Clermont-Ferrand 2020 : Les mondes rêvés de Rosto au Musée d’Art Roger Quilliot

Posté par MpM, le 8 février 2020

Le réalisateur néerlandais Rosto nous a quittés prématurément en mars 2019, laissant une oeuvre tentaculaire dans laquelle tout est extrêmement cohérent, de son roman graphique en ligne Mind my Gap (commencé en 1998) aux chansons créées au sein de son groupe The Wreckers créé au début des années 90, qui renaîtra sous une forme virtuelle (Thee Wreckers) après sa dissolution, en passant bien évidemment par ses films, dans lesquels apparaissent les membres du groupe, et dont certains s'inspirent directement d'épisodes de Mind my Gap.

Sélectionné et récompensé par les plus grands festivals (il reçut notamment le Grand Prix Canal+ à la Semaine de la Critique en 2005 pour Jona/Tomberry et le Grand prix à Ottawa pour Lovely Bones en 2013), Rosto était un habitué de Clermont-Ferrand où il a présenté presque tous ses films, et pour lequel il avait réalisé l'affiche officielle en 2007.

Le Festival tenait donc cette année à lui rendre un hommage tout à fait exceptionnel à travers deux expositions et un programme spécial, en présence de sa famille et des autres membres du groupe. En partenariat avec la société de production Autour de Minuit qui a produit les quatre derniers films de Rosto (Le Monstre de Nix, Lonely Bones, Splintertime, Reruns) et distribue tous les autres, le Musée d'Art Roger Quilliot de Clermont-Ferrand propose ainsi jusqu'au 29 mars l'exposition Les Mondes rêvés de Rosto, plongée immersive dans l'univers si personnel de l'artiste.

Installée dans un espace circulaire situé à l'étage inférieur du Musée, l'exposition débute par cette citation : "D'aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours rendu, quand je m'endors, dans un lieu spécial que j'appelle ma "Ville-rêvée", qui est presque un lieu réel avec ses propres fondations, sa propre topographie où les mêmes événements se reproduisent." On y est accueilli par des mannequins taille réelle des personnages des Wreckers, portant les masques qui avaient été moulés sur les visages des membres du groupe pour le film Splintertime en 2014. De quoi se replonger immédiatement dans l'ambiance singulière et hypnotique du cinéma de Rosto qui s'apparente parfois à une forme très élaborée de cauchemar éveillé, peuplé de créatures à la fois humaines et monstrueuses.

Sont exposés pêle-mêle des accessoires utilisés sur les différents tournages, des pages de storyboard, des recherches préparatoires, ainsi que des affiches, des photos et des objets personnels, tels que le prix Allegorithmic des effets visuels que Rosto avait reçu pour Reruns en 2018. De nombreux panneaux explicatifs permettent également de mieux comprendre le processus créatif du réalisateur qui mélangeait inlassablement les techniques (2D, 3D, motion capture, prise de vues réelles, marionnettes...), n'hésitant pas à combiner images de synthèses et effets visuels plus artisanaux, comme l'animation d'une tête au bout d'un pique dans un aquarium.

Une place importante est également consacrée aux films eux-mêmes, qu'il est possible de visionner sur place, ainsi qu'à la musique de  Thee Wreckers et à l'édition physique de Mind my Gap, éditée par Autour de Minuit grâce à une campagne de financement participatif, et qui sera disponible à partir du 4 mars.

Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, sont également attendus un vinyle (So far so evil qui inclut 10 morceaux issus des courts métrages de Rosto - dans les bacs le 6 mars), un double album digital (Songs from my gap, 30 titres inédits du double album de Thee Wreckers, disponibles sur les plateformes également le 6 mars) et surtout la sortie en salles le 4 mars prochain du programme Thee Wreckers Tetralogy qui réunit No place like home, Lonely bones, Splintertime et Reruns ainsi que le documentaire Everything is different nothing has changed). Enfin, il a été confirmé que la suite du Monstre de Nix, souhaitée par Rosto et intitulée Return to Nix, serait réalisée par sa compagne Suzie Templeton (Oscar du meilleur court métrage d'animation en 2008 pour Pierre et le loup) à l'horizon 2023.

Sébastien Lifshitz: des vies et des corps aux cinémas du Centre Pompidou

Posté par vincy, le 4 octobre 2019

Deux fois récompensé par un Teddy Awards et césarisé pour Les invisibles, Sébastien Lifshitz est passé de la fiction aux documentaires (depuis 2012, il ne focalise que sur ce genrre), approfondissant son sujet de prédilection: l'humain à corps, cul, cœur ouverts. Son œuvre sensible, engagée, contemporaine s'intéresse aux gens, en portant un regard bienveillant et défiant les préjugés que l'on peut porter sur eux, leur communauté, leur âge ou leur cadre social. Ceux qui ne sont pas forcément des héros de fiction. Des pudiques qui sont un peu à l'écart de barnum médiatique ou des récits romanesques. Il fait le lien.

Les cinémas du Centre Pompidou lui consacre une rétrospective qui démarre ce vendredi 4 octobre (jusqu'au 11 novembre), avec en bonus l'avant-première en ouverture de son prochain film Adolescentes, un court-métrage de commande, inédit, dans la collection "Où en êtes-vous?" et une exposition de photographies vernaculaires - "L'inventaire infini" - dont il est un grand collectionneur.

Par ailleurs, une masterclasse est prévu le 12 octobre (entrée libre). Parmi les invités, on retrouvera la cinéaste Claire Denis pour Claire Denis la vagabonde, l'artiste Valérie Mrejen pour Il faut que je l'aime,, Bambi (de son vrai nom Marie-Pierre Pruvot), l'artiste de cabaret qu'il a film dans son formidable moyen métrage documentaire Bambi, le philosophe Paul B. Preciado pour présenter le film Wild Side, ainsi qu'Isabelle Fonbonne, fille de Thérèse Clerc, et Paul Guilhaume, chef op des Vies de Thérèse.

Enfin, un catalogue coédité par les Éditions Xavier Barral et les Éditions du Centre Pompidou, rassemblent des textes inédits de Sébastien Lifshitz et Isabelle Bonnet.

Le musée Louis de Funès déménage à Saint-Raphaël

Posté par vincy, le 5 août 2019

Un deuxième musée sur Louis de Funès a été inauguré mercredi 31 juillet à Saint-Raphaël. Le Musée de Louis de Funès a ouvert ses portes le lendemain. A 40 kilomètres du musée de la Gendarmerie, déjà consacré à l'acteur français, ce musée grand public a été conçu à très grande vitesse, à deux pas du lieu de la scène de son dernier film Le Gendarme et les Gendarmettes, sorti en 1982.

Pour célébrer cette ouverture, la ville de Saint-Raphaël organise un cycle Louis de Funès en plein air, avec 7 de ses grands films. Et à partir de demain jusqu'au 6 août, au Centre culturel de la ville, est organisée une exposition temporaire, "Louis de Funès : regardez-moi là !".

350 pièces peuplent ce parcours. Des documents de l'INA, des collections de Gaumont, des photographies personnelles et d'autres de tournages, des films personnels en super 8, des dessins, des scénarios annotés de la main de l'acteur, des affiches, des lettres, des accessoires de films comme le chapeau de Rabbi Jacob, le casque de la Grande Vadrouille ou la bourse de l'Avare, son César d'honneur, et même des jeux pour les enfants s'ajoutent à des extraits de films et leurs séquences cultes. Il y a aussi de vieux téléphones où l'on peut entendre le comédien raconter sa vie, son travail, ses anecdotes, au gré des interviews ressuscitées.

De l'Atlantique à la Méditerranée

Toute la collection est issue de la famille, et autrefois hébergée par le musée de Louis au château de Clermont, à Cellier, en Loire-Atlantique. Le musée a fermé en 2016 quand le bâtiment fut vendu. Un musée à Nantes fut alors envisagé. On aurait pu croire alors que Saint-Tropez allait le récupérer, puisque la ville du "Gendarme" est déjà doté (depuis 2016) du Musée de la gendarmerie et du cinéma, dédié à la célèbre franchise (mais pas seulement).

Dans Var Matin, Olivier de Funès explique la raison: "Lorsque le musée du Cellier a fermé, on a pensé en faire un autre à Nantes qui n’est qu’à 25 km. Par rapport au parcours de mon père, cela aurait eu du sens. Mais la municipalité s’en moquait, tout autant que la Région. J’ai écrit à la mairie de Saint-Tropez qui… ne m’a jamais répondu. Puis ma fille Julia a été en contact avec Grégory Bozonnet, le directeur de cabinet du maire de Saint-Raphaël, et ça a tout de suite accroché! Du coup, je suis très content que le musée soit ici. Mon père était un fils d’immigrés espagnols qui ont su s’adapter à leur nouveau pays?; Louis saura s’intégrer à Saint-Raphaël!"

Cannes 2019: de la réalité virtuelle à la Quinzaine

Posté par vincy, le 12 avril 2019

La Quinzaine des Réalisateurs s'offre une exposition VR (Réalité virtuelle) avec Laurie Anderson et Hsin-Chien Huang . "Go Where You Look! - Falling Off Snow Mountain" sont trois installations en réalité virtuelle qui seront présentées au Suquet des Art(iste)s à Cannes, du 15 au 25 mai du mardi au vendredi de 13h à 17h, les samedi et dimanche de 10h à 13h et de 14h à 18h. L'entrée sera gratuite.

"La Quinzaine a souhaité l’inviter cette année à présenter une nouvelle forme de son exploration du storytelling : l’ensemble de ses récentes réalisations en réalité virtuelle, qu’elle co-signe avec le créateur en nouveaux médias, Hsin-Chien Huang" explique le communiqué, qui précise: "Aloft, Chalkroom et To the Moon, les trois œuvres aux passerelles évidentes et aux expérimentations complémentaires, réalisées depuis 2016 et présentées ensemble pour la première fois, offrent au spectateur une image complète de leur recherche dans ces nouveaux territoires narratifs."

On nous promet ainsi un voyage explorateur dans "Les dimensions sensorielles, poétiques et technologiques de ces trois œuvres" en proposant "de nouvelles formes de récit" et "en amplifiant l’expérience cinématographique." "C’est cette approche singulière de la réalité virtuelle, comme nouvelle pratique d’un auteur, que la Quinzaine des Réalisateurs a souhaité mettre en avant et saluer" indiquent les organisateurs.

Laurie Anderson est une musicienne, réalisatrice, écrivaine, artiste multidisciplinaire, pionnière de l’art numérique et finalement storyteller au sens le plus ouvert du terme, classique et contemporain à la fois. En 1987 elle lie son histoire à celle de la Quinzaine des Réalisateurs en y présentant sa première réalisation, Home of the Brave, film-concert devenu culte. Connue pour ses performances multimédia, son usage novateur des technologies et ses récits à la première personne, cette écrivaine, réalisatrice, plasticienne et chanteuse est l’auteure d’œuvres révolutionnaires dans les domaines de l’art, du théâtre et de la musique expérimentale. Sa carrière musicale, lancée par "O Superman" en 1981, est jalonnée de nombreux disques sortis chez Warner Records. Landfall (2018, Nonesuch) a remporté un Grammy Award en 2019.

Hsin-Chien Huang est un créateur en nouveaux médias ayant exercé dans les domaines de l’art, du design, de l’ingénierie et du divertissement numérique. Son œuvre explore l’utilisation de technologies de pointe dans l’art, la littérature, le design et l’art-performance. Ses projets sont souvent caractérisés par une interactivité de grande ampleur, des performances, des machines, des programmes informatiques algorithmiques et des installations vidéo.

Une belle année pour la Cinemathèque française

Posté par vincy, le 21 janvier 2019

La Cinémathèque française a réalisé une belle année en 2018. Avec 256000 entrées dans ses 4 salles, elle bat même le record de 2011. Avec un taux de remplissage de 45% (trois fois plus que la moyenne des salles françaises, l'institution démontre que l'éclectisme de sa programmation et la prolifération de séances-événements s'avèrent payantes.

Au  total, ce sont 400000 visiteurs qui sont entré dans le bâtiment près de Bercy. C'est le meilleur résultat depuis 2013 selon le communiqué. 40000 ont visité le Musée du cinéma et 17000 ont fréquenté la bibliothèque.

Côté expos, "Il était une fois Sergio Leone" a séduit 50000 curieux.

Le cinéma d’animation épate la galerie

Posté par MpM, le 23 novembre 2018


Vue de la galerie Miyu, 18 passage du chantier

Après avoir prouvé qu'il n'était pas un genre mineur, et qu'il pouvait tout à fait s'adresser à un public spécifiquement adulte, le cinéma d'animation s'échappe désormais de la salle obscure pour s'exposer en pleine lumière dans une nouvelle galerie qui lui est entièrement dédiée, la galerie Miyu.

A l'origine, Miyu est une société de production et de distribution spécialisée dans le court métrage d'animation avec une ligne très axée sur le cinéma d'auteur (on lui doit entre autres Je sors acheter des cigarettes d'Osman Cerfon, prix Emile Reynaud 2018, et Nothing happens de Michelle et Uri Kranot, prix André Martin 2017).

Grâce à la persévérance de son fondateur Emmanuel-Alain Raynal, la société s'est donc également dotée depuis le 17 novembre d'une galerie consacrée à l'animation d'auteur, internationale et contemporaine, qui propose à la fois des expositions temporaires in situ, des expositions itinérantes "clefs en mains" (dont une consacrée à La jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach, qui montre notamment l'étendue de son travail préparatoire), des activités hors les murs (à la demande) et même une galerie en ligne !


Simone Massi, "Amal et olivier" (Samouni Road, Stefano Savona, Picofilms, Alter ego, Dugong films, 2018)

La galerie physique, située au 18 passage du Chantier dans le XIe arrondissement de Paris, accueille jusqu'au 30 janvier une exposition consacrée aux images réalisées par Simone Massi pour les séquences animées du long métrage de Stefano Savona, Samouni Road. Un travail remarquable qui met en valeur la technique particulière de l'artiste : partir d’une surface entièrement noire et faire apparaître la lumière en grattant la matière. Les visages sont d'une expressivité déroutante, avec des personnages qui semblent planter leur regard dans le nôtre. Tout est saisissant, presque envoûtant, dans ces images qui existent bien au-delà du contexte du film de Savona.

En ligne, on trouve des œuvres de treize artistes internationaux (le chiffre est appelé à augmenter au gré des envies et des rencontres) qui sont à la fois des auteurs confirmés comme Georges Schwizgebel, Sébastien Laudenbach ou Florence Miailhe et des créateurs plus émergents tels que Alice Saey ou Kevin Manach et Ugo Bienvenu. On y trouve également deux cinéastes majeurs dont Ecran Noir vous a déjà parlé : Boris Labbé et Vergine Keaton, avec des pépites qui promettent de prolonger le plaisir pris en regardant leurs films...


Florence Miailhe, "La Rixe" (Au premier dimanche d'août, Les Films de l'Arlequin, 2002), exposition "French kiss"

Trois expositions in situ sont prévues pour cette première saison, et plusieurs itinérantes devraient voir le jour dans les mois à venir. Sans compter les expositions hors les murs, dont la première a déjà eu lieu à Viborg, au Danemark, autour du thème "French kiss". C'est que la matière ne manque pas, tant le monde de l'animation fourmille de créativité et d'auteurs. Une occasion en or de rencontrer Cécile Noesser, la gérante et co-fondatrice de la galerie Miyu, afin de parler de ce lieu atypique et singulier, né à une époque charnière pour le cinéma d'animation.

Ecran Noir : Une galerie entièrement consacrée au cinéma d'animation, c'est inhabituel !

Cécile Noesser : Oui, on est les premiers en Europe ! Il y en a une autre qui existe à Tokyo, c'est la galerie du réalisateur japonais Koji Yamamura. Dans son temps libre, il a ouvert un petit espace ouvert au public,  en bas de chez lui, où il vend des œuvres d'artistes dans la même ligne que nous. Il y a une vraie parenté avec cette galerie qui s'appelle "Au praxinoscope", en français dans le texte, en hommage au cinéma des premiers temps. Et puis c'est à peu près tout.

Bien sûr, il y a la galerie Artludik, qui défend plutôt une ligne entertainment, avec un paysage qui va du jeu vidéo à la bande-dessinée en passant par l'animation, mais une galerie dédiée entièrement aux auteurs de films d'animation, finalement on est les seuls avec Koji Yamamura.

EN : Comment l'idée a-t-elle germé ?

CN : Il y a une matière graphique qui est impressionnante, inépuisable, et c'est une frustration trop grande, quand on connait l'animation, de ne pas avoir plus accès à ces œuvres qui, jusqu'à présent, étaient considérées uniquement comme des étapes de travail avant le produit final, c'est-à-dire le film. Or ce sont des œuvres à part entière ! Il y a des auteurs qui sont reconnus depuis très longtemps pour leur travail graphique. Par exemple Georges Schwizgebel et Florence Miailhe qui travaillent la peinture animée, sont exposés depuis très longtemps dans le monde entier. C'est une vraie reconnaissance de leur travail, mais très partielle. Et c'est aussi très rare.

Il y a donc un continent de création à montrer, valoriser, explorer. L'envie vient de là. Il y a une deuxième raison qui est dans la continuité, c'est l'idée qu'il y a des trésors de création notamment dans le court métrage et qu'ils restent assez méconnus, malgré un grand dynamisme dans les festivals et même dans les émissions de télévision comme Court-circuit sur Arte. Il y a une ébullition autour de ces films-là, mais qui reste dans un cercle de cinéphilie et d'amateurs d'animation. On aimerait bien que ce continent créatif explose à la vue du grand public et du cercle du monde de l'art en général. Qu'ils reconnaissent cette partie de la création comme faisant partie du monde des arts visuels à part égale avec l'illustration, l'art contemporain, la bande dessinée...

EN : C'est aussi une manière de réaffirmer l'importance de l'animation, souvent considérée comme un genre mineur, moins "noble" que les autres.

CN : L'animation continue à pâtir du ghetto jeunesse d'une part et du ghetto "télé" d'autre part, puisque quantitativement, le plus gros de la production animation, c'est le dessin animé pour la télé. Par contre, il y a une énorme créativité du côté du court métrage, qui est reconnue dans le monde entier, qui commence à poindre dans le long métrage à travers des chefs d'oeuvre comme La Tortue rouge et La jeune fille sans mains. Donc c'est vrai que la galerie, c'est aussi une forme de signal pour dire que l'animation est également de l'art et doit être reconnue comme tel. On espère que ce sera un outil pour aller vers cette idée.

D'ailleurs ce n'est pas un hasard si la galerie naît maintenant. L'animation pâtit toujours d'une image réductrice, mais c'est en train de changer. En un mois, je suis allée voir de l'animation au Louvre, à la Maison de la poésie pour une performance autour du film Le tigre de Tasmanie de Vergine Keaton et à la foire Asia now, dans le cadre de la FIAC, pour une table-ronde sur les liens entre animation chinoise et art contemporain... tous ces événements dans des institutions aussi prestigieuses, c'est totalement nouveau ! On sent qu'il y a une vraie envie. Qu'il y a un patrimoine à valoriser et des innovations à suivre. Donc je pense qu'on est vraiment dans une période propice !

EN : Quel public espérez-vous toucher ?

CN : On sent qu'il y a une énorme curiosité, une attente et une envie de la part du monde de l'animation en général, qui est une communauté très internationale, d'où la galerie en ligne aussi. Ca, c'est ce qu'on connaît. Le grand public, on le sait aussi, est toujours émerveillé de voir ce genre d’œuvres, de comprendre le lien entre les œuvres et les films. Ce qui est caché derrière les films d'animation, ça fascine totalement les spectateurs. Et puis le public que l'on a envie de séduire également, c'est le monde de l'art, tout simplement. Le public des Beaux-Arts, le monde des galeries, les gens qui ont une culture visuelle et qui vont découvrir tout ce continent créatif.

EN : Que peut-on s'attendre à voir dans la galerie ?

CN : C'est très varié. Comme il y a différentes techniques, les images prennent différentes formes : dessin, peinture, papiers découpés, gravure... Ensuite, il y a différentes étapes dans la création : il y a les images finies pour le film, mais aussi des story boards, des recherches, des œuvres qui précèdent la création du film... C'est le cas notamment pour l'exposition consacrée à Simone Massi, où nous exposons trois grands formats qui sont des recherches et qui ne figurent pas dans le film terminé. Mais aussi le travail personnel des artistes pour le monde de l'édition, des projets d'affiche, des tableaux... Ce sera justement l'occasion de montrer toute la richesse de cette création.

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Galerie Miyu
18 passage du Chantier
75012 Paris

Accessible sur rendez-vous du mardi au samedi.
01 43 44 53 76

Consulter également la Galerie en ligne

Sergio Leone en tête d’affiche à la Cinémathèque, en librairie et au Festival Lumière

Posté par vincy, le 11 octobre 2018

"Il était une fois Sergio Leone" est la nouvelle exposition de la Cinémathèque française, débutée mardi et qui fermera ses portes le 27 janvier.  L'occasion de découvrir un maître du cinéma italien, longtemps réduit au "western spaghetti", écrasé par la musique de son ami d'enfance Ennio Morricone, méprisé par une grande partie de la critique.

La grande expo de la rentrée à la Cinémathèque s’offre à « bon conte » ce monstre du cinéma Sergio Leone. Enfant de la balle – au temps du muet, sa mère était comédienne, son père, après voir été acteur, fut cinéaste et même chef du syndicat des réalisateurs – le petit Sergio est tombé dans le cinéma quand il était petit. Et il est resté longtemps le fils de Vincenzo Leone. « Au fond de moi, il y a un enfant, il y aura toujours un enfant » avait-il confié lors de sa Master class en 1986 à la Cinémathèque.

De ses origines à son projet inachevé, Leningrad, en passant par ses influences et ses méthodes de travail, le parcours réhabilite fondamentalement celui qui a inspiré Scorsese ou Tarantino. Ce brouilleur de pistes méritait bien qu'on le suive à la trace.

La Cinémathèque propose plusieurs événements pour compléter cette exposition. D'abord une visite guidée tous les samedis et dimanches à 15h30. Mais l'événement sera bien entendu la Masterclasse d'Ennio Morricone le 22 novembre à 20h, avec une rétrospective des films mis en musique par le compositeur du 22 au 26 novembre.

A cela s'ajouteront des conférences : "Il était une fois en Italie, les westerns de Sergio Leone" par Christopher Frayling le 14 octobre à 14h30, et "Sergio Leone: à la recherche du temps rêvé" par Jean-François Rauger le 18 octobre à 19h.

Il y aura aussi un documentaire sur Arte, Sergio Leone, une Amérique de légende, réalisé par Jean-François Giré et diffusé le 9 décembre (et à la Cinémathèque le 20 octobre), ainsi qu'un mois dédié à Ennio Morricone sur France Musique chaque samedi de novembre à 13h.

Sans oublier le catalogue, sous la forme d'un essai compilant entretiens (Scorsese, Cardinale, Bertolucci, Wallach...), analyses, texte de la masterclasse du réalisateur à la Cinémathèque en 1986, documents et images divers. Le livre, La révolution Sergio Leone, de Gian Luca Farinelli et Christopher Frayling, vient de paraître aux éditions de la Table ronde. Frayling a aussi écrit une biographie, Sergio Leone: quelque chose à voir avec la mort que l'Institut Lumière publie avec Actes Sud fin octobre.

Le Festival Lumière, par ailleurs, projettera la semaine prochaine une nuit Sergio Leone avec Il était une fois dans l'Ouest, Il était une fois... la révolution et Le Bon, la brute et le truand.

Mais l'intégrale de Leone sera à la Cinémathèque, avec une séance bonus: Claudia Cardinale présentera Il était une fois dans l'Ouest le 10 novembre à 20h15. Toous les films, qu'il en soit le réalisateur, le réalisateur non crédité, le réalisateur de la seconde équipe, ou le producteur, seront projetés.

Rebond de la fréquentation en 2017 pour la Cinémathèque française

Posté par vincy, le 3 février 2018

expo goscinny © vincy thomas380 000 entrées en 2017. La Cinémathèque enregistre une belle hausse de sa fréquentation (+8%). Les moins de 26 ans représentent désormais 22% du public grâce à une politique orientée vers le jeune public.

Tout va mieux du côté du parce de Bercy. Les salles sont mieux remplies (44% contre 40% en 2016) avec des taux de remplissages parfois étonnants (la rétrospective Tarkovski a fait quasiment salles pleines avec 95%, devant les rétros Visconti et Vigo, 75% chacune).

Les expositions et le musée du cinéma ont séduit 120000 personnes, loin des records passés comme l'expo Tim Burton (plus de 350000 visiteurs). L'expo Goscinny et le cinéma, toujours en cours jusqu'au 4 mars et qui ira à Angoulême à partir de juin, a attiré 42000 visiteurs durant le dernier trimestre. Les expositions produites par la Cinémathèque ont rayonné dans le monde avec 30000 visiteurs de Turin à Lausanne, en passant par l'Espagne.

Quant au site internet de la Cinémathèque, il enregistre également une hausse de fréquentation de 12,5%, avec 1,5 million de visiteurs.

Enfin, le Festival international du film restauré, Toute la mémoire du monde, a connu un joli succès avec 73% de taux de remplissage. Cette année, la 6e édition aura lieu du 7 au 11 mars, avec Wim Wenders en parrain de la manifestation et Stefania Sandrelli en invitée d'honneur.

L'année 2018 accueillera aussi une exposition Chris Marker à compter du 2 mai (puis à Bruxelles à partir du 19 septembre), des rétrospectives Tod Browning, Rainer Wener Fassbinder, Robert Bresson et William Wyler, un cycle spécial dédié à la première sélection de la Quinzaine des Réalisateurs (celle de 1969)

Le Musée Art Ludique proche de la fermeture

Posté par vincy, le 3 décembre 2017

Cruel. Alors que le Salon des formations artistiques (le START) se déroule avec succès ce week-end à Paris, aux Docks - Cité de la mode et du design, le Musée Art Ludique, installé au même endroit, risque l'expulsion.

Après 4 ans d'expos consacrées à l'animation et à la bande dessinée/mangas/comics, la fermeture de cet espace de 1200m2 risque d'être effective en janvier 2018. Le Tribunal de grande instance de Paris a validé l'expulsion la semaine dernière. Cela mettrait 13 salariés sur le carreau.

La fréquentation est en chute (580000 pendant les 18 premiers mois, 350000 visites durant les deux années et demi suivantes) et les recettes ont diminué d'autant. Les restaurants aux alentours ont fermé. La Cité ressemble à un navire fantôme où les parisiens ne vont pas, préférant les péniches sur les quais d'en face ou plus en aval près de la Bibliothèque nationale. Le musée accuse aussi l'arrivée d'un camp de migrants qui aurait découragé les visiteurs et on peut y ajouter la désertification touristique liée aux attentats entre 2015 et début 2017.

Le musée voulait réviser son bail (34000€ de loyer). La suspension des loyers avait d'ailleurs été actée dans un premier temps, en attendant un nouvel accord. Mais depuis le début de l'été, le bailleur, la très riche Caisse des dépôts et consignations a réclamé ses arriérés de loyers (soit 600000€), rejeté toute discussion et finalement porté la décision en justice. Pour Jean-Jacques Launier, le créateur du musée, "la suspension du paiement est liée au non-respect du contrat par leur propriétaire". Il a assigné le propriétaire des murs.

L'art de DC: l'aube des superhéros, prolongée jusqu'au 7 mai, sera sans doute la dernière exposition. On vous conseille d'aller la voir tant elle est riche et passionnante. Le Musée Art Ludique avait mis en lumière Pixar, Marvel, Ghibli, le jeu vidéo français et Walt Disney. Si les expositions étaient de très bonne qualité, l'entrée restait très chère (16,5€).

Une Cité boudée par les Parisiens

Tout n'est pas perdu même si le calendrier est serré. Si la prochaine exposition est stoppée, les fondateurs du musée espère un redressement des comptes grâce aux développements de ses tournées internationales. Mais il est nécessaire que les pouvoirs publics interviennent aussi. Pour l'instant c'est un musée complètement privé, ne bénéficiant d'aucune aide publique. Le couple Launier a investit 2M€ dans leur passion.

Là où le bailleur a une part de responsabilité c'est dans le concept même de cette Cité de la mode et du design qui ne séduit pas les parisiens. Mal desservie, mal indiquée, elle n'a jamais trouvé sa place dans les lieux "hype" de la Capitale alors que son architecture est assez marquante. Les boutiques ont fermé. les animations sont inexistantes.

Dans Le Parisien, le maire socialiste de l'arrondissement, a salué "le travail formidable de ce musée qui fait des expos géniales et ne demande de subventions à personne." L’élu a interpellé le nouveau PDG de la Caisse des dépôts, Eric Lombard, pour trouver un médiateur et faire en sorte que ce musée continue.

Lire aussi: Le musée de l’Art ludique ouvre samedi en célébrant la magie Pixar

6 événements de la rentrée à ne pas rater: le culte Harmony Korine

Posté par vincy, le 19 août 2017

Rétrospective et exposition "Harmony Korine"
Centre Pompidou, Paris 4e
du 6 octobre au 5 novembre 2017

En présence du réalisateur himself, le Centre Pompidou a décidé de consacrer sa grande rétrospective à un cinéaste à part, décalé, culte: Harmony Korine. Une grande exposition présentée pour la première fois dans une institution en France réunira un ensemble de ses peintures, photographies et installations créées depuis l'adolescence.

Korine sera également présent pour accompagner de nombreuses séances qui lui sont dédiées ainsi que des événements live, dont un DJ set durant la Nuit Blanche le 7 octobre et une rencontre le 8 octobre. Au programme, les spectateurs pourront revoir ses longs métrages - Gummo, Julien Donkey-Boy, Mister Lonely, Trash Humpers, Spring Breakers - les films qu'il a scénarisé pour Larry Clark - Kids, Ken Park -, ses courts et moyens métrages - A Bundle a Minute, Visual Mafia, Fight Harm, Korine Tap, Crutchnap, Mac and Plak, Blood of Havana, Act Da Fool, Curb Dance, Umshini Wam, Caput, Snowballs, The Lotus Community Workshop: The Fourth Dimension -, ses clips (Sonic Youth, Cat Power, Rihanna...), publicités et réalisations pour la télévision. Et bien entendu, comme pour chaque rétrospective à Beaubourg, un film de commande exclusif: "Où en êtes-vous, Harmony Korine?".

On peut ajouter au programme une carte blanche au réalisateur avec The Outsiders, Les nains aussi ont commencé petits, Pixote, la loi du plus faible, Les Amants du Pont-Neuf et Scum.

Un livre, coédité par les Éditions Rizzoli, la Gagosian Gallery et les Éditions du Centre Pompidou, abordera les différents aspects de son univers visuel.

"Ce que moi j’essaie de faire, c’est de vous faire ressentir quelque chose. Je n’essaie pas de dire quelque chose en particulier, peut-être que le film, lui, dit quelque chose et c’est très bien. À partir des personnages et de ce qu’ils racontent, ce que j’essaie d’obtenir est davantage une expérience physique : une sensation de malaise, de confusion, de transcendance, de stupéfaction, de gêne, d’humour. J’aime que ces sensations arrivent les unes après les autres, très rapidement de façon à ne jamais vous laisser en paix" rappelle le réalisateur.