Palmarès d’Annecy 2015: le Cristal pour Avril et le monde truqué

Posté par vincy, le 20 juin 2015

Fréquentation record – 8 250 accrédités sur l’ensemble de l’événement –, 500 films projetés et 83 pays représentés, annonce d'un nouveau centre de congrès au bord du lac pour le Marché du film: le 39e Festival international du film d’animation d’Annecy a décerné ses prix depuis hier jusqu'à la consécration ce soir avec la remise des prix Cristal.

Le Cristal du long métrage, qui pourrait presque être la Palme d'or de l'animation, a été décerné à un film franco-belge, Avril et le monde truqué, de Franck Ekinci et Christian Desmares, d'après l'oeuvre de Jacques Tardi. Le film sortira le 11 novembre prochain en France.

Le Musée des arts et métiers à Paris et Studiocanal présentent actuellement et jusqu'au 6 mars 2016, une exposition autour de l'univers du film « Avril et le monde truqué : Enquête au musée» d’après l’œuvre graphique deTardi.

L'histoire se déroule en 1941. Napoléon V règne sur la France où disparaissent mystérieusement les savants. Privé de technologie moderne, le monde est gouverné par le charbon et la vapeur. Une jeune fille, Avril, part à la recherche de ses parents, scientifiques disparus, avec Darwin, son chat parlant, et Julius, jeune gredin. Ce trio doit affronter dangers et mystères afin de découvrir qui enlève les savants et pourquoi...

affiche festival annecy 2015Tous les prix décernés à Annecy

Cristal du long métrage: Avril et le monde truqué de Franck Ekinci et Christian Desmares
Cristal du court métrage: We can't live without Cosmos (Mi ne mozhem zhit bez kosmosa) de Konstantin Bronzit
Cristal pour un film de commande: Rotary "Fateline" de Suresh Eriyat
Cristal du film de fin d'études: My Dad de Marcus Armitage

Prix du jury: Sarusuberi, Miss Hokusai de Keiichi Hara
Mention du jury: World of Tomorrow de Don Hertzfeld
Prix du public: Tout en haut du monde de Rémi Chayé et World of Tomorrow de Don Hertzfeld

Prix du film "Off-limits": Mynarski chute mortelle de Matthew Rankin

Prix du jury court métrage: Isand (The Master) de Riho Unt

Prix Jean-Luc Xiberras de la première oeuvre: Guida de Rosana Urbes

Prix Festivals Connexion - Région Rhône-Alpes: Dans les eaux profondes de Sarah Van Den Boom
Prix du jury junior pour un film de fin d'études: Roadtrip de Xavier Xylophon
Prix du jury junior pour un court métrage: We can't live without Cosmos (Mi ne mozhem zhit bez kosmosa) de Konstantin Bronzit

Prix du jury Films de fin d'études: Edmond de Nina Gantz
Mention du jury Films de fin d'études: Brume, cailloux et métaphysique de Lisa Matuszak

Prix Fipresci de la critique internationale: Teeth de Daniel Gray et Tom Brown
Prix Fipresci - Mention spéciale: Guida de Rosana Urbes

Prix André Martin pour un long métrage français: Conversation animée avec Noam Chomsky de Michel Gondry
Prix André Martin pour un court métrage français: Rhizome de Boris Labbé
Prix André Martin- mention spéciale pour un court métrage français: Yùl et le serpent de Gabriel Harel

Prix "CANAL+ aide à la création" pour un court métrage: Edmond de Nina Gantz

"Aide Fondation Gan à la Diffusion" pour un Work in Progress: Ma vie de courgette de Claude Barras

Prix de la meilleure musique originale - court métrage: Dissonance de Till Nowak (Musique : Olaf Taranczewski, Frank Zerban)

Chomsky et Cie : salutaire cours d’autodéfense intellectuelle

Posté par MpM, le 24 novembre 2008

Chomsky et cieL’histoire : En mai 2007, Daniel Mermet réalise une série d’entretiens avec Noam Chomsky pour son émission de radio engagée et militante, Là-bas si j’y suis, diffusée sur France Inter. Olivier Azam est derrière la caméra et Giv Anquetil à la traduction simultanée. Suite à une souscription lancée auprès des auditeurs et fidèles de l’émission, un film voit le jour. C’est la coopérative audiovisuelle et cinématographique Les mutins de Pangée qui l’a entièrement autoproduit. On y retrouve à la fois des extraits de la rencontre avec Noam Chomsky, des témoignages de chercheurs ou de journalistes en adéquation avec sa ligne de pensée, et également des images d’archives.

Ce que l’on en pense : "Douter de tout ou tout croire sont deux solutions également commodes qui, l’une comme l’autre, nous dispensent de réfléchir." Voilà une citation (signée Henri Poincaré, philosophe français) qui devrait guider le spectateur de Chomsky et cie tout au long du film. En effet, cette plongée dans la pensée du théoricien du langage et analyste politique ne se présente pas tant comme un point de vue objectif sur ses théories que comme une explication de texte destinée à les exposer. Aussi vaut-il mieux ne jamais se départir de tout esprit critique… après tout, n’est-ce pas le premier enseignement du philosophe lui-même ?!

Chomsky en appelle en effet au bon sens et à l’intelligence pour contrer les dérives de ce qu’il nomme "la fabrique de l’opinion" et "la fabrique du consentement". Sa thèse, qui n’est ni celle d’un complot international, ni celle d’un groupuscule surpuissant tirant les ficelles en coulisse, incrimine les comportements d’auto-censure de la presse (qui passe sous silence certaines informations par peur de déplaire ou d’être privée d’informations) ainsi que la façon dont l’utilisation d’un langage connoté ("frappes chirurgicales", "armes de destruction massive", "dommages collatéraux"…) peut amener l’opinion publique à pencher dans un sens plutôt que dans l’autre.

C’est d’autant plus passionnant que Chomsky comme Mermet donnent un tour éminemment pédagogique au film : chaque assertion est accompagnée d’un exemple édifiant et facilement vérifiable, et d’autres témoignages viennent compléter la pensée du chercheur américain. Sur la forme, c’est moins réussi, car on sent la scénarisation a posteriori, et les limites de cette transcription cinématographique d’un contenu radiophonique. Qu’importe, il se détache de l’ensemble une immense énergie (génératrice d’une volonté de comprendre, d’expliquer, de dénoncer et d’agir) et une certaine candeur, le film disant à la fois des choses que l’on sent confusément sans être capable de mettre un nom dessus et des évidences auxquelles on est fréquemment confronté. En complément, on ne peut que recommander la lecture de l’excellent manuel de Normand Baillargeon, Petit cours d’autodéfense intellectuelle, qui prend au mot l’idée de Chomsky : "si nous avions un vrai système d’éducation, on y donnerait des cours d’autodéfense intellectuelle".

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