Une charte pour l’égalité hommes-femmes dans le secteur du cinéma

Posté par MpM, le 16 octobre 2013

A l'initiative de l'association Le deuxième regard (réseau de professionnels du cinéma qui lutte contre les stéréotypes, et questionne notamment la question de la place des femmes dans le cinéma), Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, et Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes ont signé le 10 octobre dernier une charte en faveur de l'égalité hommes-femmes dans le secteur du cinéma.

Elles rejoignent le CNC et Arte France qui se sont eux-aussi engagés à encourager et favoriser le rayonnement des femmes dans un secteur encore trop souvent marqué par un profond déséquilibre entre les sexes.

La charte détaille cinq types d'actions destinés à rectifier ce déséquilibre :

- "sexuer" les outils statistiques afin de mieux cerner les problématiques en présence et de participer à une réflexion commune sur la place des femmes dans le cinéma ;
- favoriser la représentation proportionnelle des femmes et des hommes dans les instances de décision ;
- stimuler la création cinématographique en encourageant les projets qui subvertissent les représentations traditionnelles des femmes et des hommes ;
- sensibiliser les équipes aux questions de parité en luttant notamment contre les stéréotypes ;
- appliquer l’égalité salariale.

Des engagements qui s'inscrivent dans l'action d'Aurélie Filippetti qui, depuis son arrivée au ministère de la Culture, a fait de l'égalité hommes-femmes dans la culture l'une de ses préoccupations majeures. La ministre a notamment défini quatre grandes directives en faveur de la parité parmi lesquelles la mise en place d’un « observatoire de l’égalité » sur les nominations, rémunérations, programmations et accès aux moyens de production, le développement d'une politique incitative et la lutte contre les stéréotypes.

Le sujet n'en demeure pas moins sensible et complexe, propice à pas mal de malentendus, notamment de la part des professionnels qui craignent une entrave à leur liberté de programmation, ou une main mise sur leurs choix artistiques. On imagine mal des quotas imposés au Festival de Cannes pour présenter en compétition officielle plus de films réalisés par des femmes, par exemple...

D'où la nécessité de trouver un vrai équilibre entre politique volontariste et liberté de création. Mais peut-être est-ce là la chance du secteur, qui a tout à inventer pour permettre aux professionnels, hommes et femmes, d'avancer main dans la main vers leur but commun : le cinéma.

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Lire la charte dans son intégralité

Débat avec la ministre Najat Vallaut-Belkacem autour du film La Parade

Posté par antoine, le 8 février 2013

Mardi 5 février avait lieu une projection un peu spéciale à L’Arlequin (Paris) : la séance de La Parade était suivie d’un débat avec Najat Vallaud-Belkacem (Ministre des droits des femmes et porte-parole du gouvernement, chargée de mission interministérielle de lutte contre l’homophobie), Geneviève Garrigos (présidente d’Amnesty International France), Nicolas Gougain (Porte-parole de l’association Inter-LGBT), le porte parole de SOS Homophobie, et Sophie Dulac (distributrice et exploitante du film).

La Ministre a rappelé que le discours du Président français à l’ONU a fait avancer plusieurs pays sur la question de l’homosexualité. Il n’y a pas qu’à Belgrade qu’il y a des problèmes, comme la comédie serbe le montre. L’ignorance est la plus grande violence dans le monde et pour lutter contre cette violence il faut éduquer, apprendre à accepter l’autre. Ce qui se passe à Belgrade concerne toute l’Europe de l’est, Russie comprise.

La fiction permet de sensibiliser d'autres publics

Pourquoi avoir fait une fiction plutôt qu’un documentaire ? La présidente de Amnesty International France répond que, généralement, les documentaires s’adressent à ceux qui sont déjà au courant du sujet. Les films comme La Parade s’adressent à un public plus large et permet donc de mieux sensibiliser un public pas forcément conscient du sujet. Elle a ensuite ajouté que la dépénalisation de l’homosexualité est relativement récente, en Serbie depuis 1994 (mais le crime pour homophobie n’est pas encore reconnu). En 2010, la seule et unique "Gay Pride" officielle a pu se dérouler, non sans protection, en Serbie. Les articles 19 et 20 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme sont régulièrement rappelés à ce pays qui cherche à entrer dans l'Union européenne. Enfin, elle a insisté sur le fait que l’égalité est un droit vraiment fondamental.

Najat Vallaud-Belkacem a précisé que ce projet de loi sur le mariage pour tous a permis une prise de conscience et a révélé quelque chose dans la société. Les actes homophobes se sont multipliés et la vigilance permanente de ces dérapages s'est accrue (notamment grâce à la mission de lutte contre les discriminations). Il y a également de nouvelles mesures mises en places (mesures financières, formations, etc.) dans tous les secteurs : éducation dans les écoles, dans les médias, dans le monde du sport. Il faut faire avancer ce sujet dans tous les secteurs administratifs est un travail inédit.

SOS Homophobie a rappelé quelques chiffres. Il y a eu trois fois plus de témoignages en décembre 2012 qu’en décembre 2011: rien qu'en janvier, il y en a eu quatre fois plus que l’année précédente. Ils ont pu avoir le soutien du gouvernement qui a permis une mise en place d’une ligne d’écoute. Même s'il y a encore beaucoup de travail. L’association fait des interventions dans les collèges et lycées et ils reçoivent beaucoup d'appels du monde du travail.

Une lutte mondiale

Nicolas Gougain a précisé que c’était un combat internationaliste, une lutte mondiale. Quand Paris marche pour l’égalité et pour les fiertés, c’est Paris qui marche aussi pour tous ceux qui ne peuvent pas marcher, en France et ailleurs dans le monde. L’homophobie est une haine partagée dans de nombreuses cultures. Il remarque une nette diversité des participants qui marchent: des familles, des jeunes de banlieues, des gens de tout âge…

La ministre a rappelé qu’il y avait eu une campagne d’organisée sur les violences comme le harcèlement sexuel, le harcèlement d’identité de genre, la transphobie (c’est une première en France).

SOS homophobie va se réunir avec son ministère pour voir comment ils peuvent faire pour lutter contre les agressions verbales, et les tweets homophobes qui se sont propagés ces derniers temps sur le réseau social de micromessages :  qu’est-ce qu’on peut dire et qu’est-ce qu’on ne peut pas dire, et où se trouve alors l’égalité, la liberté d'expression.

L'association a aussi rappelé la une de Minute qui appelle à la haine. L’association a porté plainte mais la justice met beaucoup de temps à être traitée, comme toujours.

En revenant au film, Nicolas Gougain a indiqué que le sujet sérieux traité sous la forme d’une comédie permet d’être un bon outil pédagogique pour appeler aux marches des fiertés et pour lutter contre les discriminations. La parole franche et assumée de la part de la gauche à l’Assemblée Nationale est quelque chose de nouveau. Pour lui, il faut retenir l'aspect positif dans ce débat.