Polémique sur la lutte contre le Piratage. Un faux débat, en 5 réponses.

Posté par kristofy, le 24 août 2014

Ecrire une tribune un peu énervée dans la presse va devenir un nouveau moyen de se battre plutôt que de débattre. Après le producteur Vincent Maraval (Wild Bunch) qui s'était plaint (maladroitement mais utilement) des trop gros salaires de quelques acteurs, entraînant une flopée de réactions 2013, c’est au tour du respectable distributeur Jean Labadie (Le Pacte) qui s’adresse dans une tribune parue dans Libération à Madame la ministre de la Culture et de la Communication pour alerter les pouvoirs publics de l'effet néfaste du piratage de film: «L’impunité dont jouissent les pirates est totalement liée à l’inertie totale des pouvoirs publics. La gratuité est entrée dans les mœurs». Ce n'est pas nouveau. Et cette tribune intervient au moment où le film Expandables 3 a été piraté et téléchargé 2,2 millions de fois dans le monde ces trois dernières semaines. Le box office nord-américain en aurait-il souffert (deux fois moins de recettes que le précédent opus de la franchise)? Pas forcément, puisque ce serait plutôt sa classification (PG-13 plutôt que R, autrement dit trop familial) qui aurait impacté sur la fréquentation. Et sans doute l'intérêt même du film, puisque même en France, mercredi, Expandables 3 a enregistré moins d'entrées que le 2.

Plusieurs réponses au "coup de gueule" de Labadie ont donc lancé le débat. Pour la ministre Aurélie Filippetti «il faut tenir compte de la volonté du public à disposer plus rapidement des œuvres : c’est en particulier le sens de ma proposition d’avancer les fenêtres Télévision, d’allonger la période d’exposition des œuvres en VOD»; pour le distributeur Manuel Chiche (The Jokers) «la difficulté, aujourd’hui, c’est que personne ne sait de façon certaine ce qu’il faut faire exactement. Tout ceci dénote surtout une mauvaise appréhension de la complexité du piratage en tant que phénomène et des mesures prises pour lutter contre.»

On remarque dans l’intégralité de chaque tribune des approximations. La première a été écrite influencée par les résultats plus faibles qu’espérés de la fréquentation en salles du film The Raid 2, distribué en France par Jean Labadie et Manuel Chiche: «The Raid 2 fera moins bien que le premier alors que nous espérions au moins 100 000 entrées en première semaine.» Mais le piratage en est-il la seule et valable cause?

C’est l’occasion de faire le point pour mieux comprendre la complexité de la lutte contre le piratage, avec 5 questions posées ici ou là et des réponses simples ici.

1. Jean Labadie: «Nous combattons la piraterie mais ne pouvons que constater notre impuissance ! Les fichiers détruits réapparaissent en toute impunité!»

Pour ce qui est de la disponibilité d’un film sur internet avant même sa sortie en salles, les distributeurs doivent mieux planifier en amont leurs calendriers de sorties pour les titres les plus attendus : The Raid 2 a été sorti en France trop tard (plusieurs mois après les autres pays: forcément cela facilite le piratage). Le distributeur se doit de veiller à la sécurité de ses œuvres avec ses différents prestataires : Expendables 3 est apparu sur internet un mois avant sa sortie dans les salles américaines… Des films nominés aux Oscars mais qui ne sont pas encore sortis dans les salles européennes sont disponibles des semaines avant sur les réseaux, avec sous-titres.

2. Jean Labadie: «Hadopi coûte 7 millions d’euros par an. Soit on les économise en supprimant cette institution devenue inutile, soit on les emploie à identifier les sites illégaux pour les sanctionner financièrement ET pénalement. Pourquoi ne pas confier cet organisme au CNC, très motivé pour défendre notre cinéma, plutôt qu’au CSA, dont le président ne veut pas devenir le gendarme d’Internet!»

Le Rapport Lescure a déjà préconisé la fin de Hadopi et une réorganisation de ses missions par le CSA. Le piratage touche les films mais aussi de manière plus général l’ensemble des produits culturels (musique, livres, logiciels…), la lutte contre le piratage ne revient logiquement pas au CNC. Il y a la préconisation de mettre en place un code de bonne conduite pour forcer les moteurs de recherche à exclure des sites faisant partie d'une liste noire. Par exemple aux Etats-Unis, si un site fait l’objet d’une plainte dans le cadre du US Digital Millennium Copyright Act alors ce n’est plus une référence qui apparaît dans Google…

3. Manuel Chiche «Quand sanctionnerez-vous les plateformes qui offrent, contre une somme forfaitaire et mensuelle assez faible, tous ces films en même temps, voire parfois avant leur sortie en salles ? Quand sanctionnerez-vous ceux qui, sur les réseaux sociaux, mettent à disposition des liens de streaming ou de téléchargement?»

Il existe déjà différentes procédures juridiques pour porter plainte, des éventuelles sanctions ne sont pas du ressort direct du ministère de la Culture et de la Communication. Il serait souhaitable de voir une action concertée et commune au niveau des différents Etats de l'Union Européenne (pour mémoire le site Megaupload et d’autres ont déjà été fermés par les autorités américaines). A noter qu'en France, avant l'Hadopi, il existait l 'ALPA (Association de Lutte contre la Piraterie Audiovisuelle) créée en 1985, mais dont le faible rayon d'action est flou. Certains sites qui sourcent des contenus illégaux génèrent des revenus issus de bannières publicitaires d’entreprises françaises… La contrefaçon est du ressors du Ministère de l'économie et de celui de la justice.

4. Manuel Chiche : «Ne doit-on pas plutôt rendre plus flexible cette désormais fameuse chronologie des médias?»

Le Rapport Lescure est déjà favorable à plus de flexibilité. La chronologie des médias prévoit qu'après la sortie d'un film en salles, il faut patienter 4 mois avant de le retrouver en DVD ou en VOD (réduire à 3mois ?), puis 12 mois pour Canal+ puis 30 mois pour une chaîne gratuite, et enfin 36 mois pour une diffusion en SVOD par abonnement (réduire à 18 mois ?). A l’étude des dérogations, comme un principe de fenêtres glissantes pour les films tirés sur moins de 100 copies. Avec l'arrivée de Netflix, Aurélie Filippetti a déjà décidé de révolutionner la chronologie des médias : encore faut-il que toutes les parties concernées soient d'accord. (lire notre notre actualité du 21 juillet).

5. Jean Labadie : «Aujourd’hui, nous pouvons tous affirmer que la piraterie a pour ainsi dire exécuté le marché vidéo et empêche également le marché de la VOD de démarrer.»

Le marché vidéo est en recul, la vidéo à la demande est au ralenti, la location de films est en voie de disparition. Le piratage à une influence néfaste, mais qu’il faut pondérer par deux variables. Tout d’abord la majorité de ceux qui téléchargent illégalement n’ont ni l’intention (ni les moyens) de payer pour l’ensemble des films qu’ils regardent de cette façon, qu’importe la diversité de l’offre légale payante. D’autre part les distributeurs ont de plus en plus délaissé la qualité et le contenu éditorial du support DVD: la plupart des gros films ne sont plus accompagnés de bonus de qualité (making-of et autre complément documentaire) et sans cette valeur ajoutée, il est difficile de défendre un prix trop élevé (sans compter les coffrets ‘combo dvd+bluray+copie digitale’ qui brouillent la notion de prix normal). Dans les points de vente, la taille des rayons vidéo et le nombre de références se réduisent de plus en plus (fermeture de Virgin, difficultés de la Fnac, disparition de la vidéo dans beaucoup d’hypermarchés), alors que le choix est vaste sur internet. Autrement dit, la piraterie ne représente que trop peu de clients potentiels, tandis que les éditeurs vidéo perdent leurs clients habituels… A cela s'ajoute une crise économique qui contracte la consommation des produits culturels (si les entrées de cinéma, de musées et de concerts résistent, le théâtre, la vente de livres, la vente de disques souffrent énormément). Et enfin les usages ont évolué : la dématérialisation entraîne des mutations. De moins en moins de consommateurs cherchent à posséder physiquement des produits et l'investissement se fait principalement sur le support (plus que sur le contenu).

Ces différentes interrogations sont tendues par une question principale qui est celle-ci : le piratage de films pendant leur exploitation en salles de cinéma est-il la cause d’un manque à gagner pour leurs producteurs et distributeurs ? Le piratage ce n’est pas le problème. Le piratage n'est en fait qu’une problématique parmi beaucoup d’autres dans un contexte très concurrentiel. Il touche principalement des films de genre et des blockbusters déjà très prospères. Les comédies françaises se portent bien en salles comme en vidéo à la demande. Avec une moyenne de 200 millions d'entrées par an en France, on ne peut pas dire que le numérique ait porté un coup fatal à la fréquentation des salles, contrairement à ce que la musique a subit.

Le problème est ailleurs.

Le rapport Bonnell a déjà répondu avec une étude statistique. Il sort en moyenne 12 nouveaux films chaque semaine (parfois 15 à 18 films) de toutes nationalités, en plus des autres films déjà sortis. Ils resteront à l’affiche pour certains une seule semaine quand d’autres seront exploités durant 8 semaines (souvent 2 nouveautés captent la moitié des tickets vendus sur 7 jours !).
La rentabilité est aléatoire. Plus le film est cher et plus il faut de recettes à partager entre les différents partenaires du financement. Il y a de nombreux cas où le producteur principal se paye à l’avance sur le budget de fabrication du film, ce qui gonfle artificiellement les coûts des films. Plusieurs films ont été budgétés le double où le triple de ce qu’ils auraient dû coûter, soit autant d’échecs gravement déficitaires : Eyjafjallajökull, Turf, Des gens qui s'embrassent, 100% cachemire, Les reines du ring, Hôtel Normandy, Cookie, Denis, Les salauds…
Le taux de mortalité commerciale des films (films à la carrière brève) est selon les semaines de l’ordre de 80 à 90 %. Il y a une forte concentration des résultats sur un petit nombre de films. Les 20 films français les plus performants attirent 55 % des entrées alors que ce sont plus de 270 films qui sont produits. Environ 40% de ces films feront moins de 20 000 entrées. Le nombre d’échecs est dix fois plus important que celui des succès.

Le vrai débat devrait plutôt de s'interroger, non pas sur le volume de la production (la diversité est essentielle) mais comment assurer une exploitation digne de ce nom à certains films à très faible impact commercial ? La réponse passe justement et paradoxalement par les petits écrans et par les festivals. On ne doit pas empêcher un film de se voir dans une salle, en public. Mais comme l'a fait Vincent Maraval avec le dernier film d'Abel Ferrara, et avec un certain succès, il faut savoir choisir son écran et son modèle économique dans un environnement où nos regards sont constamment sollicités par des appareils multimédias.

Changer la chronologie des médias pour résister à Netflix?

Posté par vincy, le 21 juillet 2014

aurélie filippettiL'arrivée de Netflix en France fait-elle vraiment peur? On se demanderait bien pourquoi. Le modèle économique n'est pas vraiment nouveau (abonnement mensuel pour visionnages illimités) puisqu'il est déjà exploité dans la bande dessinée numérique (Izneo) ou la musique (Spotify). La Vidéo à la demande et les chaînes en replay fonctionnent bien et sont assurées de contrats pluri-annuels de diffusions de programmes solides, ce que ne propose pas, a priori, Netflix ou éventuellement Amazon, YouTube et autres. Mais Netflix fait quand même peur puisque le ministère de la Culture et de la Communication est prête à révolutionner la chronologie des médias.

Dans Le Figaro d'aujourd'hui, la ministre, Aurélie Filippetti, avance donc une proposition choc pour essayer de résister à ce nouveau venu numérique américain (qui évidemment payera ses impôts ailleurs).

"La salle de cinéma doit dans ce nouveau cadre continuer à primer pour les films"

Constatant que depuis 5 ans, l'environnement numérique a changé les règles en matière de diffusion de films (et pas seulement : il est de plus en plus rare qu'un film tienne l'affiche plus de quatre semaines dans des combinaisons de salles importantes), Aurélie Filippetti considère qu'il est temps "d'en tenir compte et de donner un nouvel élan à nos industries culturelles, tout en favorisant les offres légales en ligne". Elle propose donc "un nouvel équilibre" pour la chronologie des médias. "La salle de cinéma doit dans ce nouveau cadre continuer à primer pour les films", rejetant ainsi l'idée "d'une diffusion simultanée sur Internet". "Des dérogations encadrées devraient être prévues pour des films qui auraient très vite épuisé leur potentiel en salles". Dispositions qui ont déjà été assouplies en 2009, mais qui ne suffisent plus apparemment.

Par conséquent, la ministre souhaite que les films soient diffusés en VàD par abonnement non plus 36 mois après la sortie en salles mais 24 mois. "La fenêtre d'exclusivité des chaînes de télévision pourrait être resserrée" ajoute-t-elle. Par ailleurs, elle veut réduire de deux mois le délai pour qu'une chaîne de télévision diffuse un film. Canal + pourrait ainsi diffuser un film sorti en salles il y a 8 mois au lieu de 10, TF1 ou M6, si elles sont coproductrices du film, n'attendrait plus 22 mois mais seulement 20 mois, et plus généralement n'importe quelle chaîne hors cinéma pourrait inscrire dans son programme un film sorti il y a 28 mois au lieu de 30.

Enfin, la ministre voudrait que "la diffusion de courts-métrages soit libre".

Tout cela ne résout pas le plus gros problème du moment : face à l'encombrement des salles en nouveautés chaque semaine, et à la fragilité des films qui sortent sur moins de 50 copies, comment faire pour ne pas ouvrir la porte à des diffusions simultanées entre quelques salles et le web pour des oeuvres plus vulnérables (documentaires, art et essai)?

Développer la VàD pour limiter le piratage?

Nous "sommes engagés dans une stratégie de souveraineté culturelle et numérique de la France" explique-t-elle. Comprendre : on veut protéger le modèle économique français (qui, il est vrai, permet à l'industrie audiovisuelle nationale de mieux se défendre face aux concurrents américains, contrairement aux autres pays européens).

"Il faut promouvoir et développer l'excellence des acteurs hexagonaux dans le domaine de la vidéo à la demande. Il faut faciliter l'accès des internautes aux offres légales, en travaillant sur leur visibilité et leur disponibilité" affirme la ministre. De fait la VàD et la SVàD ont fait de nets progrès en matière d'ergonomie depuis un an. Mais combien de films, y compris des blockbusters ou des grands films d'auteurs, ne sont pas encore disponibles à la demande. Ainsi, Django Unchained de Quentin Tarantino n'est toujours pas visible sur le portail Numéricable, un an et demi après sa sortie. Pas étonnant que ce soit l'un des films les plus piratés en France.

"Dès la rentrée, je lancerai un appel à propositions pour un dispositif de référencement des sites de vidéos qui contribuent au soutien et à l'exposition de la création française et européenne" annonce-t-elle.

Reste que toutes ces évolutions ne se feront cependant que par un accord interprofessionnel.  Pour l'instant, le débat est ouvert : certains jugent le dispositif actuel archaïque et inadapté, d'autres militent pour favoriser des exceptions quand il ya  une légitimité éconoique à le faire, et puis il y a évidemment ceux qui sont farouchement contre (notamment les exploitants) et d'autres qui veulent une réflexion plus globale sur les nouvelles technologies.

En 2009, les professionnels de la profession avaient accouché dans la douleur d'évolutions comme l' avancement de la fenêtre vidéo à 4 mois, la création de nouvelles fenêtres à la demande en plus de celles de la TV (VOD et SVOD), le repositionnement des fenêtres des chaînes de TV payantes et en clair.

L’instant glam’ : Laetitia Casta, Adèle Exarchopoulos, Aurélie Filippetti, Nicole Kidman…

Posté par cynthia, le 14 mai 2014

laetitia casta cannes 2014Oyé oyé cinéphiles, le 67e festival de Cannes a déroulé son tapis rouge aujourd'hui. Une ribambelle de célébrités talentueuses (ou pas) vont gravir les marches de Cannes durant deux semaines. Mais pourquoi, nous autres mortels, sommes fascinés par un geste aussi banal que de monter des escaliers? Et bien pour plusieurs raisons.

Prenez l'ouverture du Festival aujourd'hui. Le soleil brille, les cliquetis des paparazzis couvrent le bruit des oiseaux, Adèle Exarchopoulos illumine une nouvelle fois le tapis rouge cannois de son joli minois, Blake Lively accélère le rythme cardiaque de la gente masculine, Jane Campion arbore fièrement sa légendaire et brillante crinière tandis que Leila Hatami a revêtu la robe de sa défunte arrière grand-mère.

Néanmoins la star du jour n'est autre que Nicole Kidman, venue présenter en ouverture du festival le tant attendu Grace de Monaco. Vêtue d'une robe bleue somptueuse, elle agrippait de son bras le petit Tim Roth qui, bien qu'il lui arrive à la poitrine, fête ses 53 ans aujourd'hui. Saluons également le fan de Nicole qui brandissait un portrait géant d'elle, on pense qu'elle a dû aimer (ou avoir peur, au choix).

Toujours pas séduit par les marches cannoises ?

Laetitia Casta saura vous faire changer d'avis. La belle mannequin/actrice a littéralement ébouriffé le tapis rouge de sa robe bouffante de tous les côtés. Et ce n'est pas le talentueux journaliste Laurent Weil, qui en lui posant une question toute simple, a senti un vent glacial le traverser, qui nous dira le contraire :
- Laurent Weil : Girl power au festival cette année, Jane Campion, Sofia Coppola... les femmes sont à l'honneur ?
- Laetitia Casta : Mais les femmes sont à leur place! répond sèchement l’égérie de la marque L'Oréal.

Mr Weil, heureusement que vous aviez une veste afin de vous protéger de ce grand froid. Après, comprenez-la, elle le vaut bien. Par contre celle qui le vaut moins, c'est Aurélie Filippetti qui, vu le choix de sa robe, a dû perdre son styliste dans un grave accident cette semaine. A moins qu'elle n'ait été obligée de choisir sa robe dans le noir ce matin, parce que pour porter une nappe de cuisine à Cannes, faut être mal réveillé(e).

Ah Cannes et ses stars... c'en est presque de l'art. Une seule session de de contemplation ne nous suffit pas, c'est pour cela que je vous donne rendez-vous dès demain pour partager une nouvelle fois avec vous la présence de ces célébrités qui nous font tant rêver (ou rire)!

Aurélie Filippetti, toujours ministre de la Culture et de la Communication

Posté par redaction, le 2 avril 2014

L'annonce du premier gouvernement de Manuel Valls a confirmé Aurélie Filippetti au poste de ministre de la Culture et de la Communication.

Nommée rue de Valois à l'arrivée de François Hollande à l'Elysée (lire notre actualité du 16 mai 2012), récemment victorieuse aux élections municipales de Metz, Filippetti a initié de nombreux chantiers dans le cinéma, notamment la modification de la loi Hadopi, la gestion de la nouvelle convention collective, la baisse de la TVA sur les billets de cinéma, la charte de l'égalité hommes-femmes dans le secteur, ses combats sur l'exception culturelle (l'an dernier à Cannes) et sur le régime des intermittents...

Des réformes sont encore en cours, suite, entre autres au rapport Bonnell remis en début d'année. Le financement du cinéma, récemment aligné par la Cour des comptes, la chronologie des médias, et l'arrivée de nouveaux opérateurs comme Netflix dans l'univers numérique seront autant de défis à relever dans un secteur qui souffre de plusieurs maux, à commencer par la dépendance des contributions publiques de plus en plus grandes des films à petits et moyens budgets depuis le retrait d'Orange cinéma et l'éventuelle baisse des crédits de Canal + dans les devis des productions.

L’industrie cinématographique se demande toujours où sont les femmes

Posté par MpM, le 1 avril 2014

femmesLa question de la place des femmes dans l'industrie cinématographique semble revenir sur le devant de la scène avec la même régularité (et la même constance sournoise) que les allergies saisonnières. En mai 2012 déjà, l'absence de femmes dans les sélections cannoises faisait grincer les dents. En mai 2013, alors que des critiques virulentes s'étaient élevées face à la sélection d'une seule réalisatrice (Valéria Bruni-Tedeschi) en compétition officielle cannoise, la ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti avait commandé une étude sur le sujet au Centre national du cinéma.

A quelques semaines de l'annonce de la sélection du Festival de Cannes 2014,  les premières conclusions de l'enquête viennent de sortir. Sans surprise, on apprend qu'en 2012, seulement 23% des réalisateurs de longs métrages de cinéma français étaient des femmes et que moins d'un quart des films agréés cette année-là ont été réalisés par des femmes.

Des chiffres à mettre en perspective d'une part avec ceux d'il y a seulement quelques années (18,4% de réalisatrices en 2008) et d'autre part avec ceux d'autres pays européens (18,4% à l'échelle européenne, 11,4% au Royaume Uni), pour mieux en appréhender la portée. Car si la situation française est franchement déséquilibrée, elle semble s'améliorer sensiblement au fil des ans et pouvoir, à terme, tendre vers une plus grande égalité entre réalisateurs et réalisatrices. Par ailleurs, en comparaison avec le cinéma européen dans sa globalité (et par extension le cinéma mondial), la France aurait plutôt tendance à montrer l'exemple.

Inégalités et clichés

Ce qui n'empêche nullement les remises en question, surtout au vu du reste de l'étude : femmes majoritairement présentes dans les métiers du cinéma traditionnellement considérés comme féminins (coiffeur-maquilleur à 76,6%, costumier-habilleur à 87,2% et  scriptes à 98,1%), films moins chers (devis moyen de 3,45 millions d'euros contre 5,66 pour les longs métrages réalisés par des hommes), rémunérations inférieures à celles des hommes (31,5% de moins pour une réalisatrice et rémunération horaire moyenne inférieure de 35,8%), etc.

Il paraît indéniable que le temps n'est désormais plus au constat, mais bien à l'action, en commençant par une évolution des mentalités. Dans une société où il n'est pas évident pour tout le monde de lutter contre les stéréotypes de genre, faire comprendre aux futurs professionnels qu'une femme peut être machiniste ou opératrice de prise de son ne semble pas complétement gagné, mais on part de si loin (4,3% de femmes machinistes, 3,1% d'électriciens...) que toute tentative est bonne à prendre.

De nombreux points restent par ailleurs à étudier pour comprendre la meilleure stratégie à adopter : l'enquête du CNC relève par exemple que le métier le plus mixte du cinéma est celui d'assistant réalisateur, avec 49,2% d'hommes et 50,8% de femmes. Mais quel pourcentage de chaque sexe passe lui-même à la réalisation et au bout de combien d'années ? Par ailleurs, si les budgets de films réalisés par des femmes sont inférieurs à ceux des films réalisés par des hommes, est-ce parce qu'elles parviennent moins facilement à les compléter, ou parce qu'elles travaillent sur des projets d'emblée moins coûteux ? Enfin, au-delà du pourcentage symbolique de femmes cinéastes, il serait intéressant de savoir quel pourcentage des femmes désirant tenter l'aventure y parviennent au final, et de le comparer à celui des hommes réalisateurs.

Des jurys au féminin à Cannes

En attendant, on est impatient de découvrir la sélection cannoise qui, quelle qu'elle soit, ne manquera pas de relancer le débat. Pour le moment, les femmes réalisatrices semblent devoir y être à l'honneur avec Jane Campion présidente du jury officiel, Noémie Lvovsky et Daniela Thomas dans le jury de la Cinéfondation et Andrea Arnold présidente du jury Nespresso de la Semaine de la Critique.

A suivre, donc. Mais une chose est d'ores et déjà certaine : il faut arrêter de blâmer le faible nombre de femmes réalisatrices pour justifier leur absence en compétition officielle. Même en prenant des hypothèses basses, il y a plus de 5% de films réalisés par des femmes de par le monde (ce qui correspondrait au 1 sur 20 de l'an passé). De plus, il serait  intéressant de considérer la sélection cannoise dans sa globalité avant de crier au scandale. En 2013, Valeria Bruni-Tedeschi était un peu l'arbre qui cachait la forêt (certes modestes) des 15 autres réalisatrices de longs métrages sélectionnées, toutes sections confondues.

Festival de Cannes : Pierre Lescure, Président +, Gilles Jacob, Président d’Honneur

Posté par vincy, le 14 janvier 2014

pierre lescure à cannesCannes +? Pierre Lescure, 68 ans, a été élu président du Festival de Cannes. C'était plus ou moins prévisible depuis les révélations de la fin de semaine dernière. L'ancien patron de Canal +, partenaire officiel du Festival grâce à lui, décroche donc l'un des fauteuils les plus convoités dans le monde du cinéma. Un ami des médias, du 7e art et des actrices : ce fan de pin-ups et de juke box va sans doute vouloir y mettre sa patte. On attendra 2015 pour le savoir.

Le communiqué indique que "dans sa séance du 14 janvier, le Conseil d’Administration du Festival de Cannes a procédé à l’élection de son futur président. Monsieur Gilles Jacob a confirmé qu’il quitterait la présidence à compter du 1er juillet 2014, à la suite du 67e Festival de Cannes. L’élection s’est déroulée, conformément aux statuts, par vote à bulletin secret et a porté à la présidence du Festival de Cannes Monsieur Pierre Lescure à l’unanimité des votants. Il prendra ses fonctions le 1er juillet prochain."

Le communiqué ajoute que "le Conseil d’Administration du Festival de Cannes a par ailleurs nommé Gilles Jacob Président d’Honneur du Festival." C'était bien le moins.

Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, a félicité Pierre Lescure pour son élection : "La Ministre se réjouit vivement de ce choix pour le plus prestigieux festival cinématographique au monde, qui participe du rayonnement de la France." Elle a adressé également "un message d'entière confiance à toute l'équipe du Festival de Cannes, sous l'impulsion de Gilles Jacob, acteur déterminant dans l'histoire et la grandeur du Festival, et du délégué général Thierry Fremaux, qui poursuit avec bonheur, année après année, l'écriture de cette manifestation cinématographique, si chère au cœur des Français et plus largement à tous les spectateurs et cinéphiles du monde."

Frédérique Bredin, Présidente du Centre National du Cinéma et de l'image animée, qui se réjouit de cette élection à l’unanimité, veut croire que "Pierre Lescure, saura mettre au service du Festival, sa force de vision, sa passion du cinéma, sa dimension internationale."

Pierre Lescure en dix dates

1945. Naissance le 2 juillet à Paris.
1965. Présentateur à RTL.
1972. Présentateur du journal de la nuit sur la 2e chaîne de l'ORTF.
1974. Rédacteur en chef-adjoint d'Europe 1.
1981. Créateur de Les Enfants du rock, directeur de la rédaction sur Antenne 2.
1983. Participe au lancement de Canal +. Directeur en 1984 à l'ouverture de la chaîne. Directeur général en 1986.
1995. P-DG du groupe Canal +. Codirecteur général de Vivendi Universal de 2000 à 2002.
2008. Producteur et directeur des opérations du théâtre Marigny à Paris.
2012. Participe au comité de soutien pour la candidature de François Hollande à l'élection présidentielle.
2013. Remise du rapport «Acte II de l'exception culturelle à l'ère du numérique» qu'il préside. Ce rapport a notamment enterré Hadopi.

Aides publiques au cinéma : la France et l’Allemagne font plier l’Europe

Posté par vincy, le 16 novembre 2013

La Commission européenne a adopté les nouvelles règles concernant les aides publiques au cinéma et à l'audiovisuel. Le commissaire chargé de la concurrence Joaquin Almunia a fait l'annonce jeudi 14 novembre : ces règles maintiennent le système actuel défendu notamment par la France. Il aura fallu trois consultations publiques, deux ans de discussions et de nombreux allers-retours entre la Commission européenne et les différents Etats-membres pour obtenir cette réforme.

Le réexamen de la territorialisation des aides, l'un des deux points litigieux, était prévu depuis  le précédent texte européen qui datait de 2001 (et qui a expiré il y an an). La Commission jugeait ce dispositif comme une entrave à la liberté de circulation des biens et services, au nom de l'exception culturelle. Interprétation juridique spécieuse. Dans son viseur, il y avait la discrimination des aides publiques. Finalement, l'Europe a renoncé à interdire "toute restriction à la prestation de service sur l'origine des biens et services".

Le nouveau cadre des subventions dans ce secteur permettra toujours aux Etats ou aux régions d'aider des oeuvres tout en imposant, en échange, que les tournages s'effectuent sur leur territoire et non pas dans des pays à bas coût (l'Europe centrale était notamment visée). A l'origine, la Commission trouvait les montants des aides trop élevés. Elle voulait aussi réduire considérablement le lien entre aide et territorialisation. Le CNC (Centre national du Cinéma et de l'image animée) avait calculé que les délocalisations de tournages qu'aurait pu entraîner le texte menaçait 10 000 à 16 000 emplois.

Extension du domaine des aides

Le nouveau texte maintient donc l'autorisation pour les collectivités qui accordent des aides d'exiger qu'au moins 50% du budget du film soit dépensé sur leur territoire, et jusqu'à 80% selon le montant des subventions, conformément à ce que prévoit actuellement le système français. 80% est un maximum et concerne  les œuvres dites "difficiles" , par exemple un film utilisant une langue rare ou des films de niche. Les Etats pourront eux-mêmes définir cette catégorie. Plus généralement, l'aide publique à un film ne doit pas dépasser 50 % des coûts de production du film mais il passe à 60 % pour les coproductions. Enfin, les aides publiques sont étendues à toutes les étapes de la chaîne : réalisation, production, écriture, soutien aux salles... Et last but not least, ce texte n'a plus de limitation dans le temps.

La France a obtenu par deux fois depuis plus d'un an le report de la publication du texte et a finalement réussit à avoir gain de cause sur une prérogative européenne, soutenu par plusieurs pays, comme l'Allemagne soucieuse de conserver ses tournages sur son territoire. La ministre de la Culture et de la communication Aurélie Filippetti n'a pas manqué de saluer "une victoire majeure" pour le cinéma français. En France, toutes les organisations professionnelles sont satisfaites de cette décision. Elles craignaient que la réforme ne fasse une entorse au principe de l'exception culturelle, elle-même fragilisée par l'actuelle politique libérale de la Commission européenne.

Dans la foulée, la ministre a annoncé la tenue les 11 et 12 avril au Palais de Chaillot à Paris d'un "Forum sur l'Europe et la Culture".

Une charte pour l’égalité hommes-femmes dans le secteur du cinéma

Posté par MpM, le 16 octobre 2013

A l'initiative de l'association Le deuxième regard (réseau de professionnels du cinéma qui lutte contre les stéréotypes, et questionne notamment la question de la place des femmes dans le cinéma), Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, et Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes ont signé le 10 octobre dernier une charte en faveur de l'égalité hommes-femmes dans le secteur du cinéma.

Elles rejoignent le CNC et Arte France qui se sont eux-aussi engagés à encourager et favoriser le rayonnement des femmes dans un secteur encore trop souvent marqué par un profond déséquilibre entre les sexes.

La charte détaille cinq types d'actions destinés à rectifier ce déséquilibre :

- "sexuer" les outils statistiques afin de mieux cerner les problématiques en présence et de participer à une réflexion commune sur la place des femmes dans le cinéma ;
- favoriser la représentation proportionnelle des femmes et des hommes dans les instances de décision ;
- stimuler la création cinématographique en encourageant les projets qui subvertissent les représentations traditionnelles des femmes et des hommes ;
- sensibiliser les équipes aux questions de parité en luttant notamment contre les stéréotypes ;
- appliquer l’égalité salariale.

Des engagements qui s'inscrivent dans l'action d'Aurélie Filippetti qui, depuis son arrivée au ministère de la Culture, a fait de l'égalité hommes-femmes dans la culture l'une de ses préoccupations majeures. La ministre a notamment défini quatre grandes directives en faveur de la parité parmi lesquelles la mise en place d’un « observatoire de l’égalité » sur les nominations, rémunérations, programmations et accès aux moyens de production, le développement d'une politique incitative et la lutte contre les stéréotypes.

Le sujet n'en demeure pas moins sensible et complexe, propice à pas mal de malentendus, notamment de la part des professionnels qui craignent une entrave à leur liberté de programmation, ou une main mise sur leurs choix artistiques. On imagine mal des quotas imposés au Festival de Cannes pour présenter en compétition officielle plus de films réalisés par des femmes, par exemple...

D'où la nécessité de trouver un vrai équilibre entre politique volontariste et liberté de création. Mais peut-être est-ce là la chance du secteur, qui a tout à inventer pour permettre aux professionnels, hommes et femmes, d'avancer main dans la main vers leur but commun : le cinéma.

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Lire la charte dans son intégralité

La France signe un accord de coproduction avec les Territoires palestiniens

Posté par vincy, le 13 septembre 2013

Omar d'Hany Abu Assad

La ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti et son homologue palestinien Anwar Abu Eisheh ont signé mercredi 11 septembre un accord de coproduction cinématographique, le 54e accord de coproduction internationale.

Depuis une quinzaine d’années, de nombreux films palestiniens ont été soutenus par le Fonds Sud Cinéma ou par le programme qui l'a remplacé, l’Aide aux cinémas du monde. "C’est le cas notamment de Palestine Stereo de Rashid Masharawi, sélectionné cette année au festival de Toronto" indique le communiqué. Si les cinéphiles français connaissent surtout Elia Suleiman (Intervention divine), récompensé autant à Cannes qu'à Venise, ou Hiam Abbass, les Territoires palestiniens abritent aussi de jeunes cinéastes, notamment dans le documentaire. Ces dernières années, quelques films ont reçu des prix prestigieux comme Paradise Now d'Hany Abu-Assad (Golden Globe du meilleur film étranger, 2005), Le sel de la mer d'Annemarie Jacir (2008) ou cette année à Cannes, Omar d'Hany Abu-Assad (photo).

"L’accord facilitera le montage financier de coproductions bilatérales impliquant une coopération sur les plans artistique et technique" précise le communiqué du ministère. "La part du coproducteur minoritaire sera au minimum de 20% mais, par dérogation, pourra être abaissée à 10% après accord des autorités des deux parties en tenant compte des collaborations artistiques et techniques de chacun des coproducteurs."

Des dispositions visant "à encourager des initiatives communes dans les domaines de la formation aux métiers du cinéma, l’éducation à l’image, l’échange de savoir-faire entre professionnels, la distribution et diffusion des œuvres ainsi que la conservation du patrimoine cinématographique" sont aussi inclues dans cet accord.

La TVA sur les billets de cinéma passera de 7 à 5% en janvier

Posté par vincy, le 13 septembre 2013

Ce n'est plus une pause fiscale, c'est un cadeau! Actuellement le gouvernement planche sur ses ultimes arbitrages pour savoir quelle catégorie de produits sera taxée à 5, 10 ou 20%. Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication a annoncé ce matin au Film Français que la TVA sur les billets de cinéma ne passerait pas de 7% à 10% (lire notre actualité du 7 décembre 2012) mais de 7% à 5%, comme d'autres produits culturels (les livres et le spectacle vivant notamment).

Selon la ministre, l'arbitrage est définitif. Filippetti s'est longuement battue pour que le taux de TVA réduit s'applique à tout le secteur culturel.

Dans un communiqué, la FNCF (Fédération Nationale des Cinémas Français) se dit soulagée pour les salles de cinéma et l'ensemble des professionnels du cinéma, remerciant l'exécutif "pour cette décision qui réaffirme la place pleine et entière du cinéma au sein du champ culturel comme la pratique culturelle." La FNCF assure que "les salles de cinéma vont se saisir de cette décision pour reprendre et approfondir leur réflexion collective sur l’évolution de la fréquentation des cinémas, la modération tarifaire qui en découle et tout particulièrement les mesures à l’attention du jeune public, l’une de leurs priorités."