La légende des arts-martiaux Run Run Shaw disparaît (1907-2013)

Posté par kristofy, le 8 janvier 2014

run run shawLe célèbre producteur Run Run Shaw est décédé à l’âge vénérable de 106 ans. Avec son frère Runme Shaw, il a imprimé en lettres d’or son nom aux génériques des meilleurs films de kung-fu. La compagnie Shaw Brothers a été longtemps la marque de fabrique du genre, de son renouvellement à sa large popularisation en Asie jusqu’en occident (avec ensuite la compagnie concurrente Golden Harvest).

Les 4 frères Shaw étaient déjà producteurs de cinéma dès la fin des années 1920 avec leur société Tianyi Film Productions à Shanghai, des films muets puis le premier film parlant en cantonais au début des années 30. L'invasion de la Chine par le Japon les fait se délocaliser à en Malaisie puis ensuite à Hong-Kong en 1957 où ils installent leur nouvelle compagnie Shaw Brothers en 1958. Déjà en 1962 le film The Magnificent Concubine de Li Han-Hsiang est au Festival de Cannes où il remporte un grand prix. Au studio le rythme production-tournage va devenir quotidien avec plus de 1000 personnes travaillant et vivant sur place.

En 1966 c'est le succès du film L'Hirondelle d'or de King Hu, puis en 1967 celui de Un seul bras les tua tous de Chang Cheh : le logo Shaw Brothers va devenir légendaire...
Le chiffre 7 revient souvent dans sa vie. En plus de ses activités au cinéma, Run Run Shaw a co-fondé en 1967 une chaîne de télévision (TBL, Television Broadcasts Limited), en 1977 il est adoubé chevalier par la reine Elizabeth notamment pour son engagement en faveur de la Croix Rouge, en 2007 à l’âge de 100 ans il a reçu un Hong-Kong Film Award d’honneur pour sa carrière, il y a quelques mois en 2013 c’était un British Academy of Film and Television Award d’honneur pour sa contribution exceptionnelle au cinéma. Run Run Shaw est devenu milliardaire autant que philanthrope, il a crée le Shaw Prize (équivalent au Prix Nobel mais pour l’’Asie) qui récompense tout les ans des chercheurs scientifiques, il est aussi co-producteur du film Blade Runner de Ridley Scott.

Les Shaw Brothers ont produit plus d’un millier de films, avec durant leur période la plus faste des années 60 et 70 quantité d’énormes succès : La 36e Chambre de Shaolin est le début d’une trilogie culte avec Gordon Liu, La Main de fer a été le premier film en provenance de Hong-Kong importé avec succès aux Etats-Unis. Les titres les plus célèbres ont été restauré pour ensuite ressortir en salles de cinéma et en coffrets dvd agrémentés de divers bonus (une cinquantaine de titres).  Le Festival de Cannes (dans sa sélection Cannes Classics) montre La rage du tigre en 2004, La Main de fer en 2005 et Les 14 amazones en 2006.

Il y a quelques mois, c’est l’acteur-directeur de combats-réalisateur Liu Chia-liang qui disparaissait, lui qui avait justement réalisé La 36e Chambre de Shaolin produit par Run Run Shaw, le film de kung-fu emblématique. L’influence des productions Shaw Brothers est encore citée en clins d’œil dans différents films, par exemple avec la présence de Gordon Liu dans Kill Bill de Quentin Tarantino ou un combat à la lance au début de Man of Tai Chi de Keanu Reeves (sortie le 30 avril 2014).

Le maître du Kung-fu Liu Chia-liang disparaît (1936-2013)

Posté par vincy, le 25 juin 2013

lau kar leung liu chia liangLiu Chia-liang était l'un des grands Maître du Kung-fu : acteur, réalisateur, cascadeur, chorégraphe, directeur de combats, il était passé expert en arts martiaux chinois.

Dès les années 50, il débute dans le cinéma hong-kongais, en pleine effervescence. A l'époque le Kung-fu est secondaire dans le 7e art. Ce cantonnais aura dirigé les cascades de plus de 70 films, jusqu'en 2005. Il aura aussi joué dans autant de films, notamment toute la série des Wong Fei Hung. C'est en 1966, avec The Jade Bow, qu'il marque l'histoire du genre avec un mélange de kung-fu, de sabres et d'effets spéciaux. La célèbre Shaw Brothers l'engage immédiatement. Il chorégraphiera les combats des films de Chang Cheh. Commence alors l'âge d'or d'un cinéma qui ne s'exporte pas encore mais cartonne dans la zone Asie.

Avec l'arrivée de Bruce Lee, le cinéma hong kongais change de nature et Liu Chia-luang évolue pour se renouveler. Le Shaolin fait alors son entrée. Mais les flops s'enchaînent. Il songe alors à s'expatrier aux USA. La Shaw Brothers le retient et lui propose de réaliser ses propres films. Il en réalisera 26, entre 1973 et 2003, parmi lesquels Le boxeur spirituel, Le combat des maîtres, La 36e chambre de Shaolin, Le singe fou du kung-fu, Les 18 armes légendaires du Kung Fu, Les 8 diagrammes de Wu-lang, et bien entendu Les démons du karaté... Il mélange ainsi les techniques de son art avec un humour qui sera repris, plus tard, par un certain Jackie Chan. Son cinéma est loin de celui de Chang Cheh. Liu Chia-liang préfère la repentance des méchants ou le pardon des gentils. Son oeuvre est tout autant documentaire, épique et morale. Et le public est de nouveau au rendez-vous jusqu'à la fin des années 70. La Shaw Brothers décline, Jackie Chan explose. Une fois de plus la mutation du cinéma local entraîne l'artiste dans son effondrement. Au milieu des années 80, l'arrêt de la production cinématographique de la Shaw Borthers met un terme à 35 ans de domination de ses techniques.

Paradoxalement, c'est un Chinois qui vient le sauver : Jet Li. Liu Chia-liang change de registre : décors naturel, wushu, gymnastique... l'aspect cinétique devient plus important que le réalisme des combats. Hélas, l'entente avec l'équipe chinoise est mauvaise. Et son déclin s'accélère. Il travaillera malgré tout encore : avec Chow Yun-fat, Jackie Chan... Dépassé, le vieux Maître, maintes fois récompensé, se résigne à laisser de nouveaux cinéastes s'emparer du Kung fu. Ultime chant du cygne, il dirige les cascades de Seven Swords en 2005, film de Tsui Hark qui ouvre le festival de Venise, dans lequel il joue aussi. Il reçoit le Golden Horse Award des meilleures chorégraphies d'action.

Le royaume interdit : vision à vos risques et périls…

Posté par MpM, le 22 septembre 2008

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L’histoire : Un jeune Américain fan de kung-fu mais incapable de le pratiquer est mystérieusement téléporté dans la Chine ancienne, où il se retrouve mêlé à une légende ancestrale. Flanqué d’un guerrier ivrogne, il doit rapporter un bâton sacré au Roi singe afin de le libérer des pouvoirs maléfiques du Guerrier de Jade...

La critique : Il y a presque vingt-cinq ans, L’Histoire sans fin de Wolfgang Petersen (adapté du livre de Michael Ende) suivait le parcours initiatique et mouvementé d’un jeune garçon passionné de romans d’aventures confronté à un monde magique. Une génération plus tard, ce sont les mythes de la Chine antique (la légende du Roi singe, le personnage de la Diablesse aux cheveux blancs, les 8 immortels…)  qui servent de background à une histoire relativement similaire où le jeune héros coincé du début suit un apprentissage accéléré lui permettant à la fois de triompher de ses ennemis et de prendre confiance en lui-même. Rien de bien neuf sous le soleil, donc, si ce n’est cet étonnant syncrétisme où les us et coutumes orientaux sont mis à toutes les sauces pour apporter un semblant de renouveau et d’exotisme, comme autrefois les univers médiévaux-fantastiques de type Seigneur des anneaux, et un peu à l’image de l’interprétation purement fantaisiste que la Momie 3 faisait cet été des guerriers en terre cuite de Xi’an…

Le royaume interditDu coup, le film de Rob Minkoff (Stuart Little 2) ne suscite aucune surprise, ni en bien, ni en mal, se contentant de juxtaposer les scènes attendues (principalement des combats au bâton, au sabre ou à mains nues, quelques touches d’humour et une once de romance) sans grande originalité, et avec quelques impardonnables baisses de rythme. Même le prometteur face-à-face entre Jet Li et Jackie Chan nous laisse sur notre faim, malgré une dextérité et une puissance indéniables, en raison notamment de cadrages trop serrés pour être franchement spectaculaires. Si ados et pré-ados risquent néanmoins de passer un bon moment, il y a par contre fort à parier que les plus puristes fulminent devant cette relecture purement hollywoodienne (donc assez simpliste et réductrice) de tout un pan de la culture chinoise orale comme cinématographique.