Au Nom du Fils : 10 bonnes raisons d’aller le voir

Posté par kristofy, le 7 mai 2014

Après le film d'horreur Aux Yeux des vivants sorti dans seulement 9 salles en France la semaine dernière, c'est maintenant la comédie Au Nom du Fils qui est victime de la frilosité des distributeurs. Les grands groupes - à commencer par Pathé-Gaumont et Mk2 - en position de domination sur le parc des écrans disponibles tout comme la majorité des multiplexes (comme Kinepolis, Mega CGR...) et même les cinémas Arts et Essai du réseau AFCAE ne satisfont pas assez leurs engagements de diffuser une plus grande diversité de la production cinématographique. Le fait n'est d'ailleurs pas nouveau, déjà l'année dernière le film Désordres (avec Sonia Rolland, Niels Schneider et et Isaach de Bankolé)  n'a pu trouver de salles...

Le cas du film Au Nom du Fils est un cas particulier puisque il est exploité dans différents réseaux en province mais qu'il a failli n'avoir aucune salle à Paris : une censure qui ne dit pas son nom en rapport avec le thème de l'histoire. On y voit dans une famille catholique (islamophobe et homophobe), la mère se lancer dans une expédition punitive contre des prêtres pédophiles protégés par leur hiérarchie... Il s'agit d'une comédie belge anticléricale en apparence mais qui évoque surtout les extrémismes les plus condamnables.

Il y a au moins une dizaine de raisons de ne pas boycotter ce film et d'aller le voir en salles :

1. Ce film a reçu plusieurs récompenses : on est loin d'un brûlot à thèse polémique. Il s'agit surtout d'une comédie avec un humour noir à la fois belge et macabre. Il a remporté le prestigieux Méliès d’or du European Fantastic Film, et a reçu 7 nominations aux Magritte (les César belges).

2. Une parodie en avance sur l’actualité : le Pape lui-même a fait une déclaration ce 11 avril 2014 qui condamne les prêtres pédophiles, demandant pardon pour eux. Les préjugés liés à la religion font recettes au cinéma en ce moment, Qu'est ce qu'on a fait au bon Dieu ? va dépasser les 5 millions de spectateurs et sera l'un des plus gros succès de l'année.

3. Vincent Lannoo est un des meilleurs réalisateurs belges : si les frères Dardenne et Joachim Lafosse ont la côte à Cannes, Vincent Lannoo a eu beaucoup moins de chance avec l'exportation en France de ses films. Le premier Strass réalisé selon les règles Dogma est sorti en salles puis en dvd. Son deuxième, Ordinary Man est un thriller où un homme garde prisonnière une femme dans le coffre de sa voiture. Il n'a pas été distribué. Son troisième Vampires revient à la technique d'une équipe qui filme un reportage : sortie confidentielle puis en dvd. Son quatrième Little Glory dans un décor nord-américain est un très bon  drame vu au festival de Cabourg, mais pas distribué. Au Nom du Fils tourné en 2012 est son cinquième film. Son sixième Les âmes fortes au casting français prestigieux avec Julie Gayet et Pierre Richard est sorti trop discrètement entre les fêtes de fin d'années 2013. Vincent Lannoo affectionne beaucoup le mélange des genres et prépare un Robin des Bois contre les Zombies...

4. Plus de diversité : entre les suites et les remakes du super-héros américains qui se suivent (Captain América, Spider-Man, les X-Men...), il est sain d'aller voir ailleurs si ce n'est pas meilleur. Vous pouvez demandez à votre cinéma habituel de programmer Au Nom du Fils, voir même de débattre de son affiche (par exemple à Versailles ou à Saint-Cloud qui avaient fait enlever celles de l’inconnu du lac), mais, en attendant, il est essentiel de soutenir un film décalé, fin, violent, provocateur, sarcastique, gonflé, jamais blasphématoire qui rappelle Serial Mom de John Waters.Pour qu'il circule, il faut le voir dès la première semaine. Pour que le cinéma puisse encore être un art libre, loin du formatage industriel, permettant d'exprimer toujours et encore un point de vue singulier, quitte à déranger.

5. Astrid Whettnall est une comédienne belge extraordinaire : elle s'est longtemps réservée à jouer des pièces de théâtre mais maintenant le cinéma à l'oeil sur elle. Elle avait déjà un rôle dans Vampires et Little Gory mais ici, dans Au Nom du Fils, le premier rôle c'est elle. ce qui lui valu une nomination en tant que meilleure actrice aux Magritte. Depuis elle apparaît aux génériques de Costa Gavras (Le Capital), Claude Lelouch (Salaud on t’aime), Jalil Lespert (Yves Saint Laurent)…

6. Achile Ridolfi est la révélation belge : lui aussi comédien rompu aux planches du théâtre, il a reçu pour Au Nom du Fils le Magritte du meilleur espoir masculin.

7. Zacharie Chasseriaud va devenir grand : cet adolescent grandit au fur et à mesure des films, il était déjà dans Les Géants de Bouli Lanners à Cannes et dans Tango libre de Frédéric Fonteyne  à Venise. Outre Au Nom du Fils, depuis le début de l'année on a pu le voir dans 2 automnes 3 hivers de Sébastien Betbeder, dans Aux yeux des vivants et il a surtout irradié de fraîcheur et de beauté La Belle Vie de Jean Denizot, l'une des belles surprises de ce début d’année.

8. Philippe Nahon en prêtre : Il a marqué de sa présence les films de Gaspar Noé et Haute Tension de Alex Aja. Depuis, il a souvent appelé pour jouer les rôles de salauds ou de tueurs. Pour une fois on le voit dans la robe d'un (in)digne représentant de l'église...

9. Carlo Ferrante toujours inconnu en France : il apparaît ici juste dans un petit rôle secondaire d'un réalisateur d'émission de radio, mais c'est l'un des plus attachant acteurs belges. C'est aussi le complice fidèle de Vincent Lannoo qui en a fait le héros de Strass, Ordinary Man, Vampires.

10. Un peu de philosophie : c'est la période du bac qui approche, voir un film et en parler avec les autres c'est toujours une bonne chose. Deux exemple de sujets en rapport avec Au Nom du Fils: Quelles différences entre servir un Dieu et se servir d'un Dieu ? Peut-on rire de tout ?

« Au nom du fils » privé de salles à Paris

Posté par vincy, le 22 avril 2014

affiche au nom du filsLe Film Français révèle une situation surprenante : un film belge distribué partout en France, sauf à Paris. C'est ce qui arrivera au film Au nom du fils, de Vincent Lannoo, distribué par Eurozoom.

Primé au festival du film fantastique de Neuchâtel en Suisse, sélectionné dans les festivals de Montréal, Namur, Karlovy Vary, Turin, à l'Absurde séance, 7 fois nommé aux Magritte du cinéma (les Césars de la Belgique francophone), Au nom du fils sera diffusé dans une quinzaine de grandes villes de province au minimum. Le film est co-écrit par le québécois Philippe Falardeau, nommé à l'Oscar du meilleur film étranger pour Monsieur Lazhar.

Cet "incident" industriel révèle une fois de plus les problèmes dont souffrent les distributeurs indépendants d'une part, et la difficulté à promouvoir des films de genre ou singuliers d'autre part. Ici l'humour belge - l'histoire est celle d'une mère, catholique convaincue, qui décide de venger son fils, qui vient de se suicider après avoir avoué son amour pour un prêtre, en s'en prenant aux membres du clergé impliqués dans la pédophilie - passerait mal (elle est loin l'époque de C'est arrivé près de chez vous? ).

Pourtant, il y a un public pour ce comique décalé, teinté de noir et de jaune. Et si le film était mauvais, pourquoi le circuit Utopia ou des salles art & essai de références en province l'auraient choisi? Le sujet (religion, pédophilie)? Alors cette censure déguisée serait grave. Philippe Falardeau explique au Film français : "Le film n’est ni scabreux, ni scandaleux. Lars van Trier fait bien pire. Vincent Lannoo me disait qu’avec les manifestations de droite récentes, les exploitants de salle ne voulaient peut être pas passer pour des antireligieux. Sur un terrain plus marécageux, j’ai toujours pensé qu’une intelligentsia cinématographique, tant au niveau de la production que de la distribution est plus en plus réticente à montrer des films de la francophonie quand ils ne sont pas signés par quelques favoris comme Joachim Lafosse, les Dardenne ou Xavier Dolan. Même si je suis mal placé pour me plaindre". Il demande une explication claire pour justifier ce refus de la part des salles parisiennes.

Il est très rare qu'un film distribué en France ne soit pas diffusé en salles. Mais il est de plus en plus fréquent que des bons films d'auteur ne trouvent plus leur place ailleurs que dans une ou deux salles parisienne... Pour Eurozoom, il faudra peut-être suivre de très près l'expérience du film d'Abel Ferrara, Welcome in New York, qui sera lancé exclusivement en vidéo à la demande. Si les cinémas ne veulent plus de ces films, il n'y a pas de raison qu'on ne les montre pas au public, qui désormais a le choix des écrans.

Les Magritte 2014 : Ernest et Célestine, meilleur film belge de l’année

Posté par kristofy, le 3 février 2014

ernest et célestineC’est le film d’animation Ernest et Célestine (découvert à Cannes) qui durant la cérémonie des Magritte belges été sacré dans les deux catégories reines : meilleur film et meilleur réalisateur, avec, en bonus, un prix pour meilleur son. Ce film est également nominé aux Oscars dans la catégorie meilleur film d'animation, catégorie où il avait déjà gagné un César l'année dernière. La religieuse (Berlin 2013), Le passé et La vie d'Adèle (Cannes 2013) sont aussi cités au palmarès. Poelvoorde est couronné par le prix du meilleur acteur.

Un Magritte d’Honneur a été décerné également au réalisateur Emir Kusturica.

Voici le palmarès pour les principales catégories :

meilleur film : Ernest et Célestine de Stéphane Aubier, Vincent Patar et Benjamin Renner.
meilleur réalisateur : Stéphane Aubier, Vincent Patar et Benjamin Renner,  pour Ernest et Célestine
meilleur acteur : Benoit Poelvoorde dans Une place sur la terre
meilleure actrice : Pauline Etienne dans La religieuse (elle avait déjà été meilleur espoir féminin en 2011 pour Élève libre)
meilleur acteur dans un second rôle : Laurent Capelluto dans Le temps de l’aventure
meilleure actrice dans un second rôle : Catherine Salée dans La vie d’Adèle
meilleur espoir féminin : Pauline Burlet dans Le passé
meilleur espoir masculin : Achille Ridolfi dans Au nom du fils
meilleur scenario original ou adaptation : Philippe Blasband et Anne Paulicevich pour Tango Libre
meilleur premier film : Une Chanson pour ma mère de Joel Franka
meilleur film étranger en coproduction : La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche
meilleur film flamand en coproduction : Kid de Fien Troch
meilleur court-métrage : Welkom de Pablo Munoz Gomez. A noter que ce court-métrage, avec l’acteur Jean-Jacques Rausin, est visible (gratuitement) pendant quelques jours sur internet ici.

Voici donc le court-métrage La veille du premier jour de tournage qui a été diffusé durant cette 4ème cérémonie des Magritte, avec Laurent Capelluto (d’ailleurs récompensé meilleur acteur dans un second rôle dans Le temps de l’aventure) qui joue ici avec humour (belge) une quinzaine de rôles qui sont différents professionnels qui préparent un film :

Les Magritte 2014 : Tango Libre et Au Nom du fils en tête

Posté par kristofy, le 12 janvier 2014

tango libreBruxelles organise sa 4ème cérémonie des Magritte du cinéma qui aura lieu le 1er février prochain, la récompense belge équivalente aux Césars français. La soirée se déroulera sous la présidence de Emilie Dequenne qui avait eu l’année dernière le Magritte de la meilleure actrice.

La liste des nominations est maintenant dévoilée, on y retrouve bien entendu majoritairement des films belges francophones mais aussi des coproductions aussi plusieurs films français (La religieuse de Guillaume Nicloux, La vie d'Adèle de Abdellatif Kechiche, L’écume des jours de Michel Gondry…) et d’autres coproductions avec les voisins flamands.

Deux films déjà primés au Festival de Venise 2012 (et sortis en salles en 2013) sont remarqués : Tango Libre avait reçu le Prix Spécial du jury Orizzonti et La Cinquième Saison. Tango Libre est le grand favori avec 10 nominations (meilleur film, réalisateur, scénario, acteurs…). Ce film de Frédéric Fonteyne est déjà sorti en France en novembre 2012. La cinquième saison est sorti l'été dernier dans les salles françaises

L’autre grand favori est Au Nom du Fils, ce qui est une belle surprise puisque le film est sorti dans peu de salles (c’est une féroce comédie anti-cléricale), a été aussi récompensé du Méliès d’or au festival fantastique de Sitgès. Son réalisateur Vincent Lannoo est l’un des cinéastes belges injustement méconnu en France faute de distributeur dans l'Hexagone :ses films Ordinary Man et Little Glory ne sont jamais sorti et son dernier film en date, Les âmes de papier (avec Julie Gayet, Stéphane Guillon et Pierre Richard), plus conventionnel, est en salles depuis le 25 décembre. Au Nom du Fils va finalement sortir en France avec un an de retard le 7 mai 2014, la comédienne Astrid Whettnall est favorite dans la catégorie de la meilleure actrice.

A noter également 3 nominations pour le film d’animation Ernest et Célestine (dont une nomination dans la catégorie du meilleur film) et pour Une Place sur la Terre avec Benoit Poelvoorde, 2 nominations pour Landes. La présence du film de Sam Garbarski Vijay & I réalisé en anglais avec Patricia Arquette, Moritz Bleibtreu et Danny Pudi semble plus curieuse.

Pour ce qui est des principales catégories les nominés sont :

Meilleur film : Au nom du fils, Ernest et Célestine, Kinshasa kids, Le monde nous appartient, Tango libre

Meilleure réalisation : Vincent Lannoo (Au nom du fils), Stéphane Aubier et Vincent Patar (Ernest et Célestine), Frédéric Fonteyne (Tango libre), Sam Garbarski (Vijay and I)

Meilleur scénario : Kid, La cinquième saison, Tango libre, Vijay and I

Meilleure actrice : Astrid Whettnall (Au nom du fils), Lubna Azabal (Goodbye Morocco), Pauline Etienne (La religieuse), Déborah François (Populaire)

Meilleur acteur ::Sam Louwyck (La cinquième saison), François Damiens (Tango libre), Jan Hammenecker (Tango libre), Benoît Poelvoorde (Une place sur la terre)

Meilleure actrice dans un second rôle : Dominique Baeyens (Au nom du fils), Nicole Shirer (BXL - USA), Catherine Salée (La vie d'Adèle), Christelle Cornil (Landes)

Meilleur acteur dans un second rôle : Bouli Lanners (11.6), Olivier Gourmet (Grand Central), David Murgia (Je suis supporter du Standard), Laurent Capelluto (Le temps de l'aventure), Renaud Rutten (Une chanson pour ma mère)

Meilleur espoir féminin : Mona Walravens (La vie d'Adèle), Pauline Burlet (Le passé), Rania Mellouli (Le sac de farine), Anne Paulicevich (Tango libre)

Meilleur espoir masculin : Achille Ridolfi (Au nom du fils), Bent Simons (Kid), Steve Driesen (Landes), Mehdi Dehbi (Le sac de farine)

Meilleur court métrage : Bowling killers de Sébastien Petit, Le conseiller de Elisabet Lladó, Partouze de Matthieu Donck, Welkom de Pablo Munoz Gomez (celui-là avec Jean-Jacques Rausin)