Spike Lee, Riz Ahmed, M.I.A. : des clips musicaux pour lutter contre les « murs »

Posté par kristofy, le 17 janvier 2019

Spike Lee est l'un des cinéaste américain qui aura marqué 2018 avec BlackKklansman, Grand Prix du jury à Cannes, en revisitant le passé raciste des Etats-Unis en écho d'ailleurs avec le présent. Les dernières images étaient celles des manifestations de Charlottesville de 2017 qui avaient été suivies d'une déclaration polémique du président Trump.

Voici le nouveau film de Spike Lee qui est un commentaire en direct de l'actualité: un clip pour illustrer The land of the free, nouvelle chanson du groupe The Killers. Les images ont été filmées fin 2018 à proximité de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis avec le passage de plusieurs familles de migrants. Depuis le 22 décembre, les Etats-Unis sont dans une période de 'shutdown', un blocage économique pour de nombreuses activités gouvernementales consécutif à un budget non-voté  pour le financement d'un mur à cette frontière voulu par Trump.

Les paroles de la chansons évoquent divers problèmes américains comme le racisme ("the wrong color skin"), les multiples condamnations à la prison ("incarceration's become big business"), les armes à feu ("we got a problem with guns"), l'éventuel mur ("down at the border, they're gonna put up a wall"). Les images de Spike Lee sont surtout à propos des migrants d'Amérique centrale comme la fameuse caravane partie du Honduras qui traversent le Mexique pour aller vers les Etats-Unis et repoussés par notamment des gaz lacrymogènes.

A noter que Spike Lee n'est bien entendu pas le premier à livrer un clip aux accents anti-Trump. En 2017 c'était l'acteur Riz Ahmed qui s'engageait pour une chanson à charge, tout en étant enrôlé dans les hollywoodiens Rogue One: A Star Wars Story et Venom. Le clip The Hamilton Mixtape: Immigrants (We Get The Job Done) démontrait justement une volonté d'intégration des immigrés. Riz Ahmed a co-écrit la chanson qui fait entendre "it's really astonishing that in a country founded by immigrants "Immigrant" has somehow become a bad word... I got one job, two job, three when I need them".

Le sujet des migrants et des frontières est bien entendu aussi une problématique actuelle de l'Europe. Et déjà en 2016, avant les gros titres des médias de l'année dernière pour les bateaux en Méditerranée, le sujet était illustré par le clip de M.I.A. Borders.

Un jour, ça ira : la précarité au quotidien

Posté par redaction, le 14 février 2018

Djibi et Ange, deux adolescents, vivent dans un centre d’hébergement d’urgence à Paris. Dans le documentaire Un jour, ça ira de Stan Zambeaux et Edouard Zambeaux, ils racontent, à travers l’écriture et le chant, leurs espoirs d’une vie meilleure.

Djibi Diakhaté vit avec sa mère, Ange Lath avec son père. Ces adolescents de 13 ans sont logés provisoirement à l’Archipel, un centre d’hébergement d’urgence parisien qui accueille quelque 300 personnes, dont 70 enfants. L’Archipel prend en charge de manière très active les sans-domicile, avec une forte volonté d’insertion, en permettant notamment aux enfants de s’exprimer à travers les arts.

Ainsi, Djibi participe à un atelier d’écriture, un exercice très valorisant puisqu’il rédige un article qui sera publié dans le quotidien Libération. Il peut ainsi parler de sa vie, de ses rêves, avec le plaisir de découvrir un jour son texte dans un grand journal français. Djibi, qui change très souvent de domicile, se présente comme un «serial déménageur». Si, par honte, il refuse d’avouer à ses camarades du collège qu’il vit au «115», comme il dit, il se confie en revanche avec beaucoup de maturité dans ses écrits sur ses problèmes et ses espérances.

Ange Loth, plus timide, se raconte à travers des chansons qu’elle compose à l’atelier chant, avec une prof très attentive qui lui apprend à chanter avec plus d’assurance. Comme Djibi, Ange se sent très valorisée par cette activité.

Lors d’une représentation dans la chapelle de l’Archipel, Djibi et Ange vont pouvoir s’exprimer devant leurs parents, mais aussi devant un public bienveillant. Grâce à cette confiance accumulée, ils ne doutent pas, comme l’affirme le titre du documentaire, qu’« Un jour, ça ira ».

Une dure réalité qui n'empêche pas l'émotion et l'optimisme

Les réalisateurs Stan et Edouard Zambeaux, deux frères, ont filmé le quotidien des familles dans le centre : l’attente d’un logement, d’un travail, de papiers. Et puis un jour, on annonce à ces personnes en situation de précarité qu’elles vont bientôt devoir à nouveau déménager, avec en toile de fond la crise des migrants qui se répercute sur le centre.

Si on perçoit bien dans le documentaire la dure réalité du quotidien de ces sans domicile fixe, et l’ampleur du phénomène, les réalisateurs ont aussi su capter des moments d’émotion, ce qui donne une tonalité d’optimisme. « A l’origine de ce film, il y avait l’envie de faire quelque chose de beau pour décrire une réalité souvent présentée sous son aspect uniquement miséreux. Nous avions envie d’avoir une approche esthétique de cette question, de magnifier les personnages, de montrer que la situation extrêmement difficile dans laquelle ils étaient n’atteignait pas leur dignité », raconte Edouard Zambeaux.

Si cet intéressant documentaire présente la situation d’extrême précarité de personnes que l’on peut croiser au quotidien dans les rues de la capitale, il montre aussi les relations de solidarité qui peuvent s’établir. Depuis la fin du tournage, L’Archipel a fermé ses portes, mais Djibi et Ange ont retrouvé un toit.

Un jour, ça ira, documentaire français de Stan Zambeaux et Edouard Zambeaux
Sortie le 14 février 2018

Pierre-Yves Roger

Salman Rushdie signe un vibrant hommage à « Lion »

Posté par cynthia, le 22 février 2017

Le célèbre romancier britannique et originaire de Mumbay, Salman Rushdie, a récemment écrit une tribune, pour ne pas dire un véritable plaidoyer, dans Deadline, afin d'expliquer l'importance des six nominations aux Oscars (dont celle du meilleur film) de Lion, qui sort en salles aujourd'hui en France.

"Pour les Oscars, en temps normal cette cérémonie ne me fait ni chaud ni froid. Mais cette année il y a un film qui m'interpelle particulièrement et je voudrais que tout le monde regarde: Lion. Je veux que Lion remporte tous les Oscars pour lesquels il a été nommé. Lion est ce qu'on appelle un film à mouchoirs. Je ne suis pas un grand pleurnichard mais je suis heureux d'avoir regardé ce film chez moi en DVD sans que personne ne me regarde pleurer. Il s'agit d'un film sensible au pouvoir intense, comme je dis que Le parrain est un film excitant ou encore que Laurence d'Arabie est superbe! Si Lion ne vous fait pas pleurer, il faudrait que quelqu'un jette un œil à votre conduit lacrymal car il ne doit pas fonctionner comme il se doit.

Je suis toujours sur la réserve lorsque des films occidentaux se tournent en Inde, mais Lion a été fait avec une authenticité, un réalisme et une vérité concernant ce pays. Chaque moment du voyage de ce petit garçon est une vérité, et n'est jamais exotique, ce qui conduit sa situation critique à nous toucher. L'image de Greig Fraser a su dresser le portrait de la beauté de ce pays tout en étant honnête et exquis.

"Nous vivons des temps où les politiciens et les démagogues autour du monde cherchent à nous diviser (...) en fabriquant la peur des gens qui sont différents de nous"

En parlant de ce petit garçon, Sunny Pawar, son jeu est d'une intense beauté. Je me souviens qu'en 1939, l'Académie a offert un prix spécial (Juvenile Award) à Judy Garland pour sa prestation dans Le magicien d'Oz. Aussi loin que je me souvienne, c'est la seule fois où cela est arrivé. S'il y a une autre opportunité pour donner ce prix c'est bien pour le travail incroyable de Sunny Pawar dans Lion. (...) Dev Patel et Nicole Kidman, livrent aussi des performances grandiosest. Dev Patel, incarne ce fossé entre l'Australie et l'Inde tout en étant habité par la grâce et le feu. Il a mérité son BAFTA et j'espère qu'il ajoutera un trophée à côté de celui-ci.

J'admire le scénario de Luke Davies et la réalisation de Garth Davis. Le monologue écrit de la main de Luke Davies est brillamment récité par Nicole Kidman qui décrit la vérité sur l'adoption de son fils avec une maîtrise incroyable. Les passages entre le présent et le passé sont réalisés avec brio et subtilité.

Je terminerais par le plus important concernant Lion. Nous vivons des temps où les politiciens et les démagogues autour du monde, de l'Inde à l’Angleterre et en passant par les USA, cherchent à nous diviser, à nous séparer entre nous et eux, en utilisant la peur comme arme de division, en fabriquant la peur des gens qui sont différents de nous. Nombreux sont les migrants et les réfugiés qui sont les cibles directes de ce procédé alors qu'ils ne cherchent qu'à avoir une nouvelle vie dans un nouveau monde, ou simplement un abri contre les horreurs qu'ils ont fui. Je suis moi-même un immigré aux États-Unis et oui, du côté où je suis, j'aime expliquer comment l'immigration peut autant enrichir les vies des migrants que celles des personnes qui nous accueillent. Il s'agit de la fusion entre deux mondes, une naissance sans peur mais avec amour. Il n'y a rien de meilleur que cet art pour nous raconter ces histoires, qui sont l'histoire de notre humanité commune."

Berlin 2017: Les insoumis d’Aki Kaurismäki

Posté par vincy, le 14 février 2017

Deuxième volet de sa trilogie sur les ports et de l'immigration, après Le Havre, L'autre coté de l'espoir (The Other Side of Hope) signe le retour du plus singulier des cinéastes contemporains, Aki Kaurismäki. Le film est en compétition à la 67e Berlinale.

Dans le port d'Helsinki, un cargo livre du charbon, d'où sort un réfugié syrien, clandestin. Cette même nuit, un VRP qui vend des chemises fait sa valise, pose son alliance et ses clefs devant sa femme, en bigoudis, médusée et s'en va. On se doute bien que leur itinéraire va un jour se croiser...

Evidemment, le style du cinéaste finlandais n'a pas bougé d'un iota. Il se permet de mixer le burlesque et le drame, le conte tragique et une ironie cocasse, le désenchantement et l'espérance, le social et l'humain. Son film est un concentré d'humanisme brut où l'on rit, où l'on chante (du blues, comme une incantation), où l'on a aussi des abrutis de racistes qui ne sont pas tendres.

Mais ce ne serait pas juste de résumer cette œuvre bienveillante et touchante à ces quelques qualificatifs. Car, comme pour Le Havre, le film est profondément engagé. Il cherche à ouvrir les esprits. Mais il veut surtout montrer, sans être démonstratif, qu'il ne faut pas être résigné face aux montées de nationalisme, xénophobie, populisme et autres replis sur soi.

L'autre coté de l'espoir est un acte de résistance par la solidarité. Des gens s'entraident malgré les pourris (suprémacistes bêtes et méchants, bureaucrates aveugles, patrons voyous, ...). Ils contournent les lois, ne demandent rien en échange, font leur petit business entre eux, à l'écart du chaos du monde et des règles absurdes. L'humain reprend le dessus, avec une simplicité désarmante. Les anti-héros de Kaurismäki sont des insoumis à leur manière. Ils payent leurs impôts, cherchent à bien faire leur boulot, mais rechignent à devenir des salauds au service de puissants qui ont débranché leur cœur.

Avouons que ça fait un bien fou, même si le film est teinté d'une mélancolie tendre plus que l'émotion ne nous étreint. On peut trouver ça naïf. On peut admirer une fois de plus cette direction artistique vacillant entre nostalgie des fifties-sixties américaines et réalisme coloré d'une époque sans joie. Mais le talent du réalisateur est de nous rendre ces "losers" attachants comme jamais. Il se moque de l'époque, s'amuse avec nos travers, nous fait rire avec des dialogues gratinés, nous enchante avec son style à la Jacques Tati. Et pourtant il nous parle de la guerre en Syrie, de ces gens fuyant les guerres, traversant les frontières, seuls au monde, de la nécessité à rencontrer l'autre.

Alors oui, c'est une autre facette de l'espoir, celle des rêveurs. Et comme dans tous les rêves, le film se déroule selon un principe classique: le récit est attendu mais chaque séquence est inattendue. Aki Kaurismäki propose ainsi des scènes de la vie ordinaire qui ne se déroulent jamais comme le cinéma les imagine, comme le réel les construit. Non, chez lui, rien ne se passe vraiment comme prévu. C'est le plus malin qui domine le plus fort. C'est le plus fragile qui s'en sort. C'est toujours la bonté qui l'emporte sur l'égoïsme. C'est l'âme et les actes qui remplacent la morale et les lois.

Si on aime indiscutablement les mises en scène du réalisateur, on reconnaît qu'on succombe indéniablement à ses propos. Il y a quelque chose de Robin des bois dans son cinéma. Il pend les riches pour sauver les pauvres...

« Muslim Ban »: Asghar Farhadi boycotte les Oscars, Hollywood se révolte contre Trump

Posté par redaction, le 30 janvier 2017

Donald Trump a décidé par décret de bloquer l’accès aux Etats-Unis de ressortissants de sept pays musulmans et de réfugiés (Iran, Irak, Yémen, Somalie, Soudan, Libye et Syrie).

Il ne se doutait sans doute pas qu'il allait avoir des juges (qui ont suspendu le décret temporairement), des avocats et même Hollywood contre lui. Tout a commencé avec l'actrice iranienne Taraneh Alidousti, vedette féminine du film d'Asghar Farhadi, Le client, nommé à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. La comédienne a annoncé dès le jeudi 26 janvier qu'elle boycotterait la cérémonie pour protester contre le projet de décret «raciste» du président américain concernant les immigrants musulmans. Elle l'a fait directement sur Twitter: "L'interdiction de visa portée par Trump contre les Iraniens est raciste. Qu'elle s'applique ou non à un événement culturel, je n'assisterai pas aux #AcademyAwards 2017 en signe de protestation".

Dimanche 29 janvier, c'est le réalisateur lui-même Asghar Farhadi, Oscar du meilleur film en langue étrangère et nommé à l'Oscar du meilleur scénario pour Une séparation, qui a finalement renoncé à faire le voyage à Los Angeles pour la cérémonie des Oscars le 26 février. Les agences de presse iraniennes étaient visiblement heureuses que le cinéaste s'oppose à l'administration Trump - pour l'Iran, ce décret est "un cadeau pour les extrémistes" et le pays a annoncé qu'il allait appliquer la réciprocité et interdire l'entrée des ressortissants américains.

"Pas acceptable"

Initialement le réalisateur devait venir aux Oscars, accompagné de son chef opérateur. Le communiqué d'Ashgar Farhadi a gelé sa décision qu'il justifie ainsi: "Mon intention n’était pas de ne pas assister à la cérémonie ou de la boycotter pour montrer mes objections (aux politiques de Trump), car je sais que beaucoup de gens dans l’industrie américaine du cinéma et au sein de l’Académie des arts et sciences du cinéma sont opposés au fanatisme et à l’extrémisme qui règnent plus que jamais aujourd’hui. Mais il semble maintenant que la possibilité même de ma présence soit soumise à des “si” et des “mais” et ce n’est pas acceptable pour moi, même si l’on venait à faire exception pour mon voyage."

Il ajoute une tonalité engagée, plus surprenante quand on connait son discours plutôt consensuel et rarement polémique sur les sujets politiques. "Durant des années, des deux côtés de l’océan, des groupes de gens adeptes d’une ligne dure ont essayé de présenter à leur peuple des images irréalistes et effrayantes des gens d’autres cultures afin que les différences deviennent des désaccords, les désaccords des inimitiés et les inimitiés des peurs. Instiller la peur de l’autre est un des moyens préférés pour justifier des comportements extrémistes et fanatiques par des gens étroits d’esprit." Notons qu'il reprend là l'élément de langage du pouvoir iranien (qui, rappelons-le, n'a pas vraiment de leçons à donner concernant la liberté d'expression et l'ouverture au monde).

"Muslim Ban" et bouclier de protestations

A Hollywood aussi on s'offusque de ce décret. Les stars tweetent leur colère et leur choc. L'Académie des Oscars a officiellement protesté, "extrêmement troublée qu'on puisse barrer l'entrée du pays à cause de la religion ou du pays d'origine". Au festival de Sundance lors de la cérémonie du palmarès et à la soirée des Producers Guild Awards, toutes deux samedi soir, ou à la remise des prix des Screen Actors Guild Awards hier soir, les artistes n'ont pas eu leur langue dans la poche. Lily Tomlin a même comparé les tactiques de Trump à celles des Nazis.
Le "Muslim Ban" devrait être dans toutes les têtes (et quelques vannes) aux prochains Oscars. Aux SAG Awards, John Legend, producteur de La La Land, acteur, auteur et chanteur, a rappelé que "Los Angeles est le foyer de tellement d'immigrants, de tellement de personnes créatives, de tellement de rêveurs. Notre Amérique est grande, elle est libre et elle est ouverte aux rêveurs de toutes les races, de tous les pays, de toutes les religions. Notre vision de l'Amérique est directement antithétique de celle du président Trump. Je veux spécifiquement rejeter ce soir sa vision et affirmer que l'Amérique doit être meilleure que ça."

Le réalisateur Michael Moore s'est lui excusé au nom des "dizaines de millions d'Américains".

Entre les frontières: les infiltrés prennent la parole

Posté par vincy, le 11 janvier 2017

Les murs se construisent partout: en Inde, aux Etats-Unis, en Hongrie, au Maroc, au Brésil, en Turquie, en Iran... Et en Israël. Avi Mograbi signe un documentaire percutant sur les immigrés clandestins venus d'Afrique, attendant d'avoir le statut de réfugiés en Israël. Ils sont parqués dans des camps (un comble quand on y pense de la part de l'Etat israélien), entassés en plein désert par centaines. Israël veut les renvoyer chez eux, dans leurs dictateurs ou pays en guerre. Finalement, Entre les frontières pourrait être filmé dans de nombreux pays. Le camp de Holot regroupe des "infiltrés" installés depuiz plusieurs années. Ils ont le droit de travailler, de se déplacer hors-les-murs, mais doivent revenir à chacun des trois appels de la journée.

"L’idée du film m’est venue lorsque j’ai entendu parler de l’histoire d’un groupe de vingt-et-un Érythréens, attrapés à la frontière, et qui avait été refoulés dans le désert égyptien, à l’exception de deux femmes et d’un adolescent qui avaient pu entrer en Israël", se souvient le réalisateur. "Cela m’a particulièrement choqué, parce que je me suis souvenu qu’à l’école, on m’avait appris, comme à tous les petits Israéliens, la façon dont la Suisse avait traité les Juifs arrivant d’Allemagne ou de France. On ne leur a pas accordé l’asile au prétexte que la persécution pour des motifs raciaux ou religieux n’était pas, alors, reconnue. Que ceux qui ont survécu à un tel rejet avant de fonder Israël rejettent aujourd’hui des humains comme leurs parents ou leurs grands-parents ont été rejetés me paraît incroyable".

Sa caméra s'installe ainsi au plus près de ces hommes, désespérés, incompris, mais résolus à ne pas revenir dans leur pays d'origine. "A Tel Aviv, il y a des gens qui disent "on ne veut pas de noirs"" explique l'un d'entre eux. Le cinéaste donne la parole aux exclus. Une seule fois, le réalisateur ose un doute :" des blancs seraient-ils traités pareil en Erythrée?"

Théâtre de l'opprimé

Un texte vient nous appeler les moyens déployés par Israël pour s'en débarrasser: l'objectif notamment législatif est d'inciter ces immigrants à partir d'eux-mêmes puisqu'ils ne sont pas expulsables selon les conventions internationales. Ils s'habituent, parfois se révoltent, vivent leur quotidien. Mais ici, rappelons-le, ce camp se situe dans une démocratie. Certes habitée par des racistes, des hypocrites, des populistes. Mais cela n'explique pas et ne justifie pas les conditions imposées à ces Africains fuyant l'horreur ou la famine.

Pour le film, Avi Mograbi a reproduit le Théâtre de l'opprimé, créé par le Brésilien Augusto Boal dans les années 1970. Avec Chen Alon, ils ont repris cette démarche où une troupe de marginaux ou d'opprimés interprète leur vie. Plutôt que de filmer leur longue migration et leurs multiples privations, le théâtre improvisé entre amateurs devient alors une réplique de leur parcours et de leur calvaire, depuis leur pays d'origine jusque dans les camps. Ces séquences donnent de la vie et de la poésie dans un film essentiellement basé sur le témoignage.

Entre les frontières est un joli réquisitoire contre ces No Man's Land choquants que des pays libres construisent pour mettre à l'écart des êtres. Un No Man's Land peuplé de parias. Le documentaire peut réveiller des consciences assoupies, révolter des humanistes incrédules, interpeller des spectateurs ignorants. C'est déjà ça. Il faudra quand même s'interroger sur cette époque où les capitaux et les armes circulent si facilement d'un pays à l'autre pendant que des Hommes voulant échapper à la mort ou à la misère sont jetés aux oubliettes ou traités comme un bétail en quarantaine.

Berlin 2016 : Fuocoammare de Gianfranco Rosi place le sort des réfugiés au coeur de la compétition

Posté par MpM, le 13 février 2016

fuocoammare

Un festival de cinéma, ce ne sont pas seulement des stars, des paillettes et de belles histoires qui se succèdent sur grand écran. On le sait, les sujets graves, polémiques et douloureux y ont une place de choix, et Berlin s'est même fait une réputation (méritée) de festival politique présentant une part importante de films engagés.

C'était donc le lieu tout indiqué pour présenter Fuocoammare de l'Italien Gianfranco Rosi (lion d'or à Venise en 2013 avec Sacro gra), un documentaire dénué de voix-off qui montre en parallèle la vie tranquille de quelques habitants de Lampedusa et le drame des réfugiés qui se joue dans les eaux alentours.  L'île italienne (20km2 situés au sud de la Sicile, entre la Tunisie et Malte) est en effet la porte d'entrée privilégiée des migrants fuyant leur pays pour rejoindre l'Europe, et de multiples embarcations de fortune s'y échouent de plus en plus fréquemment depuis le début des années 2000.

Le film est ainsi construit comme le portrait des habitants de Lampedusa (notamment Samuele, un jeune garçon qui connaît chaque recoin de l'île, et sa famille) auquel répond en écho un témoignage sans fard sur la tragédie des réfugiés : appels désespérés envoyés depuis des embarcations de fortune, missions de sauvetage périlleuses, prise en charge quasiment militaire, récits édifiants des rescapés... Le coup de grâce étant porté par le médecin Pietro Bartolo, qui vient en aide aux migrants depuis les années 1990, et qui raconte la réalité à laquelle il est confronté :  les femmes qui accouchent sur les bateaux surchargés, les survivants déshydratés ou brûlés par l'essence, et bien sûr les innombrables corps sans vie auxquels il ne parvient pas à s'habituer.

Situation tragique, insupportable et absurde

Si l'on est tout d'abord surpris par la construction du documentaire, et par la part importante consacrée à Samuele et aux autres insulaires, il s'avère très vite indispensable d'avoir ce contrepoint plus léger, plus ancré dans un monde qui est aussi le nôtre, pour faire réaliser au spectateur l'absurdité tragique et insupportable de la situation. Le mettre froidement devant ce fait bien réel, et pourtant presque impossible à concevoir : que des enfants meurent à quelques kilomètres seulement du havre de vie "normale" auxquels ils aspiraient.

"Je crois que ce film est le témoignage d'une tragédie qui se déroule sous nos yeux", a déclaré Gianfranco Rosi lors de la conférence de presse qui a suivi la projection. "Je pense que nous sommes tous responsables de cette tragédie, peut-être la plus grande que nous ayons vue en Europe depuis l'Holocauste. Nous sommes complices si nous ne faisons rien."

Et Fuocoammare actionne sans l'ombre d'un doute la mauvaise conscience de tout un chacun, avec une sécheresse et une dureté salutaires, comme l'électrochoc que l'on attend en vain pour mettre fin à ce qui est un carnage évitable. "C'est le devoir de chaque être humain d'aider ces gens" déclare simplement Pietro Bartolo, dont la lassitude se lit sur le visage. Présent à Berlin, il confesse l'horreur et les "cauchemars" qui le poursuivent. "Parler de ces choses me fait mal à chaque fois" a-t-il notamment expliqué. "Mais j'accepte parce que j'ai l'espoir qu'à travers ces témoignages, on pourra sensibiliser des personnes" à ce qui est "devenu un problème dramatique, de portée universelle".

Une Berlinale ouverte aux réfugiés

Le documentaire de Gianfranco Rosi est à ce titre un document indispensable qui met toute l'intelligence, la force de conviction et la magie du cinéma au service de cette sensibilisation. Mais après la prise de conscience doit venir l'action, et c'est justement le moment où le spectateur doit prendre le relais de l'écran. Le Festival de Berlin l'a bien compris, qui incite festivaliers et professionnels à venir concrètement en aide aux réfugiés via des urnes récoltant les dons sur les lieux du festival. Plusieurs associations prenant en charge les réfugiés sont également mentionnées sur le site de la Berlinale.

Peut-être ne restera-t-il plus ensuite qu'à plébisciter le film afin de lui offrir la plus grande visibilité possible. Mais déjà, on ne voit pas comment le palmarès berlinois pourrait l'oublier.

Jean-Louis Trintignant et Isabelle Huppert retrouvent Michael Haneke à Calais

Posté par vincy, le 2 janvier 2016

Après Christopher Nolan à Dunkerque, c'est Michael Haneke qui débarque quelques dizaines de kilomètres plus à l'ouest, à Calais. Le cinéaste autrichien va y tourner Happy End, au printemps prochain. Il retrouve pour l'occasion Jean-Louis Trintignant (Amour) et Isabelle Huppert (La Pianiste) pour un récit autour des migrants. C'est la quatrième fois qu'Huppert tourne avec le cinéaste autrichien.

Après des repérages cet automne dans la région, Michael Haneke a présenté fin novembre son projet au comité de lecture de Pictanovo, l'organisme de soutien aux productions audiovisuelles de la région, qui a décidé de verser une aide de 150 000 euros environ.

"C'est un film d'Haneke, donc forcément sur la famille, on retrouve son univers avec des personnages excessifs", a rapporté la représentante de l'agence, qui précise que la thématique migratoire "n'est pas le sujet du film", même si elle est "évoquée, intégrée dans la problématique du film".

En octobre, Michael Haneke avait signé avec 5 500 autres professionnels du cinéma un appel à l'Europe pour qu'elle respecte "ses devoirs" en matière d'accueil des réfugiés, dans le cadre de l'opération "For a 1.000 lives: Be Human".

En juin, le réalisateur, double Palme d'or pour Le ruban blanc et Amour, avait abandonné son projet Flashmob, où devait également jouer Isabelle Huppert.

Berlin 2016: le festival s’ouvre aux réfugiés

Posté par vincy, le 24 décembre 2015

A l'instar de la Foire du livre de Francfort en octobre, le 66e Festival du film de Berlin va accompagner la politique d'accueil des réfugiés voulue par la chancelière allemande Angela Merkel.

Les réfugiés seront donc invités à des projections (un millier de places leur seront proposées) et des projets humanitaires seront créés en parallèle au festival.

Le directeur de la Berlinale Dieter Kosslick a prévu de placer au coeur du festival du film de Berlin l'accueil des migrants en Allemagne. Dans un entretien à l'AFP, il déclare faire du festival un modèle de solidarité et d'intégration. L'Allemagne a accueilli près d'un million de réfugiés ces derniers mois.

Berlin, comme Cannes et Venise, ont toujours fait preuve d'engagement politique. L'exemple le plus frappant est bien sûr la solidarité et le soutien au cinéaste iranien Jafar Panahi. Venise a toujours souhaité effacer la tache de naissance, le festival ayant été créé par le régime fasciste de Mussolini. Cannes a toujours bénéficié du réseau diplomatique français et désiré être le prolongement de l'héritage des Lumières. Berlin a été créé en 1951, quand la ville était scindée en deux, et quand la partie occidentale cherchait un moyen de résister à l'empire soviétique qui la cernait.

"Alors qu'à l'époque beaucoup d'Allemands étaient réfugiés (de la guerre), le festival a été fondé pour bâtir via la culture un peu d'entente au sein de la société et entre les nations", explique Dieter Kosslick. "A la Berlinale nous pouvons montrer aux gens combien c'est excitant et harmonieux de passer dix jours en compagnie de migrants, de gens d'autres pays", a-t-il assuré.

Un des truck foods du festival, près de Postdamer Platz,  sera tenue par des réfugiés qui proposeront de la nourriture du Moyen-Orient aux festivaliers. Enfin, ne collecte sera organisée en faveur d'associations lors du gala d'ouverture.

Dieter Kosslick veut aussi mettre de nouveau un coup de projecteur sur le passé nazi, convaincu que la lecture de l'Histoire aidera les Allemands à répondre de manière adéquate au défi migratoire actuel.

800 artistes et personnalités lancent l’appel de Calais

Posté par redaction, le 21 octobre 2015

Ils sont 800. Cinéastes, chef op, comédiens, producteurs, mais aussi écrivains, intellectuels, éditeurs, musiciens... De Romain Duris à Omar Sy, de Riad Sattouf à Jeanne Moreau, de Valérie Donzelli à Agnès Jaoui. Ils se sont tous mobilisés avec un appel, doublé d'une pétition sur Change.org, pour alerter une opinion publique de plus en plus apeurée par les migrations mondiales. En jeu, les immigrants installés à Calais, attendant de pouvoir passer au Royaume Uni. Philippe Lioret en avait fait un film, Welcome (photo).

Les conditions de vie à Calais sont si épouvantables que ce bidonville géant est surnommé la Jungle. Une tache noire sur le continent européen qui s'est ancrée ici depuis la fermeture du centre de Sangatte en 2002 et qui a explosé démographiquement à partir de 2010.

Epidémie, viols, famine...

"Cinq à six mille femmes, hommes et enfants, épuisés par un terrible voyage, laissés à eux-mêmes dans des bidonvilles, avec un maigre repas par jour, un accès quasi impossible à une douche ou à des toilettes, une épidémie de gale dévastatrice, des blessures douloureuses, des abcès dentaires non soignés. Et les viols des femmes. Les enfants laissés à eux-mêmes dans les détritus. Les violences policières presque routinières. Les ratonnades organisée par des militants d’extrême droite" rappelle le texte, qui s'interroge: " Jusqu’à quand allons-nous nous taire ?"

"Au prétexte que des conditions de vie moins inhumaines pourraient produire «un appel d’air» envers d’autres réfugiés, le gouvernement de notre pays a décidé de se défausser sur les associations et les bonnes volontés. Celles-ci sont admirables mais ne peuvent pas tout. Ce désengagement de la puissance publique est une honte dans un pays qui même en période de crise, reste la sixième puissance économique mondiale."

Pauvres contre pauvres

Un appel de 800 intellectuels et artistes, relayer en une d'un quotidien national, Libération, peut frapper les esprits. On ne regrettera jamais cette mobilisation, ce sursaut citoyen face aux "discours réactionnaires ou fascisants [qui] ne cessent depuis des années de diviser les gens, d’opposer des catégories toujours plus fragmentées, pour mieux propager leur idéologie haineuse. Aujourd’hui leur propagande avance l’argument qu’il n’y aurait plus de place pour les exilés d’où qu’ils viennent, soi-disant au nom de la défense des plus pauvres des Français". Cela rappelle cette scène dans Pan où les esclaves votent avec ferveur pour la mort de trois d'entre eux sous prétexte que leur tyran en a décidé ainsi....

Il n'y a pas de gens plus misérables ou miséreux que d'autres et cela détruit l'idée même de la République. En prenant la parole, tous ensemble, ces 800 signataires veulent croire que des valeurs universalites et humanistes peuvent contrer la parole incendiaire de certains politiques, les injustices causées par les politiques européennes et nationales et l'opinion de plus en plus répandue que ces exilés de Calais sont des persona non grata au prétexte qu'ils sont clandestins avant d'être des humains.

L'appel demande "solennellement au gouvernement un large plan d’urgence pour sortir la jungle de Calais de l’indignité dans laquelle elle se trouve."

Un appel à l'ancienne

Cependant, comme l'expliquait très bien Céline Sciamma, signataire de l'appel, dans une tribune parue dans le même Libération, samedi dernier, "Il ne fait aujourd’hui plus de doute que nous avons du retard sur nos adversaires intellectuels de droite. Ce sont des athlètes de leur idéologie et, face à eux, nous devons lutter contre un sentiment d’impuissance et d’accablement aussi bien intime que collectif." Sa réflexion visait juste quand elle y écrit: "L’argumentaire est abandonné au profit d’une invocation sentimentale, là où nos adversaires font exactement l’inverse : ils déguisent leurs sentiments, de peur, de haine, en système argumenté. La riposte ne passe plus par la télévision, vieux média peuplé de vieilles personnes s’adressant à leurs semblables. La véritable offensive médiatique de la fachosphère est sur le Web, et c’est cet endroit qu’il faut investir avec force."

Or cet Appel, juste et salvateur, semble davantage une "invocation sentimentale" qu'un "système argumenté". Pire, la riposte proposée se fait dans un quotidien certes encore un peu influent mais diffusé à moins 95000 exemplaires (source OJD), soit à peine plus que La Croix, et qui n'est que le 10e site d'information le plus fréquenté sur Internet et mobile. C'est pour cela, notamment, que nous décidons de relayer cet appel, à notre modeste niveau. Si on veut interpeller les citoyens, c'est bien sur les réseaux sociaux qu'il faut désormais le faire. Et il faudrait que tous les signataires relaient cet appel avec mot-dièse compris sur leurs comptes twitter et pages facebook. Ce qui est loin d'être le cas.

Le cinéma s'engage

Parmi les 800 signataires: Anne Alvaro, Marie Amachoukeli , Mathieu Amalric , Jean-Pierre Améris, Ariane Ascaride , Antoine de Baecque, Josianne Balasko, Jeanne Balibar, Emmanuelle Béart, Alex Beaupain , Xavier Beauvois , Bérénice Bejo, Lucas Belvaux , Emmanuelle Bercot, Enki Bilal, Benjamin Biolay , Jacques Bonnaffé, Rachida Brakni, Thomas Cailley, Robin Campillo, Laurent Cantet, Marilyne Canto, Eric Cantona, Philippe Caubère, Clémentine Célarié, Caroline Champetier , Jean-Louis Comolli, Catherine Corsini, Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne, Jean-Pierre Darroussin, Anaïs Demoustier, Claire Denis , Alex Descas , Arnaud Desplechin , Vincent Dieutre , Marcial Di Fonzo Bo , Valérie Donzelli , Jean Douchet, Valérie Dréville, Romain Duris, Jérémie Elkaïm , Abbas Fahdel, Philippe Faucon, Pascale Ferran, Laurence Ferreira Barbosa, Jean-Michel Frodon, Valéry Gaillard, Nicole Garcia, Louis Garrel, Philippe Garrel, Gilles Gaston-Dreyfus, Costa-Gavras, Sylvain George, Hyppolite Girardot, Agnès Godard, Jean-Luc Godard, Fabienne Godet, Yann Gonzalez, Romain Goupil, Pascal Greggory , Anouk Grinberg, Robert Guédiguian, Tran Han Hung , Michel Hazavanicius, Agnès Jaoui, Yves Jeuland, Reda Kateb, Cédric Klapisch, Helena Klotz, Nicolas Klotz, Claude Lanzmann, Pascal Légitimus, Louis-Do de Lencquesaing, Anne Le Ny, Serge Le Péron, Pierre Lescure, Sébastien Lifshitz, Thomas Lilti, Virginie Linhart, Jean-Louis Livi, Noémie Lvovsky, Haroun Mahamat Saleh, Abd al Malik, Tonie Marshall, Gilles Marchand, Jean-Louis Martinelli, Corinne Masiero, Laetitia Masson, Antoine Mathieu, Claire Mathon, Macha Méril, Radu Mihaileanu, Patrick Mille, Nadir Mokneche, Dominik Moll, Gérard Mordillat, Jeanne Moreau , Yolande Moreau, Gaspar Noë, Valérie Osouf,, François Ozon, Rithy Panh, Elisabeth Perceval, Thierry de Peretti, Nicolas Philibert, Sylvie Pialat, Bruno Podalydès, Denis Podalydès, Clémence Poésy, Joana Preiss, Katell Quillévéré, Jacques-Remy Girerd, Vincent Rottiers, Jean Rousseau, Christophe Ruggia, Agnès de Sacy , Céline Sallette, Pierre Salvadori, Riad Sattouf, Céline Sciamma, Joann Sfar, Abderrahmane Sissako, Omar Sy, Bertrand Tavernier, Jenny Teng, Danièle Thompson, Serge Toubiana, Gaspard Ulliel, Dominique Valadié, Karin Viard, Hélène Vincent , Régis Wargnier, Bruno Wolkowitch, Paule Zadjermann , Malik Zidi et Rebecca Zlotowski.