Cannes 2018: Après les célébrations, la censure frappe le film kényan « Rafiki »

Posté par vincy, le 28 avril 2018

C'était une joie quand Thierry Frémaux a annoncé le premier film kenyan en sélection officielle (Un Certain regard). Rafiki de Wanuri Kahiu promet d'être l'un des films les plus attendus du prochain festival de Cannes. Mais hier, vendredi 27 avril, la fête a pris fin. Les autorités kényanes ont décidé d'interdire le film.

Ce film qui raconte une histoire d'amour entre deux jeunes filles n'est pas du goût du président du Kénya, qui comme dans beaucoup de pays d'Afrique, a fait de l'homosexualité un bouc-émissaire fédérateur. Dans une interview à la chaîne américaine CNN donnée le 20 avril, Uhuru Kenyatta dénonçait l'homosexualité comme une valeur contraire aux croyances culturelles de la majorité des Kényans.

"Promotion du lesbianisme"

Cela ne va pas arranger la situation des droits de l'Homme et des droits LGBT dans le pays. Rafiki ("ami" en langue locale swahili) a été jugé par le Comité national kényan de classification des films (KFCB) comme ayant la "claire intention de promouvoir le lesbianisme au Kenya ce qui est contraire à la loi."

L'homosexualité est illégale au Kénya et peut entraîner une peine de 14 ans de prison. Le film, qui sera sous les feux des projecteurs grâce au Festival de Cannes, avait conduit une association en faveur des droits des personnes homosexuelles à demander à la justice kényane d'abolir ces lois anti-gay, imposées sous la colonisation anglaise et jugées discriminante. Or le 18 avril, Theresa May, Première ministre du Royaume Uni a justement fait son mea culpa.

"En tant que famille de nations, nous devons respecter les cultures et les traditions des autres, mais nous devons le faire de manière à protéger notre valeur commune d’égalité, une valeur qui est clairement inscrite dans la Charte du Commonwealth." "Ils avaient tort à l’époque et ils ont tort aujourd’hui. Personne ne devrait subir une quelconque persécution ou discrimination à cause de qui il est ou de qui il aime, et le Royaume-Uni se tient prêt à aider tout pays membre du Commonwealth qui voudrait réformer une législation d’un ancien temps, qui rend possible ce type de discrimination, parce que le monde a changé" a-t-elle ajouté, reconnaissant la part de responsabilité du Royaume-Uni en déclarant ne savoir "que trop bien que ces lois ont souvent été mises en place par [s]on propre pays"

Contradictions au sommet de l'Etat

Mais le plus ironique est ailleurs. Le jour de l'annonce de la sélection de Rafiki à Cannes, le ministère des Sports et du Patrimoine, qui comprend la Culture dans son portefeuille, s'était félicité sur les réseaux sociaux de cette invitation cannoise. Un grand nombre de kényans avaient aussi exprimé leur fierté sur les réseaux, dont l'actrice oscarisée Lupita Nyong'o (Black Panther). Le CNC du Kenya n'avait pas hésité à propager son soutien à ce film.

Rafiki suit l'histoire de Kena et Ziki, deux jeunes femmes de Nairobi qui deviennent amies et tombent amoureuses l’une de l’autre, contre leurs parents et leurs voisins homophobes. Ces deux héroïnes devront choisir entre le bonheur et la sécurité, entre leurs sentiments et la pression sociale. Est-il plus sûr d’être invisible ou mieux vaut-il défier les règles conservatrices, pour découvrir votre identité et votre destin à travers l’amour ?

Le récit est adapté d'un roman, Jambula Tree, inédit en France qui racontait la même histoire d'amour mais en Ouganda (tout aussi homophobe). Ecrit par Monica Arac de Nyeko, le livre avait reçu le prix Caine 2007, le Goncourt de la littérature africaine.

Il a fallu sept ans pour faire ce film. La réalisatrice a confié qu'elle avait été poussée par "l’urgence et la nécessité" de faire Rafiki dans un climat anti-LGBT terrifiant en Afrique. Dans sa note d'intention, elle avoue qu'il a fallu "bousculer le cynisme profondément ancré dans la société concernant l’homosexualité à la fois auprès des acteurs, de l’équipe, de mes amis et de ma famille."

Wanuri Kahiu, la réalisatrice du film, a réagit sur twitter dès qu'elle a su son film banni dans son pays: "Nous pensons que les adultes kényans sont suffisamment mûrs et perspicaces pour regarder [ce film] mais on leur en a retiré le droit." Dans un tweet daté de ce samedi 28 avril, elle décide de citer pour seul commentaire la déclaration des Droits de l'Homme sur la liberté d'expression.

Homophobie (2): 120 battements par minute n’est pas au goût des orthodoxes en Roumanie

Posté par vincy, le 9 février 2018

Des orthodoxes ont interrompu la projection de 120 battements par minute, Grand prix du jury à Cannes, à Bucarest en Roumanie. Cela s'est passé dimanche soir, le 4 février. Un groupe de jeunes spectateurs cagoulés a manifesté son opposition à la projection dès le début du film, au Musée du paysan roumain, lieu culturel dédié à la figure du paysan roumain connu pour ses choix exigeants.

"Un film sur des homosexuels n'a pas sa place dans le Musée du paysan car le paysan roumain, lui, est chrétien orthodoxe" ont-ils affirmé. Après avoir grimpé sur la scène, ils ont levé des icônes et entonné des chants religieux et l’hymne national. "La Roumanie n'est pas Sodome et Gomorrhe" brandissaient-ils.

Le groupe défend les valeurs millénaires de la nation roumaine. "Je proteste contre cette forme de propagande pro-gay dans un édifice symbole de la spiritualité du paysan roumain, qui n'a rien à voir avec cette idéologie", a déclaré à l'AFP une manifestante, Anda Barbulescu. Hier soir, ils ont également interrompu la projection du film d'Ivana Mladenovic, Soldati. Poveste din Ferentari, une autre histoire d'amour homosexuel entre un anthropologue et un rom. Le film, sélectionné en compétiton à San sebastien en septembre dernier, est sorti cette semaine sur les écrans roumains

La direction du Musée a défendu dans un communiqué sa décision de diffuser des films "sans censurer leur contenu" et rappelé que "la liberté d'expression est l'un des principaux acquis de la démocratie roumaine" depuis le renversement du régime communiste fin 1989.

Depuis 2000, la Roumanie a dépénalisé l'homosexualité. Dans ce pays, les manifestations contre l'avortement ou le mariage pour tous sont souvent suivies par des centaines de milliers de personnes. En 2013, lors d’un événement LGBT, la projection de The kids are all right, film qui raconte l'histoire d'un couple de femmes avec enfants, avait déjà été interrompue.

Homophobie (1): un directeur de festival de cinéma agressé

Posté par vincy, le 9 février 2018

Nicolas Bellenchombre, le président du Festival du film canadien à Dieppe, a été violemment agressé dans la nuit du 3 au 4 février à Dieppe, selon les informations de la presse locale. Lui et son ami Alexis ont d'abord été insultés, puis ciblés par des projectiles, avant de recevoir des coups en entendant des propos clairement homophobes: "PD", "tarlouze", etc... Des coups de poing, des coups au visage, aux jambes.

Nicolas Bellenchombre a finalement été amené aux urgences, souffrant de traumatismes crâniens et d'un sérieux traumatisme psychologique. Il a aussi porté plainte. Les deux hommes sont actuellement recherchés. Ce ne fut pas la seule agression homophobe ce soir là dans la ville normande selon Paris-Normandie qui a récolté le témoignage d'un autre couple, dont l'un des deux a été insulté et frappé par quatre agresseurs.

Il est toujours debout, invitant les dieppois à venir le voir au cinéma Rex le film britannique Seule la terre, hier soir, afin "de lutter contre l'homophobie".

En espérant que le directeur de l'association Ciné Deep, qui organise aussi le Festival Nouvelle Vague, se remette vite: la 5e édition du festival du film canadien se déroulera du 21 au 25 mars.

El mundo entero de Julian Quintanilla : une fable anti-homophobie à découvrir au Mk2 Beaubourg

Posté par MpM, le 8 décembre 2017

A découvrir chaque soir à 19h au MK2 Beaubourg, le court métrage espagnol El mundo entero de Julian Quintanilla (30 minutes) tient vaillamment l’affiche depuis le 29 novembre. Il n’est pas courant de découvrir en salles un film de ce format, surtout présenté seul, pour lui-même, et non dans un programme ou en première partie d’un long, mais la ténacité du réalisateur et la curiosité de Mk2 Cinémas ont rendu l'aventure possible jusqu'au 12 décembre.

Le film, candidat au Prix Goya de l'Académie d'Espagne (équivalent de nos César) et qualifié pour les Oscars 2018, parle de Julian, un jeune homme qui se rend comme chaque année sur la tombe de sa mère. Elle lui apparaît sous la forme d’un fantôme fringant avec lequel il a une conversation joyeuse et émouvante. Avant qu’ils se séparent, elle lui confie une mission.

Très coloré, exubérant et décalé, El entero mundo est une comédie parfois outrée mais toujours bienveillante qui tourne en dérision les clichés de l’homophobie et soutient l'idée que le comportement d’une seule personne peut faire évoluer les mentalités. La naïveté parfois simpliste du récit est assumée, et c’est vrai que la moindre once d’optimisme fait du bien pour lutter contre le sentiment d’intolérance galopante.

A l'origine du film, l'envie du réalisateur, qui joue lui-même le personnage masculin, de revoir sa mère, morte d’un cancer à l'âge de 49 ans. Et quelle meilleure manière que de la mettre en scène dans un film ? Pour l’incarner, il a choisi une des plus grandes actrices espagnoles de sa génération, Loles Leon (Femmes au bord de la crise de nerfs, Attache-moi !, Parle avec elle de Pedro Almodóvar), qui met toute sa flamboyance et sa générosité au service de "La Chary", une femme haute en couleurs pour qui rien n'importe plus que de permettre à son fils de vivre heureux avec ses différences.

Julian Quintanilla propose ainsi une fable grand public assez pédagogique qui enfonce quelques portes ouvertes pour mieux dynamiter les clichés de genre ou liés à l'orientation sexuelle, ce qui est toujours bon à prendre.


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El mundo entero de Julian Quintanilla (29'53)
Tous les jours à 19h00, au MK2 Beaubourg, présenté par Julián Quintanilla
Tarif : 3 euros

Edito: La belle Emma et les bêtes

Posté par redaction, le 9 mars 2017

La Belle et la bête version Disney n'avait, a priori, aucune raison de faire l'objet d'un édito: film grand public, consensuel, adapté d'un dessin animé aussi familial que séduisant, loin de la version de jean Cocteau (malgré ses multiples références). Franchement, il n'y avait pas de quoi s'énerver.

Perversité

Et pourtant. La Russie a interdit le film aux moins de 16 ans. La raison est simple: pour la première fois, Disney a inséré - les fourbes! - un personnage gay! Alerte! La semaine dernière, Vitali Milonov, un député ouvertement homophobe, il ne s'en cache pas, avait même réclamé l'interdiction pure et simple du film parce qu'il fait la "propagande flagrante et éhontée du péché et des relations sexuelles perverses." Question propagande, y compris à travers le cinéma, la Russie est experte. Mais là on a envie de rire. Evidemment, il n'y a aucune relation sexuelle dans La Belle et la Bête. Il y a en revanche un personnage, LeFou, l'homme à tout faire de Gaston, qui est ouvertement homosexuel.
Le seul idiot dans cette histoire, qui n'aurait pas déplu à Fiodor Dostoïevski, est bien ce Milonov. C'est un bon récidiviste puisqu'il est à l'origine de la loi adoptée en 2013 condamnant pénalement toute "propagande" homosexuelle devant mineurs. Il veut protéger les enfants et les jeunes de ces "impuretés" occidentales.

Pour la même raison, un cinéma en plein-air de l'Alabama, a retiré de décidé de déprogrammer le film. Depuis, le cinéma a reçu des multiples plaintes et a du fermer sa page Facebook.
Cacher ce réel que je ne saurai voir...

Mais si ce n'était que ça. L'actrice principale du film, Emma Watson, féministe revendiquée, prosélyte de la lecture, a aussi été prise au cœur d'une autre polémique. Motif? Elle est en couverture du prestigieux Vanity Fair, édition US, avec un simple gilet blanc ouvert sur sa poitrine, dévoilant une partie de ses seins. Très belles photos, by the way.

On peut voir des footballeurs torse nu à heure de grande écoute, on peut constater que Tom Cruise ou Zac Efron exhibent leurs abdos sans complexe, mais une femme qui expose ses "boobs" resterait choquant... Au choix, on pourrait croire que c'est un problème freudien avec la mère ou que cela découle d'une vision patriarcale ou gynophobe, en tout cas inégalitaire et rétrograde, qui contraint le corps de la femme à n'être qu'un objet érotique.

Sois belle et tais-toi

Même pas! Ce sont des féministes qui ont hurlé. Sur Twit­ter la journaliste britannique Julia Hart­ley Brewer a ouver­te­ment critiqué la comédienne en résumant sa pensée: "Emma Watson : Fémi­nisme, fémi­nis­me… Écarts sala­riaux, pourquoi, oh pourquoi ne suis-je pas prise au sérieux… Fémi­nis­me… Oh, et puis tiens voilà mes seins." Manière de dire que Watson n'était pas crédible pour parler de l'inégalité hommes-femmes parce qu'elle ose poser en montrant une partie de ses seins. Les réseaux sociaux se sont emballés en critiquant l'ex-Hermione de jouer de son sex-appeal. Une femme n'a pas le droit d'être attirante pour être crédible sur des combats égalitaires.

Watson a répondu sur la BBC: "Tout ça révèle à quel point il y a des idées fausses concer­nant le fémi­nisme". "Le fémi­nisme, c'est donner aux femmes le choix, ce n'est pas un bâton avec lequel il faut battre les femmes. C'est la liberté, la libé­ra­tion, l'égalité. Je ne vois vrai­ment pas ce que mes seins ont à voir là-dedans, c'est vrai­ment dérou­tant" a-t-elle déploré. "Ils disent que je ne peux pas être féministe et avoir des seins": il y a une contradiction en effet dans les propos des accusateurs. C'est d'autant plus paradoxal que le féminisme, soit l'émancipation et la libération de la femme en vue d'avoir les mêmes droits que les hommes, s'est notamment illustré par le "topless". Les femmes, à partir des années 1960 et jusqu'aux Femen, ont exposé leurs seins, sur les plages ou ailleurs, pour revendiquer et assumer leur corps, et le droit de l'utiliser librement.

Sortir de l'ombre

On aurait envie de rappeler à tous ces "bêtes", politiques ou médiatiques, russes, britanniques ou autres, ce que la jeune Emma Watson avait dit à la tribune de l'ONU il y a deux ans et demi quand elle liait l'éducation à l'égalité: "L’expérience universitaire doit dire aux femmes qu’elles ont une valeur intellectuelle, et pas que ça : qu’elles ont leur place dans les hautes sphères. Elle doit montrer que la sécurité des femmes, des minorités et de chaque personne qui peut être vulnérable est un droit et non un privilège." Emma Watson invitait même les "féministes introverti(e)s" à sortir de l'ombre - "si ce n’est pas vous, qui agira ? Si ce n’est pas maintenant, quand impulserons-nous le changement ?".

C'est exactement l'un des thèmes du film Les Figures de l'ombre qui sort en salles cette semaine: des femmes noires qui doivent s'imposer dans un système d'hommes blancs. C'est d'ailleurs par leur savoir, elles sont de brillantes mathématiciennes, qu'elles vont insuffler ce fameux changement, et conquérir leurs droits. Il est toujours anormal, et nous en parlons régulièrement dans nos articles, qu'une femme, à métier égal, gagne moins d'argent qu'un homme.

Pureté, puritanisme, pourquoi pas épurés? C'est la même racine. Ces attaques contre la liberté des femmes, des gays, des minorités ethniques (il faut avoir lu certains commentaires sur Moonlight après sa victoire aux Oscars) montrent que les soi-disant vertueux sont finalement ceux qui veulent vicier nos esprits. Le cinéma, comme tous les arts, doit continuer de leur résister et à nous montrer qu'on peut aimer et s'aimer librement, sans qu'on nous juge ou qu'on nous dicte le bon chemin. Pour le coup, on choisit la belle et LeFou que ces bêtes d'un autre temps.

James Franco, Zachary Quinto et Emma Roberts dans un drame gay et homophobe

Posté par vincy, le 15 juillet 2014

james franco zachary quinto emma roberts chris zylkaZachary Quinto et Emma Roberts ont rejoint James Franco au casting de Michael, un drame autour d'un pasteur homophobe qui a lui-même été homosexuel dans son passé.

Selon Variety, Franco incarnera le pasteur, Quinto son ancien petit ami et Emma Roberts sa fiancée. Roberts et Franco partagent actuellement l'affiche de Palo Alto. Chris Zylka interprétera un autre ancien amour du pasteur.

Michael est adapté d'un article du New York Times Magazine, "My Ex-Gay Friend", rédigé par Benoit Denizet-Lewis. Le journaliste s'est intéressé à Michael Glatze, pasteur chrétien du Wyoming depuis 2007. Avant de renoncer son homosexualité en 2004, suite à une frayeur sanitaire, l'homme d'église était si impliqué dans la culture gay qu'il avait créé un magazine pour les jeunes homos, Young Gay America. Il a ensuite violemment rejeté l'homosexualité, qu'il a dans un premier temps qualifié de "pornographique", puis dans une semaine plus tard, dans un article, il a avoué être "répugné à l'idée de penser à l'homosexualité", affirmant qu'il allait "faire ce qu'il faut pour la combattre".

Le projet, annoncé en avril, sera réalisé par Justin Kelly et produit par James Franco et Gus van Sant, entre autres.

Russie : régime à deux vitesses pour les films exposant « des relations sexuelles non traditionnelles »?

Posté par vincy, le 20 septembre 2013

Manifestation anti homophobieLa Russie est un pays complexe. D'un côté on apprend, avec un certain soulagement, que La vie d'Adèle, Palme d'or, d'Abdellatif Kechiche, devrait sortir "normalement" le 7 novembre prochain dans le pays. L'AFP rapporte les propos du directeur général de Wild Bunch, producteur du film, Brahim Chioua : "La demande de visa, pour un film interdit aux moins de 18 ans, vient d'être déposée et le distributeur attend la réponse. Il est plutôt confiant quant à son obtention". En étant interdit aux moins de 18 ans, le film, qui raconte une histoire d'amour entre deux femmes, avec quelques scènes très explicites, respecte ainsi la nouvelle loi russe qui "vise la protection des mineurs" (lire aussi notre article du 11 août dernier qui précise les contours de cette Loi).

De l'autre côté, la chaîne TV de cinéma Evrokino a reçu un avertissement pour avoir diffusé Les chansons d'amour, de Christophe Honoré, considérant que le film fait la propagande de relation sexuelle non traditionnelle devant mineurs. Le film est l'histoire d'un ménage à trois où la bisexualité est banalisée. D'après le Hollywood Reporter, "c'est la première fois qu'une chaîne russe se voit recevoir un avertissement pour avoir montré des relations entre personnes du même sexe" depuis l'entrée en vigueur fin juin en Russie de cette loi, considérée comme homophobe.

"Je crains que s'il s'obstine à effacer de leurs écrans tout film montrant 'des relations sexuelles non traditionnelles', le régime russe risque de priver sa population de tout un pan de la production cinématographique mondiale", comment Christophe Honoré à l'AFP.

Un « Kiss-in » à Saint-Cloud pour narguer la censure de l’affiche de L’inconnu du Lac

Posté par vincy, le 11 juin 2013

Allez! Tous à Saint-Cloud (c'est direct en tramway T2 et en Transilien à partir de La défense et Saint-Lazare, pas très loin du métro Pont de Saint-Cloud)! Pour contrer la censure de l'affiche du film L'inconnu du Lac par la ville, un "kiss-in" est organisé mercredi 12 juin à 19h devant l'hôtel de ville de Saint-Cloud.

A l'AFP, Pascale Ourbih présidente du festival de cinéma LGBT Chéries-Chéris a déclaré : "Je soutiens cette initiative mais je n'en suis pas l'initiatrice". Le Fetsival songe à rendre hommage au réalisateur du film Alain Guiraudie lors de sa prochaine édition en octobre.

Rappelons que l'affiche a été retirée parce qu'une vingtaine d'habitants de Saint-Cloud se sont plaints directement auprès de la mairie. La ville de Versailles a également censuré le poster.

Elle est pour le moment restée sur 350 autres panneaux publicitaires dans toute la France, selon le distributeur Les Films du Losange.

Ce mardi, la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, a estimé que ces retraits d'affiches constituaient «un acte de censure qui porte atteinte à la liberté de communication et d'expression». Pour elle, l' affiche «ne présente pas les risques pour l'ordre public qui pourraient justifier des mesures de restrictions par les autorités compétentes», soulignant qu'elle «a été reproduite dans la plupart des médias alors que le film était dans sa phase promotionnelle» avant sa présentation au festival de Cannes. Elle précise que "Cette affiche créée par l'illustrateur  Tom de Pékin, qui représente notamment au premier plan le dessin d’un baiser entre deux hommes, transpose, avec la liberté artistique qui doit être reconnue à tout créateur, le propos et l'ambiance du film."

Pas d’affiche de L’inconnu du Lac pour les habitants de Versailles et de Saint-Cloud

Posté par redaction, le 10 juin 2013

l'inconnu du lac affiche censureÇa commence avec un tweet des Films du Losange : "Ce matin, la mairie de St Cloud a fait retirer les affiches de L'Inconnu du lac ! Ce serait pas un tout petit peu de la censure abusive, ça?". C'était en début d'après midi aujourd'hui. A deux jours de la sortie du film d'Alain Guiraudie - Queer Palm et Prix Un certain regard de la mise en scène au dernier festival de Cannes - la nouvelle s'est évidemment propagée sur les réseaux sociaux.

Que voit-on sur l'affiche? Le dessin de deux hommes s'embrassant. On peut vaguement deviner une scène de fellation à l'arrière plan. L'affiche est conçue par Tom de Pékin. Elle est illustrative mais ne rien dit d'un film dont quelques scènes de sexe sont crues dans une histoire qui est avant tout un suspens anxiogène. Rappelons que le film est interdit aux moins de 16 ans (car oui un rapport sexuel est moins acceptable qu'un sadisme sanglant).

Mobilisation pour le retrait des affiches dans d'autres villes

Depuis des mois, les opposants à la Loi sur le mariage pour tous (rappelons-le votée en mai et effective depuis deux semaines avec le premier mariage homosexuel célébré à Montpellier) trouvent n'importe quel prétexte pour se faire entendre (jusqu'à parasiter la finale homme de Roland Garros hier). Le contexte est de plus en plus violent, pour ne pas dire radical. Les élus en rajoutent une couche : certains refusant de faire leur devoir en mariant deux personnes du même sexe. Les films du Losange s'inquiètent d'éventuels autres effets. Au cours de l'après midi, on a appris que la ville de Versailles a également demandée à JC Decaux de retirer l'affiche du film. Dans un autre tweet, le distributeur informait que "sur Twitter les anti mariage-gay se mobilisent pour demander le retrait dans d'autres villes." Tout est amour disait-Il.

Une censure qui ne dit pas son nom

Selon Rue 89 la Ville de Saint-Cloud s'est défendu ainsi : « On a été harcelés de coup de fils, de mails depuis jeudi dernier. Certains Clodoaldiens se sont déplacés en personne à la mairie. » On en est encore là : deux hommes qui s'embrassent dans un dessin, ça choque. Les Clodoaldiens n'ont pas finit d'en baver.

A Versailles, toujours selon Rue 89, "la direction de la communication dément formellement avoir contacté Decaux pour demander le retrait des affiches mais dit « comprendre que l’affiche puisse choquer un public qui se retrouve désarmé face à des affiches qui abordent la sexualité dans la rue »." « Dans les faits, nous ne nous opposerons pas au retrait de ces affiches et il est pour nous essentiel que Decaux prenne conscience de ses responsabilités ». La censure ne dit jamais son nom. Rappelons que le député maire divers droite François de Mazières, farouchement opposé au mariage pour tous, avait voté par erreur l'article premier du texte de la Loi.

Procédure rare?

Or JC Decaux a retiré les affiches « à la demande des municipalités de Saint-Cloud et Versailles ». La procédure est extrêmement rare et touche souvent des publicités liées à l'homosexualité (Têtu), au sexisme (Damien Saez), à la politique (Stéphane Guillon), au racisme (Le Mouv), au tabac (Tati) ou à l'érotisme. Bientôt les publicités pour sous-vêtements?

Le distributeur, Les Films du Losange, affirme qu'il n'y a pas eu de refus de programmation. On espère juste que la phobie des coincés et autres obscurantistes s'arrêtera là. Que ce sera leur dernière tentation...

De notre côté, nous ne vous conseillons qu'une seule chose : allez voir le film dès mercredi dans les salles!

La patronne de Sony veut en finir avec les insultes homophobes dans les films

Posté par vincy, le 4 avril 2013

andrew garfield amy pascal colin firthL'annonce n'est pas anodine. La coprésidente de Sony Pictures Entertainment, Amy Pascal, a mis en garde la profession lors d'un gala de charité au Centre Gay et Lesbien de Los Angeles : "Que diriez-vous la prochaine fois, quand l'un d'entre nous lira un script avec des mots comme pédé, pédale ou gouine, de prendre un crayon et de les biffer?"

En invoquant la pédagogie, et notamment les valeurs à transmettre aux enfants et aux ados, elle a décidé d'ouvrir la brèche en critiquant ouvertement un humour douteux à l'égard des homos ou des insultes faciles homophobes : "Je parle des enfants qui sont gays et je parle au sujet des enfants qui ne sont pas gays. Un groupe a besoin d'affirmation et l'autre groupe a besoin d'éducation. Et, si je suis honnête, aucune de ces questions n'est à l'ordre du jour dans les studios de cinéma ou de télévision ..."

L'une des femmes les plus puissantes du monde (elle supervise la stratégie internationale, la production, la distribution, les produits vidéos et le marketing de Sony) a ainsi usé de son aura pour faire un discours engagé.

Amy Pascal a d'ailleurs noté que la télévision était bien plus en avance que le cinéma dans la lutte contre les préjugés homophobes.

"Bien sûr il y a Le Secret de Brokeback Mountain, Harvey Milk, Boy's don't cry, Philadelphie, The Hours, Gods and Monsters, The Talented Mr. Ripley, A Single Man, My Own Private Idaho, Cloud Atlas... dans tous ces films, le personnage principal est assassiné ou martyrisé ou se suicide ou meurt juste malheureusement.  Les vieux stéréotypes existent toujours. Les stéréotypes les plus bénins peuvent ainsi conduire un enfant gay à croire qu'il va finir par être asexué, le meilleur ami de la jolie fille, ou une drag queen, un coiffeur... La liste est longue."

Mais en supprimant les mots offensants et les insultes à l'égard des homos, est-ce qu'Amy Pascal utilise les bons moyens pour arriver à ses fins? Tout dépend du contexte du film, des dialogues autours de l'injure, de l'intonation... Et la censure n'est jamais la meilleure des solutions.

De plus, Pascal souligne cependant quelques bonnes évolutions : The Kids Are All Right, Perks of Being a Wallflower, Beginners, The Best Exotic Marigold Hotel, et ParaNorman, première grosse production animée où un personnage est ouvertement gay.

Cependant, elle a le mérite de vouloir tracer une perspective "positive" (comme il y  la discrimination positive) qui mérite débat : "Maintenant il est temps pour nous tous de prendre cette mesure. Tous les personnages homos ne doivent pas être définis par leur sexualité. Etre gay ce n'est pas juste être la pièce rapportée dans la vie de quelqu'un. Ne pouvons-nous pas dépeindre les hommes et femmes - peut-être un avocat ou un soldat ou un cadre d'entreprise ou un scientifique ou un ingénieur ...  - qui s'avèrent être gays, mais dont ce n'est pas le sujet principal?  Nous avons besoin de créer une atmosphère qui encourage les gens à prendre la parole, ... Nous pouvons faire mieux et nous ferons mieux. Nous le devons."