5 chansons d’Elton John au cinéma

Posté par kristofy, le 29 mai 2019

Après sa grande première durant le Festival de Cannes voici dans les salles Rocketman, à la fois biopic et comédie musicale qui raconte l'enfance et les seventies de Elton John, avec sa gloire grandissante mais aussi ses déboires. Certaines de ses chansons les plus connues comme "Crocodile Rock", "Goodbye Yellow Brick Road", "Don’t let me the Sun go Down on Me", "Rocket Man", "I’m Still Standing" y sont utilisées autant comme fil narratif de son histoire que comme des parenthèses musicales qui donnent envie de chanter et de danser.

Elton John représente plus de 300 millions de disques vendus en 50 ans de carrière: certaines de ses chansons avaient déjà été utilisées dans plusieurs films et séries. De Alice n'est plus ici de Martin Scorsese en 1974 (Daniel) à Jours de Tonnerre de Tony Scott en 1990 (You Gotta love someone) en passant par My Own Private Idaho de Gus van Sant (Blue Eyes) ou Peter's Friends de Kenneth Barnagh (I Guess That's Why They Call It The Blues) tous deux en 1992, sans oublier Sorry to be the hardest word dans Bridget Jones : l'âge de raison de Beeban Kidron (2004).

Retour sur 5 moments de cinéma où ses compositions ont une importance particulière dans le film.

- Le roi Lion, animation de Roger Allers et Rob Minkoff en 1994 :
L'un des films d'animation de Disney les plus populaires (derrière Blanche-Neige et les 101 Dalmatiens) doit beaucoup à deux tubes d'Elton John. Tout le monde connaît la mélodie de l'hymne du roi Lion, Circle of Life, tout comme Hakuna Matata est devenue culte et la chanson Can You Feel the Love Tonight qui clôture le film. A noter que les trois ont été nommées à l'Oscar de la meilleure chanson, mais c'est la dernière qui a récolté l'Oscar. Record de ventes pour une BOF d'un film d'animation, l'album s'est vendu à plus de 10 millions d'exemplaires en 1994/1995 aux USA (et 1,3 million d'exemplaires en France). Le succès a été prolongé avec l'énorme carton du spectacle musical (8,5 milliards de dollars de recettes) qui reprend les partitions d'Elton John. On les retrouvera dans la version en prises de vues réelles du film, qui sort en juillet.

Presque célèbre, de Cameron Crowe en 2000 :
Cameron Crowe est un amoureux de musique (ex journaliste musical), il en met partout dans ses films comme le romantique Rencontres à Elizabethtown (avec la chanson My father's gun de Elton john), mais surtout il a réalisé des films sur des musiciens et leurs entourage comme Singles et le nostalgique Presque célèbre qui lui valu un Oscar de meilleur scénario. Au moment d'un retour en bus, c'est donc le Tiny Dancer de Elton John qui est chanté en choeur par Kate Hudson est les autres :

- 27 Robes, de Anne Fletcher en 2008 :
Katherine Heigl a été 27 fois demoiselles d'honneur à des mariages, mais elle n'a pas encore rencontré un homme avec qui se marier. Elle est un peu amoureuse de son boss Edward Burns alors que le journaliste James Marsden va tomber amoureux d'elle. C'est souvent un peu comme ça les comédies romantiques. Quand dans un bar passe la chanson Bennie and the jets, on a forcément envie de monter chanter et danser sur le comptoir. Elton John ça donne aussi envie de s'embrasser...

- Battle of the Sexes, de Jonathan Dayton et Valerie Faris en 2017 :
Le champion de tennis macho Bobby Riggs (Steve Carell) est défié par la féministe Billie Jean King (Emma Stone) pour s'affronter face à face lors d'un match... Ce combat historique pour que les joueuses de tennis soient mieux considérées sur le circuit sportif est en partie lié au résultat de ce match. Une émancipation féminine au début des années 1970 est alors accompagné de la mélodie de Rocket Man, sortie en 1972.

- Moulin Rouge, de Baz Luhrmann en 2001 :
Ouverture du festival de Cannes, le drame musical australien a remixé ou "médleyisé" nombre de tubes populaires, dont le célèbre Your Song d'Elton John, interprété par Ewan McGregor, croisé avec One Day I'll Fly Away, chanté par Nicole Kidman. Sans aucun doute le plus beau moment romantique du film. Par ailleurs, Your Song a aussi été utilisé par Ken Loach dans Carla's Song.

Cannes 70 : la comédie musicale sur le tapis rouge

Posté par cannes70, le 17 mars 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-62.

C’était il y a quelques semaines : Damien Chazelle devenait le plus jeune cinéaste à recevoir un Oscar du meilleur réalisateur pour La La Land, juste après avoir égalé le record de 14 nominations et gagné 6 Golden Globes (réalisation, scénario, musique…). Médiatisé au-delà du possible, le film cartonne au box-office et va même faire chanter certains spectateurs dans les salles avec une ressortie en version karaoké !

Alors, bien sûr, La la land n'était pas à Cannes (il a fait l’ouverture de Venise), contrairement au premier film de Damien Chazelle (Whiplash) sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs. Pourtant, il sonne certes comme un hommage aux classiques américains du genre, mais il est surtout sous l'influence d'un film souvent cité par le réalisateur lui-même : Les parapluies de Cherbourg de Jacques Demy. Qui, lui, avait été sacré Palme d’or du Festival de Cannes 1964. Le genre de la comédie musicale qui semblait un peu tombé en désuétude revient donc sur le devant de la scène. En fait, ce n’est pas vraiment la première fois, et c’est d’ailleurs à Cannes que la comédie musicale a plusieurs fois fait son retour.

A noter d'ailleurs que le premier film musical "palmé" sur la Croisette, c'est Orfeu Negro de Marcel Camus, présenté en 1959. Cette année-là, cette adaptation d'une pièce de Vinícius de Moraes, qui revisite le mythe d'Orphée et Eurydice sur fond de Bossa Nova, l'emporte devant Les 400 coups de Truffaut, ou Hiroshima mon amour d'Alain Resnais.

Mais revenons-en à 1964. Le Festival de Cannes est donc "enchanté" par Les parapluies de Cherbourg : les dialogues en chanson de Jacques Demy ont été mis en musique par Michel Legrand, et en fait on y entend peu la voix des acteurs principaux (Catherine Deneuve, Nino Castelnuovo) qui sont doublés par de véritables chanteurs. La comédie musicale qui est souvent dans l’imaginaire fantaisiste est ici ancrée dans le réel : au début des années 60, un jeune homme doit partir faire la guerre en Algérie et quitter une jeune-fille enceinte avant d’être mariée…

Catherine Deneuve est l’actrice au parcours unique dans le genre de la comédie musicale au Festival de Cannes : après Les parapluies de Cherbourg en 1964, elle va chanter et danser dans Dancer in the dark du danois Lars Von Trier en compétition officielle en 2000. Le Palmarès sera au diapason : Palme d’or pour le film, doublé d’un prix d’interprétation de meilleure actrice pour Björk, personnage principal qui chante et compose chansons et musiques. Là encore, film musical rime avec drame, les épreuves les plus tragiques de l’héroïne Björk sont supportée par son amour des comédies musicales qu’elle se chante et danse dans sa tête.

Dans le film Catherine Deneuve accompagne Björk dans deux séquences musicales : Cvalda dans l’usine quand le bruit des machines devient un rythme qui devient une chorégraphie, et My favourite things à la chorale durant les répétitions d’un spectacle joyeux (chanson qui sera reprise larmoyante de désespoir par Björk seule dans sa cellule de prison). Dans Dancer in the dark, chaque séquence chantée et dansée est une échappatoire joyeuse et résignée pour supporter un moment réel pénible, et juste ensuite survient un nouveau drame encore plus tragique…

Après Dancer in the dark, souvenez-vous quel a été le film d’ouverture choisi l’année suivante ? Encore une comédie musicale !  Moulin Rouge de Baz Luhrmann est bien plus virevoltant, avec quantité de reprises de chansons pop (David Bowie, Elton John, Police…), mais son finale n’en reste pas moins (encore) la mort d’une histoire d’amour...

C’est en 2007 que la comédie musicale fait un beau retour en compétition à Cannes avec Les chansons d’amour de Christophe Honoré qui réunit Alex Beaupain à la composition des musiques et Chiara Mastroianni, la fille de Deneuve, à l'écran aux côtés de Ludivine Sagnier, Lous Garrel et Clotilde Hesme. Cette fois, il y a moins de chorégraphie mais tout autant de chansons qui forment des dialogues sur le trouble amoureux (et le deuil) entre un garçon qui aime deux filles dans un ménage à trois qui se complique quand il est lui-même aimé par un autre garçon… Le film repart bredouille, mais Christophe Honoré sera de retour en 2011 avec Les bien-aimés, présenté en clôture.  Un autre film musical dans lequel on retrouve... Catherine Deneuve. Comme pour boucler la boucle.

Cannes fera connaître dans quelques semaines quels seront les films qui seront sélectionnés pour cette 70 édition, mais, ici, on peut déjà vous pronostiquer que la comédie musicale fera de nouveau l’événement lors du Festival... 2018 : en effet, Léos Carax travaille en ce moment sur son prochain film Annette (avec Adam Driver et une actrice encore inconnue en remplacement de Rooney Mara et de Rihanna initialement attachées au projet) qui « sera envoûtant, noir et cruel, mais aussi drôle et joyeux et saura s’inscrire dans la riche histoire d’amour entre le cinéma, la musique et les voix » d’après ses propres mots. Gilles Jacob (ex président du Festival de Cannes) est déjà emballé par le scénario qu’il a lu : « Je pense que ça va être quelque chose ! Can't wait ». Nous non plus.

Kristofy d'Ecran-Noir

Edito: les liaisons de plus en plus amoureuses

Posté par redaction, le 8 septembre 2016

Les rentrées s'entrechoquent: littéraire, musicale, scénique, cinématographique, médiatique et politique. On savait déjà que les livres étaient toujours un matériau riche pour le cinéma (au minimum deux adaptations par semaine). Il est intéressant de constater que le cinéma se décline lui aussi de plus en plus sur la scène. Finalement tout se mélange. Le Fantôme de l'Opéra (à Paris dès le 13 octobre, après trente ans de succès à Londres et New York) est un livre français, un film américain et c'est le spectacle britannique qui est devenu la référence. Réparer les vivants fut un livre qui s'est très bien vendu, avant de devenir un seul-en-scène (actuellement au Théâtre du Rond-Point) et connaît une nouvelle vie au cinéma (le film est sélectionné à Venise). Et que dire de la franchise Harry Potter, devenue "l'univers magique de J.K. Rowling", qui se décline cette année au théâtre (à Londres), en livres (trois nouvelles numériques, la pièce publiée) et en film (premier épisode de la trilogie des Animaux fantastiques).
On s'y perdrait presque.
Le phénomène n'est pas si neuf. Après tout Le Roi Lion a d'abord été un carton au cinéma avant de devenir un phénomène musical. Idem pour Sister Act, Hairspray, Shrek, Mary Poppins, La belle et la bête (qui va être rebooté en "live-action")...
Mais le phénomène s'accentue. Actuellement, Avatar a été transformé par Le Cirque du Soleil : Toruk promet un spectacle dans l'univers de Pandora. On nous annonce Moulin Rouge! sur les planches d'ici deux ans (avec l'accord de Baz Luhrmann). Mais surtout Amélie, d'après Le Fabuleux destin d'Amélie Poulin, en comédie musicale là aussi, pour le printemps 2017. Pour la saison 2017/2018, pas moins de douze films ou livres déjà adaptés pour le cinéma seront transposés en pièces de théâtre ou comédies musicales à Broadway. La plus attendue sera évidement La Reine des neiges.

En France, on avait déjà eu le droit à Kirikou, Sur la route de Madison, La maman et la putain, Un singe en hiver, Le bal des vampires (par Polanski himself), etc... Désormais ce sont Les Choristes, la hit de Christophe Barratier, qui va être transposé en spectacle musical, mis en scène par le réalisateur lui-même. Lever de rideau le 23 février 2017. Et à la Comédie-Française, après son triomphe à Avignon, c'est l'adaptation du film de Visconti, Les Damnés qui fait l'événement de cette rentrée.

Trouple entre littérature, cinéma et théâtre

On voit bien que cinéma et théâtre entretiennent de plus en plus leur flamme amoureuse. On pourrait aussi se désoler de constater un manque d'originalité ou d'inspiration à vouloir chercher la recette qui peut fonctionner. Autant le cinéma a sa réputation de vampire, suçant livres, théâtre et histoires vraies. Autant le théâtre ne nous avait pas habitué jusque là à ce genre d'usages. Pourtant, regardons bien les affiches: Le rouge et le noir, Le fantôme de l'opéra, Oliver Twist, Notre-Dame de Paris. Tous ces spectacles musicaux de la rentrée sont issus de bouquins populaires et étudiés à l'école. Tous ont aussi été déclinés au cinéma. Alors pourquoi ne pas pousser la chansonnette sur une histoire que tout le monde connaît? Il y a une part d'inceste artistique, certainement. Une ambition amoindrie pour limiter les risques, assurément.

Cependant, si on est assez objectif, qui peut dire lequel Roi Lion est le meilleur, le Disney ou le Broadway? Comment avez-vous découvert Les Misérables entre le pavé d'Hugo, le mastodonte musical milliardaire et les différentes adaptations audiovisuelles? Cela prouve surtout que les bonnes histoires ne meurent jamais.

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