Le pitch: Syrie, décembre 2016. Waad al-Kateab fait partie des derniers survivants avant que la ville ne tombe aux mains des forces de Bachar al-Assad. Elle est connue sur Internet pour ses reportages déchirants sur la situation en Syrie.
Parce que les images sont uniques.Waad al-Kateab a filmé durant cinq ans, de 2011 à 2016, le quotidien de la ville d'Alep, en Syrie, alors que celle-ci se désagrège au fil de la guerre. Autrefois patrimoine culturel et historique, capitale universitaire, la métropole ploie sous les bombes, entraînant une véritable catastrophe humanitaire. Waad filme ainsi l'amour, les bombes, les visages, la peur. Elle expose sa rencontre avec Hamza et la naissance de leur Sama, alors que la ville est assiégée. Ce sont des images à hauteur d'humain, emplies d'humanité. C'est à la fois une forme de défiance de l'horreur et une résilience intime qui coexistent en permanence. Car c'est bien cela: ce ne sont pas des images destinées au cinéma. C'est un témoignage d'une tranche vie, heureuse et dramatique. Sans savoir si, à la fin, il en restera quelque chose.
Parce que le documentaire est poignant. A partir de 500 heures de rush, Edward Watts en a fait une sorte de lettre signée par la mère et adressée à sa fille. Des premiers bonheurs à l'exil fatidique, c'est finalement une sorte de "story" embedded où le réseau social sera le cinéma. Oeil d'or du meilleur documentaire à Cannes, Pour Sama est unique, singulier. Une sorte de réflexion visuelle et mentale sur l'existence, sur soi-même. Quitte à mourir, au moins, prouvons que nous sommes passés. C'est une histoire de courage et d'amitiés, de survivance et de résistance. Les gens sont ordinaires et on comprend que leurs destins vont les pousser vers l'extraordinaire. C'est un film de guerre, avec ce que cela comporte de terreur, et un formidable film solidaire, avec ce motif de partage, sans leçons de morale. L'hôpital en est le parfait symbole, entre vie et mort, urgence et serment. Sacrificielle, comme ces alépins sont sacrifiés, l'œuvre s'avère généreuse et jamais culpabilisante.
Parce que c'est une épreuve qu'il faut comprendre.Pour Sama a cette force de nous intégrer à sa tragédie. On en sort pas indemne. Alors que les Etats-Unis d'Obama ont refusé d'attaquer Damas et son régime à l'époque, alors que les Etats-Unis de Trump ont ouvert la voie à une attaque turque contre les Kurdes syriens ces jours-ci, on saisit l'effroi. Citons Héraclite et ses fragments. "La parole originaire. L’expérience du monde. Le savoir et le regard" écrit-il. C'est ce que fait Waad al-Kateab avec ses images. "On ne pensait pas que le monde laisserait faire." L'impuissance extérieure (ou l'ignorance, ou l'aveuglement) se confrontent alors à la puissance intérieure de cette femme, de sa famille, ses amis, ses voisins, à la conscience de ce monde fragile, à l'impossibilité de fermer ses yeux devant ces atrocités. Certaines scènes semblent surréalistes. Et pourtant...Ce journalisme-citoyen qu'elle a pu diffuser dans le monde, avant le film, est si réel qu'il est, parfois, insoutenable. C'est brut. Un sourire de Sama peut effacer un corps mutilé. Ou l'inverse. Ce qui est certain, c'est que l'affection ne cède jamais à l'affliction. La neige tombe sur les vaincus. L'exil prouve la défaite. Mais ce documentaire est une petite victoire, une petite flamme. On ne détourne pas le regard. On espère juste que leur vie déracinée sera plus paisible.
Le jury de L’Œil d'or, le prix qui récompense les documentaires présentés dans toutes les sélections cannoises, et cette année, présidé par la réalisatrice Yolande Zauberman a récompensé deux films des séances spéciales de la sélection officielle. Deux documentaires qui couvrent un spectre très large de leur genre.
For Sama de Waad al-Khateab et Edward Watts raconte le parcours Waad al-Kateab, simple étudiante d'Alep en Syrie, au début de la guerre en 2012. Quatre ans plus tard, elle fait partie des derniers survivants avant que la ville ne tombe aux mains des forces de Bachar al-Assad en décembre 2016. A ce moment précis, elle est mariée, maman d'une petite fille et enceinte d'un second enfant. Elle est connue sur Internet pour ses reportages déchirants sur la situation en Syrie. Il s'agit d'une lettre d'amour à sa fille, née en janvier 2016, et retraçant l'année la plus noire et meurtrière du conflit.
La Cordillère des songes(La Cordillera de los sueños) de Patricio Guzmán sortira le 30 octobre chez Pyramide. Le cinéaste, déjà primé dans les plus grands festivals, filme les Andes. Cette cordillère est partout mais pour les Chiliens, c’est une terre inconnue. Il a voulu en dévoiler les mystères, révélateurs puissants de l'histoire passée et récente du Chili.
Le jury de l'Œil d'or était composé de Romane Bohringer, Eric Caravaca, Ross McElwee et Ivan Giroud.
La présidente de la Scam et créatrice du prix, Julie Bertuccelli, a précisé que les lauréats de l'Œil d'or seraient désormais automatiquement admis à concourir à l'Oscar du meilleur documentaire.
L’Œil d’or 2019, prix du meilleur documentaire toutes sélections confondues au Festival de Cannes, sera remis le 25 mai. 18 documentaires seront départagés par un jury présidé par Yolande Zauberman (M), entourée de Romane Bohringer, Eric Caravaca, Ross McElwee et Ivàn Giroud.
- 5B de Dan Krauss, USA (séance spéciale)
- Cinecittà - I mestieri del cinema de Bernardo Bertolucci : no end travelling de Mario Sesti, Italie (Cannes Classics)
-La cordillère des songes de Patricio Guzmán, France/Chili (séance spéciale)
- Demonic de Pia Borg, Australie (Semaine de la critique, courts métrages)
- Diego Maradona d’Asif Kapadia, Royaume Uni (hors compétition)
- Être vivant et le savoir d’Alain Cavalier, France (séance spéciale) - photo
- For Sama de Waad Al Kateab et Edward Watts, Syrie/Royaume-Uni (séance spéciale)
- Forman vs. Forman d’Helena T?eštíková et Jakub Hejna, République tchèque/France (Cannes Classics)
- Le grand saut de Vanessa Dumont et Nicolas Davenel, France (courts métrages)
- Haut les filles de François Armanet, France (Cinéma de la Plage)
- La glace en feu de Leila Conners, USA (séance spéciale)
- Invisível Herói (Invisible Hero) de Cristèle Alves Meira, Portugal/France (Semaine de la critique, courts métrages)
- Making Waves: The Art of Cinematic Sound de Midge Costin, États-Unis (Cannes Classics)
- On va tout péter de Lech Kowalski, France (Quinzaine des réalisateurs)
- La passion d'Anna Magnani d’Enrico Cerasuolo, Italie/France (Cannes Classics)
- Que sea ley de Juan Solanas, Argentine (séance spéciale)
- Les silences de Johnny de Pierre-William Glenn, France (Cannes Classics)
- Tenzo de Katsuya Tomita, Japon (Semaine de la critique, courts métrages).
L'an dernier, l'Œil d’or avait été attribué au film d'animation Samouni Road de Stefano Savona (Semaine de la critique).
Le Jury de l’Œil d’Or, présidé par le cinéaste Emmanuel Finkiel a remis son prix à Samouni Road de Stefano Savona (Quinzaine des Réalisateurs). Le film qui revient sur l’opération "Plomb durci" menée par l’armée israélienne à Gaza en 2009, le réalisateur restitue le quotidien d’une famille pendant et après le deuil, mêlant prises de vues réelles et animation.
"Le jury a décidé de décerner L’Œil d’or – Le Prix du documentaire au film Samouni Road de Stefano Savona, pour l’intelligence de son dispositif, la juste distance du point de vue, la délicatesse de son regard, la brillante et subtile utilisation de l’animation et pour la force de sa proposition narrative. Autant d’éléments qui contribuent à nous plonger dans une proximité exceptionnelle avec des êtres pris dans la réalité insupportable du conflit israélo-palestinien" a déclaré le jury.
Le jury a aussi distingué deux autres documentaires avec une mention spéciale ex-aequo pour The Eyes of Orson Welles (Sélection Officielle - Cannes Classics) de Mark Cousins et Libre (Sélection Officielle - Séances Spéciales) de Michel Toesca.
Pour sa première édition, le Prix de la Citoyenneté, initié par Laurent Cantet et dont le jury était présidé par Abderrahmane Sissako, a récompensé l'un des favoris pour la Palme d'or: Capharnaüm de Nadine Labaki, qui l'errance d'un enfant et d'un bébé livrés à eux-mêmes dans les zones misérables de Beyrouth.
Le 3e Prix de L’Œil d’or récompensent le meilleur documentaire du Festival de Cannes toutes sélections confondues. Cette année, le jury composé de Sandrine Bonnaire, Lucy Walker, Dror Moreh, Thom Powers et Lorenzo Codelli, a distingué Agnès Varda et JR pour leur film Visages, Villages, présenté hors compétition en sélection officielle.
"Le jury a été profondément ému par le choix d’Agnès et JR d’aller à la rencontre des soi-disant petites gens, touché au cœur par ce film qui conte la considération de l’Autre à travers l’art. Deux regards conjugués, tendres et généreux..." a expliqué Sandrine Bonnaire.
Le Pacte sortira le film en salles le 28 juin.
Dans ce documentaire Agnès Varda et JR font le tour de la France, loin des villes, en voyage avec le camion photographique (et magique) de JR. Ils ont écoutés, photographiés et parfois affichés les gens qu'ils croisaient. Le film raconte aussi l’histoire de leur amitié qui a grandi au cours du tournage, entre surprises et taquineries, en se riant des différences.
Le 2e prix de l'Œil d’or, qui récompense le meilleur documentaire toutes sélections confondues, a été décerné à Cinema Novo du brésilien Eryk Rocha. Présenté à Cannes Classics, ce film-essai explore poétiquement le mouvement le plus important de l'Amérique latine au cinéma, à travers les pensées de ses principaux auteurs: Nelson Pereira dos Santos, Glauber Rocha, Leon Hirszman, Joaquim Pedro de Andrade, Ruy Guerra, Walter Lima Jr., Paulo César Saraceni, entre autres. L'an dernier, c'était un film chilien, Allende, mi abuelo Allende (Au-delà d'Allende, mon grand-père), qui avait remporté le prix. 17 documentaires étaient sélectionnés cette année.
L'Œil d’or a aussi décerné une mention spéciale à The Cinema Travelers(Inde), de Shirley Abraham et Amit Madheshiya, et également présenté à Cannes Classic. Une fois par an, les cinémas itinérants apportent la magie des films jusque dans les villages reculés de l’Inde. Sept décennies plus tard, tandis que leurs camions et leurs projecteurs tombent en ruine et que les bobines de films se font rare, leur public a été détourné par une technologie numérique enjôleuse. Filmé sur cinq années, Les Cinémas voyageurs accompagnent un exploitant astucieux, un forain bienfaisant et un réparateur de projecteurs non-conformiste, qui portent un magnifique fardeau – continuer de faire marcher les derniers cinémas itinérants au monde.
L’Œil d’or - Le Prix du documentaire a été créé en 2015 par la Scam avec la complicité du Festival de Cannes et en partenariat avec l’Ina.
17 documentaires sont en compétition pour L’Œil d’or. Le jury présidé par Gianfranco Rosi, entouré d’Anne Aghion, Natacha Régnier, Thierry Garrel et Amir Labaki, remettra son Prix le samedi 21 mai à 12h au Palais des Festivals. La sélection fédère l'ensemble des documentaires présentés dans les sélections cannoises.
Bernadette Lafont et Dieu créa la femme libre d'Esther Hoffenberg (France) L'Ultima Spiaggia (La Dernière plage) de Thanos Anastopoulos et Davide del Degan (Italie) Bright Lights : Starring Carrie Fisher and Debbie Reynolds d'Alexis Bloom et Fisher Stevens (États-Unis) Les Vies de Thérèse de Sébastien Lifshitz Cinema Novo d'Eryk Rocha (Brésil) Midnight Return : The Story of Billy Hayes and Turkey de Sally Sussman (États-Unis) Close encounters with Vilmos Zsigmond de Pierre Filmon (France) Risk de Laura Poitras (États-Unis) Et la femme créa Hollywood de Clara et Julia Kuperberg (France) The Cinema Travelers de Shirley Abraham et Amit Madheshiya (Inde) Gentleman Rissient de B. Jacquot, G. Seligmann, P. Mérigeau (France) The Family Whistle de Michele Russo (Italie) Gimme Danger de Jim Jarmusch (États-Unis) Voyage à travers le cinéma français de Bertrand Tavernier (France) Hissein Habré, une tragédie tchadienne de Mahamat-Saleh Haroun (Tchad) Wrong elements de Jonathan Littell (France) (photo) L'Exil de Rithy Panh (Cambodge)
La Scam, qui est l'initiative de ce prix, remettra aussi un prix pour l’ensemble de leur œuvre à Raymond Depardon et Frederick Wiseman, qui seront honorés à canens Classics.
Enfin, le jury de L’Œil d’or a également décidé d'être solidaire de Keywan Karimi, cinéaste iranien, "condamné en dernière instance à un an de prison, 223 coups de fouet et une amende de 20 millions de rials en février 2016, suite à la réalisation de son dernier documentaire Writing on the City, sur les graffitis et messages inscrits sur les murs de Téhéran depuis la révolution de 1979 jusqu’au mouvement de 2009. Il est accusé « d’insulte envers le sacré » à propos d’une scène de baiser qu’il nie avoir tournée, et de « propagande » contre le gouvernement. La mobilisation internationale doit continuer pour obtenir l’annulation de sa peine et exiger la levée de toutes les sanctions et la liberté de création pour les artistes du monde entier."
Pour sa deuxième édition, le Prix du documentaire L'Oeil d'or, initié par la Scam et la réalisatrice Julie Bertuccelli, s'offre un jury en ... or. Remis à Cannes et récompensant les documentaires issus de toutes les sélections, L'Oeil d'or, bénéficie du soutien du Festival et d'un partenariat avec l'INA.
Cette année, le jury sera présidé par le cinéaste italien Gianfranco Rosi, Ours d'or à la dernière berlinale pour Fuocommare et Lion d'or à Venise en 2013 pour Sacro Gra. Autour de lui, on retrouvera la réalisatrice Anne Aghion (Au Rwanda on dit la famille qui ne parle pas meurt, Mon voisin le tueur-, la comédienne Natacha Régnier (Le fils de Joseph, La vie rêvée des anges), l'ancien directeur des documentaires d'Arte, Thierry Garrel (commissaire et conseiller artistique) et le critique et fondateur du festival de docus It's All True / É Tudo Verdade à Sao Paulo et Rio de Janeiro, Amir Labaki.
Le prix sera décerné le 21 mai. Il est doté de 5000 euros. L'an dernier, le jury de Rithy Panh avait primé Allende, mi Abuelo Allende de Marcia Tambutti Allende.
Le nouveau prix créé par la Scam et destiné à récompenser les documentaires présentés dans toutes les sélections du Festival de Cannes, L'Œil d'Or, a été remis ce midi. Cette année le jury était présidé par Rithy Panh qui avait 14 films à voir (lire également notre article sur la création du prix).
L'Œil d'Or 2015 est décerné à Marcia Tambutti Allende pour son film Allende, Mi Abuelo Allende (Au-delà d'Allende, mon grand père), présenté à la Quinzaine des réalisateurs. La jeune cinéaste chilienne essaie de rompre le silence qui pèse depuis des décennies dans sa propre famille sur le personnage légendaire qu'était son grand-père. "Un travail délicat qui explore l’intimité d’une famille avec une grande pudeur" selon le communiqué de la Scam.
Le jury a aussi donné une mention spéciale à Stig Björkman pour Je suis Ingrid Bergman, projeté dans le cadre de Cannes Classics en sélection officielle. "Le jury a été ému par le montage de ce journal intime, construit à partir d’archives visuelles familiales et artistiques. Une femme qui a traversé une époque de cinéma inoubliable avec une liberté et une inspiration profonde réinventant un chemin personnel bien au-delà des frontières culturelles artistiques et familiales" explique le communiqué.
La Scam s'est également réjouit de voir l'importance accordé au film documentaire cette année: la séance de clôture de la Sélection officielle sera assurée par le film de Luc Jacquet, La Glace et le ciel, portrait du scientifique et explorateur Claude Lorius. Une Palme d'honneur est attribué à la réalisatrice Agnès Varda. L'Acid a sélectionné trois documentaires parmi ses longs métrages.
Le 68e Festival de Cannes accueille un nouveau prix, L'Œil d’or, chargé de récompenser un documentaire. À l'initiative de la Scam et de sa présidente, Julie Bertuccelli (La cour de Babel), il récompensera un film parmi tous les documentaires présentés dans toutes les sélections du Festival. Le jury remettra L'Œil d'or et sa dotation de 5000 € à l'auteur du film primé le samedi 23 mai au Palais des festivals.
Le premier jury est composé de Rithy Panh, président du jury, cinéaste franco-cambodgien souvent récompensé à Cannes, Nicolas Philibert, cinéaste français, Irène Jacob, comédienne française, Diana El Jeiroudi, productrice syrienne et Scott Foundas, critique américain du magazine Variety.
Parmi les documentaires présentés à Cannes (la liste n'est pas complète puisque la sélection Cannes Classics n'est toujours pas révélée), notons Amy, Ingrid Bergman: In Her Own Words?, Oka, Pauline s'arrache, Je suis le peuple, ...