La Semaine de la Critique soutient ses réalisateurs de courts à passer au long

Posté par vincy, le 16 décembre 2014

affiche semaine de la critique cannes 2014La Semaine de la Critique créé un nouveau programme baptisé Next Step, afin d'aider les réalisateurs de sa compétition courts métrages à passer à la réalisation de leur premier long métrage.

Les réalisateurs des courts métrages montrés à Cannes en mai dernier participent depuis hier et jusqu'à vendredi à un atelier, qui se déroulera au Moulin d'Andé, résidence d'artistes à une heure de Paris en Normandie.

L'atelier, conçu en collaboration avec le TorinoFilmLab en Italie, permet aux cinéastes de confronter "leur choix de premier long métrage avec la réalité du marché" et de recevoir des conseils "au sujet de leurs scénarios".

Le programme s'achève avec la projection des 6 courts métrages de la compétition de la Semaine de la Critique au Cinéma des Cinéastes vendredi 19 décembre, coïncidant avec le lancement du Jour le Plus Court.

Les réalisateurs de ce premier Next Step sont Jona Carpignano (A Ciambria, Italie), Carlos Conceiçao (Bonne nuit Cendrillon, Portugal), Gaëlle Denis (Crocodile, Royaume Uni), Un Gunjak (The Chicken, Bosnie), Gerardo Herrero (Safari, Espagne), Laurie Lassalle (Les fleuves m'ont laissée descendre où je voulais, France), Rémi Saint-Michel (Petit frère, Canada), Gitanjali Rao (TrueLoveStory, Inde) et Tomas Siwinski (Une chambre bleue, Pologne).

Les huit consultants sont Marie Amachoukeli, scénariste et co-réalisatrice de Party Girl (Caméra d'or cette année), Julien Lilti, co-scénariste de Hippocrate, Antonio Piazza et Fabio Grassadonia, scénaristes et réalisateurs de Salvo, Ewa Puszczynska, productrice de Ida de Pawel Pawlikowski, Matthieu Taponier, scénariste et consultant scénario, Nadja Dumouchel, consultante en développement de projets chez ARTE Allemagne, et Fabien Gaffez, Coordinateur du comité court métrage de la Semaine de la Critique.

Le jour le plus court 2013 : Inupiluk de Sébastien Betbeder, exemple de création spontanée

Posté par MpM, le 22 décembre 2013

sbetbederA l'occasion de la 3e édition du Jour le plus court, nous avions proposé au réalisateur Sébastien Betbeder, aussi à l'aise dans le format court (La vie lointaine, Nu devant un fantôme...) que dans le long (Nuage, Les nuits avec Théodore, 2 automnes, 3 hivers...), d'être notre invité d'honneur.

Pour clore cette carte blanche, il a accepté de nous parler de son nouveau court métrage, Inupiluk, réalisé dans des conditions extrêmement modestes.

Ecran Noir : Depuis 2 automnes, 3 hivers, vous avez déjà tourné un nouveau court métrage... A quel stade en est-il ?

Sébastien Betbeder : Il est en fin de post-production. Il est quasi fini et on a eu la bonne nouvelle d’apprendre qu’on est sélectionné à Clermont Ferrand. C’est un film qui est un peu tombé du ciel, un projet que je n’avais pas prévu à l’avance. Il a fallu trouver de l’argent très vite, donc on l’a financé avec des appels à dons sur le site ulule.fr. Je n’avais jamais fait ça ! Mais on a réuni 5000 euros et on a fait le film avec 5000 euros. Après, on a eu l’aide à la post-production de la Seine Saint-Denis et on a pu le finir dans des conditions plutôt normales. C’est chouette!

EN : Comment est né ce projet ?

SB : Le film s’appelle Inupiluk, c’est un terme inuit. Le projet est assez particulier : c’est Nicolas Dubreuil, le frère de mon producteur [Frédéric Dubreuil], qui est guide au Groenland. Il vit là-bas la moitié de l’année depuis 20 ans, dans un des villages les plus reculés.

Ca faisait longtemps qu’il avait envie de faire venir en France des chasseurs inuits, qui eux n’avaient jamais quitté le village, et il a enfin réussi à trouver des financements pour organiser le voyage. Il avait envie de garder une trace de ce séjour mais il n’avait pas envie de faire appel à une équipe de télé, il voulait plutôt travailler avec des gens proches.

Je lui ai dit "pourquoi pas, mais je ne me sens pas du tout de faire un documentaire". Je ne me sentais pas la légitimité de ça. Ce n’est pas une écriture que j’ai travaillée, ni dans laquelle je me sens capable de me lancer. J’ai réfléchi deux jours et je lui ai proposé d’écrire une fiction à partir de cette situation-là. Ca s’est passé comme ça, et les deux Inuits arrivaient quinze jours après.

EN : Comment s'est passée l'écriture ?

SB : J’ai écrit un pseudo scénario inupiluket j’ai demandé à deux comédiens, Thomas Blanchard (qui joue Yann dans 2 automnes, 3 hivers) et Thomas Scimeca, d’être les comédiens de ce film qui était à moitié écrit.

J’ai créé une sorte de condition à la fiction qui était que le père du personnage de Thomas Blanchard vive au Groenland et doive faire venir ses amis en France. Mais ce père a eu un accident de chasse et s’est blessé à la jambe. Donc il propose à son fils d’accueillir ses deux amis. A partir de ce postulat de départ, j’ai créé des situations.

On se voyait tous les jours avec les comédiens pour imaginer ensemble comment on pouvait créer de la fiction avec la venue de ces deux Inuits et on s’est greffé sur le parcours prévu par Nicolas, le frère de Frédéric. Dans ce programme-là, moi j’ai fabriqué des scènes entre les deux Thomas et les deux Inuits. Le film raconte leur semaine passée en France.

EN : Comment s'est déroulée cette semaine ?

SB : Ce qui était beau, une des raisons qui ont fait que j’étais motivé par ce projet, c’est quand j’ai demandé à Nicolas ce que les deux Inuits voulaient faire. Il y avait trois choses : voir des animaux (parce qu’ils n’avaient jamais vu en vrai d’autres animaux que des phoques et des ours), marcher dans une forêt (parce qu’ils n’avaient jamais vu d’arbres) et se baigner dans la mer. Le programme du film, c’est ça, les amener dans ces endroits-là. On a capté des choses qui sont vraiment des moments de première fois.

C’est un film que j’aime beaucoup, dont je suis très fier. Il n’aurait pu se fabriquer que comme ça. Ca me tentait depuis longtemps de partir dans quelque chose de trèsz léger, d'assez peu écrit. Et puis là, ce qui était bien dans cette occasion-là, c’est qu’il n’y avait pas d’enjeux. Personne ne nous attendait. C'est un film qu'on a fait entre nous. Il y avait un chef op’, un ingénieur du son qui perchait aussi, un assistant, quelqu’un à la régie et moi. Nous étions cinq : c'était très léger et très agréable d'un point de vue de travail.

A découvrir, un extrait de la première rencontre de travail entre Nicolas Dubreuil et les deux comédiens du film :

A noter que le dernier long métrage de Sébastien Betbeder, Deux automnes, 3 hivers, sort sur les écrans le 25 décembre. Deux avant-premières ont lieu le 23 décembre à Paris, au MK2 Beaubourg à 20h et au MK2 Hautefeuille à 19h30.

Le jour le plus court 2013 : Sauve-toi de Jean-Marc Fabre, choisi par Sébastien Betbeder

Posté par MpM, le 21 décembre 2013

sbetbederInvité par Ecran Noir à sélectionner trois courts métrages qui l’ont particulièrement marqué au cours de sa vie, le réalisateur Sébastien Betbeder (notre parrain pour cette 3e édition du Jour le plus court) a choisi (après Mon enfance de Bill Douglas et Scènes de chasse au sanglier de Claudio Pazienza) le moyen métrage Sauve-toi de Jean-Marc Fabre.

Jean-Marc Fabre est connu pour son travail de chef opérateur sur les films de Noémie Lvovsky, Danièle Thompson ou encore Nicole Garcia. On lui doit également la photographie d'Un héros très discret de Jacques Audiard et de Lemming de Dominik Moll. Après Sauve-toi (1992), il a signé son premier long métrage (Beluga) en 2007.

Sébastien Betbeder a découvert Sauve-toi avant de devenir réalisateur mais n'a jamais oublié l'ambiance singulière du film. Il nous explique les raisons de ce troisième et dernier choix.

« Là, c’est plus un souvenir de jeunesse. C’est un film que je n’ai jamais revu. J’ai juste regardé un extrait sur internet, qui m’a donné très envie de le revoir. C’est un film français qui s’appelle Sauve-toi de Jean Marc Fabre. Je l’ai découvert, je me souviens très bien, une nuit sur France 2, dans la case des courts métrages. C’est un film qui date de 92 et auquel je pense très souvent. Je l’avais trouvé incroyable. C’est un film qui diffuse une ambiance très singulière de mystère, à la Lynch, à la Twin Peaks.

L'acteur principal est Emmanuel Salinger. Je le trouve fascinant dans ses premiers rôles, et c’était peut-être une des raisons pour lesquelles j’ai voulu regarder ce film. Son personnage commet un hold-up dans une pharmacie mais s’y prend de manière un peu maladroite. Je ne sais plus comment ça se passe mais il braque quelqu’un, il prend peur, il fuit et il va chez quelqu’un en lui expliquant la situation. Ce quelqu’un lui propose de se cacher dans une maison de campagne en attendant que ça se calme. Il s’installe tout seul dans cette maison et on lui dit de rester enfermé.

Il observe un voisin qui a un comportement très étrange. Il y a une fameuse scène où il est derrière sa fenêtre et il regarde le voisin en pensant ne pas être vu. Mais l’autre le voit, et il y a un échange de regards. Celui qui pense être en situation d’observateur devient l’observé. C’est assez beau comme relation. Et il y a une scène fabuleuse que j’ai revue puisqu’on la trouve en ligne, où le type tond sa pelouse, en costume, il fait une première ligne et ensuite il réfléchit au chemin que va pouvoir emprunter son deuxième passage de tondeuse. C’est très beau, pas absurde, mais lynchéen, sur une attitude presque burlesque et en même temps très inquiétante.

Et il y a une histoire de complots. Alors ce sont vraiment des souvenirs puisque je n’ai jamais revu le film, mais le personnage a l’impression qu’il y a un complot autour de lui, donc il est là pour être protégé et en même temps, par sa position de voyeur, il entre dans une espèce de schizophrénie très étrange et très belle. »

Découvrir un extrait du film :

Le jour le plus court 2013 : Scènes de chasse au sanglier de Claudio Pazienza, choisi par Sébastien Betbeder

Posté par MpM, le 21 décembre 2013

sbetbederInvité par Ecran Noir à sélectionner trois courts métrages qui l’ont particulièrement marqué au cours de sa vie, le réalisateur Sébastien Betbeder (notre parrain pour cette 3e édition du Jour le plus court) a choisi (après Mon enfance de Bill Douglas) le moyen métrage Scènes de chasse au sanglier de Claudio Pazienza.

Ce documentaire à la première personne a remporté de nombreux prix, notamment le Prix de la Création à Clermont Ferrand et le Prix spécial du jury à Nyon - Visions du Réel.

C'est lors d'une projection hors compétition au Festival de Pantin, où il lui fit une forte impression, que Sébastien betbeder l'a découvert. Il revient sur les raisons de ce deuxième choix.

« Claudio Pazienzia est un Suisse italien qui a fait plusieurs films entre documentaire et essai. Celui que j’adore, qui m’a vraiment bouleversé pour le coup, s’appelle Scènes de chasse au sanglier. C’est un film qui doit durer 45 minutes, et c’est une sorte d’essai poétique et cinématographique sur le deuil et la question très générale de ce qu’on filme et de comment on le filme. Il l’a tourné au moment de la mort de son père. Le film mélange du 16mm, de la vidéo numérique et des plans pris avec un téléphone portable.

Il y a une scène en particulier où il filme avec son portable le visage de son père mort. Avec une déclamation chuchotée de réflexions sur la nature des images, le questionnement sur ce qu’est une image. Ca n’a pas l’air, comme ça, mais c’est un film qui est très ludique aussi. Plein d’humour.

Il appelle ça Scènes de chasse au sanglier car à un moment il se promène dans une forêt avec un des amis de son père et il installe un dispositif de plusieurs caméras au cœur de la forêt. Ils sont dans l’attente du sanglier, et il y a un sanglier en animation qui arrive dans le champ. Il y a quelque chose de très poétique entre la trivialité de la chasse et cette idée de fabriquer des images. C’est un film très très beau, plein d’invention, un mélange des genres très détonnant.

Et ce que je n’ai pas dit, c’est qu’il s’auto-filme. Par exemple, quand il est avec ce vieux monsieur, c’est lui qui se filme, et parfois il s’adresse à la caméra dans un dispositif très documentaire. Il y a un côté work in progress dans son cinéma qui est très beau. »

Découvrir deux extraits du film :

Le jour le plus court 2013 : Mon enfance de Bill Douglas, choisi par Sébastien Betbeder

Posté par MpM, le 21 décembre 2013

sbetbederInvité par Ecran Noir à sélectionner trois courts métrages qui l’ont particulièrement marqué au cours de sa vie, le réalisateur Sébastien Betbeder (notre parrain pour cette 3e édition du Jour le plus court) a tout d'abord choisi le moyen métrage Mon enfance de Bill Douglas.

Il s'agit du premier volet de la trilogie inédite du cinéaste britannique qui est sortie en version restaurée pendant l’été. Encore sous le charme, le cinéaste explique les raisons de ce premier choix.

« J'ai découvert Bill Douglas, un peu comme tout le monde, au moment de la rétrospective qui a eu lieu cet été, initiée par mon distributeur UFO. Mon enfance est un film en partie autobiographique sur la relation entre un petit garçon et un militaire allemand, en Irlande, après-guerre. Ce petit garçon n’a pas de parents et est élevé par sa grand-mère.

Ca arrive assez rarement, mais de découvrir ce film qui est le premier de la trilogie, c’était comme une bouffée d’air. Découvrir au auteur dont je n’avais jamais vu aucun film et découvrir une forme de cinéma très novatrice, très pure, dans un rapport à la mise en cène, au découpage, au jeu des non-comédiens qui est absolument bouleversant…

La publicité parlait de diamant brut, et c’est exactement ça. Pour moi, c’est une des découvertes de l’année les plus fortes, tous formats confondus. »

Découvrir le trailer de la trilogie :

Le jour le plus court 2013 : Sébastien Betbeder, invité d’honneur d’Ecran Noir

Posté par MpM, le 20 décembre 2013

sbetbederA l'occasion de la 3e édition du Jour le plus court, grande fête du court métrage qui a lieu le 21 décembre, Ecran Noir a choisi un invité qui est à la frontière entre le long et le court métrage, le réalisateur Sébastien Betbeder, dont le prochain film (Deux automnes, trois hivers, un long métrage sélectionné par l'ACID au Festival de Cannes 2013, et présenté dans différents festivals dont Paris, Londres, Arras, Vendôme...) sort sur les écrans le 25 décembre, et dont le suivant, Inupiluk (un court) est sélectionné à Clermont Ferrand en 2014.

Sébastien Betbeder fait en effet partie de ces rares cinéastes qui alternent longs et courts métrages au gré de leurs envies. "Quand on fait un film, c'est le sujet, le budget, le mode d'écriture et de production qui imposent la durée", expliquait-il lors du dernier Festival de Vendôme où était proposé un focus autour de son travail.

Nous lui avons donc demandé de nous parler des films courts en général et de ses expériences en particulier, mais aussi de sélectionner trois courts métrages qui l'ont particulièrement marqué. Ces trois films seront dévoilés sur notre site tout au long de la journée du 21 décembre.

En attendant, première étape de cette carte blanche, Sébastien Betbeder parle sans fard du format court, trop souvent considéré comme un simple exercice de style avant le passage au long, ou un pré-programme avant le "vrai film", mais aussi des critères de durée qui sont parfois un peu absurdes à remplir. Alors qu'au contraire, le court métrage devrait être un formidable espace de liberté et de d'expérimentation.

Ecran Noir : La semaine passée, au Festival de Vendôme, un spectateur demandait au réalisateur Xavier Legrand à quoi sert le court métrage et quel peut être son avenir, notamment commercial, dans la mesure où il est très peu diffusé...

Sébastien Betbeder : A quoi ça sert ? Je ne sais pas. Je considère qu’un film, c’est un film. Je ne me pose pas la question dans ce sens-là. Je me dis qu’il y a des récits, des histoires, qui nécessitent cette durée-là, et je ne me vois pas gonfler une histoire qui ne nécessite pas une durée plus longue qu’une demi-heure, et inversement, réduire un scénario… J’ai toujours fonctionné comme ça. Il y a des idées qui me viennent et qui ne peuvent exister que sous format court.

Je déteste l’expression "carte de visite pour le long métrage". Pour le coup, je trouve ça très triste. Ca voudrait dire que ce format n’est destiné qu’aux jeunes cinéastes dans l’attente de leur premier long. Alors que c’est un format, dans l’histoire du cinéma, qui a toujours compté. Il y a énormément de chefs d’œuvre, de très belles choses. Je ne l’ai jamais considéré comme une carte de visite, mais comme le format adéquat pour l’histoire que j’avais à raconter. La seule fois où je me suis posé cette question : "à quoi ça sert ?", c’est effectivement quand j’ai recherché de l’argent pour mon premier long métrage. C'était bien d’avoir quelque chose à montrer pour dire qu’on avait déjà fait quelque chose. Mais si ça ne devait servir qu’à faire des longs métrages, j’aurais arrêté.

EN : Ce qui est assez révélateur que personne ne demande à quoi sert le long métrage…

SB : Oui, voilà, exactement !

EN : Mais la question de son manque de diffusion est réelle.

SB : Les gens disent : "ah, c’est dommage, on ne voit pas de courts métrages". Ou alors : "je me souviens d’une époque où ça passait avant le long métrage"… Ca aussi c’est une idée reçue. C’est un peu dommage de considérer que le court métrage, c’est forcément un avant programme. Ce n’est pas forcément une solution. En plus ça veut dire que le court métrage sera forcément court et ne dépassera pas dix minutes, sinon c’est un programme trop long.

C’est un drôle de format, c’est très compliqué de lui donner sa place, à part dans les festivals. Je ne sais pas, je n’ai pas trop de solutions… En plus, je trouve qu’il n’y a rien de plus difficile que de programmer un programme de courts métrages. L’ordre des films. Quel film à côté de quel autre… C’est vraiment très compliqué. Je sais qu’il y a des programmateurs qui sont très sensibles à ça, des sélectionneurs de festival. Parce que ça peut être dangereux, un film peut en gêner un autre, installer le spectateur dans un état qui est presque contradictoire avec le projet revendiqué par le cinéaste.

EN : Lorsque vous préparez un film, à quel stade savez-vous si votre projet est plutôt un court ou un long ?

SB : Le problème, c’est que le contexte  nous oblige à décider ça très tôt. On ne dépose pas au même endroit au CNC et dans les chaînes de télévision selon si le film sera un long ou un court (ou moyen, en ce qui me concerne, c’est souvent des moyens). Donc on doit le décider assez tôt. Sauf que moi, j’ai travaillé pas mal sur des durées proches de l’heure, donc c’était un vrai handicap. Surtout que mes scénarios sont assez ouverts, et l’expérience du tournage offre toujours des possibilités autres que ce que l’écriture propose, donc je me retrouve souvent dans des situations assez délicates.

Même sur 2 automnes, 3 hivers, c’était un peu la même question. Il y avait cette idée d’un projet très singulier dans la forme, donc je n’avais pas la certitude que le film tiendrait la durée d’une heure et demie. En même temps il faut mettre des règles. Il a fallu décider qu’un court métrage c’était un film jusqu’à 59 minutes, et ce n’est pas une heure et une seconde… C’est une règle imposée à laquelle je me soumets, mais qui, dans mon cas, pose tout le temps des problèmes.

Ce qui fait que les Nuits avec Théodore, on l’a déposé en court métrage parce qu’il faisait 58 pages et qu’on a tendance à dire "une page correspond à une minute". Après, on se retrouve en salle de montage avec un film d’une heure dix, on arrive à un objet qui nous satisfait qui fait une heure sept, sauf qu’on avait eu de l’argent pour 59 minutes… [NDLR : Le film existe finalement sous une forme courte intitulée Je suis une ville endormie et est sorti en salles dans une version longue qui s'appelle Les nuits avec Théodore.] C’est un peu absurde, mais il faut faire avec.

A revoir, la bande-annonce des Nuits avec Théodore :

Le Jour le plus court sera aussi québécois (et canadien) le 21 décembre 2013

Posté par vincy, le 14 juin 2013

Le jour le plus Court fêtera sa troisième édition le 21 décembre prochain. Chaque année, l'édition initiée par le CNC s'internationalise un peu plus. avec douze pays participants en décembre 2012. En 2013, il faudra ajouter le Québec et même le Canada dans son ensemble.

La SODEC, l'ONF, Téléfilm Canada vont s'associer pour l'occasion.

"Des programmes variés de courts métrages réalisés par des cinéastes du Québec, du Canada et de France seront offerts pour une diffusion gratuite à l'échelle du pays" explique le communiqué.

Déjà, cinq salles de projection québécoises ont accepté de participer à l'aventure : Ciné-Centre de Baie-Comeau, Ciné-Centre de Sept-Îles, Cinéma Paramount Rouyn-Noranda, La Maison du cinéma de Sherbrooke et le Cinéma Le Tapis rouge de Trois-Rivières.

Bilan 2012 : Le court métrage de plus en plus aidé par l’argent public

Posté par vincy, le 4 février 2013

Depuis vendredi et jusqu'à la fin de la semaine, le 35ème festival international du film court de Clermont-Ferrand bat son plein (ainsi que le 28e Marché international du court-métrage).

En 2012, le court s'est plutôt bien porté en France, malgré, toujours et encore, une diffusion toujours rare.

Selon le CNC, 639 films français de format court ont obtenu un visa d’exploitation. 85 % des tournages des films des courts métrages ont été faits en numérique (77 % en 2011, 70 % en 2010, 55 % en 2009). Globalement un chiffre équivalent à celui des longs métrages (84% selon la Ficam).

Le soutien du CNC a augmenté de 6,9 % pour atteindre pratiquement 12 Millions € (contre 6 M€ en 2005 et 11 M€ en 2011), soit 53,5 % des aides à la production du secteur. "L’ensemble des financements consacrés par les autres partenaires (collectivités territoriales, chaînes de télévision,…) à la production des courts métrages progresse également et s’élève à plus de 10 M€ (7,5 M€ en 2005, 9,8 M€ en 2011)" explique le Centre National du Cinéma et de l'Image Animée.

Des aides en hausse (22 Millions € qui ont été mobilisés par l’ensemble des partenaires sur le secteur en 2012 contre 14 M€ en 2005 et 21 M€ en 2011) mais une distribution toujours anémique.

Heureusement, il y a Le Jour le plus Court, manifestation créée en 2011 par le CNC  qui a lieu le 21 décembre. Le succès de l'événement permet de sortir de l'ombre tous ces films ignorés du grand public. Le web servira sans doute de nouvelle fenêtre pour ces créations puisque les salles et la télévision restent réticentes à projeter ces formats.

Le CNC lancera également à l’occasion du festival "une nouvelle opération destinée à aider les jeunes auteurs et producteurs à mieux appréhender le milieu professionnel, et plus particulièrement les aides du CNC". Cette opération nommée Parcours d’un court proposera une matière à réflexion sur le processus de création grâce à la scénariothèque des courts métrages aidés disponible sur le site du CNC, avec à l’occasion du festival, une sélection de scénarios de films aidés et sélectionnés lors de cette édition.

Le Jour le plus Court : un succès populaire confirmé

Posté par vincy, le 25 décembre 2012

La deuxième édition du Jour le plus Court, la fête annuelle du court métrage initiée par le CNC, a séduit environ 2,5 millions de participants, avec plus de 10 000 événements organisés. Au total plus de 40 pays (de Cuba au Canada, de la Chine à l'Argentine, des Etats-Unis à l'Arménie) ont accueillit une manifestation célébrant le format court, que ce soit sur des écrans de cinéma ou de télévision, dans des gares, des écoles (plus de 1000) et universités, des bars, des maisons de retraites, des bibliothèques, des musées, des arrêts de bus ou sur Internet : 1 900 organisateurs se sont mobilisés.

La soirée de lancement, jeudi soir au Palais de Tokyo, réunissait partenaires, institutions, parrains et marraines (notamment Julie Gayet, ??Aïssa Maiga, Agnès Varda...), autour d'un buffet sans champagne, dans une ambiance festive (le dance floor a chauffé). Une heureuse initiative dans un calendrier qui manque d'événements de ce genre entre les congrès professionnels d'octobre et les différentes remises de prix de l'hiver.

Le Jour le plus Court va devoir encore grandir pour s'imposer définitivement dans le paysage, à l'instar de la Fête de la musique le 21 juin. Le CNC externalisera sans doute l'organisation de cette manifestation, à plus ou moins court terme.

Le président du CNC, Eric Garandeau, a signé une tribune dans Le Plus du Nouvel Obs, rappelant que le court métrage offre "la possibilité aux jeunes de s’initier au cinéma, comme spectateurs et comme créateurs".

"L’an passé, près de deux millions de personnes se sont réunies pour cette première fête. C’était déjà la preuve que le court-métrage n’est pas un art élitiste, qu’il occupe un espace central dans la création, dans le cœur du public, et dans nos vies modernes" souligne-t-il en espérant que le format soit diffusé tout au long de l'année sur toutes formes d'écrans.

Cette tribune lance ainsi "un appel collectif à soutenir la "fraternité du court" qui se manifeste en ce 21 décembre."

"Derrière l’écran du court, c’est tout un éco-système de la création qui se trouve réuni, reflétant combien l’art est d’abord un artisanat, une industrie humaine, qui a pour vocation le partage" explique M. Garandeau qui, avec les institutions partenaires, souhaite "qu’au-delà de ce grand rendez-vous annuel, sa force d’inspiration ne cesse de se transmettre à tous, pour inspirer autant la curiosité du public que son envie de créer."

En 2010, 466 courts métrages ont été produits en France. Et 1 098 courts métrages ont été diffusés en salles.

Le jour le plus court 2012 : 13 ans de Rudi Rosenberg

Posté par MpM, le 21 décembre 2012

Le 21 décembre, c'est le Jour le plus court ! Ecran Noir s'associe à cet événement national et vous propose un court métrage chaque heure.

Pour clore cette programmation spéciale, voici un film sur l'adolescence, période compliquée de la vie mais sujet de prédilection des jeunes réalisateurs. Pour son film de fin d'étude, l'acteur et réalisateur Rudi Rosenberg ne déroge pas à la tradition en racontant l'histoire de Jonathan, treize ans, qui est amoureux de Julie, mais sans être sûr que cet amour est partagé...

13 ans a été sélectionné dans de nombreux festivals dont Ciné-Junior et les Rencontres Henri Langlois. Il a par ailleurs reçu une belle moisson de prix, dont le premier prix du jury du concours Arte des courts-métrages d’école, le Clap d’argent au festival « Clap 89 » de Sens et une mention spéciale au festival « Court devant » de Paris.