César 2020 : de Polanski à Sciamma

Posté par kristofy, le 28 février 2020

Pas de César d'honneur. Un réalisateur révolté contre un changement de règle (Philippe de Chauveron, qui concoure pour le César du public) et qui décide de boycotter la soirée. Des polémiques à foison du côté des révélations, des finances, des règlements. Une présidente intérimaire tout juste nommée. Une humoriste qui a de quoi ne pas se louper. Une présidente - Sandrine Kiberlain - piégée dans la pire année. Une diffusion en différé pour éviter les couacs en direct. Les César sont trainés dans la boue depuis deux mois. Année zéro ou année de transition: les révélations sur la cuisine des César ont fini par nous en désintéresser.

J'accuse absent de la salle Pleyel

Mais le ministre de la Culture, Franck Riester, a remis une pièce dans le juke-box hier. Un peu tard pour influencer les votes, autant dire inutile, il a déclaré qu'un César pour Roman Polanski serait un "symbole mauvais". Ispo Facto, Alan Goldman, producteur de J'accuse, de Roman Polanski, en tête avec 12 nominations, a déclaré cette après midi qu'aucun membre de l'équipe du film ne viendrait ce soir. Après tout, pourquoi aller à une soirée où on va se faire conspuer, même si les professionnels de la profession ont voté pour que J'accuse apparaisse dans 12 catégories...

Petit rappel. Voici la présentation de l'Académie des César : « La gloire vient à un film de cinéma de trois manières : par le plaisir du public (les entrées en salles, les achats vidéo, les audiences télévisées), par les faveurs de la critique (les médias et les festivals), et par la reconnaissance des professionnels de l’industrie cinématographique (les Académies nationales de cinéma). L’Académie des Arts et Techniques du Cinéma, usuellement appelée l’Académie des César, est l'institution qui, en France, organise cette troisième voie de distinction cinématographique, dédiée aux films et aux personnes qui les font. Elle est composée de plus de 4700 membres qui vont chaque année distinguer par leurs votes les artistes, les techniciens et les films qui leur ont paru les plus remarquables, en leur décernant un trophée appelé "César". »

Recevoir des nominations ou recevoir un César est bel est bien une récompense qui symbolise la reconnaissance des professionnels de l’industrie cinématographique pour une oeuvre ou l'un des membres qui y a participé.

C'est donc uniquement cette reconnaissance qui est mise en lumière ce soir, alors que les César sont trainés dans la boue depuis deux mois.

Nominations légitimes?

Les 12 nominations pour le film J'accuse de Roman Polanski ont pour seule valeur de saluer le travail artistique réalisé sur ce film, et ces nominations concernent la musique, les décors, les costumes, les acteurs... Ainsi il n'y a pas du tout 12 nominations pour Polanski. En fait, il y en a seulement 3 (meilleur réalisateur, meilleur adaptation pour le scénario partagée avec le romancier Robert Harris, et meilleur film partagée avec le producteur Alain Goldman). Il n'y a donc qu'une seule nomination qui concerne pleinement Roman Polanski, celle de meilleur réalisateur. Et vu le contexte, on parierait presque que le film reparte bredouille.

Et cette nomination n'est pas absurde. Son film J'accuse a déjà été récompensé deux fois : Un grand prix du jury au Festival de Venise, avec une présidente du jury féministe argentine, et un Prix Lumières décerné par la presse internationale dans la catégorie réalisateur. Ni tribunal, ni défenseur de l'ordre moral, les César n'ont pas vocation à envoyer un message particulier hormis saluer un talent artistique pour une œuvre spécifique.

L'avis d'Adèle

Les nominations aux César de J'accuse sont indépendantes du passé judiciaire de Roman Polanski, mais c'est pourtant la cause de la polémique actuelle. Les violences faites aux femmes en écho au mouvement #MeToo aux Etats-Unis se cristallisent en France, en particulier par les différentes prises de parole de l'actrice Adèle Haenel.

Elle s'est exprimée sur le sujet, sur son expérience personnelle (avec un autre réalisateur mis en cause) à trois moments.

Octobre 2019 : le film J'accuse de Roman Polanski est projeté au festival de La Roche-sur-Yon. Invitée à la manifestation, Adèle Haenel demande à y organiser un débat sur 'la culture du viol' et sur la notion de 'différence entre l'homme et l'artiste' pour accompagner la séance.

Novembre 2019 : Adèle Haenel livre un témoignage de son expérience (sur le site Mediapart) et provoque un débat national. « Les monstres ça n'existe pas. C'est notre société. C'est nous, nos amis, nos pères. Il faut regarder ça. On n'est pas là pour les éliminer, mais pour les faire changer » dit-elle à propos du viol.

Février 2020 : Adèle Haenel radicalise son propos dans une interview au New York Times avec cette sortie liée aux César « Distinguer Polanski, c’est cracher au visage de toutes les victimes. Ça veut dire, ‘ce n’est pas si grave de violer des femmes’ ».

Il y a certes plein de choses à revoir et cela est déjà en cours de réflexion avec une nouvelle direction et des nouveaux statuts pour l'Académie des César: les règles et accès aux nominations, les oublis incompréhensibles qu'il faut éviter, le manque de diversité, le choix du César d'honneur, des catégories à revoir (animation, film étranger), etc...

Mais cette année, soyons objectifs, il y a eu principalement quatre films français qui ont été reconnus pour leur impact en France et à l'international : Grâce à Dieu de François Ozon, Grand prix à Berlin; Portrait de la jeune fille en feu de Céline Siamma (avec donc Adèle Haenel), prix du scénario à Cannes; Les Misérables de Ladj Ly, prix du jury à Cannes; et J'accuse de Roman Polanski, Grand prix du jury à Venise.

Ethique variable

C'est logique que ces films aient autant de nominations (respectivement 8, 10, 11 et 12) dans la plupart des catégories artistiques. Le casier judiciaire de Roman Polanski et celui de Ladj Ly deviennent pour certains un motif de protestation contre ces nominations : une 'bonne moralité' devrait-elle être exigée avant une reconnaissance d'un travail artistique sur un film ? Si le critère du casier judiciaire est retenu, on pourrait alors en inventorier d'autres : domiciliation fiscale hors de France, consommation de drogue, opération de chirurgie esthétique, contrat publicitaire avec une marque de luxe qui pollue et exploite des enfants ailleurs dans le monde..., et il n'y aurait plus beaucoup d'actrices et d'acteurs qui pourraient alors recevoir une nomination !

Est-ce que l’avenir des César est d'exclure des gens (Polanski comme d’autres) sur des critères de moralité ? Le défi est bel et bien celui d'une meilleure inclusion et d'une meilleure représentativité des femmes et autres minorités (le racisme et l'homophobie sont aussi des sujets à évoquer) dans le cinéma français. Bref, les César gagneraient à rendre visible les invisibles. En cela, les tribunes, prises de paroles qui vont dans ce sens sont le bienvenues. Et les protestations qui auront lieu le 28 février en dehors et dans la salle Pleyel ne sont pas à moquer.

Mais on espère que ce qui rassemblera un jour ces familles du cinéma fracturées sera plus artistique que politique. Si les César déçoivent c'est avant tout pour le manque d'audace des votants à choisir des films moins formatés.

Portraits de la jeune fille en feu et de la jeune fille et la mort

Ainsi on imaginerait bien une rencontre autour du 7e art entre Céline Siamma et Roman Polanski. À travers des personnages féminins forts dans les films de Roman Polanski (Repulsion, Rosemary's baby, Tess, La jeune fille et la mort, qui d'ailleurs forment une condamnation de l'acte de viol et parlent de ce traumatisme), il y a une discussion à avoir sur la représentation de la femme à l'écran.

La dernière séquence de Portrait de la jeune fille en feu de Céline Siamma montre Noémie Merlant dans une salle de spectacle qui observe en hauteur Adèle Haenel qu'elle avait aimée, un regard lourd de sens puisque ici les convenances de la société patriarcale ont gagné contre elles (le féminisme a perdu, temporairement).

La dernière séquence qui termine La jeune fille et la mort de Roman Polanski est identique : Sigourney Weaver dans une salle spectacle observe en hauteur Ben Kingsley, qui avait reconnu l'avoir violée et torturée. Un regard lourd de sens puisque ici elle ne s’est pas vengée en tuant son bourreau ni en détruisant sa famille (#MeToo nait en fait dans ce film de Polanski).

Etonnant mais vrai, Céline Sciamma a donc mis en scène une fin de film de la même manière que Roman Polanski 20 ans avant elle : il y a déjà une amorce de dialogue de cinéma entre eux. Ce qui n'empêche pas d'avoir sa propre opinion sur le réalisateur. Le reste, et Adèle Haenel l'a très bien compris, est une affaire de justice. Quiconque est accusé doit être jugé et pouvoir se défendre. C'est un Etat de droit. Ce n'est pas l'Académie des César.

La Favorite repart avec 8 prix aux European Film Awards 2019

Posté par redaction, le 8 décembre 2019

La 32e cérémonie des European Film Awards, samedi 7 décembre à Berlin a couronné La Favorite de Yorgos Lanthimos, qui est reparti avec huit prix dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur.

Les EFA ont remercié Agnieszka Holland qui achevait son mandat de six ans à la présidence, fait une standing ovation au cinéaste ukrainien récemment libéré par la Russie Oleg Sentsov, et annoncé la création d’un fond pour aider les cinéastes mis en danger à cause de leur art. Claire Denis a remis un prix à Juliette Binoche pour sa contribution au cinéma mondial. Le cinéaste allemand Werner Herzog a reçu lui aussi un prix pour l'ensemble de son œuvre. Son discours, vivement applaudi, a été un plaidoyer pour l'Europe.

Si La Favorite a raflé une grande partie des distinctions, dont celle de la meilleure actrice pour Olivia Colman, oscarisée en février dernier, et celle de la comédie européenne de l'année, le cinéma français s'en est plutôt bien tiré, avec un prix de la découverte européenne pour Les Misérables et deux prix pour Portrait de la jeune fille en feu. Le cinéma espagnol a été couronné par quatre prix au total, dont ceux du meilleur acteur pour Antonio Banderas, prix d'interprétation à Cannes, et du meilleur film d'animation. Si La Favorite permet au festival de Venise de truster 8 trophées, le Festival de Cannes fait presque jeu égal avec 7 prix.

Film européen 2019: La Favorite de Yórgos Lánthimos
Documentaire européen 2019: Pour Sama de Waad al-Kateab et Edward Watts
Réalisateur européen 2019: Yórgos Lanthimos pour La Favorite
Actrice européenne 2019: Olivia Colman dans La Favorite
Acteur européen 2019: Antonio Banderas dans Douleur et gloire
Scénariste européen 2019: Céline Sciamma pour Portrait de la jeune fille en feu
Comédie européenne 2019: La Favorite de Yórgos Lánthimos
Découverte européenne 2019: Les Misérables de Ladj Ly
Film d'animation européen 2019: Buñuel après L'âge d'or de Salvador Simó
Court métrage européen 2019: Cadoul de Craciun de Bogdan Muresanu
Prix du public: Cold War de Pawel Pawlikowski
Prix European University Film Award : Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma
Prix de la série européenne : Babylon Berlin

Le 19 novembre, La Favorite avait aussi récolté le prix de la meilleure photographie (Robbie Ryan), le prix du meilleur montage (Yorgos Mavropsaridis), le prix des meilleurs costumes (Sandy Powell) et le prix des meilleurs coiffure-maquillage (Nadia Stacey).
Antxon Gomes a été récompensé du prix des meilleurs décors pour Douleur et Gloire de Pedro Almodovar.
John Gürtler est a reçu le prix de la meilleure musique pour Benni (SystemSprenger) de Nora Fingscheidt
Le prix du meilleur son a été décerné à Eduardo Esquide, Nacho Royo-Villanova & Laurent Chassaigne pour Companeros, d' Alvaro Brechner. Enfin, le prix des meilleurs effets visuels est revenu à Martin Ziebell, Sebastian Kaltmeyer, Néha Hirve, Jesper Brodersen & Torgeir Busch pour leur film About Endlessness de Roy Andersson.

Cannes 2019: Sciamma, Guzman, Pariser, Dumont et Breitman en avant-première au Louxor

Posté par vincy, le 25 juin 2019

Une semaine d'avant-premières de films du Festival de Cannes 2019 et de nombreuses rencontre se tiendront au cinéma Le Louxor à Paris du 26 juin au 2 juillet.

Demandez le programme de "Cannes au Louxor":

- MERCREDI 26 JUIN - 20H / SORRY WE MISSED YOU
Ken Loach - Sélection Officielle / Compétition

- JEUDI 27 JUIN - 20H / LA CORDILLÈRE DES SONGES
Patricio Guzman - Sélection Officielle / Séance spéciale - Prix de L'œil d'or du meilleur documentaire
séance suivie d'une rencontre avec Patricio Guzman

-VENDREDI 28 JUIN - 20H / LES HIRONDELLES DE KABOUL
Zabou Breitman, Éléa Gobbé-Mévellec - Sélection officielle / Un Certain Regard
séance suivie d'une rencontre avec Zabou Breitman et Éléa Gobbé-Mévellec

- SAMEDI 29 JUIN - 16H / J'AI PERDU MON CORPS
Jérémy Clapin - Semaine de la Critique - Grand prix de la Semaine de la Critique

- 18H / ALICE ET LE MAIRE
Nicolas Pariser - Quinzaine des Réalisateurs - Label Europa Cinémas
séance suivie d'une rencontre avec Nicolas Pariser

- 20H30 / JEANNE
Bruno Dumont - Sélection Officielle / Un Certain Regard - Mention spéciale du Jury Un Certain Regard
séance présentée par Bruno Dumont

- DIMANCHE 30 JUIN - 15H / CHAMBRE 212
Christophe Honoré - Sélection Officielle / Un Certain Regard - Prix d'interprétation pour Chiara Mastroianni

- 17H / BACURAU
Kleber Mendonça Filho - Sélection Officielle / Compétition - Prix du Jury

- 20H / FIRST LOVE
Takashi Miike - Quinzaine des Réalisateurs

- LUNDI 1er JUILLET - 20H / PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU
Céline Sciamma - Sélection Officielle / Compétition - Prix du scénario
séance suivie d'une rencontre avec Céline Sciamma

- MARDI 2 JUILLET - 20H / LE TRAÎTRE
Marco Bellocchio - Sélection Officielle / Compétition

Cannes 2019: la Palme d’or pour Parasite de Bong Joon-ho

Posté par vincy, le 25 mai 2019

"Les récompenses d'aujourd'hui ne reflèteront que l'opinion de neuf personnes dans le monde" - Alejandro González Iñárritu

C'était impossible en effet de satisfaire tout le monde. la presse a hué le prix pour les Dardenne, modérément apprécié celui pour Emily Beecham. On peut regretter que Almodovar, Sciamma, et surtout Suleiman (qui hérite d'une nouveauté, la mention spéciale, comme si la Palestine n'avait pas vraiment le droit d'exister au Palmarès) soient sous-estimés dans la hiérarchie. Mais on peut aussi se féliciter que deux premiers films de jeunes cinéastes soient primés, contrastant avec la seule grosse erreur du palmarès, le prix de la mise en scène pour les indéboulonnables Dardenne, plutôt que de le donner à Almodovar, Sciamma, Suleiman, Mendonça Filho, Malick ou Tarantino.

Le cinéma français en tout cas repart flamboyant, contrairement à l'année dernière, tandis que le cinéma nord-américain a été snobé. La diversité aussi a été gagnante. Cela fait plaisir de voir une telle variété de cinéastes aux parcours si différents, du Sénégal à la Palestine en passant par le 9-3 et la Corée du sud. C'est réjouissant de voir le cinéma brésilien, que l'actuel de gouvernement menace par des coupes dans le financement, couronné hier à Un certain regard (A lire ici: Tous les prix remis à Cannes) et ce soir par un prix du jury. A travers le double prix du jury pour Les Misérables et Bacurau, présentés le même jour, ce sont ces deux films de résistance et de chaos social et citoyen qui ont été distingués.

Ce fut un grand moment, aussi, de partager le sacre d'un Antonio Banderas, qui a le droit à une ovation pour son plus grand rôle en 40 ans, dédiant sa récompense à son mentor, Pedro Almodovar, qui manque une fois de plus la Palme d'or, mais peut se consoler avec le succès public de son film et les excellentes critiques reçues.

Le jury d'Alejandro González Iñárritu a du faire des choix dans cette sélection "incroyable", avec une mix de "réalisateurs iconiques, des nouvelles voix du monde entier dans différents genres".

Cette diversité des genres, avec des thrillers, des films fantastiques, et souvent un cinéma engagé qui évoque les luttes de classes, a été récompensée. C'est en cela où Parasite, grand film populaire admirablement maîtrisé, parfaite synthèse de ce que le Festival a montré, en insufflant du politique dans le suspens, de l'intelligence dans le divertissement, mérite sa Palme. A l'unanimité. Il pouvait remporter chacun des prix du jury tant le résultat est magistral. Un an après un drame familial social japonais (Une affaire de famille de Kore-eda), c'est un autre drame familial social, mais coréen, qui l'emporte. Comme deux faces d'une même pièce, chacun dans leur style et leur sensibilité.

C'est enfin la première fois que le cinéma sud-coréen remporte la prestigieuse récompense du Festival de Cannes. Il était temps.

Palme d'or: Parasite de Bong Joon-ho (à l'unanimité)

Grand prix du jury: Atlantique de Mati Diop

Prix du jury ex-aequo: Les Misérables de Ladj Ly et Bacurau de Juliano Dornelles et Kleber Mendonça Filho

Prix de la mise en scène: Jean-Pierre et Luc Dardenne (Le jeune Ahmed)

Prix d'interprétation masculine: Antonio Banderas (Douleur et gloire)

Prix d'interprétation féminine: Emily Beecham (Little Joe)

Prix du scénario: Céline Sciamma pour Portrait de la jeune fille en feu

Mention spéciale: It Must Be Heaven d'Elia Suleiman

Caméra d'or: Nuestras madres de César Diaz (Prix Sacd à la Semaine de la Critique)

Palme d'or du court-métrage: La distance entre nous et le ciel de Vasilis Kekatos (Queer Palm du court-métrage)
Mention spéciale: Monstre Dieu de Agustina San Martin

Cannes 2019 : Céline Sciamma décroche la Queer Palm avec Portrait de la jeune fille en feu

Posté par wyzman, le 25 mai 2019

C’était l’un des événements les plus attendus hier soir, l’annonce des lauréats de la 10e édition de la Queer Palm.

Un palmarès logique

Et c’est donc au film de Céline Sciamma Portrait de la jeune fille en feu qu’est revenu la Queer Palm, le prix qui, depuis 2010, a pour ambition de récompenser les films qui traitent intelligemment d’une thématique altersexuelle. Porté par Adèle Haenel et Noémie Merlant, Portrait de la jeune fille en feu traite de l’intense complicité qui se crée entre une peinture et jeune femme qui vient de sortir du couvent et s’apprête à se marier. C'est la première fois qu'une réalisatrice remporte ce prix et la troisième fois que la Queer Palm distingue un film de la compétition.

Parmi les autres films en compétition, on trouvait notamment Douleur et gloire de Pedro Almodóvar, Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin, Matthias et Maxime de Xavier Dolan, Rocketman de Dexter Fletcher, Port Authority de Danielle Lessovitz ou encore And Then We Danced de Levan Akin.

Côté courts métrages, le jury 2019 a par également récompensé Vasilis Kekatos pour La distance entre le ciel et nous, film proposé en sélection officielle.

Pour rappel, le jury de cette 10e édition était présidé par l’actrice Virginie Ledoyen et composé par Claire Duguet (directrice de la photographie), Kee Yoon Kim (actrice), Filipe Matzembacher (réalisateur) et Marcio Reolon (réalisateur). Lors des éditions précédentes, ce sont Girl de Lukas Dhont, 120 battements par minute de Robin Campillo et Les Vies de Thérèse de Sébastien Lifshitz qui ont raflé le prix en ce qui concerne les longs métrages. Chez les courts, The Orphan de Carolina Markowicz et Les Îles de Yann Gonzalez sont les lauréats les plus récents.

Cannes 2019: Qui est Noémie Merlant ?

Posté par kristofy, le 21 mai 2019

C’est l'un des films français les plus attendus en compétition : >Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma avec Adèle Haenel, toute deux révélées à Cannes avec Naissance des pieuvres (Un certain regard, 2007). Et au générique de ce film, nous allons aussi (re)découvrir Noémie Merlant, dans le rôle d’une peintre séduite, et qui va nous séduire aussi. « 1770. Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde... »

Assurément, le talent de Noémie Merlant va prendre une nouvelle dimension avec ce festival de Cannes. Lors d'un entretien, l'actrice nantaise a évoqué les origines de sa vocation: "Parfois on fait un peu des choses sans savoir pourquoi. Ce que je trouve bien, c’est que mon père a voulu que je trouve un sens à ma vie. Il m’a dit qu’il s’était renseigné sur les cours Florent et m’a proposé de monter sur Paris. Je pense qu’il s’est souvenu que je faisais des spectacles, que je rêvais tout le temps et il s’est dit que j’avais une place à trouver là-dedans. Je l’ai écouté et j’y suis allée. Je me suis sentie tellement en vie sur un plateau, à incarner l’autre. J’avais trouvé ma vocation, c’était une révolution."

Ses débuts à l’écran dans L’orpheline avec en plus un bras en moins lui vaut de figurer dans la liste des Révélations pour le César du meilleur espoir féminine en 2013 (elle sera nommée en 2017 avec le film Le ciel attendra). Entre-temps, elle aura des petits rôles dans La Permission de minuit de Delphine Gleize et dans La Crème de la crème de Kim Chapiron. C’est surtout à partir de 2014 que l’on commence à identifier le nom de cette jeune fille prête à s’enflammer avec son rôle dans Les Héritiers de Marie-Castille Mention-Schaar. Avec la réalisatrice, elle va ensuite tourner dans Le ciel attendra en 2016 et La fête des mères en 2018.

Pendant ce temps là Noémie Merlant monte son niveau avec des apparitions dans Un moment d'égarement de Jean-François Richet en 2015, Dieumerci ! de Lucien Jean-Baptiste, Plonger de Mélanie Laurent en 2017. Elle est même la dulcinée de Jean Dujardin en 2018 dans la comédie romanesque Le Retour du héros de Laurent Tirard. Elle apparait aussi dans des clips ("Aficionado" des BB Brunes), une fiction interactive (Wei or Die, de Simon Bouisson), au théâtre (Les Lésions dangereuses, mise en scène de Julia Dunoyer), ou même en chanteuse ("Fate", coécrit avec la chanteuse et compositrice Kat May).

Surtout, elle passe derrière la caméra avec Je suis#unebiche, qui reçoit le Prix Canal + à la 7e édition du Nikon Film Festival. Actrice avant d’être cinéaste, elle confie se sentir rassurée d’avoir plusieurs moyens d’expressions: "J’ai eu une envie, mais d’abord c’était des histoires. À force de baigner dans cet univers, entre les castings et les scénarios, je passais mon temps à m’inventer des histoires dans ma tête. J’écrivais plein de petits bouts d’histoire. Un jour j’ai compris que je ne terminais jamais mes récits et j’ai fini par prendre confiance en moi, grâce à des rencontres, pour finalement me lancer dans le court-métrage."

2019 sera enfin l’année charnière pour elle. C’est elle l’héroïne de Les Drapeaux de papier de Nathan Ambrosioni (sortie le 13 février), de Curiosa de Lou Jeunet (sortie le 3 avril), et de ce Portrait de la jeune fille en feu , qui sortira le 18 septembre. D’autres films avec elle à l’affiche vont se suivre : Les jours d’avant avec Sami Bouajila et Jumbo avec Emmanuelle Bercot. Noémie Merlant est la jeune actrice on fire du moment.

Cannes 2019 : La star du festival… Adèle Haenel

Posté par wyzman, le 13 mai 2019

A tout juste 30 ans, Adèle Haenel pourrait bien se diriger vers une carrière à la Isabelle Huppert. En effet, l'actrice est, depuis sa participation à son deuxième long métrage, une habituée de la Croisette.

Si en 2007, elle présentait Naissance des Pieuvres de Céline Sciamma dans la section Un certain regard, c'est bien en sélection officielle qu’elle a débarqué en 2011 avec L’Apollonide – Souvenirs de la maison close de Bertrand bonello.

Depuis, on l’a vue dans L’Homme qu’on aimait trop d’André Téchiné (2014, hors compétition), La Fille inconnue des frères Dardenne (2016, sélection officielle) et 120 Battements par minute de Robin Campillo (2017, sélection officielle). Et quand elle ne fait pas la montée des marches, elle s’offre les sections parallèles. On l’a ainsi vue à la Quinzaine des réalisateurs avec Après le sud (2011), En ville (2011), Les Combattants (2014) et En liberté (2018) ; du côté d’Un certain regard avec Confession d’un enfant du siècle (2012) et Trois mondes (2012) et à la Semaine de la critique avec Suzanne (2013).

Cette année, Adèle Haenel est à l’affiche de trois films : Portrait de la jeune fille en jeu de Céline Sciamma (sélection officielle - compétition), Le Daim de Quentin Dupieux (Quinzaine des Réalisateurs) et Les héros ne meurent jamais d'Aude-Léa Rapin (Semaine de la Critique). Un brelan d'as.

Cannes 2019 : Pedro Almodóvar, Xavier Dolan et Céline Sciamma en lice pour la Queer Palm

Posté par wyzman, le 28 avril 2019

Une fois n’est pas coutume, le comité d’organisation de la Queer Palm vient de dévoiler sa sélection de longs et courts métrages retenu pour le Festival de Cannes 2019. Créée par le journaliste Franck Finance-Madureira, la Queer Palm a depuis 2010 pour ambition de récompenser un film traitant avec brio une thématique altersexuelle.

Pour l’édition 2019, le comité a commencé par dévoiler une première liste de 16 longs et 7 courts métrages. Côté longs, on retrouve sans surprise Douleur et gloire de Pedro Almodóvar, Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin, Matthias et Maxime de Xavier Dolan, Portrait de jeune fille en feu de Céline Sciamma, Rocketman de Dexter Fletcher ou encore Zombi Child de Bertrand Bonello. Côté courts, La distance entre le ciel et nous de Vasilis Kekatos et Grand Bouquet de Neo Yoshigai devraient faire beaucoup de bruit.

Présidé par l’actrice Virginie Ledoyen, le jury de la Queer Palm comptera en son sein les Français Claire Duguet (directrice de la photographie) et Kee Yoon Kim (actrice) et les Brésiliens Filipe Matzembacher (réalisateur) et Marcio Reolon (réalisateur). Lors des éditions précédentes, ce sont Girl de Lukas Dhont, 120 battements par minute de Robin Campillo et Les Vies de Thérèse de Sébastien Lifshitz qui ont raflé le prix en ce qui concerne les longs métrages. Chez les courts, The Orphan de Carolina Markowicz et Les Îles de Yann Gonzalez sont les lauréats les plus récents.

LONGS METRAGES

Sélection officielle
Douleur et gloire de Pedro Almodóvar (compétition)
Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin (compétition)
Matthias et Maxime de Xavier Dolan (compétition)
Bacurau de Kleber Mendonça Filhio et Juliano Dornelles (compétition)
Frankie d’Ira Sachs (compétition)
Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma (compétition)
Rocketman de Dexter Fletcher (hors-compétition)

Un Certain Regard
Beanpole de Kantemir Balagov
Port Authority de Danielle Lessovitz
Liberté d’Albert Serra
Adam de Maryam Touzani

Quinzaine des Réalisateurs
And Then We Danced de Levan Akin
Zombi Child de Bertrand Bonello
Tlamess d’Ala Eddine Slim

Semaine de la Critique
Tu mérites un amour de Hafsia Herzi

ACID
Indianara d’Aude Chevalier-Beaumel et Marcello Barbosa

COURTS METRAGES

La distance entre le ciel et nous de Vasilis Kekatos (Sélection officielle)
Jeremiah de Kenya Gillespie (Cinéfondation)
Slozhnopodchinennoe d'Olesya Yakovleva (Cinéfondation)
Grand Bouquet de Nao Yoshigai (Quinzaine des Réalisateurs)
Journey through a body de Camille Degeye (Semaine de la Critique)
The Manila Lover de Johanna Pyykkö (Semaine de la Critique)
She runs de Qiu Yan (Semaine de la Critique)

Début de tournage pour le 4e film de Céline Sciamma

Posté par vincy, le 14 octobre 2018

La réalisatrice Céline Sciamma reprend le chemin des plateaux le 15 octobre avec Portrait de la jeune fille en feu, quatre ans après Bandes de filles, projet annoncé à la fin du printemps.

La réalisatrice retrouve Adèle Haenel, 11 ans après Naissance des pieuvres, premier long métrage de la réalisatrice et deuxième de l'actrice. L'actrice césarisée y joue Héloïse, jeune fille bretonne à marier qui doit envoyer un portrait à son futur époux, résidant à Milan en Italie. Noémie Merlant (Les héritiers, Le retour du héros) incarne Marianne, la peintre choisie par la mère d'Héloïse, une comtesse, qui est interprétée par Valeria Golino. A ces trois femmes s'ajoutent Luàna Bajrami, dont c'est le troisième film après L'heure de la sortie et Joyeux anniversaire, et qui endosse le rôle de la servante.

Dans cette fresque des sentiments et du désir, Céline Sciamma veut "raconter le présent d’un amour vécu mais aussi sa longue résonance en nous, qui console de l’avoir perdu".

A lire le récit et à voir le casting, Céline Sciamma semble amorcer un nouveau virage. Un film historique (l'histoire se déroule au XVIIIe siècle), des personnages plus adultes, le thème de la création artistique... Mais on peut aussi remarquer qu'elle s'interroge toujours sur l'identité et sur la féminité.

Le tournage s'achèvera vers le 10 décembre. Pyramide distribuera le film.

Adèle Haenel est toujours à l'affiche d'Un peuple et son roi. En liberté!, de Pierre Salvadori, sera dans les salles le 31 octobre.

Céline Sciamma a réalisé Naissance des pieuvres (Prix Louis-Delluc du premier long métrage), Tomboy (Teddy Award) et Bande de filles, en compétition à Cannes. Elle a aussi été coscénariste de Ma vie de Courgette (César de la meilleure adaptation) et Quand on a 17 ans, en compétition à Berlin.

Cannes 2018 : Le Festival s’engage pour la parité femmes-hommes

Posté par wyzman, le 14 mai 2018

Les amoureux du Festival de Cannes le savent, 82 femmes ont monté les marches samedi soir pour dénoncer les inégalités salariales dans une industrie qui ne seraient rien sans elles. Parmi celles-ci, on pouvait facilement reconnaître Cate Blanchett, Kristen Stewart, Agnès Varda, Jane Fonda, Marion Cotillard, Salma Hayek, Sofia Boutella ou encore Leïla Bekhti. Qu'elles soient actrices, réalisatrices ou encore scénaristes, leur présence sur les marches ce samedi 12 mai relève d'un acte historique.

En parallèle de cette manifestation, le CNC tenait aujourd'hui une table ronde intitulée "5050 pour l'égalité femmes-hommes". Le but de cette table ronde, à l'instar de la montée des marches du week-end dernier, était de sensibiliser médias et public sur les problèmes de parité inhérents à l'industrie cinématographique mais également au Festival de Cannes. Autour e cette table, se trouvaient des représentantes de Time's Up US, Time's Up UK, Dissenso Commune (Italie), CIMA (Espagne) et Greek Women's wave (Grèce). Le débat était animé par Céline Sciamma et Rebecca Zlotowski qui ont fièrement introduit la Ministre de la Culture, Françoise Nyssen.

Cette dernière, venue tout droit de la maternité où sa 13e petite-fille venait de naître, a tenu à remettre les pendules à l'heure, apportant de nouveau son soutien aux créatrices des mouvements #MeToo, #TimesUp mais également #5050x2020 (prononcez "50-50 by 2020" soit "50-50 d'ici 2020"). Ce collectif créé et constitué par des personnalités telles que Rebecca Zlotowski, Justine Triet, Bertrand Bonello, Toni Marshall, Marie-Ange Luciani, Caroline Benjo, Adèle Haenel, Léa Seydoux, Pierre Deladomchamps a pour ambition de facilité l'égalité femmes-hommes dans le milieu du cinéma.

Le clou de cette table ronde étant bien évidemment la signature d'une charte par le Festival de Cannes ainsi que ses sections parallèles (Quinzaine des réalisateurs et Semaine de la critique). Cette charte vise à accélérer le processus de parité dans les festivals de cinéma, de la programmation à la sélection en passant par les jurys (sans pour autant avoir recours à de la discrimination positive). Thierry Frémaux, vivement critiqué pendant le débat, a annoncé que l'initiative allait être proposée à tous les festivals de cinéma internationaux. En outre, cette charte a pour but de "rendre transparente la liste des membres des comités de sélection et programmateurs" afin d'"écarter toute suspicion de manque de diversité et de parité".

Pour découvrir l'intégralité de cette table ronde, rendez-vous ici.