Entre les frontières: les infiltrés prennent la parole

Posté par vincy, le 11 janvier 2017

Les murs se construisent partout: en Inde, aux Etats-Unis, en Hongrie, au Maroc, au Brésil, en Turquie, en Iran... Et en Israël. Avi Mograbi signe un documentaire percutant sur les immigrés clandestins venus d'Afrique, attendant d'avoir le statut de réfugiés en Israël. Ils sont parqués dans des camps (un comble quand on y pense de la part de l'Etat israélien), entassés en plein désert par centaines. Israël veut les renvoyer chez eux, dans leurs dictateurs ou pays en guerre. Finalement, Entre les frontières pourrait être filmé dans de nombreux pays. Le camp de Holot regroupe des "infiltrés" installés depuiz plusieurs années. Ils ont le droit de travailler, de se déplacer hors-les-murs, mais doivent revenir à chacun des trois appels de la journée.

"L’idée du film m’est venue lorsque j’ai entendu parler de l’histoire d’un groupe de vingt-et-un Érythréens, attrapés à la frontière, et qui avait été refoulés dans le désert égyptien, à l’exception de deux femmes et d’un adolescent qui avaient pu entrer en Israël", se souvient le réalisateur. "Cela m’a particulièrement choqué, parce que je me suis souvenu qu’à l’école, on m’avait appris, comme à tous les petits Israéliens, la façon dont la Suisse avait traité les Juifs arrivant d’Allemagne ou de France. On ne leur a pas accordé l’asile au prétexte que la persécution pour des motifs raciaux ou religieux n’était pas, alors, reconnue. Que ceux qui ont survécu à un tel rejet avant de fonder Israël rejettent aujourd’hui des humains comme leurs parents ou leurs grands-parents ont été rejetés me paraît incroyable".

Sa caméra s'installe ainsi au plus près de ces hommes, désespérés, incompris, mais résolus à ne pas revenir dans leur pays d'origine. "A Tel Aviv, il y a des gens qui disent "on ne veut pas de noirs"" explique l'un d'entre eux. Le cinéaste donne la parole aux exclus. Une seule fois, le réalisateur ose un doute :" des blancs seraient-ils traités pareil en Erythrée?"

Théâtre de l'opprimé

Un texte vient nous appeler les moyens déployés par Israël pour s'en débarrasser: l'objectif notamment législatif est d'inciter ces immigrants à partir d'eux-mêmes puisqu'ils ne sont pas expulsables selon les conventions internationales. Ils s'habituent, parfois se révoltent, vivent leur quotidien. Mais ici, rappelons-le, ce camp se situe dans une démocratie. Certes habitée par des racistes, des hypocrites, des populistes. Mais cela n'explique pas et ne justifie pas les conditions imposées à ces Africains fuyant l'horreur ou la famine.

Pour le film, Avi Mograbi a reproduit le Théâtre de l'opprimé, créé par le Brésilien Augusto Boal dans les années 1970. Avec Chen Alon, ils ont repris cette démarche où une troupe de marginaux ou d'opprimés interprète leur vie. Plutôt que de filmer leur longue migration et leurs multiples privations, le théâtre improvisé entre amateurs devient alors une réplique de leur parcours et de leur calvaire, depuis leur pays d'origine jusque dans les camps. Ces séquences donnent de la vie et de la poésie dans un film essentiellement basé sur le témoignage.

Entre les frontières est un joli réquisitoire contre ces No Man's Land choquants que des pays libres construisent pour mettre à l'écart des êtres. Un No Man's Land peuplé de parias. Le documentaire peut réveiller des consciences assoupies, révolter des humanistes incrédules, interpeller des spectateurs ignorants. C'est déjà ça. Il faudra quand même s'interroger sur cette époque où les capitaux et les armes circulent si facilement d'un pays à l'autre pendant que des Hommes voulant échapper à la mort ou à la misère sont jetés aux oubliettes ou traités comme un bétail en quarantaine.

Catherine Deneuve et Harvey Keitel tombent amoureux

Posté par vincy, le 7 novembre 2012

Variety a annoncé un casting original pour un premier film. Après Jack Lemmon, Robert De Niro et John Malkovitch, Catherine Deneuve donnera la réplique à un autre acteur culte américain, Harvey Keitel.

C'est Robert Cantarella, créateur du Théâtre du Quai de la Gare, ancien directeur du Cent Quatre, metteur en scène de théâtre réputé (de Brecht à Jarry, de Christophe Honoré à Strindberg), qui les réunira pour son premier long métrage.

Co-produit par Les films d'Ici et Cine Plus, ce film sans titre, qui sera distribué par Haut et Court, s'annonce, selon la productrice Charlotte Uzu "rock n' roll". Le tournage débutera l'an prochain entre Bruxelles et Los Angeles.

Dans cette comédie romantique "euphorisante", Deneuve  incarnera une retraitée, divorcée. Elle reprend sa vie en main en s'exilant avec son nouveau compagnon - bien plus jeune - à Los Angeles. Mais avant leur départ, celui-ci décède. Elle quitte malgré tout l'Europe pour la Californie où elle croisera le personnage d'Harvey Keitel.

Deneuve, actuellement à l'affiche d'Astérix et Obélix : au service de sa majesté, qui devrait rapidement devenir l'un des deux plus gros succès de sa longue carrière, sera à l'affiche prochainement des Lignes de Wellington, avant d'envahir les écrans en 2013 avec Dieu aime le caviar, Elle s'en va et Dans la cour.

Les rêveurs de Mars : à la conquête de la planète rouge

Posté par anne-laure, le 15 juin 2010

les reveurs de mars"Jamais on n’apprécie plus la beauté d’un lieu que quand on le quitte."

L'histoire : Ils sont scientifiques, étudiants, architectes, écrivains… Et ne rêvent que d’une chose : conquérir Mars comme Christophe Colomb a conquis le Nouveau-Monde. Mieux que rêver, ils espèrent pouvoir poser le pied sur cette planète avant de mourir. Selon eux, un "nouvel homme" est nécessaire sur Mars – malgré les conditions difficiles – pour la survie de l’espèce humaine et de notre Terre si malmenée.

 Notre avis : "J’ai toujours eu envie de faire un film aux Etats-Unis et d’y filmer des gens et des paysages. Et j’ai toujours été fasciné par la planète Mars et par la possibilité d’une vie extra-terrestre". C'est ce qu'explique Richard Dindo, réalisateur du documentaire Les Rêveurs de Mars. Le cinéaste nous embarque ici dans un long voyage, à la découverte de la planète rouge, celle qui a nourri de nombreux fantasmes chez les férus d'espace (et les autres).

Interviewant des gens sérieux – des scientifiques, des géologues, des écrivains, des architectes – il parvient à nous emmener dans un tourbillon de questions. Y a-t-il de la vie sur Mars ? Y en a-t-il eu et y en aura-t-il encore ? L'espèce humaine peut-elle s'y installer ? Quand ? Chacun apporte sa contribution, sa pierre à l’édifice. Tous espèrent pouvoir un jour fouler le sol de la planète rouge. Peu importent les radiations dangereuses pour la santé, peu importe le climat trop froid pour l’être humain, peu importe le manque d’oxygène. Richard Dindo filme ses interlocuteurs avec beaucoup de sympathie, mais aussi une pointe d'ironie.

Ces utopistes sont les nouveaux pionniers de l'Amérique, et le réalisateur n'hésite pas à faire le parallèle avec les colons européens du XVème siècle, venus conquérir l'Ouest des Etats-Unis. Il interroge d'ailleurs deux Amérindiens, au discours très fort, qui, eux, ne voient pas l'intérêt d'aller conquérir cette nouvelle planète. Car, c'est bien de cela qu'il s'agit. Ces rêveurs veulent s'installer sur Mars, persuadés que c'est la seule solution pour assurer la pérennisation de l'espèce humaine. Et c'est là l'intérêt du film : réussir à faire un parallèle entre notre planète qu'on laisse à l'abandon, aux prises avec d'insolubles problèmes environnementaux, et Mars qui nous permettrait de recommencer à zéro.

Richard Dindo montre le lien entre les deux, surtout visuellement. Où sommes-nous ? Dans le désert du Nevada ? Sur la planète rouge ? Le cinéaste s’amuse à alterner des images des deux planètes. Il nous laisse vagabonder à travers des paysages splendides terriens et martiens, qui se ressemblent beaucoup.

Mais au final, le documentaire tourne en rond. Les arguments de ces rêveurs de Mars se répètent. Les images aussi. On finit par s'ennuyer. L'idée était intéressante à explorer mais le réalisateur n'est pas parvenu à l'approfondir suffisamment. Comme après tout rêve un peu trop beau, le retour à la réalité s'accompagne d'une grosse pointe de déception.