalement exprimé sa colère. "Je veux raconter un abus malheureusement banal, et dénoncer le système de silence et de complicité qui, derrière, rend cela possible" explique-t-elle au site. Celui-ci a vérifié son témoignage auprès de ses proches, de la directrice de casting, de membres de l'équipe du film, dont l'acteur Vincent Rottiers et de la réalisatrice Mona Achache, ex-compagne de Christophe Ruggia. dèle Haenel, à l'époque, décide de renoncer au cinéma face à cette violence: "J'avais le jeu dans les tripes, c'était ce qui me faisait me sentir vivante. Mais pour moi, c'était lui le cinéma, lui qui avait fait que j'étais là, sans lui je n'étais personne, je retombais dans un néant absolu."

"En tant que cinéastes nous devons questionner notre pouvoir et nos pratiques"

"Comprendre et mettre au jour les mécanismes d’impunité est la grande leçon et le sens même de la démarche de la comédienne. Adèle Haenel a décidé de porter une parole politique en offrant son histoire à autopsier et investiguer. Nous saluons sa générosité et son courage.  Nous nous engageons pleinement dans cette dynamique. En tant que cinéastes nous devons questionner notre pouvoir et nos pratiques, sur les plateaux et comme collectif. C’est aussi notre vocation et notre responsabilité" rappelle la SRF.

En pleine affaire Weinstein, la Société des réalisateurs de films s’engageait à "œuvrer pour une révolution des rapports hiérarchiques dans l’industrie du cinéma ncore trop inégalitaire, fortement hiérarchisée", contre les "abus de pouvoir, centralisation du pouvoir dans les mains des mêmes, dérives sexuelles s’appuyant sur la part affective à l’œuvre dans le processus de fabrication des films." En France, peu d'affaires ont été révélées, hormis le cas de Luc Besson et celui, plus récent de Patrick Bruel, sans que cela n'affecte réellement, pour l'instant leur carrière. Ruggia, quant à lui, n'a rien tourné depuis dans la tourmente en 2012.

"Je dois le fait de pouvoir parler à celles qui ont parlé avant dans le cadre de #Metoo"

Une relation, selon les termes de Médiapart, "exclusive" et "trop affective", qui aurait conduit à l’occasion de la tournée promotionnelle du film à du "harcèlement sexuel". Pour l'actrice, la justice n'était pas la réponse, car, selon elle, les tribunaux condamnent peu les agresseurs: "La justice nous ignore, on ignore la justice" déclare-t-elle. "Je dois le fait de pouvoir parler à celles qui ont parlé avant dans le cadre de #Metoo. C'est un responsabilité pour moi, aujourd'hui je ne suis pas dans la même précarité que la plupart des gens à qui ça arrive. Je voulais leur parler à eux. Leur dire qu'ils ne sont pas seuls" clame-t-elle dans la vidéo mise en ligne sur Mediapart.

Jean-Claude Brisseau (1944-2019) part sans bruit ni fureur

Posté par vincy, le 11 mai 2019

Le cinéaste Jean-Claude Brisseau est décédé samedi à Paris à l'âge de 74 ans, a appris l'AFP par son entourage.

Le réalisateur et scénariste est décédé dans un hôpital des suites d'une longue maladie. Sa filmographie est marquée par trois films: De bruit et de fureur (1988), prix spécial de la jeunesse au Festival de Cannes et prix Perspectives du cinéma français, Noces Blanches (1989) qui révéla l'actrice Vanessa Paradis (qui empocha un césar l'année suivante) et La Fille de nulle part (2012), Léopard d'or au festival de Locarno.

Sa filmographie s'étend sur 40 ans, depuis son premier long en 1976, La croisée des chemins, qui pose une partie des bases d'un cinéma sulfureux où il scrute une jeune fille rebelle partagée entre le désir et la mort. Avec Un jeu brutal, il croise le chemin de Bruno Cremer, qu'il enrôle pour être un biologiste meurtrier. Crémer sera le truand de De bruit et de fureur, l'un des premiers films sur la banlieue, où la dureté et la violence quotidienne croise le rêve naturaliste d'un adolescent dans un environnement de solitude et d'exclusion. Une série de déflagrations qui achève le film dans une tragédie désespérée.

Noce blanche est une confrontation presque sage entre un Cremer prédateur et une Paradis pas vraiment innocente en jeune fille ex-prostituée et toxico, amoureuse de son professeur de philosophie. Derrière son émancipation, et leur histoire d'amour, il y a le vertige des deux à plonger dans un monde inconnu. Dans une interview accordée aujourd'hui au journal Le Monde, Vanessa Paradis évoque un réalisateur très grand, très autoritaire, avec une voix grave.

Il était réputé difficile. Pas vraiment le genre à attirer la sympathie. Mais ce révolté passionné et avide de liberté, avec le soutien des Films du Losange, a pu bâtir une œuvre singulière dans le cinéma français et relativement hétérogène. Avec Céline, portrait d'une jeune femme paumée versant dans le surnaturel, L'ange noir, seul grand rôle de cinéma pour Sylvie Vartan, accompagnée de Michel Piccoli, Tchéky Karyo et Philippe Torreton, dans une sordide manipulation criminelle, ou encore Les savates du bon Dieu, film romantique autour d'une quête amoureuse, à travers une errance et des braquage.

C'est loin d'être parfait. Mais il y a l'influence des grands cinéastes américains - dont John Ford qu'il admirait - qui planent à chaque fois. A partir des années 2000, la difficulté de trouver des vedettes de premier rang ou des noms connus ont compliqué le montage de ses films. Il poursuit sa voie sur le portrait de jeunes femmes marginales, dans des milieux précaires, avec la séduction, la cruauté et la mort qui s'entremêlent: Choses secrètes, A l'aventure, ou son dernier film Que le Diable nous emporte, son ultime film (2018), vaudeville plus mature où la violence masculine et la méditation sont autant d'obstacles ou de leviers vers le bonheur compliqué par le jeu des sentiments.

Jusqu'à cette mise en abyme ratée dans Les anges exterminateurs, inspiré de son propre livre et présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, où il confie ses méthodes particulières de travail, sa manière de sélectionner ses actrices et finalement, comment il s'est retrouvé condamné en justice pour harcèlement et agression sexuelle sur des actrices à qui il avait fait passer des auditions.

Il avait été condamné par le tribunal correctionnel de Paris en 2005 pour harcèlement sexuel à un an de prison avec sursis et à 15 000 euros d'amende pour harcèlement sexuel sur deux actrices lors d'auditions pour son film Choses secrètes. En décembre 2006, il est condamné en appel pour agression sexuelle sur une troisième actrice.

Suite à cela, le mouvement #metoo, qui jugeait toute célébration de son œuvre insupportable, avait contraint la Cinémathèque, qui avait essayé de défendre l'artiste en oubliant que l'homme avait été condamné, à annuler fin 2017 la rétrospective qu'elle devait lui consacrer.

Pas étonnant que son film le plus sincère, sacré à Locarno, La fille de nulle part, soit aussi son film miroir. Il y joue le rôle masculin principal, Michel un professeur de mathématique veuf et à la retraite qui vit cloîtré dans son appartement parisien. Sa vie monacale est bouleversée par l'arrivée d'une jeune femme agressée. Se noue une complicité et une entraide, troublée une fois de plus par d'étranges manifestations paranormales. Tout son cinéma est condensé là: la détresse des femmes, la violence de la société, l'amour comme seul rempart, loin des jugements et de la morale.

"C’est précisément l’esprit archaïque du cinéma des origines que convoque le réalisateur dans son propre appartement, où il a tourné avec un caméscope et une poussette (pour les travellings). Impression unique de voir un hybride entre le prosaïsme délicat et articulé d’Éric Rohmer (tendance Lumière) et les noires féeries de John Carpenter (tendance Méliès). Le dispositif paraît évidemment rudimentaire, voire bredouillant, mais cela en fait le charme gracile et discret" pouvait-on lire dans L'Humanité.

Sans doute filmait-il son propre fantôme, lui si mystique. Sans doute son cinéma a-t-il été mal compris à cause de ses agissements et de ses méthodes qui déforment les jugements. Car si on y regarde bien, il sublimait souvent ses actrices, et dénonçait tout aussi souvent la brutalité masculine. Homme d'une autre époque, cela n'excuse pas tout. Il vitupérait le féminisme castrateur d'hommes hétérosexuels et le climat de censure de l'époque. Mais il regrettait surtout de ne plus pouvoir tourner avec les vedettes qui l'intéressaient. Il s'inquiétait de ne plus pouvoir filmer. Il était déphasé.

Dans une de ces dernières interview, à Paris-Match, il expliquait: "Je suis trop émotif (...)  Je vous avoue que l’opinion que les gens de cinéma peuvent avoir de moi me laisse indifférent. Là où je suis triste, c’est pour mes anciens élèves. Avant, quand je les rencontrais dans la rue, ils étaient fiers. Maintenant, j’ai l’image colportée d’un “super-violeur”. Mais quand j’ai eu un procès, je ne me suis pas défendu. J’ai eu tort". Ajoutant: "J’ai vécu des réactions de vengeance… Alors que la jouissance de la femme m’a toujours intéressé au cinéma et que je ne fais que creuser les mêmes thèmes."

Jean-Claude Brisseau, inexcusable, restera entaché par cette affaire (alors que d'autres bien plus vénérés s'en sont sortir indemnes). Mais le cinéaste, lui, aura produit quelques beaux films qui sondaient le mystère des femmes, le plus inexplicable à ses yeux.

Timothée Chalamet et Rebecca Hall n’assument plus d’avoir tourné avec Woody Allen

Posté par vincy, le 17 janvier 2018

Timothée Chalamet, que l'on verra prochainement dans Call Me By Your Name et Lady Bird, a décidé de donner son salaire perçu pour le tournage du dernier film de Woody Allen, A Rainy Day in New York.

Dans un message sur son compte Instagram posté mardi 16 janvier, Timothée Chalamet a annoncé qu’il donnerait les revenus à des organisations contre le harcèlement sexuel: Time's Up, le centre LGBT de New York et RAINN.

Il ne souhaite "pas tirer profit de [son] travail sur ce film". Woody Allen a mauvaise presse depuis l'affaire Weinstein et la campagne #metoo. Il est régulièrement accusé d'agression sexuelle par sa fille Dylan Farrow et cela avait même conduit à une blague de Laurent Laffite lors de l'ouverture d'un festival de Cannes, qui n'avait pas été très appréciée à l'époque.

Susan Sarandon et et Greta Gerwig ont déjà exprimé leur regret d'avoir tourné avec le cinéaste. Jessica Chastain a affrimé qu'elle ne tournerait jamais avec lui. Quant à Rebecca Hall, qui partage l'affiche du même film de Allen que Timothée Chalamet, elle a aussi décidé de reverser son salaire. "Lorsqu’on m’a proposé de tourner pour lui sept mois plus tôt, j’ai rapidement répondu "oui". Il m’a offert l’un de mes premiers rôles importants et je lui suis encore reconnaissante, c’était un jour de tournage dans ma ville natale, facile. Je me suis rapidement rendu compte qu’il n’y avait rien de facile dans tout cela. Les semaines suivantes, j’ai réfléchi profondément à cette décision, je reste tiraillée et triste" explique-t-elle.

Même son de cloche du côté de l'acteur de Call Me By Your Name: "Un bon rôle n’est pas le seul critère pour accepter un boulot" explique-t-il. "C’est devenu beaucoup plus clair pour moi ces derniers mois, après avoir assisté à la naissance d’un mouvement puissant qui veut mettre fin à l’injustice, à l’inégalité et, par-dessus tout, au silence".

Ne voulant pas tirer profit de son travail sur ce film, et ne pouvant pas expliquer pourquoi il a choisi de tourner avec l'un des cinéastes les plus courtisés par les vedettes américaines et britanniques, Timothée Chalamet n'en dira pas plus. En revanche, pour Woody Allen, c'est une mauvaise nouvelle: il va devenir compliquer de faire la promotion d'un de ses films si les stars se déresponsabilisent ou se désengagent. Son prochain film, Wonder Wheel, avec Kate Winslet, qui sort en France le 31 janvier, a fait un bide aux Etats-Unis.

Le réalisateur, 82 ans, a été accusé en 1992 par sa fille adoptive Dylan Farrow de l’avoir agressée sexuellement quand elle avait 7 ans. La chaîne CBS a annoncé qu’elle diffuserait jeudi 18 janvier un entretien avec Dylan Farrow dans laquelle elle reprend ces accusations. C'est son fils Ronan Seamus Farrow qui a été l'un des journalistes à révéler l'affaire Weinstein. Il prépare actuellement un documentaire sur ce scandale pour HBO.

300 stars s’unissent pour lutter contre le harcèlement sexuel (et lèvent 15M$)

Posté par vincy, le 6 janvier 2018

En début de semaine, 300 artistes féminines ont lancé l'initiative Time's Up qui a pour but de protéger les femmes du harcèlement sexuel dans tout le monde du travail. Parmi elles, Reese Witherspoon, Cate Blanchett, Meryl Streep, Natalie Portman, Oprah Winfrey, Shonda Rhimes...

L'initiative imaginée par quatre agentes artistiques soutiendra les victimes de harcèlement sexuel. Le premier signe visible de cette association est d'imposer un vêtement noir pour les Golden Globes, par solidarité pour ces victimes, qu'elles soient agricultrices, femmes de ménage, stagiaires, serveuses, ouvrières, infirmières, immigrées, etc... Le mouvement souhaite aussi se battre pour l'égalité des salaires entre hommes et femmes et pour l'accès aux postes dirigeants.

Time's up in silence. Time's up on waiting. Time's up on tolerating discrimination, harassment and abuse. Tel est le message (l'époque est révolue) accompagné du hashtag #TimesUp. Parmi les donateurs, on compte les grandes agences CAA, WME, ICM et UTA, mais aussi la fondation de Steven Spielberg, J.J. Abrams. Une plateforme de financement participatif a été ouverte fin décembre. Au total près de 10000 donateurs ont contribué à lever 14,9 millions de $. Spielberg (2M$), Streep, Witherspoon, Rhimes, Aniston, la femme de Bill Gates (chacune 500000$) font partie des plus gros donateurs. Le mouvement s'étend: de la productrice Kathleen Kennedy à Gwyneth Paltrow, de Jennifer Aniston à Ava DuVernay, de Alicia Vikander à Taylor Swift, de Anne Hathaway à Scarlett Johansson, de Jessica Chastain à Viola Davis. On compte même Justin Timberlake dans les rangs.

Bryan Singer remplacé à deux semaines de la fin du tournage de Bohemian Rhapsody

Posté par vincy, le 9 décembre 2017

Viré en plein tournage lundi dernier du biopic sur Freddie Mercury, Bohemian Rhapsody, Bryan Singer a été remplacé. Officiellement, la Fox l'a renvoyé pour absences répétées, mettant l'équipe sur les nerfs et causant le départ de l'un des acteurs, Tom Hollander. La plupart du temps c'est le chef opérateur Thomas Newton Sigel qui réalisait les scènes quand Singer n'était pas là. Dexter Fletcher (Eddie the Eagle) se chargera de prendre la relève dès lundi après quelques jours d'interruption.

Cela ne changera rien à la date de sortie, prévue pour le 25 décembre 2018. Une grande partie du film a été tournée puisqu'il ne reste que deux semaines de prises de vue à faire. Étrangement, le réalisateur semble indifférent à ce renvoi, qu'il considère comme injuste: il explique en guise de justification que ses absences étaient liées à un grave problème de santé de l'un de ses parents. La Fox a évoqué une indisponibilité inattendue de la part du réalisateur, ne lui laissant pas de marges de manœuvre.

Singer explique qu'il préfère désormais se concentrer sur ses deux autres projets, notamment la série TV World War III.

Nouvelle accusation de viol

Ceci dit, est-ce la seule explication à son renvoi? Car depuis jeudi, Bryan Singer est en pleine tourmente: il a été accusé de viol par Cesar Sanchez-Guzman, alors que celui-ci avait 17 ans. En 2003, il aurait été forcé de lui pratiquer une fellation avant d'être sodomisé sans son consentement. Ce n'est pas la première accusation de ce genre contre le réalisateur, mais jusqu'ici toutes les plaintes ont été classées ou abandonnées. Le cinéaste a catégoriquement démenti ces accusations, suspectant la victime, qui est en faillite bancaire, de vouloir profiter de la situation actuelle: les répercussions de l'affaire Weinstein.

Le contexte a changé. Et nul ne doute que la dernière provocation de Bryan Singer va en hérisser plus d'un. Dans une interview à TMZ, il a confié qu'il était prêt à travailler de nouveau avec Kevin Spacey, qui fut révélé grâce à son film The Usual Suspects, si un bon projet se présentait. Vu que Spacey est aujourd'hui persona non grata à Hollywood pour de multiples accusations d'agressions et de harcèlements sexuels sur de jeunes hommes, parfois mineurs, l'association des deux risquent de ne pas trouver un studio pour les aider....