Elle était gracieuse, pouvait être mélancolique ou joyeuse, pétillante ou séductrice. Françoise Dorléac, sœur de Catherine Deneuve, aurait eu 75 ans cette année. Elle est morte tragiquement dans un accident de voiture le 26 juin 1967, il y a 50 ans.
Sa carrière fut brève. Elle a commencé à tourné en 1960. Michel Deville, René Clair, Edouard Molinaro, Philippe de Broca, François Truffaut, Roger Vadim, Roman Polanski, Jacques Demy, Ken Russell... Françoise Dorléac a joué des drames, des mélos, des comédies, des films d'aventures. Elle était sollicitée à l'internationale avant que son destin ne soit foudroyé.
En guise d'hommage pour cette comédienne que nous adorons, nous avons sélectionné 7 de ses 16 films. Par ordre chronologique.
Arsène Lupin contre Arsène Lupin (1962), d'Edouard Molinaro, avec Jean-Claude Brialy et Jean-Pierre Cassel.
L'homme de Rio (1964), de Philippe de Broca, avec Jean-Paul Belmondo et Jean Servais.
La peau douce (1964) de François Truffaut, avec Jean Desailly et Nelly Benedetti.
La chasse à l'homme (1964), d'Edouard Molinaro, avec Jean-Claude Brialy.
Cul-de-Sac (1965), de Roman Polanski, avec Doland Pleasance et Jacqueline Bisset.
Elle a eu 100 ans lundi dernier. Elle ne doit pas être déçue Danielle Darrieux, née en pleine première guerre mondiale, de voir l'Etat de son pays un siècle plus tard. Les éditorialistes se régalent de comparaisons historiques (tantôt la France et l'Allemagne de 1918, tantôt les deux pays des années 1930). Un bon verre de whisky en main, l'actrice centenaire (seule la comédienne Gisèle Casadesus est plus vieille en France) n'est plus sur les planches ou les plateaux, mais elle reste toujours là à nos côtés.
"Alors, l’avenir ? On verra bien. La vie est trop courte. On crève trop tôt. Mieux vaut profiter de tout ce qu’elle vous offre et la raccourcir de quelques années, que vivre en vain durant cent sept ans" disait-elle. Encore sept ans, et sa citation de 1934 sera obsolète. Elle était déjà une star à cette époque même si sa stature a trouvé ses plus grands rôles dans les années 1950. Ce qui frappe chez Darrieux c'est d'avoir toujours su accepter son âge au cinéma. De ne jamais avoir triché avec. On peut toujours louer sa grâce, sa fantaisie, sa beauté naturelle. Avec plus de 100 films au compteur, on remarque surtout que son jeu, dès ses premières années, était incroyablement moderne, exploitant une forme de spontanéité et s'approchant d'un naturalisme qui n'étaient pas en vogue à cette époque.
Danielle Darrieux était avant la guerre la jeune française moderne et piquante, jouant des comédies virevoltantes, plutôt que l'actrice glamour, mélo ou romantique des grands cinéastes de cette période. Elle était singulière. Et elle l'a toujours demeuré. Elle aimait composer ses rôles, apporter de la subtilité et de la profondeur à ses personnages. Elle essayait déjà d'être atemporelle, elle était déjà spirituelle. Et ça n'a pas pris une ride.
"Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard"
Une grande dame comme ça méritait au moins quelques hommages. Le Festival de Cannes projettera Madame De... en version restaurée. France 5 a eu la bonne idée de diffuser Les demoiselles de Rochefort la semaine de son anniversaire. Un documentaire sur une chaîne publique n'aurait pas été superflu. Une rétrospective aurait été bienvenue (la dernière date de 2009 à la Cinémathèque). On sait bien que la culture est devenu un gros mot voire une notion honteuse dont on ne débat plus en période électorale. Mais Darrieux c'est du patrimoine "brut", c'est un morceau de mémoire collective.
On se rappellera les paroles qu'elle chantait dans Huit femmes: "Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard, Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l'unisson, Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson, Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson, Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare, Il n'y a pas d'amour heureux..."
Désolons nous donc de voir le si peu de considération que les TV ont pour ces légendes françaises. Avant qu'il ne soit trop tard, comme ce fut hélas le cas pour Michèle Morgan il y a quelques mois, hommage complètement zappé par les programmateurs, il aurait été savoureux et salutaire de proposer un des nombreux films (même populaires) de Lady DD pour célébrer ce rare anniversaire.
Des focus (Bavo Defurne, Patricia Rozema, Dominique Cardona et Laurie Colbert, Amos Guttman), des documentaires, des courts métrages: le premier Marais Film festival affiche sa couleur "arc-en-ciel".
Le festival ouvrira le 11 novembre avec Something Must Break, film suédois sélectionné à Rotterdam et Tribeca.
La clôture se fera le 17 novembre avec le téléfilm The Normal Heart, diffusé au printemps sur HBO, avec un casting prestigieux au génériques - Mark Ruffalo, Matt Bomer et Julia Roberts. Le film est l'adaptation d'une pièce de théâtre qui retrace la montée en puissance du sida dans les années 80.
Entre ces deux films, le MFF projettera le film allemand À demi-mots, les films néerlandais Boys et Zomer, les films américains Kill Your Darlings (sélectionné à Sundance, avec Daniel Radcliff et Michael C. Hall) et Last Summer, le film suisse Le Cercle (Prix du public dans la section Panorama à Berlin cette année et Teddy Award du meilleur film documentaire) et le film italien Mezzanotte.
Côté bonus, on notera la projection de Lilies, le très beau film canadien de John Greyson, les soirées spéciales consacrées au film suédois Snö de Simon Kaijser et au film culte de Jacques Demy, Les demoiselles de Rochefort (suivie d'une soirée dans la boîte historique du Marais, Le Tango).
Plus hot, et interdit aux moins de 16 ans, la soirée du 16 novembre sera entièrement dédiée au Porn Film Fest de Berlin.
Le Festival a été créé par Thibaut Fougères et Michaël Martin, directeurs de l'éditeur et distributeur Outplay, et se positionne frontalement en concurrent du festival LGBT historique de Paris, Chéries-chéris (lire lire notre actualité du 25 septembre dernier). Le festival se déroulera intégralement au Nouveau Latina, en plein Marais.