Arras 2010 : Pierre Schoendoerffer, Jacques Perrin, Gilles Porte, Guillaume Nicloux… dans le quotidien vidéo

Posté par MpM, le 15 novembre 2010

Défilé de stars pour cette nouvelle édition du magazine vidéo réalisé par l'équipe du BTS audiovisuel du Lycée Jean Rostand de Roubaix en partenariat avec Ecran Noir. A découvrir :

- Pierre Schoendoerffer, qui était venu présenter la version restaurée de La 317e section,

- Gilles Porte (Quand la mer monte) et son nouveau film, Dessine-toi, un projet d'envergure internationale impliquant de jeunes enfants invités à se dessiner,

- Guillaume Nicloux présent avec Holiday, une comédie policière réunissant Jean-Pierre Darroussin, Josiane Balasko et Judith Godrèche,

-  Jacques Perrin, accompagné d'Eric Deroo, pour L'empire du milieu du sud, un film de montage cherchant à retrouver les "traces" du Vietnam à l'époque coloniale...

sans oublier les différents échos du Festival !

Arras 2010 : palmarès et retour sur la compétition

Posté par MpM, le 15 novembre 2010

Dans un festival, l'annonce du palmarès est probablement le moment le plus difficile. Tout le monde a son favori, et les sélectionneurs qui ont choisi les neuf films en compétition les aiment tous, même si c'est pour des raisons différentes. Et puis bien sûr il y a les réalisateurs eux-mêmes, qui ressentent le verdict comme un couperet implacable. Aussi, lorsque le jury s'avance sur scène pour expliquer ses choix, on ressent souvent plus de frustration que de joie.

C'est très largement le cas lors de cette 11e édition, puisque le grand favori d'une partie des professionnels et du public, Zero du Polonnais Pawel Borowski, est reparti bredouille. Peut-être les jurés ont-ils pensé que le film est largement assez bon pour trouver un distributeur sans leur aide ? Ce serait en tout cas une grande perte pour le public français que de ne pas découvrir cette oeuvre extrêmement moderne, parfaitement maîtrisée, qui représente une excitante proposition de cinéma dans un paysage relativement conventionnel.

Mais revenons-en au palmarès. Le jury professionnel présidé par Manuel Poirier a choisi de récompenser A rational solution de Jörgen Bergmark (Suède) une varitation tragi-comique sur le couple, les élans du coeur et ceux de l'esprit. Non sans rappeler Happy few, en moins joyeux, le film suit deux couples qui décident de vivre temporairement en communauté après que deux d'entre eux soient tombés amoureux. Certaines situations sont croquées avec beaucoup d'ironie, mais l'intrigue fait très vite du surplace, et tombe par moments dans le cliché. Comme si le réalisateur n'était pas parvenu à trouver le ton juste entre humour grinçant, sociologie du couple et mélodrame.

Le prix de la mise en scène est quant à lui revenu à Calin Peter Netzer (en photo ci-dessus avec le jury) pour Médaille d'honneur, une fable familiale roumaine où le simple fait de recevoir une décoration militaire transforme la vie du personnage principal. Le film croque avec humour les petits détails de la société roumaine (notamment sa bureaucratie) et dresse au final un portrait assez attachant du (anti-) héros central.

Le jury professionnel a également choisi de décerner une mention spéciale à 80 egunean de Jon Garano et Jose Maria Goenaga (en photo avec Nadia Paschetto, la directrice du festival). C'est un doublé pour ce film espagnol qui a également été distingué par le public. Il raconte avec beaucoup de délicatesse et d'humour une histoire d'amour entre deux anciennes amies d'école désormais septuagénaires.

Enfin, le jury de la presse (en photo ci-dessous) mené par Alex Masson a choisi Comment j'ai passé cet été d'Alekseï Popogrebski, déjà multiprimé à Berlin, soulignant que le film était parvenu à surprendre les jurés, ce qui n'est pas rien lorsque l'on a affaire à des critiques ! Il est vrai que ses qualités de mise en scène, de même que sa manière de distiller progressivement une angoisse sourde et progressive en font une oeuvre à part, étrange, qui interpelle et séduit.

Ainsi, les différents jurés ont finalement laissé de côté le cinéma trop ouvertement social comme Der Albaner de Johannes Naber, plutôt bien accueilli en salles, mais qui laisse une impression de déjà-vu à cause de son sujet (l'immigration clandestine) et de son traitement (mi-réaliste, mi-romanesque) ou encore C'est déjà l'été de Martijn Maria Smits, récit extrêmement sombre du quotidien d'une famille à laquelle rien n'est épargné. On pense à L'humanité de Bruno Dumont, mais en moins bien. Dans un genre entièrement différent, Protektor du Tchèque Marek Najbrt basé sur un fait historique (l'occupation allemande à Prague qui met en danger une séduisante actrice d'origine juive) n'a lui non plus convaincu aucun des deux jurys.

Si l'on se réjouit pour Comment j'ai passé cet été d'Alekseï Popogrebski qui mérite d'être distribué en France,  on a un petit regret pour Rare Exports de Jalmari Helander qui a probablement souffert de son statut de "film de genre". Cette hilarante parodie des films fantastiques américains joue en effet avec l'un des plus grands mythes finlandais... celui du Père Noël, et se révèle tour à tour gore, inquiétante et jouissive. Il rejoint Zero dans la liste des films que l'on aurait adoré défendre lors de sa sortie en salles... Mais comme il n'est jamais trop tard, on garde l'espoir qu'un distributeur dénicheur de nouveaux talents tombe sur ces deux films et leur donne leur chance...

De gauche à droite : Jon Garano (réalisateur de 80 Egunean), Tomas Mechacek (acteur de Protektor), Johannes Naber (réalisateur de Der Albaner), Calin Peter Netzer (réalisateur de Médaille d'honneur), Jose Mari Arano (réalisateur de 80 Egunean) et  Pawel Borowski (réalisateur de Zéro).

Arras 2010 : Fred Cavayé, Jean-Pierre Améris et Alix Delaporte dans le quotidien vidéo

Posté par MpM, le 14 novembre 2010

Plus tôt dans la semaine, le Festival a proposé plusieurs avant-premières de films français qui sortiront prochainement sur nos écrans, en présence des équipes des films qui ont répondu aux questions du public ainsi qu'aux nôtres.

Retour sur ces rencontres avec Fred Cavayé (A bout portant), Jean-Pierre Améris (Les émotifs anonymes) et Alix Delaporte (Angèle et Tony) dans deux numéros du magazine vidéo quotidien réalisé par l'équipe du BTS audiovisuel du Lycée Jean Rostand de Roubaix en partenariat avec Ecran Noir.

A découvrir également, les coulisses du festival, le ciné-concert Pierre et le loup, Sander Francken pour Bardsongs et Jacek Borcuch pour All that I love.

Jour 4

Jour 5

Arras 2010 : le jury professionnel et les premiers films en compétition

Posté par MpM, le 12 novembre 2010

Avec l'arrivée du jury professionnel, le Festival entre déjà dans sa dernière phase, celle de la compétition européenne. Manuel Poirier, Tudor Giurgiu, Serge Riaboukine et Hrvoje Hribar (notre photo, en compagnie de Nadia Paschetto, la directrice du Festival, et d'Eric Miot, le délégué général) devront départager neuf longs métrages européens inédits venus de Finlande, de Suède, de Roumanie, d'Espagne, de République tchèque, de Russie, d'Albanie et de Pologne. Le but de la compétition est de permettre aux films récompensés de trouver un distributeur français.

Alors que l'on en est encore à découvrir cette sélection, plusieurs films font déjà parler d'eux. Le russe Comment j'ai passé l'été dernier d'Alekseï Popogrebski, qui avait été récompensé à Berlin, séduit par sa mise en scène et son ambiance de thriller dans un décor désolé. Le finlandais Rare exports (signé Jalmari Helander) détonne grâce à sa parfaite appropriation des codes du film de genre américain et casse sans vergogne le mythe du Père Noël. Enfin, probablement le plus impressionnant de tous, le polonais Zero de Pawel Borowski, qui aligne des plans séquences plus élégants les uns que les autres, et dont l'intrigue indescriptible fait l'effet d'une ronde virtuose suivant  plus d'une trentaine de personnages en parallèle.

Prix ou pas prix, voilà déjà trois propositions de cinéma innovantes et vivifiantes qui prouvent qu'il reste des choses à inventer en matière de réalisation et de thématiques, et qui méritent d'être montrées de toute urgence sur nos écrans.

Arras 2010 : focus sur le cinéma roumain

Posté par MpM, le 11 novembre 2010

Le festival d'Arras poursuit son auscultation du cinéma européen en proposant un focus sur le nouveau cinéma roumain. Depuis la palme d'or de Quatre mois, trois semaines, deux jours en 2007, c'est presque devenu un lieu commun que de vanter cette cinématographie radicale et intransigeante capable de regarder en face les contradictions de son pays. Mais le fait est que l'intérêt ne se dément pas. Et si les trois films présentés à Arras (Mardi après Noël de Radu Muntean ; Felicia de Razvan Radulescu et Melissa de Raaf ; If I want to whistle, I whistle de Florin Serban) ne donnent pas une vision exhaustive de ce qu'est la production roumaine actuelle, ils en confirment le dynamisme.

Ainsi, on retrouve dans ce mini-focus quelque chose de la radicalité stylistique observée chez Christian Mungiu, Cristi Puiu ou encore Corneliu Porumboiu. Tout d'abord le choix d'une mise en scène épurée, souvent constituée de plans fixes et de séquences longues, qui donne l'impression de vouloir capter le monde d'un regard neutre et extérieur. Le temps est lui aussi primordial, dans la mesure où les trois films installent leur récit par petites touches, scène après scène, sans précipitation ni raccourci. Il faut accepter d'adopter le rythme lent et parcimonieux de ces intrigues dont on ne saisit parfois la finalité que dans les dernières séquences.

Mardi après Noël s'ouvre par exemple sur un long échange entre un homme et une femme nus dans un lit. Mari et femme ? Amants ? Inconnus qui viennent de se rencontrer ? Le dialogue est quotidien, presque trivial, délivrant de rares bribes d'information sur les personnages. Il faudra un moment pour comprendre où ces deux-là vont nous mener... Exactement comme si le réalisateur avait planté sa caméra dans la chambre à coucher d'un couple pris au hasard et laissait tourner sans savoir ce qui allait se passer.

C'est là une autre caractéristique de ces trois films, et qui peut au-delà s'appliquer à plusieurs autres longs métrages roumains découverts ces dernières années : malgré des intrigues souvent ténues (une rupture, une rencontre, une journée en famille), on ne sait jamais ce qui va arriver dans la scène suivante parce que comme dans la réalité, tout est possible. Paradoxalement, malgré leur banalité, les intrigues ne sont en effet pas formatées et chaque situation sonne excessivement juste. Le personnage principal de Mardi après Noël pourrait très bien quitter sa femme, rester avec elle ou encore choisir de poursuivre sa double vie. La fille de Felicia peut se fâcher définitivement avec ses parents ou au contraire se réconcilier avec eux. Ce qui est sûr, c'est que quelle que soit l'issue du film, on reste dans des actes quotidiens d'où tout événement extraordinaire est gommé. Même le jeune homme de If I want to whistle, I whistle, qui semble basculer dans l'irréparable, ne demande au fond qu'à passer une heure dans un café avec une jolie fille.

De cette simplicité des enjeux et des sujets naît une véritable proximité entre le spectateur et les personnages. Il est possible de se projeter dans ce cinéma intimiste parce qu'il aborde les rapports humains et plus spécifiquement familiaux  dans ce qu'ils ont de plus authentiques et de plus primaires (rapport filiaux dans Felicia, conjugaux dans Mardi après Noël). Et même si le contexte de If I want to whistle, I whistle est clairement à part (un centre de détention pour mineurs), ce sont pourtant bien les rapports entre le héros, sa mère et son petit frère qui servent de fil rouge à l'intrigue.

Ce qui frappe enfin, c'est l'universalité de ces histoires qui sont diversement intégrées dans le contexte roumain spécifique. Les protagonistes de Mardi après Noël sont issus d'une classe aisée pour qui l'argent ou les conditions sociales ne sont jamais un problème. Ils pourraient aussi bien vivre à Paris ou à New York. Chez Felicia, on est dans une classe plus modeste. Mais là non plus les personnages ne manquent de rien. Le poids du passé communiste est malgré tout perceptible, même s'il est très peu abordé. Il n'y a finalement guère que le centre de détention de If I want to whistle, I whistle qui semble une "spécificité" roumaine apportant au film une dimension sociale supplémentaire mais à laquelle on ne peut le résumer.

Hasard ou coïncidence, la plupart des autres films d'Europe de l'Est présentés à Arras dans le cadre des "découvertes européennes" diffèrent de ce cinéma roumain tout en retenue, mais partagent avec lui un certain intérêt pour l'intime. Ainsi, les problèmes personnels des personnages sont globalement plus liés à la réalité sociale et politique de leur pays, en l'occurence le radicalisme religieux pour Le choix de Luna de Na Putu et le faux mirage européen et capitaliste dans Slovenian girl de Damjan Kozole et Just between us de Rajko Grlic. La famille y demeure également la pierre angulaire de l'intrigue, même lorsqu'il s'agit de regarder en arrière à l'image de All that I love de Jacek Borcuch qui évoque l'époque de Solidarnosc en Pologne. Toutefois, différence notable, aucun d'entre eux ne parvient à capter la réalité du quotidien comme le font les trois films roumains du focus.

Arras 2010 : Anna Karina, une vie de chat, Hervé Pernot dans le quotidien vidéo du festival

Posté par MpM, le 10 novembre 2010

Chaque jour, le festival d'Arras diffuse un magazine vidéo réalisé par l'équipe du BTS audiovisuel du Lycée Jean Rostand de Roubaix en partenariat avec Ecran Noir. Découvrez l'édition consacrée à l'une des invités d'honneur de cette 11e édition, Anna Karina.

L'actrice, réalisatrice et chanteuse était présente à Arras pour une leçon d'actrice animée par Jean-Philippe Tessé. A cette occasion, les festivaliers ont pu voir et revoir une demi-douzaine de ses films parmi lesquels Pierrot le fou, Bande à part ou encore La religieuse. Elle a également accepté de revenir devant notre caméra sur ses débuts et son intégration au sein de la petite bande de la Nouvelle vague.

A découvrir également dans la vidéo, Jean-Louis Felicioli et Alain Gagnol, les deux réalisateurs du très joli film d'animation Une vie de chat, ainsi que le cinéaste Hervé Pernot, venu présenter son docu-fiction Robespierre. Sans oublier les échos du festival.

Arras 2010 : rencontre avec Fabrice Luchini pour Potiche

Posté par MpM, le 9 novembre 2010

luchini et ozon

Lors de la soirée d'ouverture du festival d'Arras, où était présenté Potiche, Fabrice Luchini avait fait le déplacement avec son réalisateur François Ozon (notre photo) pour parler du film et plus particulièrement du personnage qu'il incarne, l'antipathique Robert Pujol.

EN : Interpréter un personnage comme celui de Robert Pujol dans Potiche, est-ce jubilatoire ?

Fabrice Luchini : Oh non, rentrer dans la peau de Pujol, ce n'est pas jubilatoire car c'est une peau abjecte. Ce qui est jubilatoire, c'est la proposition. Les situations les plus fortes au cinéma, ce sont les partitions qui demandent à ce que l'on n'ait pas peur. Il ne faut pas être tiède. Des fois je joue des films en creux, psychologiques, vraisemblables. Là ça ne va pas, il faut une audace, disons une certaine audace, il ne faut pas non plus exagérer ! Mais il faut une manière d'exécuter concrètement et non pas psychologiquement la situation. La situation doit être exécutée avec urgence. Il ne faut pas forcer le trait, pour que l'outrance ne soit jamais là, et pourtant il faut être dans la démesure.Il faut quand même être dans la vérité même si cela apparaît à certaines personnes comme "trop". C'est un trop qui doit être maîtrisé. On joue la comédie, c'est notre métier ! Un jour on joue des choses très raffinées sur le psychologique, un an après ou six mois plus tard on se "déplace". C'est ce concept de Jean Carmet : se déplacer, c'est la liberté d'un acteur. Un jour tu fais un film très compliqué psychologiquement, après tu fais autre chose...

EN : Le film se passe dans les années 70 mais fait explicitement référence à notre époque, cela vous a amusé ?

FL : Vous savez, moi on me paye pour dire les textes. Je m'en fous, tant que c'est pas des grands classiques du 17e siècle, La Fontaine, Molière, de grands écrivains absolument somptueux, le cinéma pour moi c'est un divertissement. Je suis très heureux qu'Ozon ait voulu travailler avec moi. Mais qu'il y ait des références sur la modernité, je m'en fiche complétement. Evidemment ça fait rire car il y a le fameux "travailler plus", etc. Moi je joue l'ignoble personnage de droite. J'étais en train de me dire que c'est un mélange d'orgueil et de grande humilité d'accepter des rôles comme ça.  Parce que quand même jouer un rôle où tu es enlaidi physiquement, "caractériellement", sexuellement... c'est peut-être de l'orgueil. Mais en tout cas j'y ai pris du plaisir. Vous savez jouer la comédie avec des scènes immensément intenses, c'est mon métier, donc c'est normal.

EN : Même si le personnage est profondément antipathique...

FL : Moi je pense qu'il n'y a rien de pire que les acteurs qui font des choix de carrière pour la "belle gueule", pour les bons héros qui sauvent les pauvres femmes dans les maisons qui brûlent. Pour moi, ça, ce sont les grands ringards. J'ai l'ego un peu démesuré de penser qu'un acteur doit s'enlaidir, jouer les rôles minables.  Il y a des vedettes qui disent "non, ça je ne peux pas jouer, mon public ne me suivra pas". Comme si on avait un public... Personne n'a de public et tout le monde s'en tape !

Le métier d'acteur n'est pas pour jouir personnellement, mais pour faire jouir le public. Donc jouer un assassin ou jouer un prêtre, c'est la même chose. C'est la même intensité. Quand Jouvet dit que les grands personnages ont un ascendant, ça peut être un ascendant dans le mal ou dans le bien. Moi je ne juge jamais un personnage d'un point de vue moral. je le juge d'un point de vue de puissance, d'efficacité de réplique.

EN : Vous qui êtes sensible au rythme et à la musique des mots, comment caractériseriez-vous la langue du film ?

FL : Faut comparer ce qui est comparable. On n'est ni chez Molière, ni chez La Fontaine, on est chez Barillet et Gredy. Mais y'a un avantage dans ces écritures-là c'est qu'elles n'ont aucune obligation psychologique. Elles exigent de la part de l'interprète une précision absolument redoutable. Parce que si tu n'es pas précis tu deviens outré. Pourtant tu dois jouer absolument pas psychologique. Barillet et Gredy ce sont de petits enfants de Feydeau. Je ne dis pas que ça a le génie de Feydeau, parce qu'il n'y a qu'un Feydeay, mais cela a les mêmes exigences que ce théâtre qui nous libère de la psychologie et c'est quand même une qualité.

Ecran Noir : Quelle est la réplique du film que vous préférez ?

FL : "Ton avis ? Quel avis ? Tu as un avis ?" Ca me fait rire... Je me demande s'il en existe encore, des hommes comme ça... Je ne crois pas, mais enfin...

Arras 2010 : Trois questions à Damjan Kozole pour Slovenian girl

Posté par MpM, le 8 novembre 2010

Damjan KozoleParmi les premières "découvertes européennes" présentées à Arras, Slovenian girl du Slovène Damjan Kozole fait une forte impression. Ce film qui aurait pu être choc, voire choquant, suit avec une grande rigueur stylistique et scénaristique la jeune Sacha, une étudiante qui se prostitue afin d'assouvir ses désirs de consommation.

On est frappé par la justesse de Nina Ivanisin, insondable monolithe que l'on croirait totalement dépourvu d'émotions, et par l'intelligence du scénario qui crée une ambiance anxyogène et délétère sans jamais déraper dans le sordide. Le réalisateur, à qui l'on doit déjà Labour equals freedom et Forever, présente lui-même Slovenian girl comme "un état des lieux de la société de consommation et des méfaits de l'avidité". Rencontre.

Ecran Noir : Vous situez très clairement votre film en 2008, au moment où la Slovénie a présidé l'Union européenne. C'est même un motif qui revient à plusieurs reprises dans l'histoire, et de manière plutôt négative.

Damjan Kozole : Je crois que c'est le point de vue de nombreuses personnes en Europe et c'était en tout cas le regard slovène à cette époque-là : nous avons eu l'illusion que le monde venait en Slovénie, et ensuite, il n'y a plus rien eu. C'était seulement un mouvement éphémère. Mon film n'est pas politique mais j'aime le fait qu'il y ait ce petit aspect politique. Et si cela donne l'impression que la Slovénie a été considérée comme la prostituée de l'Europe... c'est une interprétation possible.

EN : L'actrice Nina Ivanisin est impressionnante, avec son visage constamment fermé, sa froideur...

DK : C'était son premier rôle au cinéma et nous sommes entrés en conflit car elle voulait jouer comme elle l'avait appris. Mais moi je voulais qu'elle soit convaincante tout en étant naturelle. C'est une personne très différente de son personnage. Elle est amusante et extravagante et parfois elle voulait sourire, ou jouer de manière plus extravertie. Nous avons dû nous mettre d'accord pour qu'elle corresponde à la froideur et à l'insensibilité du personnage.

EN : Comment se porte la production de films en Slovénie ?

DK : A ma connaissance, Slovenian girl est le premier film slovène distribué en France [il sort le 2 février prochain]. Notre production nationale est très réduite, avec peut-être 4 ou 5 films par an. Mais ces oeuvres ont souvent beaucoup de succès dans les festivals internationaux. Ce qui est difficile, c'est de trouver ensuite un distributeur... Notre but est de montrer le plus possible nos films dans les festivals importants. Par exemple, Slovenian girl était à Sarajevo, puis à Toronto où Epicentre films l'a vu et a décidé de le sortir en France.

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Crédit photo : MpM

Arras 2010 : rencontre vidéo avec François Ozon pour Potiche

Posté par MpM, le 8 novembre 2010

François Ozon était à Arras vendredi dernier pour présenter son nouveau long métrage Potiche qui faisait l'ouverture du 11e Festival international du film d'Arras.

L'occasion pour lui, alors que le film sort le 10 novembre prochain, de parler de la genèse du projet (l'adaptation d'une pièce de Pierre Barillet et Jean-Pierre Gredy), du choix des interprètes (Catherine Deneuve, Fabrice Luchini, Gérard Depardieu...) mais aussi du fond relativement politique et actuel de l'intrigue.

Propos recueillis par Marie-Pauline Mollaret dans le cadre du 11e festival d'Arras
Réalisation et montage par l'équipe du BTS audiovisuel du Lycée Jean Rostand de Roubaix

Arras 2010 : Jacques Gamblin, Le nom des gens et Damjan Kozole dans le quotidien vidéo

Posté par MpM, le 7 novembre 2010

Chaque jour, le festival d'Arras diffuse un magazine vidéo réalisé par l'équipe du BTS audiovisuel du Lycée Jean Rostand de Roubaix en partenariat avec Ecran Noir. Dans cette édition, retrouvez Jacques Gamblin, Michel Leclerc et Baya Kasmi pour Le nom des gens.

A découvrir également : les premières animations du festival, la lithographie exceptionnelle réalisée en l'honneur d'Anna Karina, la comédie musicale Anna de Pierre Koralnik, Damjan Kozole et son film Slovenian girl.