Cannes 2019: L’Oeil d’or pour deux films de la sélection officielle

Posté par vincy, le 25 mai 2019

Le jury de L’Œil d'or, le prix qui récompense les documentaires présentés dans toutes les sélections cannoises, et cette année, présidé par la réalisatrice Yolande Zauberman a récompensé deux films des séances spéciales de la sélection officielle. Deux documentaires qui couvrent un spectre très large de leur genre.

For Sama de Waad al-Khateab et Edward Watts raconte le parcours Waad al-Kateab, simple étudiante d'Alep en Syrie, au début de la guerre en 2012. Quatre ans plus tard, elle fait partie des derniers survivants avant que la ville ne tombe aux mains des forces de Bachar al-Assad en décembre 2016. A ce moment précis, elle est mariée, maman d'une petite fille et enceinte d'un second enfant. Elle est connue sur Internet pour ses reportages déchirants sur la situation en Syrie. Il s'agit d'une lettre d'amour à sa fille, née en janvier 2016, et retraçant l'année la plus noire et meurtrière du conflit.

La Cordillère des songes (La Cordillera de los sueños) de Patricio Guzmán sortira le 30 octobre chez Pyramide. Le cinéaste, déjà primé dans les plus grands festivals, filme les Andes. Cette cordillère est partout mais pour les Chiliens, c’est une terre inconnue. Il a voulu en dévoiler les mystères, révélateurs puissants de l'histoire passée et récente du Chili.

Le jury de l'Œil d'or était composé de Romane Bohringer, Eric Caravaca, Ross McElwee et Ivan Giroud.

La présidente de la Scam et créatrice du prix, Julie Bertuccelli, a précisé que les lauréats de l'Œil d'or seraient désormais automatiquement admis à concourir à l'Oscar du meilleur documentaire.

Une cinémathèque pour le documentaire

Posté par vincy, le 6 juin 2017

La nouvelle ministre de la Culture, françoise Nyssen, aux côtés de Frédérique Bredin, Présidente du CNC, Christine Carrier, DG de la Bpi du Centre Pompidou, Anne Georget, Présidente de la Scam, Laurence Engel, Présidente de la BnF, Delphine Ernotte Cunci, P-DG de France Télévisions, Jean-Claude Petit, Président de la Sacem, Patrick Bézier, DG du Groupe Audiens, Jean-Marie Barbe, Fondateur de Ardèche Images, Arnaud de Mézamat, Président de Film-documentaire.fr et Jean-Yves de Lépinay, Président d'Images en Bibliothèques (ouf!), ont signé durant le festival de Cannes une convention en vue de créer la Cinémathèque du documentaire. La création avait été actée en août dernier, par l'ancienne ministre de la Culture Audrey Azoulay, lors des Etats généraux du documentaire de Lussas.

Ce groupement d'intérêt public sera en charge de fonder cette nouvelle institution culturelle, coordonnée par la Bpi. "La création de cette Cinémathèque marque la volonté des pouvoirs publics, associés à des partenaires privés, de permettre au documentaire d'investir l'espace public, et de jouer pleinement le rôle central qui est le sien depuis l'origine du cinéma : saisir le réel, éclairer le présent et libérer l'imaginaire" explique le communiqué. Cette Cinémathèque du documentaire sera basée à la Bibliothèque Publique d’Information du Centre Pompidou et devra donner une caisse de résonance aux nombreuses initiatives qui, partout en France œuvrent depuis des années en régions pour la conservation et la diffusion du documentaire.

"La Cinémathèque du documentaire aura pour mission de contribuer au recensement et à l'identification des oeuvres, de favoriser leur circulation en procédant à des acquisitions communes, de mettre en valeur les différentes actions du réseau et d'être force de propositions" ajoutent les signataires, qui veulent avant tout en faire "un réseau irriguant tous les territoires."

Un patrimoine à sauver et valoriser

Cette création est la concrétisation des recommandations du Rapport de décembre 2015 rédigé par François Hurard, de l'Inspection générale des Affaires culturelles du ministère. Il soulignait notamment que les coûts de numérisation et de conservation des catalogues ou des fonds constituaient "un frein pour l'exploitation et le rayonnement des œuvres documentaires", rappelant au passage le travail de l'ADAV, de la Bpi, de la BNF et du Forum des Images. Selon le rapport, "On peut chiffrer à près de 40 000 œuvres environ ce patrimoine francophone" documentaire. Il avait demander la création d'un lieu emblématique dédié à ce patrimoine, la contribution à la recherche et à l'élaboration d'outils permettant d'agréger ce patrimoine, de fédérer et de soutenir les initiatives de la mise en valeur du patrimoine sur tous les supports et dans tout le territoire.

Le marché du documentaire reste vigoureux en France avec en moyenne une grosse trentaine de films agréés chaque année pour le cinéma. Sur les vingt documentaires ayant attiré plus d'un million d'entrées dans l'histoire du cinéma français, 11 sont sortis après 2000, dont les récents Les saisons et Demain.

Cannes 2016: Cinema Novo remporte le Prix de L’Oeil d’or du meilleur documentaire

Posté par vincy, le 21 mai 2016

Le 2e prix de l'Œil d’or, qui récompense le meilleur documentaire toutes sélections confondues, a été décerné à Cinema Novo du brésilien Eryk Rocha. Présenté à Cannes Classics, ce film-essai explore poétiquement le mouvement le plus important de l'Amérique latine au cinéma, à travers les pensées de ses principaux auteurs: Nelson Pereira dos Santos, Glauber Rocha, Leon Hirszman, Joaquim Pedro de Andrade, Ruy Guerra, Walter Lima Jr., Paulo César Saraceni, entre autres. L'an dernier, c'était un film chilien, Allende, mi abuelo Allende (Au-delà d'Allende, mon grand-père), qui avait remporté le prix. 17 documentaires étaient sélectionnés cette année.

L'Œil d’or a aussi décerné une mention spéciale à The Cinema Travelers (Inde), de Shirley Abraham et Amit Madheshiya, et également présenté à Cannes Classic. Une fois par an, les cinémas itinérants apportent la magie des films jusque dans les villages reculés de l’Inde. Sept décennies plus tard, tandis que leurs camions et leurs projecteurs tombent en ruine et que les bobines de films se font rare, leur public a été détourné par une technologie numérique enjôleuse. Filmé sur cinq années, Les Cinémas voyageurs accompagnent un exploitant astucieux, un forain bienfaisant et un réparateur de projecteurs non-conformiste, qui portent un magnifique fardeau – continuer de faire marcher les derniers cinémas itinérants au monde.

L’Œil d’or - Le Prix du documentaire a été créé en 2015 par la Scam avec la complicité du Festival de Cannes et en partenariat avec l’Ina.

Cannes 2016: le prix du documentaire l’Oeil d’or révèle son jury

Posté par vincy, le 12 avril 2016

Pour sa deuxième édition, le Prix du documentaire L'Oeil d'or, initié par la Scam et la réalisatrice Julie Bertuccelli, s'offre un jury en ... or. Remis à Cannes et récompensant les documentaires issus de toutes les sélections, L'Oeil d'or, bénéficie du soutien du Festival et d'un partenariat avec l'INA.

Cette année, le jury sera présidé par le cinéaste italien Gianfranco Rosi, Ours d'or à la dernière berlinale pour Fuocommare et Lion d'or à Venise en 2013 pour Sacro Gra. Autour de lui, on retrouvera la réalisatrice Anne Aghion (Au Rwanda on dit la famille qui ne parle pas meurt, Mon voisin le tueur-, la comédienne Natacha Régnier (Le fils de Joseph, La vie rêvée des anges), l'ancien directeur des documentaires d'Arte, Thierry Garrel (commissaire et conseiller artistique) et le critique et fondateur du festival de docus It's All True / É Tudo Verdade à Sao Paulo et Rio de Janeiro, Amir Labaki.

Le prix sera décerné le 21 mai. Il est doté de 5000 euros. L'an dernier, le jury de Rithy Panh avait primé Allende, mi Abuelo Allende de Marcia Tambutti Allende.

Cannes 2015: le nouveau Prix du documentaire L’Œil d’Or pour Allende, Mi Abuelo Allende

Posté par vincy, le 23 mai 2015

Le nouveau prix créé par la Scam et destiné à récompenser les documentaires présentés dans toutes les sélections du Festival de Cannes, L'Œil d'Or, a été remis ce midi. Cette année le jury était présidé par Rithy Panh qui avait 14 films à voir (lire également notre article sur la création du prix).

L'Œil d'Or 2015 est décerné à Marcia Tambutti Allende pour son film Allende, Mi Abuelo Allende (Au-delà d'Allende, mon grand père), présenté à la Quinzaine des réalisateurs. La jeune cinéaste chilienne essaie de rompre le silence qui pèse depuis des décennies dans sa propre famille sur le personnage légendaire qu'était son grand-père. "Un travail délicat qui explore l’intimité d’une famille avec une grande pudeur" selon le communiqué de la Scam.

Le jury a aussi donné une mention spéciale à Stig Björkman pour Je suis Ingrid Bergman, projeté dans le cadre de Cannes Classics en sélection officielle. "Le jury a été ému par le montage de ce journal intime, construit à partir d’archives visuelles familiales et artistiques. Une femme qui a traversé une époque de cinéma inoubliable avec une liberté et une inspiration profonde réinventant un chemin personnel bien au-delà des frontières culturelles artistiques et familiales" explique le communiqué.

La Scam s'est également réjouit de voir l'importance accordé au film documentaire cette année: la séance de clôture de la Sélection officielle sera assurée par le film de Luc Jacquet, La Glace et le ciel, portrait du scientifique et explorateur Claude Lorius. Une Palme d'honneur est attribué à la réalisatrice Agnès Varda. L'Acid a sélectionné trois documentaires parmi ses longs métrages.

Cannes 2015: L’Oeil d’or, nouveau prix pour les documentaires

Posté par redaction, le 29 avril 2015

Le 68e Festival de Cannes accueille un nouveau prix, L'Œil d’or, chargé de récompenser un documentaire. À l'initiative de la Scam et de sa présidente, Julie Bertuccelli (La cour de Babel), il récompensera un film parmi tous les documentaires présentés dans toutes les sélections du Festival. Le jury remettra L'Œil d'or et sa dotation de 5000 € à l'auteur du film primé le samedi 23 mai au Palais des festivals.

Le premier jury est composé de Rithy Panh, président du jury, cinéaste franco-cambodgien souvent récompensé à Cannes, Nicolas Philibert, cinéaste français, Irène Jacob, comédienne française, Diana El Jeiroudi, productrice syrienne et Scott Foundas, critique américain du magazine Variety.

Parmi les documentaires présentés à Cannes (la liste n'est pas complète puisque la sélection Cannes Classics n'est toujours pas révélée), notons Amy, Ingrid Bergman: In Her Own Words?, Oka, Pauline s'arrache, Je suis le peuple, ...

TVA sur les billets de cinéma et les droits d’auteurs à 10% : la profession en colère

Posté par vincy, le 7 décembre 2012

ticket de cinéma revenus répartitionEn France, l'Assemblée nationale a voté mercredi la refonte des taux de TVA dont l'application est prévue en 2014 (voir aussi notre actualité du 6 novembre). Ainsi la TVA sur les billets de cinéma passera de 7 à 10%. Cela reste très loin des taux récemment augmentés en Espagne et au Portugal. Mais, comparé aux livres et au spectacle vivant, le 7e art peut s'estimer maltraité puisque ces secteurs, eux, passeront d'une TVA de 5,5% à 5%.

Amendements rejetés

Sans surprise, tous les organismes professionnels ont protesté avec véhémence contre cette hausse. Plusieurs députés des différents groupes parlementaires (PS, UMP, groupe écologique, parti communiste) avaient déposé des sous-amendements pour ramener le cinéma dans la TVA à taux réduit à 5% : tous ont été rejetés. Le socialiste Patrick Bloche, président de la Commission de la Culture à l’Assemblée nationale, a défendu en séance la spécificité de la culture et, par conséquent, la nécessité de soumettre les secteurs culturels à un taux de TVA de 5%.

Déjà en juillet dernier, le cinéma, jusque là taxé à 5,5%, est passé au taux intermédiaire de 7%. Le cinéma, comme les billets de spectacles, n'est donc plus considéré comme un bien culturel à l'instar du livre et du théâtre, deux secteurs qui subissent une baisse de leurs ventes contrairement au cinéma qui a le vent en poupe. Les professionnels y voient aussi une double peine après la ponction de 150 millions d'euros dans la cagnotte du CNC par l'Etat (voir aussi notre actualité du 29 septembre).

Discrimination fiscale

La SACD et la SCAM explique leur incompréhension : "En soumettant à des taux de TVA distincts le livre et le spectacle vivant (5%) d’un côté, le cinéma et les droits perçus par les auteurs (10%) de l’autre, le projet de loi entérine une discrimination fiscale inexplicable et s’engage dans la voie d’une forte augmentation de la TVA prélevée sur les entrées en salle et les rémunérations des auteurs qui, en 2 ans, passerait de 5,5% à 10%".

Julie Lorimy (Blic, Bureau de Liaison des Industries Cinématographiques) explique à l'AFP la rancoeur à l'égard du gouvernement : "On nous a promis à l'époque que nous rejoindrions le taux réduit lors du projet de loi de finances rectificative". "Cela n'a pas été le cas, et le taux de 7% doit passer en janvier à 10% ce qui représente en deux ans un doublement de la taxation des billets, de 5% à 10%".

Le cinéma exclu de l'exception culturelle ?

Le Blic, le Bloc (Bureau de Liaison des Organisations du Cinéma), l'ARP (Société civile des Auteurs Réalisateurs Producteurs), l'UPF (Union des Producteurs de Films) et la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques) ont immédiatement communiqué leur mécontentement, interpellant le pouvoir exécutif : "Le cinéma est-il toujours une pratique culturelle pour le Gouvernement français ?"

Le regroupement rappelle que "La sortie au cinéma est aujourd’hui la pratique culturelle la plus populaire, plébiscitée par tous nos concitoyens, y compris les plus modestes d’entre eux". "Le Gouvernement acte ainsi la sortie du cinéma, activité culturelle la plus accessible dans tous les sens du terme, du taux réduit (5%)  qui reste pourtant applicable aux autres spectacles : théâtre, ballets, opéra, etc., ainsi qu’au secteur de l’édition littéraire."

Le cinéma est ainsi exclu, selon eux, du champ culturel: "En surtaxant la création et le billet de cinéma, le Gouvernement lui confisque son statut culturel et ignore son rôle déterminant en matière d’animation et de lien social dans nos territoires." Même si on peut se permettre de nuancer leur propos, le cinéma reste en effet un bien culturel, qui impacte sur de nombreuses petites structures (exploitants, distributeurs, producteurs, ayant-droits...). Une hausse même légère du prix du billet a un impact sur la fréquentation, donc sur les recettes. Est-ce que cette hausse légère ne sera pas une opération financière neutre voire négative pour l'Etat si le nombre de billets vendus baisse?

De plus, le cinéma fait partie de cette exception culturelle que défend tant la France face à l'Union européenne et l'OMC. Contradiction majeure? En tout cas source de problèmes quand de nombreux dossiers politiques sur le financement du cinéma sont contestés ou étudiés à Bruxelles actuellement. Paradoxalement, au même moment, la France essaie de faire reconnaître cette exception culturelle auprès de l'Union européenne (voir aussi notre actualité du 21 octobre).

Une faible hausse au final

Cependant tout n'est pas décidé : le Sénat a encore son mot à dire. Et le Ministre de l'économie et des finances a rappelé que pour certains secteurs (notamment les transports publics et le logement social) les taux pouvaient s'adapter en vue d'une politique fiscale plus juste. Tout au long de 2013, les secteurs seront étudiés au cas par cas.

Bien sûr, le prix du billet peut rester inchangé : il suffit que les salles de cinéma réduisent leur marge. Les réseaux les plus solides et les multiplexes peuvent se le permettre, mais quid des petites salles, qui elles, font un véritable travail d'animation culturelle et de lien social avec leur public.

Fondamentalement, le prix du billet de cinéma ne sera modifié que marginalement. Si on prend en compte le prix moyen d'une place de cinéma de 6€ (selon le CNC) : 2€56 partent dans les caisses du cinéma, 2€30 vont au distributeur du film, 0,64€ enrichissent le CNC pour alimenter le compte de soutien au cinéma, 8 centimes alimentent la trésorerie de la SACEM pour les droits musicaux et 42 centimes reviennent à l'Etat avec la TVA. Avec une TVA à 10%, le billet serait augmenté d'environ 18 centimes.

On le voit bien : le combat est avant tout symbolique et politique.

Appels à la libération du cinéaste Syrien Orwa Nyrabia

Posté par vincy, le 31 août 2012

Orwa Nyrabia, 34 ans, a été arrêté le 23 août à l'aéroport de Damas, capitale de la Syrie, pays qui subit les ravages d'une guerre civile depuis mars 2011. Emprisonné dans les cellules des Services de renseignements du régime de Bachar El-Assad, qui lutte pour son maintient au pouvoir, le cinéaste n'a plus donné signe de vie depuis. Il devait se rendre au Caire (Egypte). La compagnie EgyptAir assure de son côté qu'il n'a pas embarqué.

Le festival de Cannes, la Cinémathèque française, la SACD, la Scam, la SRF et l’ARP ont signé un appel commun, sous forme de pétition, pour réclamer sa libération. "Orwa Nyribia appartient à la jeune génération de cinéastes et cinéphiles syriens, amoureux du cinéma du monde entier et épris de liberté. Son arrestation nous inquiète et nous indigne. Nous exigeons qu’Orwa Nyrabia soit remis au plus vite en liberté" peut-on lire dans ce texte. 140 cinéastes du monde entier ont signé la pétition qui ajoute : "Tout son travail consiste à bâtir pacifiquement des ponts entre les êtres, considérant l'art, le cinéma, comme un des moyens les plus efficaces pour atteindre ce but."

La direction du festival du film de Toronto (Tiff) a fait savoir hier, jeudi 30 août, qu'elle était "extrêmement préoccupée" par la disparition du cinéaste Orwa Nyrabia. Le communiqué indique que "Nyrabia appartient à la génération émergente de réalisateurs passionnés par le monde du cinéma et par la liberté. Nous sommes extrêmement inquiets d'apprendre son arrestation: les réalisateurs doivent pouvoir s'exprimer au travers de leurs films sans craindre de représailles".

Martin Scorsese a également rédigé une déclaration : "Je suis extrêmement inquiet d’apprendre que le réalisateur et producteur syrien Orwa Nyrabia a été arrêté par le régime syrien, est détenu dans un lieu inconnu et privé de toute communication avec le monde exterieur, y compris sa famille proche. La communauté internationale du cinéma doit rester vigilante, et porter attention à toute injustice perpétrée contre contre nos collègues artistes. Nous devons maintenir la pression pour obtenir la libération immédiate d’Owa Nyrabia".

Nyrabia est directeur du festival de documentaires Dox Box (la 5e édition a été annulée en mars dernier et la femme de Bachar Al-Assad siège dans le comité de son festival) ; il fut aussi membre du jury de plusieurs festivals internationaux. Le cinéaste est également producteur de films documentaires (il a notamment partagé avec son associée Diana Al Jaroudi le Grand Prix du Réseau européen du documentaire.

On l'a aussi vu dans La porte du soleil de Yousri Nasrallah, en 2004, sélectionné au Festival de Cannes, où il tenait le rôle principal.

A priori, il allait en Egypte (pays qui critique publiquement les exactions du régime syrien) à l'invitation du collectif Mosireen pour présenter son dernier film, In the Shadow of a man, qui traite de la révolution égyptienne et du rôle des femmes.

Ses proches s'inquiètent. Généralement, selon Claude Kandiyoti, initiateur du mouvement, les prisonniers donnent des nouvelles au bout de 48h. Les services de renseignement ont effacé toute trace de lui sur les réseaux sociaux. Au journal Le Monde, Kandiyoti, désespéré, confie "Ils veulent qu'il disparaisse complètement ". Sa famille se cache à Damas. Un autre acteur syrien a été arrêté pour avoir aidé des concitoyens dans le besoin (perte de logement, d'emploi dû à la répression). D'autres artistes - Mohammed Omar Ouso, Mina Wasif, l'actrice Yara Sabri ou l'écrivaine Rima Flihan, ont ainsi été enlevés.

Orwa Nyrabia utilisait sa notoriété et ses réseaux proches du pouvoir pour mieux combattre le régime, de manière souvent subversive, à travers ses documentaires. Il avait déjà été interdit de production, bien avant le début de la révolte.

Cinéma, livre, musique unis pour la présidentielle : décryptage

Posté par vincy, le 24 mars 2012

On pourrait regretter que le jeu vidéo n'ait pas été inclus dans la boucle. Mais reconnaissons, pour une fois, que l'unité affichée par les trois grands piliers de la Culture (hors spectacle vivant et patrimoine), le Cinéma, la Musique et le Livre, est suffisamment rare pour être soulignée.

Ainsi les organisations du cinéma et de l'audiovisuel - ARP, SACD et Scam - de la musique - SNP, Upfi - et du livre - SNE, SGDL-, se sont unies aux plateformes de diffusion - FilmoTV, Dailymotion, Libsum -  pour promouvoir une offre légale culturelle numérique accessible, riche et attractive et la défendre auprès des candidats à l'élection présidentielle.

Ils se sont réunis hier au siège de l'ARP, le Cinéma des cinéastes, à Paris. C'est la première fois que les représentants des principaux "corps intermédiaires" de la profession signent un communiqué commun.

L'après Hadopi en question

Il y a plusieurs raisons à cela : Hadopi est considéré comme un semi-échec (coûteux, impact difficilement quantifiable, ...), le numérique s'ancre de plus en plus dans les habitudes de consommation du citoyen (et on n'a toujours pas prouvé que le piratage était néfaste culturellement), l'accès légal aux oeuvres culturelles reste confus et complexe... Sans oublier qu'une grande partie de cet accès passe par des plateformes étrangères (iTunes d'Apple ou bientôt Netflix).

L'autre raison, plus pragmatique, est la différence de points de vue des dix candidats à l'élection présidentielle. Si l'on prend le comparatif des programmes effectués par Le Monde (pas forcément exhaustif mais factuel), voici les propositions des candidats (par ordre alphabétique) :

- Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) : Films, disques, reportages en accès libre sur internet avec un service public associé.
- François Bayrou (Modem) : Abrogation de la loi Hadopi et développement d'une offre de téléchargement légal.
- Jacques Cheminade (Solidarité et progrès) : Abrogation des lois Dadvsi et Hadopi ; Taxe de 2€ par mois et par abonnement sur les fournisseurs d’accès à Internet ; Possibilité pour les artistes de s’organiser en auto-producteurs ou en coopératives pour diffuser leurs oeuvres, avec une subvention fournie à des individus, non à des structures ; Etablir une plateforme de téléchargement publique ; Accroître les moyens juridiques sur la protection des données personnelles ; Lancer une stratégie du logiciel libre.
- Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) : Abrogation de la loi Hadopi pour une licence globale.
- François Hollande (Parti Socialiste et Parti Radical de Gauche) : Remplacement d'Hadopi par "une loi qui conciliera la défense des droits des créateurs et un accès aux œuvres par internet facilité et sécurisé ; Couverture de 100 % du territoire en très haut débit d'ici à 2022 (voir aussi « Réconcilier les internautes et le monde de la culture » par Fleur Pellerin et Aurélie Filippetti et « La loi Hadopi doit être repensée » par François Hollande).
- Eva Joly (Europe Ecologie - Les Verts) : Abrogation de la loi Hadopi et légalisation du partage non marchand ; Instauration d'une contribution de l'offre d'un milliard d'euros (internautes et fournisseurs d'accès à internet) pour soutenir la création.
- Marine Le Pen (Front National) : Abrogation de la loi Hadopi pour une licence globale.
- Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche) : Abrogation de la loi Hadopi et création d'une plateforme publique de téléchargement ; Engagement d'une concertation en vue de garantir le respect des droits des artistes, auteurs et interprètes grâce à une mise à contribution des fournisseurs d’accès, des opérateurs de télécommunications et du marché publicitaire.
- Philippe Poutou (Nouveau Parti Anticapitaliste) : Abrogation de la loi Hadopi pour une licence "égale" (maintient de l'exception pour copie privée des internautes et protection de la rémunération des artistes et techniciens), financée par une taxe sur le chiffre d'affaire des majors, des opérateurs de télécoms, des fabricants de matériel informatique.
- Nicolas Sarkozy (Union pour un Mouvement populaire) : Maintien d'Hadopi (mais évolution possible), et couverture de 100 % du territoire en très haut débit d'ici à 2020. Création de taxes et impôts propres à Internet (notamment une taxe sur la publicité en ligne et l'assujettissement à l'impôt sur les sociétés - quitte, dans ce dernier cas, à renégocier certaines de nos conventions fiscales) ; possibilité d’organiser des raids équivalents à ceux du FBI contre Megaupload.

A la lecture des propositions, on constate qu'hormis le Président-candidat qui a créé Hadopi, tous veulent soit l'abroger ou la remplacer. Les différences, qui ne démontrent pas un clivage gauche/droite sur ce sujet là, sont davantage dans la manière d'envisager la rémunération des auteurs (licence globale, ...) ou la diffusion des oeuvres.

Enjeu culturel et industriel

Les organisations culturelles qui se sont réunies expliquent leur motivation : "L’enjeu est à la fois culturel – faciliter l’accès légal aux œuvres dans toute leur diversité – et industriel – encourager le développement des plateformes françaises et européennes de diffusion numérique capables de concurrencer les géants américains de l’Internet. Il implique que ces offres puissent se développer hors de la présence et de la concurrence massive des offres de téléchargement et de streaming illégales."

En 6 points, elles expliquent que la concurrence déloyale (téléchargement et streaming illégaux, contournement des règles fiscales nationales par les géants américains de l'Internet) menacent l'offre (et la diversité) culturelle française. Elles s'accordent qu'il faut dépasser les débats "stériles" de l'Hadopi, qui ont opposé les créateurs à leur public. On peut être en désaccord sur le fait que cette union d'organisations représentatives estiment qu'Hadopi est pédagogique et "non répressive" (sic, que dire alors de sanctions malgré tout radicale non validées par un juge?).

Les 6 points ont la vertu de poser le problème rationnellement. Et reconnaissons qu'aucun des candidats ne réponds à tous les points, ou, pire, quand ils y répondent, c'est parfois à côté de la plaque. On privilégie la taxation nationale au détriment d'une harmonisation européenne, ou on augmente la TVA sur les biens culturels quand leur consommation est déjà en baisse (livre, musique).
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