15e festival des scénaristes : une édition en mouvement

Posté par MpM, le 4 avril 2012

festival des scénaristesAdieu Bourges, bonjour Valence ! Pour sa 15e édition, le Festival international des scénaristes a posé ses valises dans le sud-est de la France, mais sans se départir de sa mission de promotion du scénario sous toutes ses formes et de découverte de jeunes talents.

Au programme, on retrouve donc les temps forts qui ont fait le succès de la manifestation : marathon d'écriture du court métrage, forum des auteurs, workshops... sans oublier les cinq masters class autour du fil rouge de cette année, "l'écriture en mouvement". L'invité d'honneur, l'acteur Charles Berling, sera ainsi présent pour parler de son métier (master class "un comédien en mouvement"), mais aussi pour présider le grand jury du marathon d'écriture et pour présenter un showcase exceptionnel en compagnie de Jean-Michel Bernard.

Côté avant-premières, les festivaliers pourront découvrir Mon ami Pierrot d'Orso Miret et Little Glory de Vincent Lannoo.

Enfin, les programmes d'action culturelle proposent toujours les ateliers "tout est langage" qui initient écoliers, collégiens et lycéens aux trois formes du langage (écrit, visuel, oral) ainsi que l'atelier "tout est scénario" qui permet aux participants de transformer un roman en scénario, puis en film.

Si l'on ajoute à ce programme bien chargé des rencontres, des ciné-apéros et une grosse dose de convivialité, on peut être sûr que le festival des scénaristes 2012 est certes en mouvement, mais sans déroger à sa réputation de véritable fête du scénario !

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Festival international des scénaristes
15e édition
A Valence, jusqu'au 7 avril 2012
Informations et programme sur le site du festival

Le Jour le plus court, une fête du court métrage participative

Posté par vincy, le 3 octobre 2011

Ce lundi au CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée), Eric Garandeau présentait Le jour le plus court (voir aussi notre entrevue avec lui), aux côtés de deux des parrains de la manifestation, Jacques Perrin et Michel Gondry (les marraines Jeanne Moreau et Mélanie Laurent n'étaient pas là). Café, viennoiseries, pour doper les journalistes courageux et rarement matinaux. L'été joue les prolongations en plein automne : et voilà qu'on nous parle déjà du solstice d'hiver, le 21 décembre, la nuit la plus longue.

Après avoir vu La Lettre, court métrage en noir et blanc de Michel Gondry, un extrait des Césars 1977 nous remémore le discours de Jacques Tati (Césarisé d'honneur cette année-là), s'inquiétant déjà de la disparition du format au profit de la vente d'esquimaux. "Défendez le court-métrage ! (...) Sans court métrage, vous n'auriez eu ni Chaplin, ni Keaton, ni Fellini, ni René Clément..."

Pour valoriser le court métrage - 675 films de moins d'une heure produits en 2010 - le CNC veut imposer un rendez-vous équivalent à la Fête de la musique (durant le jour le plus long), Le jour le plus court. Isabelle Massot, directrice artistique de la manifestation et par ailleurs responsable du Festival des scénaristes, explique que cet événement "remplit une attente, il y avait quelque chose qui manquait".

Le court métrage, malgré ses presque 20 millions d'euros d'aides par an, est en effet le parent pauvre des contenus que ce soit dans les salles de cinéma ou sur les écrans de télévision. "Révélation de jeunes talents", "moyen de communication" selon Jacques Perrin, "mode d'apprentissage" pour Michel Gondry, le court métrage est essentiel à l'avenir du cinéma. Cependant, même dans les festivals, où il est très bien représenté, il est parfois dévalorisé par une programmation frontale avec des longs métrages.

Un événement participatif en chantier

L'idéal serait d'imposer des fenêtres de diffusion. Jacques Perrin l'explique très bien : "Ce n'est pas sans regret que je me souviens il y a trente, quarante ans du programme complet avec les actualités, un dessin animé..." Pourquoi pas un court avant chaque long? Et sinon "pourquoi il n'y a pas de séances à 10h30 le matin, consacrées aux courts métrages alors que des salles programment à cette heure là quelques gros films?"

Le jour le plus court va sans doute devoir prouver qu'il y a un désir de court. "Plus c'est court, plus c'est bon" devrait être le slogan de la bande annonce à venir, réalisée par Stéphane Foenkinos et Alexandre Athané. Un Festival multi-écrans - cinéma, télévision, web, sur les murs, dans le métro, les musées, les médiathèques... - faisant appel aussi bien aux professionnels qu'à chaque volonté individuelle. En attendant l'ouverture du site le 10 octobre prochain, on sait que n'importe qui pour faire sa propre programmation, figurer dans le programme national, accéder au catalogue de film de l'Agence du court métrage, ... Le mode d'emploi, avec l'aide de l'AFCAE, va être bientôt mis à disposition. Un festival 2.0 (avec applications mobiles et géo-localisées, outils de communication contributifs...). Bref Le jour le plus court sera un événement participatif auquel Ecran Noir se joindra bien évidemment.

Et si la SRF se trompait complètement?

On sent l'envie, et on comprend que tout cela s'est fait très rapidement. Certes, cela donne l'impression d'une manifestation en chantier au moment de l'annonce. Jeudi dernier, la SRF (Société des réalisateurs de films) s'est retirée du comité de pilotage. Officiellement la SRF n'a pas supporté de voir son idée de Fête du court métrage (sur laquelle elle travaillait depuis un an) concurrencée. De plus elle critique la date, choisie unilatéralement et symboliquement, et selon elle "contre l'avis de l'ensemble des acteurs de terrain du court métrage", rendant "improbable la participation des acteurs associatifs, culturels et éducatifs". Le 21 décembre, enfin, serait une très mauvaise date car les écrans sont surchargés.

Justement : n'est-ce pas une bonne idée de profiter de l'une des saisons les plus fréquentées de l'année pour les salles de cinéma? Des acteurs comme Arte, Canal +, France Télévisions, Orange, MTV, MK2, Gaumont Pathé, la Cinémathèque Française, l'Institut Lumière, Dailymotion, l'AFCAE, la SACD, la SNCF, Nisi Masa, Collectif Prod, et des collectivités locales ont annoncé leur mobilisation. La Fédération nationale des cinémas français, le Festival réputé de Clermont Ferrand, Les Lutins du Court Métrage, le Syndicat des Producteurs Indépendants, l'ARP font partie du comité de pilotage.

On comprend donc mal l'explication de la SRF qui évoque "un projet qui tourne court?". Certes, le CNC a choisi un autre mode de gouvernance pour réaliser cette manifestation dans des délais aussi courts. Mais en misant sur un projet collaboratif et ouvert à tous, en la "désinstitutionnalisant", le CNC fait le pari d'un Jour qui s'installe dans la durée avec peu de moyens.

C'est assez salutaire de voir en France un événement officiel faisant confiance aux créateurs, aux amateurs et aux initiatives individuelles.

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site internet du Jour le plus court

Festival des scénaristes 2011 : rencontre avec Bruno Oré, participant au marathon du court métrage

Posté par redaction, le 4 avril 2011

Le marathon d’écriture du court métrage est traditionnellement l’un des temps fort du festival de Bourges. Cette année, les participants devaient plancher sur le sujet relativement ouvert proposé par Gilles Marchand :

Bom bom bom… Sonia ouvre un œil. Il fait nuit noire. Elle a entendu frapper des coups contre une porte. Elle allume et tend l’oreille. Bom bom bom… C’est à sa porte qu’on frappe au milieu de la nuit. Elle enfile comme elle peut un pantalon qui traîne et va dans l’entrée. Bom bom bom… Sonia regarde par le judas.
Le palier est plongé dans l’ombre, mais elle distingue debout devant sa porte un petit garçon. Sonia se demande un instant si elle est bien réveillée. Elle regarde à nouveau par l’œilleton. Le petit garçon est là. Il jette des coups d’œil inquiets derrière lui.
Sonia entrouvre la porte. L’enfant vient se serrer contre elle, le regard suppliant. Il pointe un doigt tremblant vers la porte grande ouverte de l’appartement d’en face. Il n’y a aucune lumière mais Sonia aperçoit
… “.

Jeudi, peu avant 12h à Michel de Bourges, quelques marathoniens sortis en avance attendent devant le bâtiment. Par les fenêtres on peut encore voir leurs camarades rédiger les dernières lignes de leurs scénarios. Des tables d’école, de jeunes participants exténués... la notion de concours se fait très vite ressentir.

Bruno Oré, un des 26 marathoniens de cette 14e édition, discute avec deux autres participants. Marqué par la fatigue, il ne peut pourtant pas s’empêcher d'expliquer à quel point l’expérience du marathon lui a plu.

Que représente pour toi le festival de Bourges ?

Bruno Oré : Le festival est une occasion rêvée pour un jeune scénariste de rencontrer des professionnels. C’est vrai qu’on n’a pas forcément l’habitude dans ce cadre là de sortir en dehors du bureau donc tout ça s’organise plus comme un forum. Les gens sont vraiment là pour nous écouter, nous consacrer du temps. Ce qui est intéressant justement, c’est cette rencontre entre la jeune génération (qui n’a pas encore vraiment ses bases) et les professionnels qui sont à l’écoute, avides de nouvelles idées. Tout le monde est ici pour accorder de l’importance à cette passion qu’est l’écriture, ce qui est très revitalisant.
C’est tout l’intérêt de ce festival: tout le monde ici est là pour débattre sur des projets pas encore aboutis, qui sont en train de se faire, et c’est ça qui est excitant. Tout se joue là. C’est un accompagnement. Les gens sont très ouverts et sont là pour ça.

Que penses-tu du marathon de scénario ?

BO : A la base, je trouve que c’est une idée formidable. C’est quand même 48 heures sur un sujet imposé. Mais en dehors de ça, c’est un très bon exercice. Ce n’est pas forcément évident avec l’horloge qui tourne, d’ailleurs je ne te cache pas que ça fait 36 heures que je n’ai pas dormi (rires). Je reste très content du travail qui a été fait, un travail très prenant, très fatiguant, mais qui demeure passionnant. C’est tout l’intérêt de ce marathon : le dépassement de soi.

C’est une expérience assez intense tout de même?

BO : En effet. C’est un marathon avec des prix à la clé, et ce qui reste fascinant, c’est que les marathoniens vont très vite nouer une certaine amitié. Nous sommes tous confrontés au même problème. Et ce qui reste intéressant dans le marathon, c’est cette idée de communion autour d’une passion commune. Et dans la difficulté de l’épreuve on a plutôt tendance à se rapprocher plutôt qu’à être compétitifs.

C’est surprenant car lorsqu’on vous voit dans cette classe comme à un exame , on a plutôt l’impression qu’il y a une certaine tension qui règne entre vous.

BO : Ca a l’air très scolaire en effet. Après on s’accorde quelques pauses, on prend le temps de discuter avec les autres, on s’échange des idées. Il y a une certaine solidarité entre les marathoniens, qui est vraiment forte. Mais ce qui est fascinant, c’est que sur un même sujet commun, tout le monde va partir dans des directions différentes, selon les univers de chacun.

Des réactions à la lecture du sujet?

BO : Tout de suite on se retrouve immergé dans la notion de genre, qui est cette année le thème du festival, et caractéristique de la carrière du président du Grand Jury, Gilles Marchand. On nous a délibérément  poussés à exploiter nos propre univers, d’essayer de construire quelque chose qui nous appartienne. Même si le sujet semble nous amener d’emblée vers un thriller, au final il y a eu un peu de tout, et surtout, contrairement à ce qu’on croit, beaucoup de comédies.

Un sujet difficile ou passionnant?

BO : La première journée a été très dure dans le sens ou j’ai essayé de me détacher assez vite de la notion d’horreur. Une histoire qui se déroule dans la nuit, un enfant apeuré....se détacher de ça pour aller vers un genre qui me correspondait plus, c’était là toute la difficulté. Et l’intérêt de ce marathon c’est que tout va vite: ce qu’on fait habituellement en un mois, là on doit le faire en 48 heures. On a des retour de professionnels, des avis très critiques, et des parrains qui nous permettent de bien faire avancer le projet. En soi, j’ai trouvé que c’était une bonne expérience.

Lorsque tu écris, quelle étape du scénario trouves-tu la plus difficile?

BO : Ca dépend des personnes, mais pour ma part, j’ai beaucoup de difficulté avec la continuité dialoguée alors que le synopsis et la structure reflètent l’idée de départ et se construisent rapidement, surtout pour moi qui accorde énormément d’importance au visuel, à créer des scènes et faire jouer mes personnages dans des situations clés.

Et la plus intéressante?

BO : La structure, sans aucun doute, surtout au sein d’un court métrage où la chute doit pimenter toute l’histoire. On a quand même un nombre de pages imposé, à savoir 10 pages, donc on doit rester concis. Mais je trouve aussi intéressant de trouver l’idée. Celle qui va faire naître l’intrigue. C’est vraiment cette étape qui m’excite. On ne sait pas encore où on va, mais on sent qu’il y a quelque chose à exploiter. On se dit toujours qu’il y a des idées autour de nous, et si on arrive à bien les capturer, ça donnera quelque chose de magnifique.

Tu parle beaucoup de la notion de "chute". Ce que tu aimes avant tout, c’est donc surprendre ton lecteur?

BO : J’adore ça. C’est peut-être dû au fait que j’ai grandi avec des séries comme la 4e dimension, où les chutes sont très impressionnantes, et c’est quelque chose d’assez  viscéral. Mais c’est vrai qu’en court métrage la chute est plus difficile que sur un long.

Tu préfère alors l’écriture d’un court métrage ou d’un long métrage?

BO : J’ai déjà fait les deux. Mais je garde une préférence pour le long métrage. Dans le court métrage, il faut introduire les choses vite. Moi qui aime bien creuser mes personnages, pour le coup, j’ai plus l’occasion de le faire sur un long métrage. On a dès lors plus de champ d’action, plus de temps.

Yanne Yager

Festival des scénaristes 2011 : retour sur la 14e édition

Posté par redaction, le 3 avril 2011

Dès le matin de l’ouverture, Bourges vit au rythme des voitures qui déposent les participants du festival au long court pour cette 14e édition 2011. Venus de tous horizons, de tous les domaines du 7e art, acteurs, producteurs, bruiteurs, machinistes, réalisateurs, scénaristes, journalistes, amateurs et professionnels font connaissance. Certains sont déjà venus au festival les années précédentes, pour d’autres c’est le baptême. Les accolades et les rires des invités prédisent déjà l’ambiance conviviale qui va désormais accompagner le festival.

Dés le début d’après-midi, les activités commencent et cette année, le thème du festival promet un programme très original : le film de genre. Après tout, qu’est-ce véritablement qu’un film de genre ? Et surtout au sein du cinéma français ? La bande annonce comique du festival tournée avec Marc Citti semble y répondre: “Vous avez déjà vu un cinéma de genre en France? Ah oui alors y’a les polars. Les anciens flics ils occupent bien le terrain au cinéma français. Cela dit il paraîtrait que ça change....Il paraîtrait. Il y a deux-trois jeunes qui ont des idées.”. Et les idées sont là cette année. Présentes sur toute les lèvres, elles sont le sujet de discussion, et surtout celles des jeunes scénaristes venus rencontrer leur aînés.

La session de diffusion des courts métrages fantastiques en sera un bon exemple. Le festival décide de rediffuser les premiers courts-métrages de grands noms du cinéma français comme Carne de Gaspard Noé (1991), Victor de François Ozon (1993) ou encore Silver Slime de Christophe Gans (1981). Plus tard, ce sont de nouveaux réalisateurs et auteurs émergents qui viendront présenter leurs travaux, avec quelques perles comme Coucou les nuages de Vincent Cardonna et surtout Nova Eva de Guillaume Martinez. Edith Scob, héroïne de ce dernier film, viendra d’ailleurs égayer le festival de sa présence en tant que membre du Grand Jury et sera présente à la diffusion des courts métrages.

A la cérémonie d’ouverture , la réflexion sur le thème continue. La déléguée générale Isabelle Massot introduit Gilles Marchand et Jean Baptiste Thoret pour une interview sur scène. Et c’est à travers le parcours du scénariste de Harry un ami qui vous veut du bien, Bon voyage et Lemming et réalisateur de Qui a tué Bambi et l’Autre Monde que le journaliste tente de répondre à la question de la notion de genre : le cinéma français est-il propice à bien défendre la notion de genre ? De quel film de genre est-on le plus proche en France ?
Par la suite, Edith Scob rejoindra Gilles Marchand pour présenter Les Yeux Sans Visage, film de 1960 dans lequel l’actrice a tourné pour George Franju et qui est véritablement resté dans les mémoires... Excellents auspices pour cette 14e édition !

Et pourtant, les choses ne semblaient pas se profiler sous leur meilleur jour pour les organisateurs du festival. Malgré des fonds en baisse (notamment la généreuse mais absente contribution de l’ADAMI), les multiples membres du staff du festival ont reçus leur hôtes dans les meilleures conditions qui soient et les ont accompagnés pour leur offrir un festival de choix. En soi, cette 14e édition du festival des scénaristes aura réunis des professionnels et des amateurs autour d’une passion commune, et dans une ambiance chaleureuse et authentique. A Bourges, comme tous les ans, l’heure était au foisonnement des idées, à l’échange, au partage et surtout au plaisir de se retrouver !

Yanne Yager

Un 14e Festival des Scénaristes placé sous le signe du genre

Posté par MpM, le 30 mars 2011

Depuis qu'il a fait son entrée dans les plus prestigieux festivals du monde, le cinéma de genre est devenu incontournable. Souvent ludique et novateur, il apporte comme une grande vague d'oxygène dans des environnements parfois confinés, voire sclérosés. Il était donc logique que le Festival des Scénaristes se tourne à son tour vers ce type de cinéma pour lequel, peut-être plus qu'un autre, un bon scénario peut faire toute la différence.

Le genre sera donc le fil rouge de cette 14e édition du festival qui commence aujourd'hui. Dès l'ouverture, c'est un classique qui donne le ton : Les yeux sans visage de Georges Franju. Suivront des programmes de courts métrages fantastiques, la leçon de scénario de l'invité d'honneur, Gilles Marchand, président du grand jury, la leçon de télévision de Jean Teddy Filippe au sujet de l'étrange série documentaire Les documents interdits, une table ronde autour de la notion de "genre" et la présentation de plusieurs longs métrages comme Qui a tué Bambi ou Harry, un ami qui vous veut du bien.

Bien sûr, l'écriture scénaristique est également à l'honneur avec le marathon du court métrage, les portraits sonores, le forum des auteurs ou encore la bible de télévision. Grande nouveauté cette année, le marché interactif de l'image et de l'écrit qui permet aux professionnels du cinéma et de l'audiovisuel de rencontrer les nouveaux auteurs présents sur le festival et de découvrir des projets originaux.

Enfin, pour la 2e année consécutive, place est faite à une création musicale originale : l’artiste-interprète Lili, le contre-ténor François Pagot, la comédienne Sophie Guillemin,la chorale et les musiciens du Conservatoire de Musique et de Danse de Bourges, sous la direction de la compositrice Béatrice et de DJ Xavier D, vont réorchestrer en 48h la célèbre chanson Démons et Merveilles de Maurice Thiriet ainsi que d'autres chansons d’après-guerre de Maurice Chevalier. Une prestation unique qui prouve qu'à Bourges, toutes les écritures et tous les challenges sont vraiment au rendez-vous !

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14e Festival international des Scénaristes de Bourges
Du 30 mars au 2 avril 2011

L’ADAMI lâche le Festival des scénaristes de Bourges

Posté par MpM, le 3 mars 2011

A un mois de l'ouverture du Festival international des scénaristes, l'ADAMI (société civile pour l'Administration des Droits
des Artistes et Musiciens Interprètes) a soudainement décidé de lui retirer son soutien. C'est non seulement une subvention de 15 000 euros qui s'envole, mais en plus, le festival est contraint de retirer toute mention de l'ADAMI de son matériel de communication, ce qui implique de réimprimer les documents existants.

Une double peine, donc, pour la manifestation qui se voit contrainte d’annuler tout un pan de sa programmation faute de financement suffisant. Parmi les événements sacrifiés, on retrouve notamment l'atelier "tout est langage" qui permet de sensibiliser le jeune public à l’écriture et au langage cinématographique à travers des ateliers d’éducation à l’écriture de l’image, des rencontres et des conférences animés par des professionnels du 7e art. En plus des élèves, ce sont d'ailleurs les jeunes comédiens "Talents Cannes Adami" qui sont ainsi floués, puisqu'ils n'auront pas l'occasion de se produire pendant le festival.

Le Festival de Bourges précise qu'"aucun signe annonciateur de ce choix n’a été exprimé", ce qui rend d'autant plus brutale la décision  de l'ADAMI. De son côté, cette dernière ne s'explique pas sur le fond du problème, à savoir les raisons d'une décision si soudaine. Dans un communiqué, elle se contente de réaffirmer sa mission : "apporter son soutien à des projets artistiques
permettant notamment de valoriser l'emploi des artistes-interprètes
" et non "financer ad vitam aeternam le fonctionnement des structures artistiques" et évoque le "recul considérable des financements de la culture" mis en parallèle avec l'augmentation constante de manifestations réclamant un soutien. "Pour des raisons d'équilibre, voire même d'équité, nous ne souhaitons pas dire oui chaque année aux mêmes et dire non à tous les autres."

L'instance pointe également la "fragilité" des actions organisées par le festival et tente d'élargir le débat :  "qui devrait financer les actions éducatives des festivals : l'Adami ou les pouvoirs publics" ? Elle se dédouane enfin en relativisant l'impact d'une perte de 15000 euros pour un festival "dont le budget avoisine les 300 000 euros".

Autant d'arguments recevables dans le cas d'un non-renouvellement de partenariat mais assez peu convaincants lorsqu'il s'agit de se retirer d'un festival à peine quelques semaines avant son coup d'envoi. Il est naturel, et même sain, de questionner année après année le travail effectué par ses partenaires, de s'interroger sur les décisions prises, ou de diverger sur les axes retenus. Bien sûr l'ADAMI est-elle libre de choisir les manifestations qu'elle soutient, et de changer d'une année sur l'autre. Peut-être même  que Bourges peine à être le grand festival consacré au scénario que l'on pourrait souhaiter, ne serait-ce que parce qu'il pêche souvent sur le volet "international" du métier.

Pour autant, il est assez inconcevable de mener ces réflexions à un mois de l'ouverture, et d'en tirer une conclusion aussi violente, aussi immédiate, et au final assez peu motivée. Car quoi qu'elle en pense, en ne laissant pas aux organisateurs le temps de se retourner, l'ADAMI fragilise inutilement l'édition 2011 du festival et le place dans une situation délicate vis-à-vis de ses autres partenaires, de ses invités et surtout du grand public.

contraint d’annuler tout un pan de sa programmation ! Aucun signe annonciateur de ce choix n’a été exprimé : baisse progressive du montant de la subvention, appel à prudence dès la fin du 13e festival etc… Soutenir un festival ou pas est un choix qui appartient à l’Adami. Ce choix est ici pour le moins radical et inexpliqué. L’atelier Tout est langage annulé Depuis huit ans, l’Adami permet, avec à une subvention annuelle de 15 000 euros, fléchée sur l’Action Culturelle, de mettre en place l’atelier Tout est langage programmation spécifique « Jeune Public ». Ce rendez-vous a pour vocation de sensibiliser le jeune spectateur à l’écriture et au langage cinématographique à travers des ateliers d’éducation à l’écriture de l’image, des rencontres et des conférences animés par des professionnels du 7e art. Ce retrait soudain a pour conséquence de priver près de 400 enfants d’une partie de l’atelier Tout est langage qui consiste à découvrir en classe le scénario de deux films, qui sont ensuite lus et mis en scène lors du Festival par cinq comédiens « Talents Cannes Adami », avant d’être projetés. A un mois du Festival, les comédiens ont déjà commencé à préparer la mise en scène et les enfants ont déjà reçu les scénarios. Or, sans l’aide de l’Adami, il est impossible pour le Festival de rémunérer ces cinq comédiens ! L’atelier Tout est langage, qui était l’occasion pour ces comédiens de montrer l’étendue de leur talent, ne peut avoir lieu dans son intégralité. Avec l’atelier Tout est Langage, c’était non seulement les comédiens Talents Cannes Adami qui étaient mis en avant, mais aussi les valeurs du spectacle vivant qu’ont pu découvrir les quelques 3 300 enfants qui ont participé à cet atelier en six années à Bourges, entre 2005 et 2010. Le combat du Festival pour l’émergence de nouveaux talents est gravement mis à mal par ce retrait Créé par l’association scénario au long court, le Festival international des scénaristes a pour objectif de promouvoir l’écriture scénaristique sous toutes ses formes et encourager l’émergence d’une nouvelle génération d’auteurs. Ce retrait met en danger le Festival au risque de l’asphyxier, en le fragilisant financièrement d’une part, mais aussi en minimisant son combat en faveur du renouvellement des talents dans la création audiovisuelle et cinématographique. Il dévalorise également l’engagement de l’ensemble des partenaires du Festival. Un partenariat déjà largement engagé… De plus, cette décision tardive est prise alors que la grande majorité des éléments de communication ont été validés par l’Adami : affiches et page de remerciements aux partenaires (page déclinée sur le dépliant du programme, le catalogue, le site internet et la bande annonce du Festival) sur lesquelles figurent le logo de l’Adami. L’édito de Philippe Ogouz, Président de l’Adami, qui devait figurer dans le catalogue du 14e Festival, était prêt à être imprimé, de même que leur page de publicité (voir ci-dessus) t qui devait apparaître en couverture du catalogue. Le programme du Festival sur lequel est annoncé l’atelier Tout est langage avec le soutien de l’Adami est en cours d’impression et déjà disponible sur internet. Le service de communication de l’Adami demande à présent au Festival de retirer toute mention de ce partenariat, ainsi que le logo Adami, ce qui risque d’engendrer des coûts supplémentaires pour un Festival fragilisé ».

Bourges : du Festival des Scénaristes à la Quinzaine des Réalisateurs

Posté par MpM, le 30 mars 2009

Marianne DumoulinIncroyable aventure que celle du jeune réalisateur argentin Pablo Agüero dont le premier long métrage, Salamandra, était projeté à Bourges en avant-première. C'est en effet sa rencontre avec la productrice Marianne Dumoulin (JBA Production) lors du forum des auteurs 2006 qui lui a permis de se retrouver sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs dans le cadre du festival de Cannes 2008. Marianne Dumoulin revient sur cette rencontre en forme de coup de foudre, qui a conduit à la naissance d'un film troublant et âpre que l'on rêve de voir sur les écrans français.

Comment avez-vous eu connaissance du projet de Pablo Agüero ?
C'est une aventure de production incroyable ! Isabelle Massot, la déléguée générale du Festival des Scénaristes, m’avait proposé d’être la marraine d’un auteur du forum [le forum des auteurs permet à de jeunes scénaristes de défendre un projet de long-métrage devant des professionnels]. Il y avait six scénarios et j’ai eu un coup de coeur pour celui de Pablo. Comme nous étions débordés par les activités de production, je n’avais ni l’envie, ni la disponibilité de le produire. Par contre, j’ai été tout de suite persuadée qu’on allait se l’arracher. Quand on s'est retrouvé pour se répartir les scénarios, tout le monde lui a d'ailleurs trouvé une grande force, mais c’est moi qui suis devenue sa marraine.

Comment s'est passée votre rencontre ?
Comme souvent dans le cadre du Festival, autour d’un pot... Vous savez, l’histoire du coup de foudre ? C'est ce qui s'est passé avec Pablo. On s’est retrouvé à parler toute la soirée, de cinéma, de la vie, de peinture, de romans… C'était fusionnel et on a commencé à se voir tous les jours. Puis il m’a montré son court métrage et j’ai été très franche puisque je n’avais pas l’intention de le produire. J’ai émis des critiques et Pablo a apprécié cette franchise. Ensuite,  on s’est retrouvé à Bourges lors du pitch, et ça a vraiment été le pitch du ressenti. Vous savez, l’histoire de Salamandra, c’est celle de Pablo : la découverte d’un univers de renégats et d’abandon aux confins de la Patagonie, à travers le regard d’un enfant. Sa présentation n’a pas du tout été classique. La main sur le visage, il a parlé des traces que laisse ce contact, des perceptions trompeuses… Il nous a entraîné dans son milieu argentin si particulier. Bref, c'était génial, on était tous bouche ouverte.

Et vous avez finalement décidé de le produire...Salamandra
Toujours à Bourges, nous étions en boîte de nuit avec Jacques Bidou et je lui ai dit "On ne peut pas laisser filer Pablo. Il faut lui proposer de produire son film." On est allé le voir et on lui a demandé (en hurlant, à cause de la musique) s'il voulait bien travailler avec nous. Il a dit oui et ensuite, ça a été très vite. Son scénario était déjà très avancé quand il l’a présenté à Bourges. Après avoir été à la résidence de la Cinéfondation, Pablo a été sélectionné à l’Atelier du Festival de Cannes. Nous étions dans une euphorie très risquée mais la chaîne de télévision Arte nous a suivis et le film s’est tourné en 2007. Nous, à JBA Production, on produit beaucoup de films et nous avons un catalogue important. Mais pour un réalisateur, le premier long métrage, c'est vital ! Nous tenions à lui donner le maximum de moyens. Il est de plus en plus difficile de produire ce genre de cinéma, pointu et abordant un sujet noir. Qui de nos jours peut prendre ce genre de risques ? Mais des fois on se dit que c'est ce qu'il faut faire, prendre des risques sur certains films.

Comment s’est passée votre collaboration ?
Pablo est une vraie révélation. C’est quelqu’un qui cherche toujours à apprendre, il nous a beaucoup surpris. Il a pris des risques, tourné avec des non-professionnels, fait des choix artistiques prononcés… Tout a été assez magique. Une vraie aventure humaine et artistique. En plus, le film a été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes et désormais il fait le tour des festivals internationaux ! De cette rencontre à Bourges sont vraiment nés un grand film et un grand cinéaste.

Verra-t-on le film en France ?
Il sera d'abord diffusé sur Arte en septembre, puisqu'ils ont participé au financement. Mais on ne désespère pas de trouver un distributeur pour une vraie sortie en salles...

Bourges : rencontre avec Robin Renucci

Posté par MpM, le 29 mars 2009

Robin RenucciEn tant que président du grand jury, l'acteur Robin Renucci s'est vu confier la lourde tâche de récompenser le meilleur scénario de court métrage écrit dans le cadre du marathon d'écriture. C'est lui également qui en a inventé le sujet, mêlant une jeune Anglaise perdue dans les rues de Bourges, le Palais Jacques Coeur et une mystérieuse conductrice. Mais il a également profité de sa présence au Festival des Scénaristes pour rencontrer son public, et parler de ce qui lui tient à cœur : le partage et l'éducation populaire.

Que pensez-vous du Festival des Scénaristes ?
C'est un lieu de pratique et de partage. Or, ce qui unit les êtres humains, c'est de partager quelque chose. Souvent dans le monde, il y a ceux qui montrent et ceux à qui l'on montre. Ici, il est question de transmission de savoirs et de savoir-faire. On produit quelque chose qui n'a d'autre but que d'être partagé.

Ce qui rejoint votre intérêt pour l'éducation populaire...
Je cherche à rendre chacun à la culture. Je ne dis pas que les choses étaient mieux avant, mais j'analyse le remplacement d'un certain savoir-faire par des services payants : la société nous a privés de choses que l'on savait faire comme la mémoire, la cuisine ou le soin apporté aux morts pour nous le vendre par le biais de plats cuisinés, de téléphones qui retiennent tout à votre place ou de sociétés qui s'occupent de vos défunts. Ce qui arrive aujourd'hui, c'est une perte de désir. Nous sommes véritablement devenus des consommateurs. Moi, je crois en l'éducation à l'image ou même à la publicité. J'aime le rapport de transmission induit par l'éducation populaire, le fait que ce soit intergénérationnel.

C'est pourquoi vous vous engagez...
Je ne sais même pas comment on peut ne pas être engagé ! Je cherche tout simplement à mettre des actes sur mes mots. C'est comme cela que sont nées les Rencontres internationales de théâtre en Corse et que nous avons lancé un atelier d'écriture dans un village de montagne de la vallée du Guissani. J'ai parlé avec les gens de là-bas et je me suis rendu compte que leur plus grande peur, c'est de disparaître. Ils ont inventé une farce autour de cela, dans laquelle ils réussissent à vaincre la mort. C'est le scénario de mon premier long métrage, Sempre vivu ? Qui a dit que nous étions morts ?

Crédits photo : Alfredo Altamirano pour le Festival des Scénaristes.

Bourges : rencontre avec Jean Gruault

Posté par MpM, le 29 mars 2009

Jean GruaultC'est une Pascale Ferran très émue qui accueille le scénariste Jean Gruault sur la scène du théâtre Jacques Coeur où, en tant qu'invitée d'honneur du Festival, elle l'a convié à un "séminaire-hommage" venant conclure ces cinq jours de débats et de rencontres . "J'ai l'impression d'avoir énormément appris en décortiquant vos films", déclare-t-elle notamment, avant de se lancer dans la longue litanie des réalisateurs pour lesquels ce vétéran du scénario a travaillé : François Truffaut, Alain Resnais, Roberto Rossellini, Jacques Rivette, Jean-Luc Godard, Chantal Akerman... "L'exercice, donc, consiste à ne pas être transie d'admiration", avoue-t-elle en guise de conclusion. Réponse du principal intéressé : "oui, mais vous ne parlez pas de tous les mauvais films !". Immédiatement, la glace est rompue.

Jean Gruault est comme ça : spontané, ne s'embarrassant pas de précautions oratoires et prenant un plaisir évident à démonter certains mythes ("Truffaut était très franco-français... voire franchouillard"). Il embarque donc l'auditoire avec lui dans l'histoire complexe et passionnante de sa vie : le théâtre de guignol de son grand père, le Napoléon d'Abel Gance visionné en bobines de 10 mètres, le journal de Mickey ("une révolution dans ma vie")... et puis la rencontre avec Rivette et Truffaut, les séances de cinéma ou encore l'influence de Rossellini qui le pousse à écrire. Il se lance finalement avec Rivette et ce sera Paris nous appartient. "Vous n'avez peut-être pas vu le film... ce n'est pas une grosse perte ! On n'avait aucune méthode et aucune expérience..."

Lui-même se laisse entraîner par les souvenirs, un sujet en appelant un autre. En bon scénariste qu'il est, ses digressions le mènent toujours quelque part, de préférence vers une anecdote acide ou amusante ("Le séminaire était une pépinière de communistes", "Ce qui m'intéressait, au fond, au théâtre comme au cinéma, c'était d'être dans le coup", "Truffaut , il fallait toujours qu'il corrige mes scénarios, même si ça lui plaisait. Il avait besoin de réécrire pour que ce soit sa langue, et plus la mienne", etc.), et il finit ainsi par retomber sur ses pieds. A défaut de connaître sa méthode de travail (il s'entête à assurer qu'il n'en a pas), on voit le cheminement de sa pensée en action, toujours aussi vive. Mais déjà le séminaire s'achève, et c'est à peine si l'on a abordé le tiers de son œuvre foisonnante. Heureusement, pour un prochain rendez-vous avec Jean Gruault, on peut toujours se tourner vers ses livres ou tout simplement revoir l'un des nombreux chefs d'œuvre qu'il a co-signés : Jules et JimMon oncle d'Amérique, Les carabiniers, La religieuse... L'avantage, c'est qu'il y a l'embarras du choix.

Crédits photo : Alfredo Altamirano pour le Festival des Scénaristes.

Bourges : 3 questions à Pascale Ferran

Posté par MpM, le 27 mars 2009

La 12e édition du festival des Scénaristes de Bourges met à l'honneur la réalisatrice et scénariste Pascale Ferran en présentant ses principaux films, dont la version longue (prévue pour une diffusion télévisée) de son dernier film, Lady Chatterley et l'homme des bois. L'occasion pour elle de proposer une analyse comparative entre les deux adaptations du roman de D.H.Lawrence dans le cadre d'un séminaire public, mais aussi de répondre aux questions d'Ecran Noir.

Pourquoi existe-t-il deux versions du film Lady Chatterley ?
Dès le départ, je savais que le film serait long. Par estime et amitié pour Pierre Chevalier de la chaîne Arte, je lui ai parlé du projet. j'avais besoin de convaincre quelqu'un que je pouvais, moi, envisager de faire ce film. Il m'a proposé deux épisodes d'1h40, ce qui semblait assez logique pour adapter le roman. Et puis, très vite, on s'est dit avec mon coscénariste Roger Bohbot que ce serait vraiment dommage de ne pas en faire un film de cinéma, car c'est un projet très cinématographique. Dès l'écriture, on savait donc qu'il y aurait deux versions différentes. On s'est amusé à les écrire. Le principe était que la seconde, pour le cinéma, soit recentrée sur le couple tandis que la version télévisée tourna autour du quatuor : les deux amants, le mari et la garde-malade. Cela crée une vraie différence de point de vue d'un film à l'autre.

Contrètement, comment avez-vous travaillé ?
Une fois la version longue terminée, quand on en a été content, on est passé à une version plus courte en enlevant des scènes ou en en ajoutant pour faciliter le passage d'une séquence à l'autre. Sur le tournage, il n'y avait que moi qui savais pour quelle version on était en train de tourner. Tout le monde faisait comme si c'était un seul et même film, sinon ç'aurait été trop dur. Ce qui a rendu les choses assez faciles dans ma tête, c'est que D.H.Lawrence a écrit trois versions du roman... donc c'est comme s'il n'y avait plus d'original, mais une histoire racontée de plusieurs façons.

Comment avez-vous distingué ce qui était "cinématographique" ou au contraire plus adapté à la télévision ?
En fait, pour moi, il s'agissait surtout de deux films de cinéma de durée différente. A partir du moment où je tourne, dans ma tête, c'est dans le but d'être projeté sur un écran, parce que je suis un peu constituée comme ça... Mais la version télévisée a quand même des particularités. Comme elle était en deux parties, elle était au départ destinée à être diffusée deux jours de suite. Pour moi, c'est le goût du feuilleton qui revenait... Donc on a terminé la première partie sur un petit suspense. La scène finale de la version télévisée ne raconte pas la même chose que dans le film. On s'est bien amusé avec ça, à imaginer une structure en chapitres qui produit des effets de sens. Même si au final, Arte a diffusé les deux épisodes le même soir.