Bourges : 3 questions à Pascale Ferran
La 12e édition du festival des Scénaristes de Bourges met à l'honneur la réalisatrice et scénariste Pascale Ferran en présentant ses principaux films, dont la version longue (prévue pour une diffusion télévisée) de son dernier film, Lady Chatterley et l'homme des bois. L'occasion pour elle de proposer une analyse comparative entre les deux adaptations du roman de D.H.Lawrence dans le cadre d'un séminaire public, mais aussi de répondre aux questions d'Ecran Noir.
Pourquoi existe-t-il deux versions du film Lady Chatterley ?
Dès le départ, je savais que le film serait long. Par estime et amitié pour Pierre Chevalier de la chaîne Arte, je lui ai parlé du projet. j'avais besoin de convaincre quelqu'un que je pouvais, moi, envisager de faire ce film. Il m'a proposé deux épisodes d'1h40, ce qui semblait assez logique pour adapter le roman. Et puis, très vite, on s'est dit avec mon coscénariste Roger Bohbot que ce serait vraiment dommage de ne pas en faire un film de cinéma, car c'est un projet très cinématographique. Dès l'écriture, on savait donc qu'il y aurait deux versions différentes. On s'est amusé à les écrire. Le principe était que la seconde, pour le cinéma, soit recentrée sur le couple tandis que la version télévisée tourna autour du quatuor : les deux amants, le mari et la garde-malade. Cela crée une vraie différence de point de vue d'un film à l'autre.
Contrètement, comment avez-vous travaillé ?
Une fois la version longue terminée, quand on en a été content, on est passé à une version plus courte en enlevant des scènes ou en en ajoutant pour faciliter le passage d'une séquence à l'autre. Sur le tournage, il n'y avait que moi qui savais pour quelle version on était en train de tourner. Tout le monde faisait comme si c'était un seul et même film, sinon ç'aurait été trop dur. Ce qui a rendu les choses assez faciles dans ma tête, c'est que D.H.Lawrence a écrit trois versions du roman... donc c'est comme s'il n'y avait plus d'original, mais une histoire racontée de plusieurs façons.
Comment avez-vous distingué ce qui était "cinématographique" ou au contraire plus adapté à la télévision ?
En fait, pour moi, il s'agissait surtout de deux films de cinéma de durée différente. A partir du moment où je tourne, dans ma tête, c'est dans le but d'être projeté sur un écran, parce que je suis un peu constituée comme ça... Mais la version télévisée a quand même des particularités. Comme elle était en deux parties, elle était au départ destinée à être diffusée deux jours de suite. Pour moi, c'est le goût du feuilleton qui revenait... Donc on a terminé la première partie sur un petit suspense. La scène finale de la version télévisée ne raconte pas la même chose que dans le film. On s'est bien amusé avec ça, à imaginer une structure en chapitres qui produit des effets de sens. Même si au final, Arte a diffusé les deux épisodes le même soir.
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