Sortie DVD : « L’arche de Monsieur Servadac » de Karel Zeman

Posté par MpM, le 2 mai 2018

En 1970, le génial réalisateur tchèque Karel Zeman adapte à sa manière le roman de Jules Verne Hector Servadac qui raconte l'aventure farfelue d'une poignée de personnages emportés malgré eux sur une comète géante qui a heurté la Terre. On est à la fin du XIXe siècle en Afrique du Nord et les guerres coloniales font rage. Mais face aux menaces nouvelles induites par leur situation précaire, le capitaine Servadac tente de convaincre les forces en puissance qu'une alliance est nécessaire.

On redécouvre le film aujourd'hui à l'occasion de sa sortie en DVD par le distributeur Malavida, et c'est un pur bonheur ! Karel Zeman était évidemment l'homme de la situation pour donner vie aux visions fantasques et aux inventions baroques de Jules Verne. Recourant à un émouvant mélange des genres (noir et blanc et couleurs, prises de vues réelles et marionnettes, peintures sur verre et dessins...), il recrée pour nous l'univers enchanté de l'écrivain, et y apporte une touche de poésie lunaire qui rappelle évidemment le pionnier Georges Méliès. On aime tout particulièrement les dinosaures et le monstre marin, qui donnent lieu à deux séquences à la fois drôles et émouvantes. La manière dont les héros parviennent à faire fuir leurs agresseurs est par ailleurs irrésistible, et se décline en une série de gags tout aussi savoureux, avec une mention toute particulière pour la "danse aux casseroles" sur le bateau.

Car ce qui est peut-être le plus formidable dans ce film fantaisiste et joyeux, c'est son irrévérence assumée face aux représentants de l'autorité, des diplomates aux militaires, tous traités comme des fantoches ridicules.

Le sous-texte politique n'en est que plus fort : Servadac se veut en effet l'instigateur d'une trêve qui conduit tous les ennemis d'hier à fraterniser (autour de quelques bouteilles, et de danseuses sensuelles). La belle utopie de la solidarité et de l'entraide entre les peuples et les classes sociales ne durera hélas qu'un temps. Et on pense, bien sûr, à la fin d'un autre rêve, celui que fut le Printemps de Prague, avorté par l’invasion des troupes du Pacte de Varsovie en 1968.

Profondément antimilitariste et anticolonialiste, L'arche de Monsieur Servadac frappe également par son féminisme. Son héroïne, la belle Angélique, n'a en effet pas son pareil pour se tirer seule des situations les plus délicates (elle s'évade de la cellule où elle était retenue prisonnière, s'enfuit par la mer, puis descend en rappel le long d'une falaise), et va même jusqu'à sauver Servadac de la noyade. Aux prises avec un diplomate libidineux qui veut l'offrir en cadeau comme une vulgaire marchandise, puis avec ses frères qui veulent à tout prix protéger sa vertu, elle résiste vaillamment et démontre la supériorité de l'intelligence et du cœur sur la brutalité et la bêtise.

Le film s'avère ainsi une oeuvre d'un étonnant modernisme, ironique et mordante autant que joyeuse et fantaisiste. Il ravira le jeune public par ses folles aventures et son humour potache, tout en séduisant un public plus mature par ses trouvailles visuelles et son message satirique éminemment pacifiste et fraternel. Sans oublier sa dimension patrimoniale, témoignage d'un pan de l'Histoire du cinéma que l'overdose d'effets spéciaux et de fonds verts actuelle ne parviendra jamais à faire oublier totalement.

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L'arche de Monsieur Servadac de Karel Zeman, en DVD le 2 Mai (Malavida)

Bryan Singer plonge 20000 lieues sous les mers

Posté par vincy, le 18 septembre 2015

Jules Verne par Bryan Singer, c'est un peu comme si Spielberg adaptait Proust. Ou presque. Pourtant sur Instagram, le réalisateur des X-Men et Usual Suspects a bien confirmé l'information avec la photographie sur Instagram jeudi 17 septembre du script de 20000 lieues sous les mers. Le scénario est signé Rick Sordelet et Dan Studney.

61 ans après la version de Disney, avec James Mason et Kirk Douglas, le roman de Julie Verne, l'un des plus vendus dans l'histoire de la littérature, publié en 1870, va connaître une nouvelle vie (pleine d'effets spéciaux) au cinéma."C'est mon 50e anniversaire (ouch) et je vient juste d'apporter les dernières touches du script de mon prochain film. Une histoire que je veux re-raconter depuis mon enfance" explique le cinéaste en commentaire sur sa photo.

Il promet un un film d'aventure épique et rempli d'émotion. Reste qu'il finalise la post-production de X-Men Apocalypse, qui doit sortir en mai 2016.

Le film de Richard Fleischer avait récolté deux Oscars (Meilleurs décors, meilleurs effets spéciaux) en 1955. le film avait été un gros succès de l'année 1954 pour Disney (qui le déclina en attraction pour ses parcs). En France, ce fut le 2e plus gros succès de l'année avec 9,6 millions de spectateurs. Il y eut d'autres versions cinématographiques: la première fut signée par Méliès en 1907. Et Michael Caine incarna aussi le Capitaine Nemo en 1997 pour un téléfilm.

Jules verne dans les profondeurs australiennes

Posté par MpM, le 4 avril 2013

20 000 lieues sous les mersDavid Fincher et les studios Disney s’apprêtent à tourner en Australie une nouvelle adaptation de l'un des plus célèbres romans de Jules Verne, Vingt mille lieues sous les mers.

Il s'agira, d'après la Première ministre australienne Julia Gillard, de la plus grosse production cinématographique jamais tournée dans le pays.

Pour attirer la manne financière correspondant à un tel tournage, le gouvernement de Canberra n'a d'ailleurs pas hésité à lui octroyer une subvention de 17,5 millions d'euros.

Aucune information n'a pour l'instant filtré sur le casting, si ce n'est un démenti officiel des rumeurs attribuant à Brad Pitt le rôle de Ned Land, le chasseur de monstres marins qui découvre le Nautilus du Capitaine Nemo.

Il s'agira de la quatrième adaptation pour le grand écran de Vingt mille lieues sous les mers après celles de George Méliès en 1907, Stuart Paton en 1916 (avec Allen Holubar et William Welsh) et Richard Fleisher en 1954 (avec Kirk Douglas et James Mason, notre photo).

La 3D, nouvelle recette miracle du ciné?

Posté par vincy, le 31 juillet 2008

cinema3d.jpgLe succès de Voyage au centre de la terre, d'Eric Brevig, est de bon augure. Lors de sa première semaine d'exploitation en France, près de 28% de ses entrées ont été enregistrées dans les salles qui le diffusaient en relief. Aux Etats-Unis la proportion était de 57% ! Evidemment, ce n'est pas nouveau : on pourrait ajouter les succès continus des films en 3D à la Géode. Géants des profondeurs et Dinosaures, qui, chacun, ont attiré plus de 60 000 spectateurs dans une seule salle. Mais avec 33 copies et 87 000 spectateurs en une semaine, l'adaptation de Jules Verne fait entrer le 3D dans le cinéma de masse.

Techniquement c'est au point. Cinématographiquement, on en est à l'exploration, l'invention d'une grammaire nouvelle. Brevig a eu l'intelligence de ne pas succomber à la profusion des effets habituels en se concentrant sur une mise en scène classique, en jouant notamment sur l'arrière plan. De Spielberg et Jackson (Tintin) à Cameron (Avatar), tous vont s'y mettre à Hollywood. La plupart des premiers projets à éclore sont des films d'animation (L'âge de glace 3, Monstres contre Aliens, Cars 2, Coraline...). Mais dès le début 2009, on pourra souvent frissonner d'horreur ou sursauter en 3D : The Dark Country, de Thomas Jane, My Bloody Valentine, de Patrick Lussier, Piranha, d'Alexandre Aja. Le 24 juillet 2009, dans un an, la 3D débarquera définitivement dans l'ère des blockbusters avec G-Force, de Hoyt Yeatman, avec Nicolas Cage, Penélope Cruz et Steve Buscemi dans les rôles principaux.
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