Deauville 2015 : Eli Roth, honneur à l’horreur

Posté par kristofy, le 6 septembre 2015

Le réalisateur/acteur Eli Roth est venu à Deauville pour accompagner un programme "grindhouse" composé de ses deux derniers films : une première de The Green Inferno avec son actrice Lorenza Izzo; et la grande première de son dernier film Knock Knock, toujours avec Izzo mais aussi Colleen Camp et Keanu Reeves.

Il a expliqué (dans un français presque parfait) qu'avec The Green Inferno, il avait fait son Apocalypse Now, comprendre un tournage dans des conditions difficiles: plusieurs heures de transport en véhicules et bateau chaque jour pour tourner dans un endroit vierge de cinéma en Amazonie, et le thème des cannibales qui a fait peur à différents distributeurs de films. Il sera enfin visible en e-cinema sur différentes plateformes web le 16 octobre. Pour son film suivant Knock Knock, la logistique était à l’opposé : un seul lieu de tournage, en studio, avec de l’air climatisé et à peine une goutte de sang pour un thriller psychologique. La sortie en salles est prévue ce 23 septembre.

Retour sur l’itinéraire d’un enfant doué tellement biberonné de films fantastiques qu’il a contribué à en redéfinir les genres:

Cabin fever : premier film devenu culte et symbole d’un certain renouveau du film fantastique américain. L’idée vient d’un problème de peau qu’avait connu Eli Roth. Ici, c’est une bactérie qui s’attaque à la chair d’une bande de jeunes en vacances dans une forêt… L’image qui reste : des lambeaux de peau qui se détachent, et l’eau infectée qui va contaminer une ville.

Hostel : seconde réalisation et nouveau choc. L’idée est venue d’internet où on pourrait ‘acheter’ quelqu'un pour tuer un être humain. Dans le film, un trio de touristes américains en vadrouille en Europe est attiré par quelques jolies filles et vont se retrouver prisonniers d’un centre torture… L’image qui reste : diverses mutilations, comme un œil arraché. Le sous-texte politique : les Américains sont ceux qui sont le plus détestés au monde, en rapport avec la guerre en Irak.

Hostel chapitre 2 : après l’immense succès du précédent, Eli Roth fait mieux qu’une suite : après les victimes torturées, voici l’histoire du côté des bourreaux qui paient pour torturer…. L’image qui reste : des tortures encore plus sadiques, la présence d’un cannibale (déjà). Le sous-texte politique : les Américains sont des sauvages qui aiment pratiquer la torture, en rapport avec le scandale de Abou Ghraib en Irak.

Aftershock : après avoir fait l’acteur chez son pote Quentin Tarantino (Boulevard de la mort et Inglourious Basterds), Eli Roth change de latitude et sympathise avec la jeune garde de cinéastes du Chili Nicolás López et Guillermo Amoedo. Il va désormais écrire et produire des films avec eux et trouve sa muse avec l'actrice Lorenza Izzo. Avec Aftertshock, il ne sera qu'acteur et scénariste. Comme dans le début de Hostel , il s'agit encore de mecs en vacances, qui draguent des filles. Mais un tremblement de terre se produit et c’est le chaos… L’image qui reste : une cabine de téléphérique qui s’écrase, divers scènes de la loi du plus fort (meurtres, viol…). Le plaisir coupable : film de genre à la fois violent, drôle et spectaculaire avec un peu de gore.

The Green Inferno : la même équipe qu'Aftershock et les mêmes acteurs, le film est présenté dans divers festivals en 2013. Une bande de jeunes idéalistes et activistes partent des USA pour l’Amazonie pour s’enchainer à des arbres pour lutter contre des entreprises qui exploitent les forêts et le sol tout en menaçant le territoire d’une tribu dont on ne connaît pas grand-chose: ils vont découvrir leur sauvage appétit… L’image qui reste : le découpage et la cuisson d’une viande… Le plaisir coupable : enfin un  nouveau film de cannibales, et pourtant un divertissement fun, avec beaucoup de gore.

Knock Knock : virage à 180 degrés avec un thriller composé de quelques gouttes de sang, et dans le rôle de la victime, une superstar hollywoodienne aka Keanu Reeves. Ana de Armas, Lorenza Izzo, Ignacia Allamand et Colleen Camp complètent le casting. L’idée vient du film Death Game (en 1977, avec Colleen Camp et Seymour Cassel) remaniée façon Eli Roth, l’histoire est celle d’un homme marié et père de famille qui se retrouve seul chez lui durant quelques jours; un soir, deux séduisantes jeunes filles sonnent à la porte… En moins de 48h, c’est l’existence tranquille de sa vie de famille qui va être menacée. L’image qui reste : deux filles en peignoir qui tournent autour des fauteuils où Keanu s’assoit… Le malaise coupable : la punition effroyable pour avoir été infidèle.

Cabin fever sera suivi de quantité de films du genre ‘des-jeunes-dans-une-cabane-au-fond-des-bois-et-il-va-y-avoir-des-morts…’, Hostel et Hostel Chapitre 2 seront emblématiques d’une nouvelle série de films du genre ‘torture-porn’, Aftershock est une nouvelle variation du genre ‘post-apocalyptique’, The Green Inferno ressuscite le genre du ‘cannibal movie’ et Knock Knock s’inscrit dans le genre ‘home invasion’… Eli Roth va sans doute continuer de nous faire trembler, en marge parfois, mais en digne héritier de Wes Craven, récemment disparu: il faut toujours réinventer le genre et lui donner un sous-texte critique voire satirique.

Joe Dante et Enzo G. Castellari au 8e Festival européen du Film Fantastique de Strasbourg

Posté par MpM, le 21 août 2015

festival de strasbourg

Pour sa 8e édition, le Festival européen du film fantastique de Strasbourg a invité deux réalisateurs cultes pour les amateurs de cinéma de genre : Joe Dante (Gremlins, L'aventure intérieure, Piranhas) et Enzo G. Castellari (Keoma, Inglorious Bastards, Big racket).

Joe Dante  sera l'invité d'honneur de la manifestation. A ce titre, une rétrospective lui sera consacrée. Il donnera également une master class sur sa carrière de réalisateur et ses goûts de cinéphile averti

Enzo G. Castellari, le "Sam Peckinpah européen", présidera quant à lui le jury chargé de juger la compétition officielle. Considéré comme un maestro de l’action à l’italienne, adepte des scènes d’action au ralenti, il a tourné à la fois des westerns, des films de guerre, des polars et bien sûr des films fantastiques, ce qui lui confère toute légitimité pour départager la jeune garde du cinéma de genre en compétition à Strasbourg.

Le festival, qui se tiendra du 18 au 27 septembre, a annoncé dernièrement le reste de sa programmation (la première partie avait été dévoilée début juillet) qui propose, outre sa traditionnelle compétition, des séances de minuit réservées aux oeuvres les plus gore et potaches, une section CrossOver consacrée aux films de genre au sens large, et une rétrospective intitulée Kids in the Dark qui abordera la thématique des enfants dans le fantastique.

Parmi les films sélectionnés, on retiendra notamment le film d'ouverture (Knock knock d'Eli Roth avec Keanu Reeves, également présenté à Deauville), celui de clôture (Yakuza apocalypse de Takashi Miike (sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs 2015), The lobster de Yorgos Lanthimos (prix du scénario à Cannes cette année), Phantom boy d'Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli ou encore Tag de Sono Sion. De quoi composer une édition aussi fantastique, étrange et singulière que prometteuse.

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8e Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg
18 - 27 septembre 2015
Plus d'informations sur le site du Festival