Six ans après celui de Cannes, Tarantino présidera le jury de Venise

Posté par vincy, le 6 mai 2010

La 67e Mostra de Venise (1-11 septembre) s'est choisie Quentin Tarantino comme Président du jury. Un choix peu original, finalement, puisque le cinéaste américain avait eu le même poste à Cannes en .... 2004.

Trois fois sélectionné à Cannes (avec une Palme d'or à la clef), une fois à Berlin,  et aucune fois à Venise, le choix est aussi surprenant de la part d'un festival qui l'a toujours ignoré.

Venise, cette année, remettra un Lion d'or d'honneur à John Woo. Quatre nouveaux prix ont été créés dans la section "Orizzonti", qui se transforme en laboratoire et absorbe les sections "CourtoCortissimo" et "Evénements spéciaux". Venise a annoncé la présentation de la version restaurée du film de Nicholas Ray (dont on célèbre le centenaire cette année, We Can't Go Home Again. Parmi les cinéastes pressentis pour aller à Venise, signalons  Terrence Malick, Anton Corbijn, Gus Van Sant, Steven Soderbergh, Clint Eastwood, Abdellatif Kechiche, ou encore Bela Tarr. Sont confirmés Potiche, de François Ozon, Somewhere, de Sofia Coppola, Miral, de Julian Schnabel, et Road to Nowhere de Monte Hellman.

Festival de la Rochelle, chapitre 1 : Héroïque !

Posté par Martin, le 1 juillet 2008

larochelle_affiche2008.jpgAu festival de La Rochelle, se créent parfois des raccords inattendus de film en film, comme des correspondances secrètes entre les cinéastes. Ainsi Amère victoire de Nicholas Ray était suivi de Fitzcarraldo de Werner Herzog. Ils réfléchissaient tous les deux une vision du héros sortant des chemins battus. Deux époques, deux pays et deux morales, pour une conception du héros opposée mais tout aussi mythologique.

Dans Amère victoire, Johnny Leith (Richard Burton) a tout pour être le parfait héros de guerre. On est en 1943 dans le désert de Libye où il doit récupérer avec un bataillon des documents nazis. Cela débute mal pour lui : il est sous les ordres de Commandant Brand dont il a connu – et aimé – la femme quelques années plus tôt. Un héros qui n’a pas su profiter de l’amour ? Lors de la mission, Brand reste figé l’arme à la main, n’arrivant pas à se jeter sur l’ennemi, c’est Leith qui plonge. Mais plutôt que de jouer la fierté silencieuse, il avoue immédiatement qu’il a eu peur… Cet aveu, c’est celui de tous les grands personnages masculins de Nicholas Ray : les hommes sont fragiles et ne prennent même plus la peine de le cacher. C’est comme si Leith avait conscience qu’il n’y avait plus d’héroïsme possible si ce n’est dans le renoncement. Sa mélancolie contamine tout le récit puisque même l’orgueilleux Brand accroche à la fin sa glorieuse – mais ô combien amère – médaille sur la poitrine d’un pantin d’entraînement. Et c’est ainsi que le héros est mort.

Fitzcarraldo, à l’inverse, serait l’histoire d’une résurrection. Leith est définitivement ailleurs, mais il reste tout de même une pierre dans l’armée. Brian Sweeney Fitzgerald n’appartient plus à rien. Il est seul au milieu des banquiers et apprend à diriger sa propre troupe composée d’Indiens trouvés en chemin. Personne ne croit en lui et pour cause, il est complètement illuminé : porté par un vrai grand rêve de grandeur, il veut faire construire un opéra au milieu de la forêt amazonienne. Le personnage de Klaus Kinski commence par se réinventer un nom de héros d’opéra, Fitzcarraldo, et pourrait d’ailleurs sortir d’un opéra wagnérien. C’est un héros romantique comme il n’en existe plus, ce que semble indiquer la durée du film, celle d’une épopée (2 h 37). Il en a l’énergie solaire ; une force mystérieuse le pousse à avancer et à conquérir tout paysage qui s’offre à lui : remonter le fleuve furieux, traverser la terre même en bateau… C’est absolument impossible, et pourtant il le fait. Dès la première scène, Fitzcarraldo entre dans un opéra après avoir ramé pendant deux jours. Pour qu’on le laisse entrer, en retard, sans billet, il montre ses mains meurtries : c’est la prouesse physique qui lui ouvre les portes, toutes les portes. L’avancée du héros herzogien est filmée comme une montée au ciel : il contemple son œuvre de la cime d’un arbre. Au milieu de la forêt amazonienne, il est vêtu de blanc, cheveux au vent couleur soleil, avec ce regard fou que seul peut avoir Klaus Kinski : voilà le portrait du héros, puissant de sa seule volonté.

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Cyd Charisse quitte la scène (1921-2008)

Posté par MpM, le 18 juin 2008

Cyd Charisse

Cyd Charisse incarnait la Danseuse idéale, celle dont les jambes interminables semblent douées de vie propre. D'ailleurs ses guiboles étaient assurées une fortune (quelques millions de dollars) tant elles étaient une matière première qui valait de l'or pour les studios de l'époque... On la surnommait The Legs.

La native du Texas nommée Tula Ellice Finklea avait commencé, à 13 ans, dans le corps des ballets russes. Elle commença à changer de noms, souvent connotés d'un certain "exotisme slave" avant de faire ses premières pointes devant la caméra en 1943 (Something to shout about) et surtout en 1945 aux côtés de Fred Astaire (Ziegfeld Stories), qui la surnommera "Beautiful Dynamite". Elle attendra quelques années avant de devenir Cyd Charisse. Le nom lui vient de son premier mari. Le prénom serait lié au surnom que lui donnait son petit frère zozottant "sis' de "sister").

Le grand public ne l’a pourtant réellement découverte que sept ans plus tard, dans une scène d’anthologie de Chantons sous la pluie : tout de vert vêtue, cheveux courts et fume-cigarette, elle ensorcelait Gene Kelly en quelques entrechats, après avoir fait tourner son canotier au bout de ses escarpins vertigineux… Elle incarne le fantasme (la femme vamp, belle, et la danseuse exceptionnelle, à l'égale du danseur) dans un décor onirique et daliesque. Un quart d'heure de chorégraphie millimétrée qui l'a fait rentré dans le bal des grandes.

Elle allait ensuite être très vite associée à l’âge d’or de la comédie musicale américaine, notamment grâce à ses rôles dans des cartons de l'époque comme Brigadoon, Tous en scène, Traquenard (l'un de ses plus grands rôles, qui plus est dans un film noir) ou encore la Belle de Moscou, remake de Ninotchka. Hélas, le genre s’essoufflait déjà, et pour elle le début des années 60 marque le commencement du déclin. Elle figure au générique du dernier film de Marilyn, inachevé et de triste mémoire (Something’s got to give), puis dans des œuvres mineures de Vincente Minnelli et Stanley Donen. Privée de son moyen d’expression favori, la ballerine disparut peu à peu des plateaux. "Hurler et crier, ce n'était pas vraiment mon style" avait-elle déclaré en 1994.

Agée de 87 ans, elle a exécuté mardi sa dernière révérence et s’en est allée, sur la pointe des pieds, rejoindre tous ses compagnons de la grande époque.