120 battements par minute domine les nominations des Prix Lumières 2017

Posté par vincy, le 11 décembre 2017

Avec 6 nominations, 120 Battements par minute domine logiquement la 23e sélection des Prix Lumières de la presse internationale (80 membres de 30 pays). Barbara et, surprise, Le sens de la fête suivent avec 4 citations. Dans une année, où les favoris sont ouverts pour les César, beaucoup de films héritent souvent de deux citations, sans faire la différence. On note d'ailleurs que les catégories film et réalisateur coïncident peu (3 des cinéastes nommés ne sont pas retenus en meilleur film). Les films remarqués à Berlin et Cannes sortent du lot si on les totalise.

Film
120 battements par minute, de Robin Campillo
Au revoir là-haut, d'Albert Dupontel
Barbara, de Mathieu Amalric
Félicité, d'Alain Gomis
Orpheline, d'Arnaud des Pallières
Le sens de la fête, d'Eric Toledano et Olivier Nakache

Réalisateur
Mathieu Amalric - Barbara
Robin Campillo - 120 battements par minute
Laurent Cantet - L'atelier
Philippe Garrel - L'amant d’un jour
Alain Gomis - Félicité
Michel Hazanavicius - Le redoutable

Actrice
Hiam Abbass - Une famille syrienne
Jeanne Balibar - Barbara
Juliette Binoche - Un beau soleil intérieur
Emmanuelle Devos - Numéro une
Charlotte Gainsbourg - La promesse de l’aube
Karin Viard - Jalouse

Acteur
Swann Arlaud - Petit paysan
Daniel Auteuil - Le brio
Jean-Pierre Bacri - Le sens de la fête
Louis Garrel - Le redoutable
Reda Kateb - Django
Nahuel Pérez Biscayart - 120 battements par minute

Scénario
Christelle Berthevas, Arnaud des Pallières - Orpheline
Robin Campillo, Philippe Mangeot - 120 battements par minute
Albert Dupontel, Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut
Karim Moussaoui, Maud Ameline - En attendant les hirondelles
Eric Toledano, Olivier Nakache - Le sens de la fête

Image
Christophe Beaucarne - Barbara
Céline Bozon - Félicité
Caroline Champetier - Les gardiennes
Alain Duplantier - Le semeur
Irina Lubtchansky - Les fantômes d’Ismaël
Vincent Mathias - Au revoir là-haut

Révélation masculine
Khaled Alouach - De toutes mes forces
Matthieu Lucci - L’atelier
Nekfeu - Tout nous sépare
Finnegan Oldfield - Marvin ou La belle éducation
Pablo Pauly - Patients
Arnaud Valois - 120 battements par minute

Révélation féminine
Iris Bry - Les gardiennes
Laetitia Dosch - Jeune femme
Eye Haïdara - Le sens de la fête
Camélia Jordana - Le brio
Pamela Ramos - Tous les rêves du monde
Solène Rigot - Orpheline

Premier film
Les bienheureux, de Sofia Djama
En attendant les hirondelles, de Karim Moussaoui
Grave, de Julia Ducournau
Jeune femme, de Léonor Serraille
Patients, de Grand Corps Malade et Mehdi Idir
Petit paysan, de Hubert Charuel

Film francophone
Avant la fin de l’été, de Maryam Goormaghtigh
La belle et la meute, de Kaouther Ben Hania
Noces, de Stephan Streker
Paris pieds nus, de Dominique Abel et Fiona Gordon
Une famille syrienne, de Philippe Van Leeuw

Film d'animation
Drôles de petites bêtes, de Antoon Krings et Arnaud Bouron
Le grand méchant Renard et autres contes, de Benjamin Renner et Patrick Imbert
Zombillenium, d'Arthur de Pins et Alexis Ducord

Documentaire
Carré 35, de Eric Caravaca
Lumière! L'aventure commence, de Thierry Frémaux
Makala, d'Emmanuel Gras
Sans adieu, de Christophe Agou
Le vénérable W, de Barbet Schroeder
Visages Villages, d'Agnès Varda et JR

Musique
Gaspar Claus - Makala
Angelo Foley et Grand Corps Malade - Patients
Grégoire Hetzel - Les fantômes d'Ismaël
Igorrr - Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc
Arnaud Rebotini - 120 battements par minute
Philippe Rombi - L'amant double

Les Œillades 2016: un week-end avec Jean-Louis Trintignant

Posté par cynthia, le 21 novembre 2016

Annonciateur de belles rencontres, le soleil a alimenté avec douceur ce weekend à Albi. Le festival des Œillades a accueilli, à une journée de faire sa révérence, une pléiade de vedettes dont une légende vivante du cinéma français, Jean-Louis Trintignant. Autant vous dire que la journée a été riche en émotions.

À l'heure du petit-déjeuner, nous avons eu le plaisir de rencontrer l'équipe de Il a déjà tes yeux de Lucien Jean-Baptiste, et même si nous n'avons pas été transportés par cette comédie, nous sommes forcés de constater que son réalisateur et son actrice sont adorables, drôles et qu'il fût terriblement plaisant d'échanger quelques mots avec eux.

La bonne humeur de Lucien Jean-Baptiste et Aïssa Maïga

Un jour Ryan Gosling a confié qu'il ne voudrait pas jouer dans un film qu'il réalise afin de se concentrer uniquement sur ses acteurs. Nous avons donc posé la question à Lucien Jean-Baptiste qui lui s'en est donné à cœur joie (ou presque). «C'est difficile de gérer les autres et soi-même, mais si j'ai un conseil à donner à Ryan Gosling, c'est de bien préparer son personnage au préalable et de s'entourer d'une équipe capable de se donner à 150% ...mais aussi de se reposer (rires) !» En interview, Aïssa Maïga et Lucien Jean-Baptiste sont aussi complices qu'à l'écran. D'ailleurs que l'actrice (prochainement sur France 2 dans une saga policière) a qualifié le tournage de «meilleur tournage de» sa vie. «Je rentrais chez moi, toute heureuse de ce tournage, c'était comme si j'étais dans une colonie de vacances!»

Après avoir communiqué leur enthousiasme et leur bonne humeur, le pas léger mais un peu stressé nous a mené à la conférence de presse de Jean-Louis Trintignant.

Trintignant, le sage conteur

Lorsqu'un monstre sacré comme Trintignant arrive à Albi, on ne peut que s'incliner et applaudir. C'est ce que toute l'assemblée a fait avant que l'acteur ne se mette à nous applaudir aussi. Modeste (un peu trop vu son talent), drôle, sage et lumineux, l'acteur de Un homme et une femme et de Z s'est livré avec passion à nous, à nos confrères et à quelques chanceux présents durant sa Masterclass que l'on n'oubliera pas.

L'acteur confie qu'il est devenu franc avec l'âge et, qu'à présent, il dit ce qu'il pense, ce qui permet un entretien magistral à graver dans la roche. Pour son film coup de cœur au festival francophone d'Albi , il a choisit Asphalte de Samuel Bencherit car pour lui "nous sommes sur terre pour essayer de construire quelque chose ensemble" et c'est ce que ce film semble montrer avec fougue et son casting 5 étoiles. Il ajoute qu'il avait le goût du drame auparavant mais que dorénavant, "il faut raconter les choses avec légèreté." "On ne va pas au cinéma pour voir les erreurs de la vie." Réalisateurs, réalisatrices, prenez notes!

Comme à Écran Noir on aime la poésie, on lui a parlé de l'une de ses passions, ce qui lui a donné l'envie de réciter un poème. C'est ainsi que de sa voix rauque, il illumina la salle d'Albi de quelques vers du poète du XIXe siècle, Jules Laforgue.

Trintignant, le monstre sacré

Nous lui avons demandé ce qu'était un bon acteur... Il a rit : "C'est quelqu'un qui a de la chance parce qu'il y en a beau coup qui pourrait être bien mais, on ne sait pas pourquoi, ils sont bien mais ça ne marche pas. Franchement le cinéma c'est un truc vraiment à part. On a une présence au cinéma ou pas. Il y a des très bons acteurs comme un vieux de mon âge, Robert Hirsch. Il a fait un ou deux films mais ça n'accroche pas alors qu'il est très bien au théâtre. Mais alors pourquoi ça n'accroche pas au cinéma ? Moi c'est un peu le contraire. Je crois que je suis meilleur au théâtre parce que je ne me suis jamais vu alors qu'au cinéma on se voit et pourtant je ne sais pas...ça marche bien au cinéma. Moi je préfère faire du théâtre."

Alors on lui pose la question: "dans les années 70, en haut de l'affiche il y avait vous, Delon et Belmondo, qu'est-ce qui vous différenciait de ces deux autres acteurs?" Et il répond humblement: "Enfin il y avait surtout eux, moi je n'ai jamais été une vedette. Mais pour répondre et bien je ne sais pas... tout d'abord j'étais assoiffé de notoriété. Pour être une vedette il faut se penser vedette, il faut penser que ce que l'on fait est supérieur aux autres moi je n'ai jamais pensé ça. Je trouvais Alain Delon plus beau que moi et je trouvais Belmondo meilleur comédien...maintenant...moins (rires)."<

Trintignant à Cannes l'an prochain

Malgré sa modestie, Jean-Louis Trintignant a eu des succès à la pelle. Il affectionne évidemment Un homme et une femme, qui célèbre ses 50 ans cette années: "Parce que ça a été le film français qui a fait le plus de recette dans le monde. Cela a été formidable surtout que c'est un petit film: au départ on était 5 en tous techniciens compris. Et puis il y a eu Ma nuit chez Maud et Le Conformiste".

Non l'acteur n'arrêtera pas malgré ce qu'il veut bien laisser croire. Il veut revenir sur les planches très bientôt et vient de terminer le nouveau film de Michael Haneke. "Je ne fais pas grand chose mais j'ai fait un autre film avec Haneke l'été dernier qui va sortir en octobre et qui va à Cannes au mois de mai je crois. Cela se passe à Calais, on a tout tourné à Calais et c'est l'hisoire d'une famille bourgeoise qui a construit le tunnel sous la manche. Cela se passe à Calais maintenant avec les migrants et le rapport avec cette famille bourgeoise c'est que leurs problèmes stupides de fric ou d'adultère sont en même temps que ceux des migrants qui tentent de survivre. Je joue le patriarche. C'est très beau mais peut-être que ça ne sera pas bien, je ne sais pas."

A jamais et Orpheline

Après cet entretien partagé, nous nous sommes dirigés vers les salles obscures pour le prochain film de Benoît Jacquot, À jamais. Le film, inspiré du roman de Don DeLillo, raconte la traversée schizophrène de son héroïne (Julia Roy, magistrale et un brin Natalie Portman dans Black Swan) qui tente de faire le deuil de l'homme de sa vie. Nous aurions pu être séduits (en particulier grâce à l'actrice) mais les scènes qui s'enchaînent et l'atmosphère pesante ont eu raison de notre dévotion. Dommage.

Nous avons enchaîné avec Orpheline d'Arnaud Des Paillières, un film dérangeant, déceva,t et à la limite du porno/pédophile qui file la nausée. Malgré le casting , on se sent vite mal à l'aise devant ces scènes de sexe crues et glauques qui jaillissent à tout va et sans aucune raison: on a envie de s'arracher les yeux devant les gros plans sur les fesses et les tétons de ces quatre actrices principales (oui, il les a mis à poil les quatre, comme quoi il fallait être réalisateur messieurs) et on a envie de se jeter sous un train devant une intrigue en puzzle qui se veut étonnante mais qui est incompréhensible.

La prostate de Trintignant

Dieu merci Trintignant et sa bonne humeur nous ont exorcisé de ces deux films. Venu présenté le film Z de Costa Gavras, ce grand monsieur s'est installé dans la salle au milieu de tous afin de revoir le film qu'il n'a pas vu depuis 1970. Puis il s'est prêté au jeu des questions-réponses, avec le public cette fois, avant de faire une pause: "je veux faire pipi, je reviens, permettez-moi".
Quelques photos et puis s'en va. La présence de Trintignant aura été l'événement de cette 20ème année du festival des Œillades. Un beau cadeau mutuel (le festival le mérite) dont nous avons pleinement profité. Nous n'oublierons pas et nous y penserons jusqu'à l'année prochaine.