Cannes 2018 : Cannes en orbite avec « Star Wars »

Posté par wyzman, le 15 mai 2018

Puisque cette 71e édition nous emmène dans les étoiles avec l’avant-première mondiale de Solo: A Star Wars Story, nouvel épisode de l'univers étendu de la saga Star Wars, présenté hors compétition, et la projection de 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick dans une nouvelle copie 70 mm restaurée (sans modification numérique de l'oeuvre de 1968) à Cannes Classics, profitons-en pour un petit tour d’horizon des « Space opéras » qui ont eu les honneurs de la sélection officielle.

Cannes ce n'est à priori pas le lieu où on s'imagine voir un film de vaisseau spatial et de bataille intergalactique, et pourtant certains gros films de science-fiction ont bel et bien décollé depuis la croisette. Retour sur la saga intergalactique la plus célèbre du monde, par ailleurs grande habituée du tapis rouge.

"Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine..." Tandis que Solo : A Star Wars Story sera projeté hors-compétition le mardi 15 mai en avant-première mondiale, un petit rappel de l'histoire qui lie la saga créée par George Lucas et le Festival de Cannes s'impose. Car outre la nécessité d'avoir quelques blockbusters à l'affiche, Star Wars pourrait bien être le miroir inattendu de la politique et de la production cinématographique américaines.

Jeudi 16 mai 2002 | Star Wars : Episode II - L'Attaque des clones

Projeté hors compétition, le deuxième volet des aventures d'Anakin Skywalker permet une révolution sur la Croisette : l'arrivée en grande pompe du numérique. Le film de George Lucas, qui avait présenté son premier film, THX 1138 à la Quinzaine 31 ans plus tôt, est en effet le premier à avoir été entièrement réalisé avec la caméra Sony-24P. Ce qui n'empêche pas cet Episode II d'être tout simplement assassiné par la critique. La cause principale étant bien évidemment le très mauvais jeu de Hayden Christensen (Anakin Skywalker). Il fait ici de son mieux pour être convaincant mais ne parvient jamais à développer une véritable alchimie avec l'interprète de Padmé Amidala, Natalie Portman.

Pour les puristes de la saga (et les festivaliers qui ont vu La Menace fantôme), cette suite est néanmoins sauvée par l'intrigue autour du personnage que campe Ewan McGregor (Obi-Wan Kenobi). George Lucas se vantera de la qualité visuelle (!) de son film mais personne n'oubliera le tollé subi par L'Attaque des clones...

Dimanche 15 mai 2005 | Star Wars : Episode III - La Revanche des Sith

Trois ans après le mauvais Episode 2, George Lucas est de retour sur la Croisette pour son grand final. Et ce qui devait simplement émouvoir les festivaliers de plus en plus accro à la culture pop se transforme en standing ovation avant et après la projection de gala. Ayant fait le déplacement, Hayden Christensen et Natalie Portman se retrouvent confrontés à l'un des publics les plus difficiles de la planète. Mais décrit comme "un grand film commercial" par le réalisateur Souleymane Cissé, le film est accueilli à bras ouverts par les people présents dans la salle ce soir-là : Sharon Stone, Alain Chabat, Clovis Cornillac...

Bien plus sombre que les films précédents, La Revanche des Sith dispose du parfait dosage entre scènes de combats spatiaux et dilemme shakespearienne sur l'immortalité. La dimension politique du film (on assiste au basculement d'une démocratie en dictature) permet à l'époque à George Lucas de faire le parallèle avec la guerre en Irak.

Mardi 15 mai 2018 | Solo : A Star Wars Story

A l'heure où les grands studios "réservent" des réalisateurs et dates de sortie des mois (voire des années) à l'avance, l'affaire Solo est un cas d'école. L'an dernier, presque à la même période, Disney, le studio qui a racheté les droits de la saga Star Wars pour 4 milliards de dollars, se séparait des deux réalisateurs jusque-là aux commandes du film : Phil Lord et Chris Miller. La raison évoquée est sans surprise des "différends créatifs". Et bien que cela ne nous apprenne pas grand-chose, il y a fort à parier que le ton que les réalisateurs de La Grande Aventure Lego souhaitaient donner à ce spin-off n'a pas plu à Kathleen Kennedy, la grande patronne de la franchise, issue de l'écurie Spielberg. Dès lors, c'est Ron Howard qui est entré en scène pour les remplacer.

Et si la production du film a très certainement dépassé son budget initial en raison de reshoots nécessaires et d'un tournage rallongé, c'est bien lui qui devrait fouler le tapis rouge avant la projection au Grand Théâtre Lumière. Par chance, le héros de son film, Alden Ehrenreich n'est pas un inconnu de la Croisette. Il était présent en 2009 pour Tetro de Francis Ford Coppola. La seule question qui demeure aujourd'hui, en sachant qu'Alden Ehrenreich a signé pour "3 films", est de savoir si Solo aura la singularité et l'originalité d'un Rogue One, le premier stand alone de Disney au succès et à la qualité indéniables.

Takers : il n’y a pas que le casse qui est foireux

Posté par geoffroy, le 23 novembre 2010

takersL'histoire : Amis de longue date, Gordon Jennings, John Rahway, A.J. et les frères Attica vivent dans le luxe. Leur secret ? Des braquages de banque ultra sophistiqués. Un seul par an, d’une extraordinaire audace et réglé dans les moindres détails. Mais leur dernier exploit a précipité l’inspecteur Jack Welles à leurs trousses. Flic de la vieille école, il a tout sacrifié à son job – femme, enfant et vie privée – et il s’est juré de les coincer avant leur prochain coup.
C’est alors que Ghost, un ancien complice de la petite bande, refait surface après un séjour en prison et leur propose le casse du siècle, celui qui leur permettra de raccrocher définitivement…  Ils n’ont que cinq jours pour se préparer. Ils ignorent alors qu’ils vont se retrouver sur le chemin de la mafia russe. Ils ne savent pas que Jack Welles les serre de plus en plus près. Entre vieilles rivalités, trahisons, ennemis dans l’ombre et coups du sort, l’opération se complique sérieusement, d’autant que personne ne peut imaginer ce qui se prépare…

Notre avis : Takers, du réalisateur John Luessenhop, n’est pas un mauvais film de gangsters : il est juste inutile. L’handicap est de taille. Pour être plus précis, il sonne faux, semble se construire en creux, un peu comme s’il n’arrivait jamais à créer sa propre musicalité sur fond de casse foireux. Takers ressemble à un produit manufacturé calibré pour plaire au plus grand nombre. Unique ambition d’un divertissement sans âme, le cinéaste use et abuse d’incohérences scénaristiques et de fautes de goût stylistiques pour exister. Paradoxal ? Non, puisque le film assume sans honte son lot de stéréotypes déjà vus mille fois. Pire, les gangsters ressemblent à des « Bisounours » sur pattes ce qui, pour ce genre de film, est un peu emmerdant.

Au lieu de se concentrer sur ce qui nous intéresse – à savoir le casse et la traque policière – le réalisateur essaye de nous la jouer façon Michael Mann. Sans succès. Les histoires parallèles deviennent le fardeau d’un script déjà pas très original et réduisant à zéro l’intensité d’une pseudo vengeance pour le coup vraiment mal exploitée. Le reste n’est que gesticulations, postures, caricatures, effets de mise en scène lourdauds. Rien ne fonctionne. Enfin presque. Car nous avons le droit à un Matt Dillon incroyable de réalisme. Mais c’est bien le seul. Takers est un film « Canada Dry ». Il voudrait avoir l’apparence, la texture et le ton des grands polars américains. Il se construit, hélas, par empilement, oubliant de lier ses éléments constitutifs. De fait, le spectacle est morcelé, ne prend jamais et devient monotone, scène après scène, jusqu’au dénouement, qui, il faut l’avouer, touche le fond.

Une dernière pensée pour Matt Dillon. Il devrait arrêter de perdre son temps dans ce genre de production insipide, inutile et indigne de son talent.